pluson ☾ take everything out of our chests
w/ louison chamberlain  — their apartment (cambridge), décembre 2018
Mon fils est mort. Ouais, je tente d'intégrer cette information un peu plus chaque jour et quand j'y arrive, j'ai juste envie de chialer. Putain, c'était pas le premier enfant qu'on m'enlevait là, c'était le deuxième. Et j'avais pas vraiment eu la foi de demander à Camila ce qui avait bien pu se passer pour ne pas remuer le couteau dans la plaie. Mais j'étais pas seul, j'avais une copine, une petite amie. Un pilier même. Et en vrai, je ne sais pas ce que j'adviendrais si elle n'était pas là, à mes côtés à me soutenir. Elle était mon meilleur atout, mon tout et je savais qu'elle voulait cette place privilégiée. Je sentais qu'elle avait besoin que je la rassure, que je lui montre qu'elle avait sa place dans ma vie, dans mon malheur, que je lui faisais entièrement confiance au point de lui confier tous les points noirs de ma vie. C'était ce que j'allais faire ce soir, par ce moment de confidence. Et c'était pour ça que j'hâtais le pas vers notre appartement. Pas de bus, pas de Uber, j'avais marché malgré le froid piquant qui m'attaquait le visage en cette fin d'automne. Pénétrant dans le bâtiment, je montais jusqu'à notre cocon à nous deux, celui que je n'aurai pas besoin de détruire à présent, puisque la raison de mon gros point d'ombre venait de disparaitre, non sans faire des ravages dans mon esprit et dans mon cœur. Retirant mon manteau, je cherchais à savoir où se trouvait ma petite amie d'un premier coup d'œil et ne la remarquant pas, j'assumais qu'elle était dans notre chambre ou dans la salle de bains. « Bébé, j'suis rentré » Ma pochette trouvait place sur le meuble d'entrée et je retirais mes pompes pour marcher en chaussettes jusqu'à l'endroit où elle se trouvait, et mon sourire se dessinait quand je pouvais enfin apercevoir sa silhouette. Il s'agrandissait encore plus quand je voyais son visage se tourner vers moi. « T'es belle » Ça sort instinctivement, avant que je ne vienne vers elle pour la prendre dans mes bras, non sans lui voler un baiser au préalable.

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w/ pluton le swedish  — their apartment (cambridge), décembre 2018
Aimer c’est aussi souffrir. C’est avoir peur. C’est se battre pour deux. Quand l’autre fléchi, on lui tend main. On tire sur ses doigts, on l’aide à se relever, on n’accepte pas qu’il abandonne. Ouais, quand l’autre est au plus bas, quand tu l’es, je le suis aussi. Nos jours heureux ont été momentanément paralysés. Camila a perdu votre enfant et comment dire, je suis au milieu de quelque chose qui me dépasse. La parole est rompue depuis cette annonce macabre. Je n’ose plus entrer et réveiller tout l’appartement comme j’en ai normalement l’habitude. Dès que je franchis la porte, je me métamorphose. Je deviens une créature silencieuse et discrète. Je frôle presque les murs et évite toute discussion. Des papillons noirs tournoient autour de toi. Le deuil s’est invité chez nous et j’sais pas comment le gérer. J’commence à manquer d’air. Tu ne m’en fournis plus et j’en ai besoin pour vivre. J'ai besoin de toi. J’veux pas que tu disparaisses dans une spirale sombre et lugubre. Au contraire, j’veux t’en sortir, juste avant que tu finisses englouti dans les ténèbres. C’est ma fonction ça. Dès notre rencontre, j’ai essayé de chasser tes démons. J’ai essayé des mois et des mois durant. Aujourd’hui, c’est reparti pour un tour. Tu replonges. Et ce soir, je veux freiner ta chute. J’veux que tu ouvres le parachute pour remonter tout en haut avec les nuages. Pour ce faire, j’suis rentrée en avance. J’ai écourté mon dernier cours et j’suis instantanément partie à la douche avant d'exaucer tes souhaits. Notre chambre est entièrement éclairée de petites bougies. L’ambiance est tamisée, propice à la confidence. Mon pyjama des jours moroses enfilé, je retrouve la pièce ayant perdu quelques flammes. Mon briquet entre les doigts, je rallume les luminaires de cire. Tout à coup, ta voix atteint mes tympans. Je m’active. Le stress grimpe. Le parquet craque derrière moi. Je me retourne et distingue ton visage rougi par le froid et le chagrin. « Bonsoir le plus beau » Naturellement, on s’échange notre smack du soir et mes bras s’ouvrent avant de se refermer autour de toi. L’étreinte s’éternise. Je te compresse tout contre moi, à te vider tes poumons de tout oxygène. « Je t’ai dit que je t’étoufferai » Je ricane, un rire nerveux qui camoufle toute ma gêne emmagasinée. La force quittant mes muscles, je te libère pour affronter tes prunelles « Je .. Je voudrais commencer par ton dernier message bébé. Pourquoi il me rend aussi heureuse que .. coupable ? » Tu sais le : " oui, je t'ai choisi ".

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w/ louison chamberlain  — their apartment (cambridge), décembre 2018
Je me rendais pas compte de l'impact que je pouvais avoir sur elle. Ouais, elle m'aimait, ouais elle était amoureuse de moi et j'avais la clé de son cœur. Mais peut-être qu'elle trouve quelqu'un de mieux quand elle n'est pas avec moi, peut-être qu'elle s'entiche d'un mec qui la fait vibrer, qui est bien plus marrant ou fou que moi, j'en sais rien. Alors ouais, j'avais cette peur constante de la perdre, sachant pertinemment que je tombais un peu plus amoureux d'elle à chaque instant que je vivais. C'était difficile à vivre, surtout avec cette distance qui s'était peu à peu instaurée depuis la tragique nouvelle. Elle était... pas elle-même et je sentais que c'était à cause de moi. Est-ce qu'elle était réellement attristée elle aussi ou...? J'en savais rien. Mais ce soir, c'était confidences, et j'espérais pouvoir me retrouver de nouveau sur la même longueur d'ondes avec elle. C'était mon principal objectif. Savoir que je pouvais compter sur elle, savoir qu'elle serait toujours là, quoiqu'il arrive. Alors après m'être débarrassé de manteau, accessoires et chaussures, je la cherchais dans l'appartement pour la découvrir dans la chambre, parfaitement illuminée de bougies partout. Boum, souvenir du bal et de nos retrouvailles mémorables. Mon cœur fait alors boom boom et c'était preuve que j'étais bel et bien en vie. Elle me faisait sentir en vie tout du moins. Et c'était tout ce que je souhaitais dans le fond. Baiser échangé, ses bras se retrouvaient autour de moi et je sentais son étreinte qui forçait et forçait, ce qui me faisait rire. « J'en attendais pas moins de toi » Et ouais, c'était ce que je voulais, des actes comme ça, qui montrent qu'on est toujours aussi complice elle et moi. Je veux pas perdre ça, jamais. Et puis elle se détachait de moi pour attaquer direct et.. ouais, je sentais mon cœur se resserrer et c'était une sensation étrange. Je venais alors m'assoir sur le lit, soupirant légèrement avant de hausser les épaules. « Je sais pas pourquoi tu te sens coupable... Je sais juste que j'avais le choix de me battre pour mon mariage, pour la femme que j'ai épousé... ou céder enfin à tout ce que je ressens pour toi et ce, depuis des mois » Je me mordais la lèvre inférieure avant de faire une moue. « J'ai jamais cessé de t'aimer et cet été avait été affreux. Je crois bien que c'est pour ça que je revenais sans cesse vers toi. Je supporte pas qu'on te tourne autour, qu'un autre que moi te touche et... je veux être celui qui te rend heureuse. Et je sais pas pourquoi les choses ont tourné comme ça, sûrement parce que je suis un idiot mais.. ouais, je veux pas vivre sans toi »

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w/ pluton le swedish  — their apartment (cambridge), décembre 2018
Quelque chose s’est produit en moi. Je nommerais ça le déclic. Ce onze décembre, ma vision du monde a effectivement changé. Je ne recherche plus rien au risque d’être déçue. J’ai décidé de ne plus avoir peur. J’risque de décevoir, mais c’est trop. Je me détache des émotions. Je mets à distance. J’objective. J’peux paraître glaciale, mais c’est pour le mieux. L’exception à ce comportement, c’est pour toi. Pour toi, je garde un peu de mon humanité. Pour le reste, j’élimine. Intérieurement, cette année m’a tué. J'suis rétamée. Debout, au milieu de ces bougies qui me ramène à une soirée plus heureuse, je t’attends. Sérieusement, tu remarqueras que je n’ai pas fui pour une fois. Je n’ai fait aucune vague. J’ai maîtrisé mes pulsions, seule, dans mon coin. Mais ce soir, j’veux qu’on éclate cet abcès purulent. J’veux plus rester aussi muette qu’une putain de carpe. J’ai besoin de vider mon sac et toi aussi. Il faut que je sache quelle va être la suite. Juste un teaser, un tout petit. Tu me dois au moins ça, tu m’as embarqué dans une aventure foireuse et j’dois savoir si ça va continuer. Mon étreinte terminée, j’entre alors dans le vif du sujet. Pas de répit, tu m’excuseras mon amour. Zut, j’crois que la question te pose problème. Tu t’éloignes et t’écroules sur le lit. Mon regard se pose sur toi, mais s’enfuit sur les bougies nous entourant. Ce que j’entends me broie le coeur. C’est peut-être maladroit ? Trop évasif en tout cas. Les sourcils froncés, je me retourne et m’appuie sur une commode riche en souvenirs « Tu es revenu vers moi pour me posséder afin qu’aucun autre n’ait ce privilège ? C’est ça si je comprends bien ? » Bordel, je l’avais dit, t’es l’exception. T’es le seul qui peut m’foutre en PLS comme pas possible. Mais, est-ce que j’ai le droit de hausser le ton par ces temps ? Est-ce que c’est le moment de tout revoir entre nous ? « Et t’es un idiot d’être revenu vers moi c’est ça ? » Je me retourne sur cette interrogation et je lâche un demi-éclat de rire. Oui, un demi, c’est purement théâtral. « T’es au courant que j’ai eu l’occasion de recommencer ma vie sans toi des dizaines de fois, mais que je ne l’ai pas fait ? Tu en as conscience de ça ? Tu m’as souvent dit que tu as fait des ‘sacrifices’ pour moi, mais t’es pas le seul. Je n'appellerais même pas ça un sacrifice moi, j’appellerais ça l’amour et la dévotion. J’comprends pourquoi je me sens coupable maintenant .. Parce que tu t’es sacrifié pour moi.. »

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w/ louison la french  — their apartment (cambridge), décembre 2018
Tout ce que je voulais dans le fond, c'était elle. Elle et son sourire, elle et son regard dans lequel je peux voir l'amour qu'elle me porte. Elle qui me soutient envers et contre tout. Elle qui m'aime comme je suis et qui ne cherche pas à me changer. Elle qui m'accepte et me comprend. C'était.. sûrement une meilleure version de la femme idéale pour moi et je crois que je me sens chanceux de l'avoir à mes côtés. Mais elle a voulu attaquer les sujets sensibles directement et je sais pas pourquoi, je ne comprenais pas tellement sa phrase, tout en me sentant embarrassé. Est-ce qu'on parlait encore de Camila ? Évidemment. Mais on a dit que ce soir, ce serait le soir où on mettait tout ce qu'on avait sur le cœur alors j'allais pas prendre la fuite, plus jamais, pas avec elle. Affronter nos démons pour en sortir plus fort, ça devrait limite devenir notre devise je crois, celle de ce pays franco-suédois qui est limité par les murs de cet appartement. « Je suis revenu vers toi parce que ça me tuait d'être loin de toi » Parce que je pensais à elle bien trop souvent, parce que je rêvais d'elle, je la voulais et ça foutait en péril tout ce que je pensais être gravé dans la roche depuis une année auparavant. J'avais cru que Camila serait la bonne, mais la suite des événements ont prouvé que c'était pas possible, j'aurais jamais fait ça si elle était la bonne pour moi. « Idiot d'avoir fait les choses de cette façon, d'avoir manqué de respect aussi bien à toi qu'à Camila » Et Liam aussi un peu, même si bon, je ne l'admettrai jamais. Ce mec mérite pas vraiment le respect, vu qu'il en a pas vraiment pour nous autres, hommes de cette terre. Je reste calme, ne sachant pas vraiment si elle cherchait une confrontation musclée ou pas. J'en avais pas envie pour ma part, j'en avais surtout pas la force. « Je veux pas que tu te sentes coupable... okay ? Je veux juste qu'on construise tout à présent. Toi et moi. Il n'y a que ça qui compte à présent » Et il n'y avait plus rien qui ne pourrait interférer là-dessus. Je tendais mes bras vers elle, cherchant à la faire venir plus proche de moi, cherchant à instaurer un dialogue calme et posé entre nous.

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w/ pluton le swedish  — their apartment (cambridge), décembre 2018
C’est le soir où j’envoie tout se faire foutre. J’en ai marre de récolter les pots cassés des autres. J’en ai marre de me noyer pour les autres, d’être la putain de bouée à laquelle on se pend et qu’on n'hésite pas à immerger pour sa propre survie. J’en ai marre d’afficher un sourire qui n’est pas en adéquation avec mon état intérieur. Moi aussi j’ai mal, moi aussi je ne vais pas bien. J’sais pas si cette discussion est la bienvenue, un autre sujet devrait passer bien avant, mais c’est celui-là qui est arrivé le premier. Trop tard pour faire marche-arrière. Tu sais que j’préférerais être auprès de toi, à panser tes plaies, à les désinfecter jusqu’à la dernière, mais stop. Avant que je me tâche les mains de ton mal-être, j’ai besoin de vérifier deux ou trois trucs. Et ouais, moi aussi ça me tuait de te savoir loin de moi. Le coup fatal, c’était probablement ton mariage quand j’agonisais dans les bras de Liam. Tout ça, pour ça hein ? « Bizarrement, la seule fois où je ne t’ai pas trouvé idiot, c’est lorsque tu es revenu. » Pour ce qui est du respect, je ne piperais mot. J’sais pas, c’est cruel, mais si tu n’avais pas craqué aussi lâchement, on en serait pas là. J’regrette pas du tout le téléphone rose et tout ce qui a suivi. Sans cette faiblesse, on serait sûrement loin de l’autre à cette heure-ci. On n’aurait pas cet appartement, tous ces moments d’affection qui valent tout l’or du monde. Et enfin, ce que je souhaitais entendre arrive. Tu parles de présent et indirectement de futur. La pression descend. Mes poings se desserrent et mes griffes sortent de ma chair. « Tu en es sûr ? Juste toi et moi ? » Face à tes bras grands ouverts, j’avance et me place entre eux. Encore habitée par une once d’agressivité, je pousse sur ton torse pour t’envoyer sur le matelas « Qui me dit que ça ne s’inversera pas une fois de plus ? Hein ? Pourquoi tu ne ferais pas volte-face encore.. » Plaçant mon genou entre tes jambes, je grimpe sur le pieu pour te surplomber, mes mains encadrant ton visage « J’suis désolée de t’embêter sur ça, mais ça me semble légitime d’en parler. Une nouvelle année est sur le point de commencer et avant d’y sauter tous les deux, j’aimerais qu’on abandonne tous les démons qui nous ont pourchassé. Est-ce que t’es prêt à le faire toi ? » Dis moi si t'es prêt ouais. Fais gaffe, mon genou est à un endroit qui pourrait faire de groooos dégâts bébé.

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w/ louison la french  — their apartment (cambridge), décembre 2018
J'étais maladroit et pas forcément adroit quand il s'agissait d'exprimer tout ce que je ressentais. Cependant, je tâchais de faire un effort. Pour elle, pour nous. C'était pas non plus le moment idéal pour parler de tout ça, la peine faisant partie intégrante de ma vision actuelle mais ouais, je faisais un effort. Je voulais qu'elle comprenne qu'elle était ma priorité à présent. Elle et uniquement elle. Est-ce qu'elle se rendait compte de comment je la voyais ? D'à quel point mon coeur pouvait battre la chamade quand elle était à proximité ? Je crois pas non, elle n'en avait aucune idée. Et je sais que j'avais pas forcément bien fait les choses mais il était évident que c'était quand même la finalité que j'avais souhaité, sans les dommages collatéraux. « Los Angeles a été magique » Et clairement, la retrouver le temps de quelques jours avait eu l'effet d'une bouffée d'oxygène non négligeable. J'avais réussi à respirer de nouveau cette fois-là, sans être embourbé dans une histoire qui me perdait. Faut pas se méprendre cependant, Camila reste importante pour moi mais.. je pouvais tout bonnement pas résister à la Chamberlain. Impossible. « Juste toi et moi. Et un chien éventuellement » que je disais d'un petit rictus. Je sais ce que ça représentait pour elle cet animal. Je savais pertinemment et je voulais lui prouver que c'était la même chose pour moi. Me retrouvant allongé sur le lit, elle venait me rejoindre, me surplombant, non sans me chatouiller le visage de ses cheveux d'or. « J'suis prêt à tout pour toi... ok? J'veux cette maison, je veux le chien, je veux cette vie avec toi » soufflais-je doucement. « Je veux répondre à chacun de tes désirs les plus profonds, je veux être celui qui monopolise tes pensées, que jamais tu viennes à imaginer quoique ce soit avec un autre homme » et je me rendais compte à quel point mon amour pour elle pouvait être passionnellement destructeur. « Je te veux toi, toi et uniquement toi et je crois que j'ai jamais été aussi sûr de ma vie » Elle m'avait ébranlé de bout en bout, sans s'en rendre compte. Elle m'avait fait douter de certitudes que j'avais pu avoir et s'était installée dans mon cœur, l'envahissant et ne souhaitant pas vraiment en sortir. Ca tombe bien, je n'en avais pas envie. « Est-ce que t'es heureuse avec moi ? Vraiment j'veux dire »

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w/ pluton le swedish  — their apartment (cambridge), décembre 2018
Tu le fais exprès ? T’es sourd ou quoi ? Tu ne réponds à rien. Tu bifurques. Tu contournes. Tu ne relèves pas l’essentiel. Tu te caches derrière des phrases pré-construites. C’est comme si j’étais acquise. Je hais ce sentiment, je veux que tu continues de me conquérir, inlassablement. « Ce n’est pas Los Angeles qui est magique, je suis magique. Tu l'as compris bien trop tard qu’on est fait pour être ensemble. Et le pire, c’est qu’au fond de toi, tu continues de le nier, je le sais » Pourquoi t’acceptes pas ? Oublie le reste comme je l’oublie pour toi. Si ça continu, j’vais aussi m’y mettre moi. Bordel, j’suis persuadée que t’es tombée sur le petit traité de manipulation au rayon psycho à la bibliothèque. Le chien, c’est la cerise sur le gâteau pour un couple et que tu l’évoques, ça me touche. T’as pas le droit de balancer ça en n’étant pas réglo sur toute la ligne. Secouant alors négativement ma bouille, je me rapproche ensuite de toi pour m’encercler autour de tes bras ouverts. Une petite pichenette sur ton torse et tu tombes à la renverse. Avec souplesse, je me courbe et te recouvre de ma silhouette svelte. Mes yeux encore cernés de noir se noient dans les tiens, avec une intensité tentant de te filer le vertige. Mes bras soutenant tout mon poids, je t’écoute me répondre. Tu fous tout à côté. La déception me bouffe. Mon palpitant se déchire sous la frustration. Sans un mot, je finis alors par m’écrouler sur le côté, sans aucune réplique. Un soupir s’échappe de mes lèvres. Silencieusement, je lorgne l’ombre des flammes qui dévore le plafond. La déglutition se fait difficile sous l'émotion. « À cet instant précis, tu me rends plutôt malheureuse. » La voix brisée, je jette mes mains dans les airs en regardant mes doigts que je fais volontairement remuer. Simple distraction contre les larmes. « Mes désirs les plus profonds, c’est que tu abandonnes tes démons et tu le veux pas, alors tant pis. Je garderais aussi les miens. » Rampant sur le dos et mes coudes, je me réfugie contre la tête de lit. Le sommet de ton crâne proche de mes pieds, je le fixe avec douleur. « Je suis sûre de nous depuis des mois. Et je suis heureuse lorsque tu m’es dévoué, quand tu te dévoues uniquement à ta déesse de France, la seule et l'unique. » Attrapant un photophore sur le chevet, je l’enroule entre mes doigts, hypnotisée par le feu qui danse en son centre.

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w/ louison la french  — their apartment (cambridge), décembre 2018
C'était une route sinueuse qu'on était en train d'emprunter tous les deux et je n'étais pas certain de réussir à m'en sortir indemne. J'avais mal en cet instant, d'une perte soudaine si bien qu'inexplicable. Mais je ravalais cette peine pour tenter de lui offrir ce qu'elle souhaitait : être rassurée. Seulement, j'avais l'impression d'avoir faux sur toute la ligne et ça faisait mal. Cacher une peine par une autre peine, ça faisait pas bon ménage. « Non, je le sais. Je le sais, je le sens et je l'admets » J'aurais jamais pu faire tout ce que j'ai fait pour elle si je n'étais pas sûr qu'elle était faite pour moi. Seulement, j'avais l'impression que tout ce que je disais était mal interprété, ou alors je les disais de la mauvaise façon, que sais-je. Rapidement allongé par un coup de sa part, elle venait me rejoindre et je pensais avoir réussi ma mission... epic fail. Elle s'allongeait alors à côté de moi, avouant que je la rendais malheureuse. Quoi..? Pourquoi ? C'était pas forcément facile pour moi d'entendre ça ,surtout quand je savais que je faisais de mon mieux. Une boule se formait dans ma gorge, me poussant à rester muet. « Je comprends pas... » que je disais en me tournant vers elle, clairement perdu dans tout ce que je comprenais et interprétais, et ce qu'elle souhaitait réellement. « J'ai tout lâché pour toi, j'suis dévoué à toi, je te le dis et tu admets le contraire et... je » Je me relevais, assis sur le lit, avant de finalement me relever. « De quels démons tu parles ? » Je m'étais tourné vers elle, croisant mes bras contre mon torse. Parce que je vois pas ce qu'elle peut me reprocher, sauf peut-être être triste récemment mais elle avait pas à me reprocher la perte de mon enfant, ça serait bas. Vraiment bas. « Qu'est-ce que je fais mal ? Qu'est-ce qui ne va pas ? » Et ne parle pas à demi-mot. On est supposé parler, pas jouer aux devinettes.

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w/ pluton le swedish  — their apartment (cambridge), décembre 2018
Je tombe, je me relève. À chaque fois. Nombreuses sont mes chutes, nombreuses sont mes blessures. J’ai atteint le maximum. J’veux plus être abîmée. Les couches de ma peau et de l’enveloppe qui protègent mon coeur n’ont plus la même résistance. Elles sont bousillées et il va me falloir du temps pour qu’elles se régénèrent, du temps, de la patience et de la sincérité. Et ce soir, je ne mens pas, pas de langue de bois. Sur ce lit, allongée à tes côtés, je souffre plus qu’autre chose. Le bonheur qui nous frappait sur la colline est loin, super loin. Il me faudrait une bonne paire de jumelle pour l’apercevoir en fait. T’es aveugle ou quoi ? Tu te rends pas compte que c’est toujours pour la même raison qu’il se barre notre bonheur ? C’est toujours quand cette fille revient. Mais ouais, continue de ne pas comprendre. Ça t’arrange je parie. Puis tu fuis de notre pieu. Mes prunelles dérivent alors de ton corps à la bougie que j’encercle entre mes paumes. « Je me dis que c’est trop beau pour être vrai. Que c’est trop beau que tu m’aies choisi. Je me dis qu’un jour, tu retourneras encore vers elle, surtout avec cette histoire, avec votre gosse parti je ne sais où » Je lève les yeux au ciel, je les connecte ensuite aux tiens et je retrouve la flamme qui réchauffe mes mains gelées. « Je ne sais plus quoi faire Pluton. J’attends déjà la prochaine mauvaise nouvelle tu vois. J’ai l’impression qu’on nous interdit d’être heureux plus d’une semaine. Et moi, j’suis pas faite pour errer dans les ombres, j’aime le soleil plus que tout, j’veux profiter de la vie au lieu d’être en contact avec la mort. » Décollant mes fesses du matelas, je reviens à toi, mon photophore emprisonné entre mes doigts. « Dis moi ce qui nous attend les prochains jours. Est-ce que tu vas continuer à nous tuer ? Tu veux nous éteindre, comme ça » Mes lèvres au-dessus de la flamme, j’expulse un flot d’air plus puissant que ma respiration habituelle. La flamme combat contre mon souffle, encore et encore. Elle rétrécit sous le débit que je fais augmenter. J’veux pas l’abattre, mais si tu ne dis rien, je la flinguerais.