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@Morgan F. Jones
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Tout ce que je voulais, c'était que tu te sentes bien, pas forcément mal à l'aise d'être en ma compagnie. Alors ouais, j'ai possiblement merdé en te laissant seul à la caisse, te rappelant un peu trop vivement un de tes traumatismes les plus traumatisants - la base d'un traumatisme quoi - mais j'avais pas fait exprès et je te promettais que ça ne se reproduirait plus. Après tout, maintenant que tu m'avais prévenu, j'avais aucune raison de le mettre en application une seconde fois. « Même pas, j'suis dans l'informatique » que je disais, sans forcément rentrer dans les détails. En général, ça suffisait aux gens quand on disait ça. Peut-être que tu es de ceux qui prennent les raccourcis et pensent que je sais tout faire en un claquement de doigts. Je suis curieux de savoir comment tu vas le prendre. En tout cas, malgré ma bourde sur ton ex, je rattrapais le coup et tu semblais pas t'en offusquer. Du coup, je supposais t'étais gay ? Bi ? A vrai dire, je n'en avais aucune idée. Je dirais bi mais... aucune idée, vraiment. Et puis, dans tous les cas, ça te regarde. « De ce que je vois, t'as l'air d'être un mec génial donc je reste sur mon option » Je te bousculais l'épaule doucement de la mienne, un sourire sur les lèvres comme pour chercher à te réconforter comme je peux. Non mais sérieusement, te rabaisser ? Nope, n'y compte même pas mon gars. Rapidement, on arrivait chez moi, enfin mon logement partagé avec deux filles. Et si je foutais le bordel sur leur dos, c'était pour pas assumer que c'était le mien et probablement qu'il va même pas relever et tant mieux. « Yep, ça coûte carrément moins cher » Enfin, de ce que j'avais vu. Et étant donné que Murphy était du genre assez généreuse, je payais quasi rien pour ce super appart. Le bon plan quoi. « Bon... c'est mon bordel principalement, elles sont plutôt clean en vrai. Et pour être honnête, c'est assez cool d'être dans une coloc comme ça, elles sont pas si prise de tête ces deux là » Après, j'avais aucune idée de comment étaient tes meilleures amies donc je pouvais pas parler pour elles. « Vas-y ouais, fais comme chez toi, je nettoierai plus tard, t'en fais pas » Je haussais les épaules avant de disparaitre dans la cuisine, foutant toutes les bières dans le frigo, récupérant deux qui étaient déjà au frais pour revenir dans le salon, en tendant une au garçon. « Ou p'tete tu préfères qu'on aille se foutre dans ma chambre, je sais pas quand les filles reviennent » On était des électrons libres, chacun de notre côté et c'était sûrement le plus cool dans tout ça. Décapsulant sans difficulté la mienne, je portais le goulot à mes lèvres et avalais plusieurs gorgées du breuvage légèrement alcoolisé et je me sentais déjà mieux.

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« En vrai, je sais pas... mais tu m'sembles pas être le genre de mec à tout foutre en l'air » Comme moi. « De ce que je me fais comme à priori sur toi, tu sembles être cool, vraiment » Et j'avais pas forcément grand intérêt à mentir alors crois-moi sur paroles et laisse couler mon vieux. Quoiqu'il en soit, on se retrouvait tous les deux chez moi, dans l'appartement que je partageais avec les deux filles et si je faisais de l'humour, il était pas forcément apprécié à sa juste valeur. « Bah... j'tombe que sur des bons plans où je paye pas trop cher. Genre là, c'est l'appart de Murphy et on paye juste la bouffe... » J'esquissais un sourire forcé avant de rire. « Donc ça vaut large le coup. Faut avoir les bons filons... Mais c'est clairement mieux que les logements étudiants » Et de toute façon, j'arrête mes études donc fini pour moi les logements vétustes. À moi la vie d'adulte. « Je.. » Et je pense au squat de mes potes, à plusieurs mecs face à une seule meuf et... je me mettais à rire, tu devais pas comprendre. « Ouais, en gros les mecs sont des gros porcs » C'était pas étonnant, il suffisait de voir la plupart des séries télévisées pour le comprendre sans grande difficulté. En tout cas, on avait les bières, t'avais tes cookies et pour le coup, on était parés pour se retrouver dans ma chambre. Mais tu semblais... réticent ? Non, pas vraiment, mais tu te posais des questions, ce qui était légitime. « J'ai juste pas envie qu'elles fassent chier en posant des questions, mais on peut rester là si tu préfères » Disons que dans ma chambre, c'était mon confort, mes règles, mon univers et je préférais de loin y être plutôt que de rester dans ce salon impersonnel. Tu te levais du canap, tout en me proposant un de tes cookies et je souriais à cette invitation. « Yep, merci » Je piochais pour attraper un biscuit, avant qu'on ne finisse par entrer dans ma chambre, fermant la porte. « Oh... c'est une fille, une ex. Elle m'a appris que j'étais le père de sa fille deux ans après la naissance de l'enfant » soufflais-je en haussant les épaules, m'installant sur le lit tout en t'invitant à faire de même. « Donc cette fille... m'apprend que Maddie est mon enfant, qu'elle a deux ans et que je suis pas obligé de m'en occuper. Je te laisse imaginer le conflit intérieur qu'il y a en moi » Parce que pour le coup, c'était un vrai calvaire, t'imagine même pas.

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Les ruptures, c'était la merde, même quand on est pas avec la personne. Tu sais pas toi, la sensation de mal-être que je ressentais depuis plusieurs jours maintenant. Elle m'avait fait voir les choses d'une autre façon, elle m'avait limite vendu du rêve. J'étais juste trop con pour tomber dans le panneau. Elle ne voulait rien, juste du cul, juste... oublier certainement sa vie le temps d'une soirée, moi à ses côtés. Je peux la comprendre quelque part, mais j'ai mal. Mal de voir qu'elle refait sa vie avec un autre, l'aimant visiblement plus que tout au monde. C'est ce qu'elle affiche sur Instagram tout du moins. Je devrais arrêter de rager sérieux, parce que j'étais clairement sur une mauvaise pente là et c'était pas bon, pas bon du tout. Je me concentrais alors sur toi, alors qu'on pénétrait chez moi. Ouais, t'étais un bon gars, malgré tout ce que tu pouvais penser. « J'ai clairement eu du cul je l'admets, ça sera pas comme ça partout, surtout avec des potes à toi. Sauf si t'en connais une riche » Je riais mais c'était plutôt vrai. Si Murphy n'avait pas eu cet appart où elle était seule avec trois chambres, jamais j'aurais pu me retrouver ici. « Pas mauvais souvenir, simple constatation de ma façon de vivre » avouais-je doucement, un sourire sur les lèvres. Je ne savais pas comment tu étais toi, bordélique ou plutôt rangé, propre. Je dirais la seconde solution, une simple intuition. « Ouais, voilà » Et j'étais pas forcément friand à l'idée de devoir leur raconter des choses. Non, je préférais l'isolation de ma chambre, en ta compagnie. D'ailleurs, je prenais un cookie avant de te montrer le chemin vers mon antre. Et alors que je fermais la porte, je t'avouais ce qui me préoccupait et ouais, tu semblais choqué. Ce qui était normal, j'étais dans le même état que toi. « Je... ouais. Je suis papa. C'est assez weird comme sensation, mais je me dis que ça va passer, ça va forcément passer » La sensation de n'être qu'un moins que rien, celui qui débarque dans la vie de sa fille sans crier gare. Pour ma défense, j'étais pas au courant de son existence avant il y a quelques semaines. Et j'ai du batailler avec la mère pour avoir une chance de devenir une figure paternelle. Tournant ma tête vers toi, je hausse les épaules. « J'ai pas le choix que de gérer » J'avais la responsabilité d'une gamine maintenant. « Bref, j'vais pas te faire chier avec tout ça... » Approchant ma bière de toi, j'attendais que tu fasses de même pour entendre le bruit distinctif du verre qui ting.

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Fallait pas me prendre comme exemple, j'avais eu énormément de chance à chaque fois sur mes colocations depuis que j'ai quitté la résidence étudiante de Boston University. Alors ouais, t'expliquer comment j'ai fait, c'était pas forcément idéal puisque de toute évidence, c'est très peu probable que tu viennes à vivre la même chose. Surtout, tu me dis être le plus riche de ton groupe d'amis avec qui tu veux faire la coloc. Si aucun de vous n'est proprio, alors ouais ça se passera pas de la même façon. « Tu bosses dans un ciné ? » que je demande, intrigué. Pop corn, ça fait forcément penser au ciné alors c'était fort probable que ce soit ça. Mais bon, on sait jamais. « Je suis bordélique » C'est aussi simple que ça. La constatation se faisait sur ce que je vivais quotidiennement et je laissais toujours tout trainer, je faisais... que de la merde. Alors ouais, autant dire que j'avais compris rapidement que j'étais bel et bien un mec qui contribuait au stéréotype du mec bordélique. Quoiqu'il en soit, je t'avais amené à ma chambre histoire qu'on soit tous les deux tranquille et c'était avec ma révélation que tu tombais sur le cul. Presque littéralement dans le fond. Mais au moins, je ne cachais pas les choses, c'est le moins qu'on puisse dire. Tous deux assis sur le lit, dos contre le mur, je voulais pas m'éterniser sur ce sujet qui restait quand même pas mal sensible, surtout à cause de ma relation avec la mère de la petite. Je voulais pas te faire chier avec tout ça, surtout que je faisais déjà pas mal chier mes potes. On va éviter d'étendre les frais à tous ceux qui me fréquentent. « Mon oreille va mieux d'ailleurs, j'sais pas si je te l'ai dit mais c'est revenu quelques semaines après. Et toi ? » Ouais parce que c'était quand même la base de notre rencontre, assez atypique je l'admets. En tout cas, tu semblais être une oreille plutôt attentive, que ce soit pour moi ou pour les autres on dirait et c'était cool. Même si j'étais pas de ceux qui racontaient leur vie à tout va, je me dis que je pourrais le faire sans gêne avec toi et c'est plutôt cool pour le coup. « Quand tu veux, tu m'contactes et je viens » Je te souris avant de porter ma bière à ma bouche pour en boire deux, trois gorgées. « Mais du coup, désolé si c'est indiscret hein, t'es gay ou bi ? » que je demandais, intrigué. Disons que je t'avais imaginé hétéro de base mais t'avais un ex mec donc je raye hétéro de la liste.

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@Morgan F. Jones
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Je me mettais à rire à ce que tu me disais, avant de comprendre que t'étais sérieux. « Nan, tu déconnes ? Un ciné juste pour nous deux ? » Enfin, une salle de ciné mais je me comprends. Autant dire que j'étais carrément opé pour ça. C'était le genre d'expérience assez fun à vivre et ça pourrait être pas mal de le faire ouais. Bon, faudrait voir un soir où tu finissais et que t'étais de fermeture mais ça serait génial ouais. « T'as tout compris ! » Haussement de sourcils et voilà qu'on se calait dans ma chambre, sur mon lit pour être plus précis. Après l'épisode Nina et Maddie, je me préoccupais plutôt du reste. T'étais encore sur le chapitre de ma vie où mon oreille était merdique et.. heureusement, ça avait changé depuis le temps. C'était ce que je t'avouais d'ailleurs en cet instant, un sourire sur les lèvres. Ouais, j'étais carrément heureux d'avoir pu retrouver l'ouïe à presque 100%. J'avais encore un espèce de filtre brouillant mais rien de très handicapant. C'était malheureusement pas ton cas. « Oh merde, sérieux ? La looose ! » Je grimaçais, tout en finissant par rire en me remémorant la galère que c'était de communiquer la fois où on s'est rencontrés. « Enfin, en tout cas, tu sembles pas avoir de mal à communiquer, c'est déjà ça » Parce que bon, devoir toujours communiquer par sms, ça devait être chiant. « Meh, pas vraiment, j'ai quitté la fac pour m'trouver un boulot stable et bien payé » Pour subvenir aux besoins de ma fille. Mais bon, ça restait des engagements, sans trop de boulot derrière. C'était l'avantage de travailler. Mais tu vois, au delà de ça, je venais à être indiscret et je sais même pas si je t'ai mis mal à l'aise. Le simple fait que tu me répondes dans le plus grand des calmes me faisait dire que t'étais pas vexé. Ouf. Je te regarde me balancer ton orientation sexuelle et on reste silencieux quelques instants, avant que tu ne rompes le silence de tes mots qui me font rire. « Ah non, pas du tout » avouais-je en secouant la tête. « Chacun sa vie, chacun ses goûts » Je buvais une gorgée avant de rajouter « J'ai déjà expérimenté ça aussi » Et... peut-être que l'admettre me stressait un peu trop d'ailleurs, d'où le fait que je reprenais à boire. J'en avais jamais vraiment parlé pour le coup.

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