La situation m'échappe. Et quand je panique trop, j'hausse la voix, je deviens incontrôlable dans mes gestes. Un peu comme un gremlin après minuit si tu lui donnes à manger. Je suis désolé pour son bras que j'ai un peu trop serré. Je l'ai forcée clairement à rester par la force vu que je suis nul avec les mots. J'avais peur qu'elle s'envole, qu'elle parte et que ma vie ne ressemble plus qu'à un mirage. Tu comptes tellement pour moi Phoebe Rowan, et tu me rends bête. Je ne sais plus comment agir. J'ai l'impression qu'au moindre prochain truc que je fais, c'est fini, tu prends la poudre d'escampette. Sur le mouvement des reproches pendant la dispute, elle me lâche qu'elle a aussi des sentiments. « ben voilà ! » que je lâche trop vite sans avoir vraiment capté ce qu'elle a dit. Attends, mon dieu, je souris, je sens un courant électrique qui m'attire à elle. « tais-toi. » ne me rie pas au nez comme ça, surtout pas quand je suis sur un petit nuage. Je passe du chaud au froid, mon cerveau ne comprend plus comment mon corps doit agir. Je suis énervé, heureux, je suis quoi bordel ? Je fonce sur elle, pas pour la butter non, pour attraper son visage et l'embrasser. Un baiser de quelques secondes, tendre, juste pour lui faire fermer son clapet. Le silence s'installe. il ne reste plus que le bruit de notre respiration et les voitures qui roulent à l'extérieur. Pas étonnant que ça soit une sorcière, mon corps se détend, se décrispe, cela doit être sa salive qui est magique. « pardon, pardon d'avoir crié sur toi. » je libère sa bouche et je prends doucement son coude. « et pardon d'avoir martyrisé ton bras... j'avais peur que tu m'échappes. » je caresse sa peau de mon pouce sur la marque que je lui ai fait puis je colle mon nez contre son cou pour venir respirer son odeur. Elle ressent des choses pour moi, mon dieu, ça arrive de nouveau. J'intéresse une fille, une putain de fille réelle !

T’es phénoménal. J’en reviens pas. C’est un coup monté ? Ne me dis pas que tu as tout calculé, tout planifié pour que j’en arrive à t’avouer ce que je dissimule. C’était un piège, je me suis fait baiser. Tu me connais ou quoi ? Tu sais qu’il faut me brusquer pour que je réagisse ? L’enfoiré, le Griggs a percé une partie du mystère Rowan. Et vas-y que je piaille, mais toi t’as pas envie d’entendre le son rocailleux de ma voix. Les traits de ton visage se décontractent. Tu te précipites sur moi, j’serre les poings et j’ferme les yeux. Réflexe inutile, j’vais pas sauver ma peau en clouant mes paupières. Respiration bloquée. Coeur arrêté. Cerveau en mort artificielle. Impact. Tes lèvres cognent les miennes et les caressent tendrement. Un baiser ? Pas d’étranglement ? J’rouvre les yeux et t’es là, tout près, tu t’excuses en rafale. Mon ventre s’embrase. Un homme qui demande pardon, c’est juste trop bandant. Enfin, pour moi, Freud dirait probablement que j’ai un problème avec mon père, qu’il me doit des excuses etc. Pas du tout. « Oh, c’est .. pas grave » Je marque vite, c’était pas agréable, mais j’vais pas décéder pour si peu, j’suis immortelle t'façon. Ton petit nez tout froid se loge ensuite dans mon cou. J’frémis et je t’encercle à distance de mes bras, hésitant à refermer totalement mon étreinte sur toi. J’peux non ? J’en meurs d’envie, toi tu te prives pas pour m’embrasser par surprise. Alors je t’enlace. Je remonte mes doigts dans ta nuque. Je gravis quelques centimètres de plus. Je me perds dans ta chevelure, gardant ton visage niché contre moi. J’profite aussi de cette proximité pour approcher mes lèvres à ton oreille et y chuchoter quelques mots « Écoute moi bien, si je m’échappe physiquement, ça ne veut pas dire que je t’élimine de ma vie pour toujours. J’réagis au quart de tour, comprends-le. Je te l’ai déjà dit, je ne t’abandonnerai pas. Il m’en faudrait énormément pour que je disparaisse. Énormément.. » Et ma bouche recule pour s’échouer sur ton crâne. Je multiplie les baisers dans ta forêt capillaire. Ça sent trop bon le poupon. J’empoigne ensuite tes épaules et je te pousse vers l’arrière pour retrouver ta face « Et maintenant ? On continue comme si de rien n’était ? Tu .. Si une fille te fait du rentre-dedans, tu vas céder ? Damn, c’est affreusement gênant comme discussion, j’veux une bière s'il te plaît » J'dois avoir un bon lot de questions connes en stock, pas sûre que ça te plaise.

Je me sens tellement bien que... j'en ai oublié l'histoire du triangle avec Zoey. D'ailleurs, je n'ai plus de nouvelles d'elle. La dernière chose qu'elle m'a dite, c'est qu'elle avait quitté notre chambre à la Kirkland House. Et honnêtement, ça m'a foutu un choc. Je suis égoïste, je pense qu'à mon petit bonheur et à Phoebe, ma source d'énergie. Je délaisse ma meilleure amie mais d'un côté, c'est elle qui se met en retrait toute seule, moi je n'ai jamais voulu ça... donc égoïste je disais. Mais, ça fait combien de temps que j'ai pas pensé à moi pour une fois ? Vraiment pour moi ? Je me plie en quatre pour les autres, mais jamais pour moi. J'me dis que j'ai le droit d'avoir quelque chose de bien dans ma vie. Une petite lueur. Même si elle ne dure pas, même si elle dure. Au moins, j'aurais quelque chose de bien à raconter, un truc génial qui s'est passé dans ma vie ; le jour où j'ai rencontré Phoebe, de un, et le jour où on a déclaré notre flamme, en pleine engueulade. Maintenant, je retrouve ses lèvres et ça fait du bien. Depuis qu'on a passé la nuit ensemble, j'ai un peu plus de facilité à être tactile, je reste encore un peu sur la réserve, mais j'ose être expressif avec les gestes. Mon coeur tambourine dans mes poumons et je profite de l'étreinte qu'on s'offre mutuellement. Mon oreille tendue, la sorcière me souffle des incantations. Je souris, ma bouche coincée contre son épaule et elle me fait reculer pour me regarder, la tête haute. Je la regarde d'un air interrogateur et je me mets à rigoler tout bas. « phoebe, j'ai peur des filles, tu le sais ça... alors, tu crois réellement que je vais les laisser me draguer ? chose qui est peu probable de base. et puis, je veux pas risquer me faire couper la seule chose qui te plait chez moi ; mon pénis. » roh je suis dur avec moi-même mais c'est mon humour, vive l'autodérision. J'attrape ses mains pour lier mes doigts aux siens et caresser sa joue de mon nez. « j'aime pas utiliser ce terme 'je t'appartiens' mais, en quelques sortes, disons que la seule fille qui aura toute mon attention, mes baisers et mes câlins coquins, ce sera toi. » je me sépare d'elle doucement puis je vais jusqu'à la cuisine pour choper une bière qu'elle avait ramenée. Je l'ouvre, j'en bois une gorgée bien fraiche pour me détendre et je tends le bras pour la lui donner. « bien sûr, je veux que ça soit réciproque... si tu es d'accord, qu'on y aille  lentement. tu vois ? » ouais là je m'exprime tellement comme un gosse de douze ans mais c'est pas grave, au pire, je lui ferai un dessin.

Il est temps qu’on soit tous les deux heureux. Quand je te regarde dans les yeux, j’y vois des étoiles. C’est moi ? J’crois pas halluciner. J’ai l’impression d’être une constellation qui scintille et se reflète dans ton regard bleuté. J’suis toute émue, même si je le montre pas, pas question de chialer parce qu’un type me déclare ‘sa flamme’. J’suis un camionneur, reine des doigts d’honneur et des rots en plein restaurant. Mais derrière cette façade bien rustique, il y a une petite fille. Une fille qui tâtonne et qui ne sait pas du tout dans quoi elle fout les pieds. « Je te crois pas. Je t’ai bien approché moi et j’suis une femme.. C’est elles que je couperais, pas ton pénis sacré » J’vais tasser ma jalousie, je te promets, j’vais essayer. Je te fais confiance. Le frottement de nos doigts soulage d'ailleurs mes craintes. Mon visage remue sous la caresse de ton nez. Un sourire s’étire sur mon visage. J’ai le forfait Griggs en illimité, le pass VIP. C’est comme si je m’étais hissée au sommet du monde, sur le point le plus culminant de toute la planète, le bon vieux Everest. « D’accord » soufflais-je avant que tu ne partes en cuisine pour ramener la bière. La bière que t’ouvres et que tu commences à siffler sous mes yeux. Je souffle et hoche négativement ma frimousse en te regardant t’hydrater. Bordel, pourquoi ça m’excite que tu sois aussi impoli. C’est parce que tu ne le fais pas exprès, t’es comme ça, t’es un enfant. T’es insouciant. J’attrape ensuite la canette et j’dépose mes lèvres sur le cercle argenté. Une, deux et trois gorgées. Ça donne soif d’être .. sous le charme d’un mec. Soupir d’extase en ingurgitant le liquide doré. J’pourrais la terminer, grosse ivrogne. « On continue à se fréquenter tu veux dire ? À se laisser porter parce qu’il y a entre nous, sans se prendre la tête ? » Je cherche ton approbation et j’te contourne pour parader dans ton chez toi. « Ne mate pas mes fesses » J’souris et continue de siroter la bière en scrutant les détails de ta piaule. J’suis beaucoup plus relaxée qu’en entrant ici toute à l'heure, j’me sens beaucoup plus légère ouais, j’pourrais m’envoler au moindre courant d’air. J’dépose ensuite la cannette sur la table du salon et je fais volte face, enfonçant mes mains dans les poches arrières de mon jean. « Et si.. Admettons qu’un homme ou qu’une fille me fasse des avances, je lui dis quoi ? »

J'sais pas trop quoi dire pour la rassurer, à part... fais-moi confiance ? La confiance, quelque chose que je ne donne pas si facilement. Et là, je viens de la donner à Phoebe, les yeux fermés. Je lui confie mon coeur en quelque sorte, je lui confie tout de moi, lentement mais surement. Faut qu'on fasse notre chemin nous-même, qu'on se mette sur le même pied d'égalité. J'ai peur et je suis excité à la fois. Je suis pressé de vivre cette histoire avec elle, de pouvoir dire qu'elle est à moi et que je suis à elle. Mais je redoute aussi les mauvais moments, les angoisses, les disputes. C'est ce qui fait partie d'une vie de couple. Si tout était beau et tout rose, ça se saurait, et les couples seraient vraiment chiants. Je lui offre sa canette de bière après avoir bu dedans en premier et je la regarde en train de faire les cents pas. Hey, détends-toi, t'as juste gagné un mec, un vrai. « oui, c'est ça, on se laisse aller, que toi et moi, et personne d'autre. » prends ça comme une début d'histoire, un début de couple, j'aime juste pas employer ce mot. J'étire un sourire quand elle me crame en train de reluquer ses fesses. « pardon, mais c'est elles qui me matent. » je suis innocent. Elles n'arrêtent pas de me faire des clins d'oeil. Non mais en fait, je suis en train de me dire que ce boule là, il est à moi, comme tout son corps en fait. Phoebe s'immobilise et je retrouve son visage. Elle me pose une question qui mène à la réflexion. Oui parce que, je dois m'inquiéter des hommes qui lui tournent autour, mais aussi des filles. ça fait deux fois plus de boulot et ça me met une boule au ventre. « si c'est un mec, tu dis que t'es prise. mais si c'est une fille, et qu'elle est mignonne, tu peux lui dire que ton mec est intéressé par un plan à trois. » sourire farceur. Je déconne bien sûr, quoi que... deux filles pour moi, c'est le fantasme mais je gère déjà pas rien qu'avec une gonzesse. C'est quoi ce drôle d'air qu'elle me fait Phoebe ? J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Je me mets sur pause, je rembobine dans ma tête... ton mec. ton mec. ton mec. Oh mec, je suis son mec, ça y est, y'a plus de toute là-dessus.

C’est important pour moi d’éclaircir où on va. J’sais pas, on dirait que c’est pas grand chose pour toi, juste quelque chose de commun. Non, ça ne l’est pas pour moi. Je me suis jamais réellement engagée. Je n’ai accumulé que des échecs sur le plan sentimental. J’finissais même par croire que c’était pas pour moi et puis, t’es arrivé. Depuis que t’es revenu, tu remets tout en question. Mon monde doit se réorganiser, tu ne t’en rends même pas compte. J’suis une louve solitaire moi. J’me morfonds dans mes délires surnaturels, entre ici et Salem. J’copule pour répondre à mes pulsions sexuelles, point. J’vais devoir revoir mon fonctionnement. Tout mon fonctionnement. Alors j’suis nerveuse ici, j’fais que bouger, pour essayer de me dégager de mes tensions. J’te pose des questions que t’as l’air de trouver connes. Désolée Lasz’, désolée. « J’savais pas que les fesses avaient des yeux » Et ça me plait que tu puisses les reluquer, ça me plaît beaucoup. Ça me donne de bonnes décharges d’électricité partout dans l’bide, plus bas que le bide même. J’plais à quelqu’un quoi, j’plais physiquement ET émotionnellement. Je pense que ça mérite un sacrifice à minuit ça. J’dois remercier tous les dieux et les déesses qui t’ont ramené à moi. Bref, j’veux quand même savoir ce que je dois dire aux prédateurs qui oseraient m’approcher. Qu’est-ce que je dis aux charmantes créatures qui voudraient se délecter de ma chair hein ? Attends, quoi ? Plan à trois ? Jamais, pas avec toi, ouais jamais. J’garde notre nuit de baise en tête et non, j’veux plus que tu offres ça à quelqu’un d’autre. No way. Et "ton mec" ? C’était voulu ou c’est un lapsus ? Alerte tachycardie, j’ai dit, alerte tachycardie. Je te dévisage. Bouche entrouverte. Sourcils froncés. Les secondes s’égrènent. Le silence devient pesant et vlan, je le brise par un grand éclat de rire. « Oh Lasz’, t’es si chou, j’crois que ton inconscient te joue des tours mon chaton » Je sors ensuite de mon immobilisme. Je réduis la distance nous séparant et je me plante devant toi. Le regard charmeur, je viens balader mes mains sur ton torse, arrangeant le col de ta chemise autour de ton cou. « D’un, le plan à trois, on le négociera si on arrive ensemble à la quarantaine et qu’on s’essouffle au pieu. De deux, si une nana à la mauvaise idée de t’approcher, tu lui diras que ta meuf est une sorcière et qu'elle se fera un malin plaisir de l'anéantir ok ? » J’insiste, j’veux une réponse là, alors je tire sur ton col, te forçant un peu à plier ta nuque. J’frôle ta bouche de la mienne. Mon souffle s'évade et se fracasse contre le tien. Trop gourmande, je baise tendrement ta lèvre inférieure et je relâche un peu la pression sur ta chemise pour ne pas te briser une cervicale. Ça serait con quand même. « J’peux voir la chambre de mon mec ? Ne me dis pas que tu la partages avec ta coloc ou je ramène son pieu jusqu'ici.»

Boston, cette ville me change et me changera à jamais. En mai, j'étais toujours coincé à la Nouvelle-Orléans, à rien foutre de ma vie, à attendre les résultats pour Harvard. Je sortais pratiquement jamais, j'avais mon nez fourré dans les jeux vidéos, dans n'importe quel écran. J'étais dans mon monde et le monde extérieur, celui de tout le monde, ne m'intéressait pas. Les filles, je les chassais d'un coup de regard maladroit ou je les évitais avant qu'elles ne puissent s'approcher de moi. J'étais ce loup solitaire, dépendant de la coke et du gaming, n'ayant aucun but dans ma vie... Dorénavant, tout à changé, enfin presque. Je consomme toujours cette merde car j'en suis accro et que je suis obligé d'en prendre pour dormir. Maintenant, je vois la vie différemment. Des couleurs apparaissent, c'est de moins en moins sombre et tout ça, je pense que je le dois en partie à Phoebe ; cette fille qui m'a donnée une raison en plus de vivre, d'être qui je suis, et de m'aimer comme je suis. Ce n'est même pas une nouvelle page ou un nouveau chapitre qui s'écrit, c'est carrément un nouveau livre, et je veux qu'il soit exceptionnel, qu'on ne puisse pas en voir la fin... Oh belle demoiselle, tu n'as vraiment pas conscience à quel point tu rends un idiot heureux. Un sourire étire mes lèvres alors qu'elle pose ses mains sur mon torse et qu'elle joue avec le col de ma chemise. T'as remarqué ? Depuis que tu m'intéresses, je ne porte pratiquement que des chemises, laissant les vieux t-shirts unicolores au placard. ça fait plus homme mature. L'enfant gamin est parti. Enfin... physiquement du moins. Je pose mes mains dans le creux de ses reins. « je crois plutôt qu'elle va me rire au nez mais d'accord, deal. » Phoebe m'invite à me pencher et s'amuse avec ma bouche. Je souris contre ses lèvres et je frissonne. Ma chambre, bien sûr. Merde, je l'ai pas rangée... j'ai rien fait en fait, ça doit puer le chacal. « non, c'est ma chambre à moi, personne n'a le droit d'y entrer normalement. » j'attrape ma blonde pour l'amener jusqu'à cette pièce, petite, mais pas trop non plus. Un lit double avec les draps en désordre, quelques oreillers par-ci par-là dont un à terre, un bureau avec au moins trois écrans plats, des baffles en tout genre, des consoles, de la vaisselle sale, du linge sale, etc. « je suis pas très doué pour le nettoyage, je pensais pas que tu verrais ma chambre aujourd'hui. laisse-moi ranger un peu. » elle va me juger c'est sur, elle va vouloir fouiller partout et... arg je suis pas à l'aise. Je déteste qu'on touche à mes affaires, je suis genre, hyper manique de la vie. Je fourre mon linge dans un panier, je remets les coussins sur le lit je secoue un peu les draps et j'ouvre la fenêtre entre-ouverte. Voilà qui est mieux. « tu peux t'asseoir, promis, y'a pas de rat crevé sous la couverture. » que je dis en rigolant alors que je m'étends sur mon lit, appuyés sur mes coudes. Mon regard se pose sur ma table de chevet et je suis pris d'un stress en voyant le sachet de coke. Phoebe suit la direction de mon regard et je chope le sachet enfoncé dans mon poing en espérant qu'elle ne l'ait pas vu. Quoi qu'il en soit, ma réaction est bizarre de base.

Il est trop élégant Laszlo. Il s’est masculinisé. Je trouve que c’est plus le même gars que j’ai débusqué dans les chiottes pour femmes. Il est plus virile, plus confiant. Si c’est moi qui lui fait cet effet, tant mieux, j’suis fière de mon influence. « Elle rira moins quand elle m’aura en face » Une Phoebe furieuse, c’est pas joli joli. Olala. Tes yeux. Ce sourire. Je le mange tout cru. J’veux continuer à m’incruster dans ta vie, t'en vaux carrément le coup, même si t'es pas encore au courant. Je vise alors ta chambre. J’pense que cette pièce peut-être le reflet de qui tu es et j’ai hâte de voir. Alors je te suis, ma main dans la tienne et j’constate -sans cri d’effroi- le désordre qui règne la dedans. Ok, donc à priori, Laszlo serait vraiment un mec paumé intérieurement. Mes yeux ne savent pas où s’arrêter. Je reste près de la porte, n’osant pas plus m’aventurer dans le bordel. « Ça va, t’en fais pas. J’ai deux frères tu te souviens ? C’est un peu la même chose » Enfin, quand ils étaient en pleine crise d’adolescence, j’crois qu’ils ont grandi depuis et qu’ils apprécient l’ordre. Wow, il bouge trop "mon mec", j’en ai le tournis. Je profite alors de cette agitation pour découvrir un peu plus l’univers dans lequel tu passes sûrement de longues heures. Je touche rien, j’observe. J’aimerais pas non plus qu’on vienne remuer mon monde, j’respecte. Et puis quand tu t’adresses à moi, je me retourne tout naturellement pour te retrouver sur ton lit, complètement affalé sur le bide. « Au pire je peux récupérer son cadavre et le donner à mon serpent » J’ris à mon tour et puis what ? Tu bondis comme un taré sur ta table de chevet pour attraper un truc dans ta main, chelou. « C’était quoi ça ? T’as chopé un cafard ? Une capote usagée ? » Je fronce mes sourcils et je me rapproche de toi, grimpant sur le pieu pour venir chercher les réponses par moi-même. Je me colle à toi, je grimpe sur tes fesses et je pousse sur ta tête pour que tu bouffes ta couette. « Vous êtes en état d’arrestation Griggs » J’attrape ensuite tes mains pour les lier dans ton dos et je me focalise sur ton poing serré. J’essaie de détacher tes doigts repliés, mais tu forces comme un malade. « Euh ok.. Tu veux que je ferme les yeux pour que t’ailles planquer ce que tu me caches ? » Chacun ses secrets après tout, mais bon, j’crois qu’on est censé tout se dire maintenant non ? J’vois pas ce que je pourrais découvrir de si atroce pour que tu te donnes tant de mal à le dissimuler..

Je ne sais pas comment je dois prendre le fait qu'elle me compare à ses frères sachant que je suis son mec. Eh, je suis pas en mode frère de coeur ou friendzoné honey, i'm your man. Ouais, je suis son homme. Rien qu'à entendre cette idée raisonner dans ma tête ça me fout des papillons dans le ventre. Je me sens cucul, niais à foison, mais aussi bien. J'ai l'impression que Phoebe m'aide à me découvrir de nouvelles compétences. A me rendre un homme meilleur, à être le meilleur de moi-même plutôt. Espérons que ça reste dans ce sens et que je ne devienne pas une horrible personne au fil du temps. On se taquine, je la regarde, je la bouffe du regarde plutôt jusqu'à ce que je remarque ce petit détail sur ma table de nuit. Un sachet de cocaïne. Je sais que ça peut faire peur, c'est une drogue dure, c'est malsain, c'est destructeur et je ne pense pas que ça plaise à la petite copine de n'importe qui. Phoebe me plaque sur le ventre, j'ai rien compris, je retrouve mon nez étouffé dans les couvertures et elle tire sur mes bras, espérant que je lâche la petite chose que je cache. « arrête, j'ai une crampe ! » elle essaye la vermine, de me prendre mon précieux d'entre mes doigts. Non, tu ne m'auras pas ! Mais elle semble céder... et je me sens con maintenant. Je soupire. « tu peux te retirer de mon cul s'il te plait ? » elle s'exécute et je retrouve mon espace. Je roule de l'autre côté et je viens m'asseoir en tailleur, le sachet qui roule entre mes doigts, tête baissée. « c'est... » je me pince les lèvres et j'ai un mauvais frisson froid qui traverse tout mon dos et qui me congèle. Je cligne plusieurs fois des yeux en fronçant les sourcils. Peu de gens sont au courant, même Zoey je pense qu'elle s'imagine que je n'en prends plus. « ... de la cocaïne. » je dépose le sachet illicite dans le creux de sa main et j'inspire, puis expire lentement. J'ose enfin affronter son regard, son regard d'incompréhension, d'interrogation et de jugements. Je frotte mon nez et j'hausse les épaules. « ça va faire quatre ans que j'en prends... et j'en suis accro. » je peux pas la regarder plus longtemps. J'ai ce petit air de soumis qui attend son engueulade. Je sais que c'est grave, je sais que si on me trouve avec ça je vais en taule. Mais... je suis un drogué, et le risque de me faire arrêter ou pas, de détruire ma santé, de mourir à tout moment, ça ne compte pas, tout ce qui compte c'est ma dose quotidienne. « ton mec est un camé. » que je dis d'un ton moqueur. Je lève les yeux au ciel puis je viens poser mon dos contre la tête de lit, en prenant un oreiller pour le foutre sur mon visage. T'avais peut-être besoin de savoir ce détail avant de craquer sur moi ? Si c'est le cas, trop tard, t'es devenue ma nouvelle source de cocaïne. Une drogue encore plus folle et dangereuse.

Oui, mon nouveau mec vit dans une porcherie/déchèterie et alors ? Je me boucherais le nez avant d’entrer et j’parlerais avec une voix de canard tout du long. Il est où le problème ? Le problème il est dans ce bond spectaculaire que tu as effectué pour me cacher un truc. J’veux savoir moi. T’es stupide, t’aurais peut-être rien fait, peut-être que je serais passée à côté, mais maintenant c’est foutu. Alors je saute sur ton lit, je t’immobilise, les mains dans le dos, mais tu ne lâches rien. J’peux pas te forcer, resserrer ma clé de bras et te faire du mal. Non, je peux pas. J’abandonne et je me retire de « ton cul ». Je m’adosse contre le mur, te regardant t’asseoir et pétrir ce qu’il se trouve dans ta paume. Bordel, arrête ce suspens. Qu’est-ce que c’est ?? Tu te décomposes. Damn, c’est peut-être une dent de ton ex-copine. Tu l’as peut-être enterrée dans les environs ? Et non, c’est pas un reste d’être humain, c’est un sachet de poudre, de .. Cocaïne. C’est à toi ? J’reste médusée. J’ai jamais autant ouvert mes yeux de toute ma vie j’crois. Je ne comprends pas. Je te laisse déposer ce sachet dans ma main et je te dévisage, cherchant à en savoir plus sur la présence de cette merde ici. Le couperet tombe. Glacial. Quatre ans que tu te drogues. J’peux pas y croire. Laisse-moi dans le déni please. Comment ai-je fait pour ne rien remarquer ? Tu bernes tout ton monde en fait ? T’attends quoi ? Que je t’engueule ? T’as raison de te cacher, ça t’évite la bouffe. Fais chier. Après plusieurs secondes à gober du vide, je te rejoins pour te grimper dessus. Installée sur tes cuisses, le sachet toujours dans une de mes mains, j’arrache de l’autre l’oreiller couvrant ton visage. « Tu sais pourquoi tu as commencé ? » C’est la seule question qui me vient. Remonter aux origines. J'veux comprendre ce qui t’as mené à consommer ce poison. J'veux trouver la clé qui te permettrait d’arrêter ce bordel. « Qui te procure ça ? Je vais le tuer. » Mon regard se déporte sur le côté, parce que si je te fixe plus longtemps, j’vais craquer. Ouais, les larmes vont sortir, mais ce seront des larmes de pure colère. Et dans un élan de folie, j’soulève ma main pour la guider devant tes yeux et je déverse un tas de poudre dans le creux de cette dernière « Tant que tu te drogueras, je me droguerais » Je lâche le sachet sur le matelas, j’ferme une de mes narines de mon index et pouf, je sniffe la neige dans ma paume et je lèche ce qui reste avant de frapper des mains. « À la vie, à la mort »