J'ai supplié Soo-Jin de s'en aller pour ce soir. Je n'ai pas envie qu'elle reste dans sa chambre toute la soirée ou qu'elle nous espionne. Alors je lui ai demandé d'aller faire quelque chose de sympa, plutôt que de rester ici. Elle a pas eu trop le choix en fait. C'est la soirée de Phoebe et moi. Depuis ce qu'il s'est passé à Halloween, on a mis une certaine distance. Je pense que tous les trois, on a besoin de réfléchir, de se poser un peu. Je suis tiraillé entre ma meilleure amie et la fille qui me fait vibrer, qui change mon monde, qui bouscule mes repères et qui me rend heureux. Je me suis fait pleins de scénarios. Soit, je laisse Phoebe car Zoey est trop importante à mes yeux, mais du coup, Phoebe ira entre les cuisses de Zoey, et je vais en mourir de souffrance je pense. Soit, je laisse Zoey et je garde Phoebe, mais je me sens tellement coupable, tellement mal au fond de mes tripes d'abandonner ma meilleure amie que j'aime tant et qui a tant besoin de moi. Alors je suis dans une impasse. J'adore Phoebe, et j'ai envie de l'adorer encore plus si j'apprends qu'elle continue à voir Zoey sous la couette, si j'apprends qu'elles s'entichent l'une de l'autre, je vais réellement sauter d'un pont je crois. J'ai peur... elle me manque. Ma blonde me manque, son odeur, ses bisous dans la nuque, ses doigts pointus, tout chez elle me manque atrocement. Je sursaute en manquant de faire tomber le plat de chips que j'avais en main. Quelqu'un sonne à la porte. C'est surement elle. Je pique un chip, je frotte mes doigts salés sur mon jeans et je vais ouvrir la porte. « hey... » je la laisse entrer et je l'attrape dans mes bras en chemin. Je glisse ma tête au creux de son cou pour y déposer un baiser. Putain que ça fait du bien. Je la relâche pour la laisse respirer et je la débarrasse de ses affaires. « c'est pas très grand, c'est même petit, mais c'est chez moi. » je porte sa veste au salon et je l'invite à s'asseoir près de moi dans le canapé. Je la regarde, d'abord en silence... c'est bizarre de se voir en vrai, en face à face comme ça, après ce qu'il s'est passé à Halloween, après qu'on ait couché ensemble aussi, on a pas vraiment eu de discussion depuis. Tout est flou. Je ne sais même pas ce qu'on est, enfin si on est quelque chose en fait... J'attends qu'elle parle la première.

la soirée d’halloween a été un vrai fiasco, mais aussi l’occasion d’éclairer ma lanterne. j’sais désormais vers où je veux aller ou plutôt vers qui. en rentrant chez moi, je me suis assise devant ma boule de cristal, mais je ne l’ai pas tripoté, ni consulté. j’ai juste fermé les yeux et la première image qui m’est venu, c’est lui, c’est laszlo. son sourire, son regard, sa voix. certes, zoey continuera de faire partie de ma vie, parce qu’elle était une de mes seules amies dans ce monde, mais si j’devais tenir la main de quelqu’un, lui ouvrir mon coeur de pierre et mon lit toute les nuits, ce serait ce mec, sans hésiter. alors je dois lui déclarer ouvertement, pas derrière des caractères tapés sur un téléphone. c’est ainsi que je me rends chez lui, enfin, chez toi. je suis pas stressée, j’suis bien. une main tenant mon volant, l’autre pendant par la fenêtre, j’chantonne par-dessus la musique qui résonne et s’évapore hors de ma bagnole. j’vais chez toi, j’vais enfin découvrir où tu vis. quelques minutes de trajet plus tard, je gare ma caisse le long d'un trottoir et je rejoins ta porte, un paquet de bière à la main, sait-on jamais. je cherche la sonnette et j’appuie. tu ouvres très rapidement et moi, j’agis comme si rien ne s’était passé. ouf, apparemment t’as digéré non ? j’entre dans ta piaule, scrutant la décoration, les couleurs, les volumes. et sur le chemin me menant au salon, je me fais envelopper dans tes bras, embrasser dans le cou, comme si j’étais .. ta meuf. trop bizarre, vraiment trop bizarre « c’est chaleureux, j’aime bien, ça pue les chips quand même » je ricane et je m’écroule ensuite sur le canapé. petit soupir de soulagement. je pose mes mains sur mes cuisses et j’continue de reluquer la pièce. j’crois que tu me regardes. je suis épiée, help. « tu veux faire mon portrait ? une photo ? » je pivote ma bouille vers toi, bien silencieux et je déglutis plus difficilement quand nos yeux se connectent « alors comme ça tu m’aimes bien.. » autant y aller franco non ?

Dès qu'elle rentre dans la pièce, son parfum s'étend partout. On peut la suivre à la trace. Elle n'est pas venue les mains vides. Je souris. Comme s'il n'y avait pas déjà assez de bières comme ça dans mon frigo. Soo-Jin est une alcoolique, moi je me prends une bière de temps en temps. Je dépose le tout pour la débarrasser et je l'invite à me suivre dans le salon. Elle s'écroule comme un cachalot, me laissant limite pas de place pour mon cul alors je soulève ses jambes pour les poser sur mes cuisses. « non, je me rends compte que t'es imposante comme fille. » tu prends beaucoup de place, dans tous les sens du terme. Ouaip, tu prends de la place dans mon monde Phoebe. Je la regarde, une main posée contre ma joue et mon coude appuyé sur le dossier du canapé. Et là, elle ne prend pas de pincettes, elle y va cash, ce qui a le don de me faire super rougir. Mais je ne quitte pas pour autant son regard. Je veux pas me dégonfler non. Je veux pas répondre par oui directement. Je relève la tête en la fixant davantage. « ...comme tu m'aimes bien aussi. » je dis ça plein d'espoir, mais si ça tombe, elle est venue me dire que son coeur balance plus pour Zoey, ou je sais pas. Merde, voilà que je repanique maintenant. Je pianote mes doigts nerveusement sur ses genoux. C'est vrai que le sujet, ce n'est pas que nous deux, c'est la troisième personne dans ce putain de triangle, c'est Zoey. « ...et comme Zoey t'aime bien aussi. » je déglutis et je fixe mes pieds. Autant être cash oui, quitte à ce que ça fasse mal un bon coup puis on avisera. N'empêche, je la retiens Zoey a lui avoir balancé que je la kiffais, ma blonde. C'était pas à elle de dire ça, elle n'avait aucun droit. Maintenant je me sens... devancé ? Comme si les choses s'étaient trop accélérées pour moi, pas de mon plein gré, que maintenant, y'a un bordel monstre dans ma tête et que je suis totalement dépassé.

C’est cosy ici. Plus petit que chez moi, mais beaucoup plus chaleureux. J’me sens bien. Enfin, j’sens pas de ‘mauvais esprit’, le lieu est sain. Bon, après, j’peux toujours buter le mec qui m’attire pour que son fantôme squatte la baraque, mais c’est pas mon délire. Du coup, j’suis si à l’aise que je m’écroule dans le canapé comme si c’était le mien. Oops. Tu soulèves alors mes jambes et tu te réfugies en dessous. J’apprécie l’initiative, c’est chou. C’est comme si on vivait ici depuis des lustres quoi. « Imposante ? J’sais pas comment je dois le prendre » Mon regard dérive sur le côté, en mode : "ok, tu me traites de baleine, m'parles plus". Puis, je me sens tellement observée que je retrouve ton regard posé sur moi. Tu fais quoi ? Tu m’admires ou bien je rêve ? J’me sens si épiée que je contre-attaque avec les moyens du bord. C’est maladroit, mais j’sais que je ne serais plus en position inconfortable en lançant l'offensive. Tiens, à toi, sois gêné un peu ouais. Quoi ? D’où tu sors cette répartie ? D’où tu sors que je t’aime bien comme ça ? Tu.. Tu lis dans les pensées des gens depuis quand ? Si c'est le cas, rejoins mon coven bb. « Je me permets de te couper. Apparemment tu m’aimerais plus que bien selon Zoey, ce qui te place au-dessus d’elle, en tête du podium tu vois » Relève ta tronche un peu. J’aime tes cheveux, mais j’aime aussi ta gueule d’ange. Bordel, j’aimerais trop être la fille qui t’empêche de t’endormir le soir, la fille qui te fait buger des heures, la fille que t’arrives pas à regarder dans les yeux de peur qu’elle suce ton âme. J’aimerais tellement être la fille avec qui tu veux te balader en permanence, la fille que tu regardes avec un amour infini.. « Bon, elle se trompe peut-être après tout. J’suis juste ta pote et plus si affinités non ? » Soulevant mes guiboles à la force de mes abdos, je te débarrasse de mon poids. Le soulagement n’est-ce pas ? Je retire ensuite mes bottines en forçant sur les talons et je me recroqueville dans le coin du canapé opposé au tien. Mes genoux rabattus contre moi, j’enlace mes chevilles et je pose mon menton sur mes rotules. Alors ? J’me trompe ? C'est mieux quand j'suis loin ? T'es moins déstabilisé ?

Tous les deux coincés l'un contre l'autre dans le canapé, Phoebe lance le sujet tant attendu. Elle y jette même les deux pieds dedans et tire sur mes chevilles pour me forcer aussi. Je peux pas me cacher éternellement, cacher mes sentiments. Je dois devenir un homme merde, et plus être enfant. Si je me tais, je le sens, elle va s'en lasser, s'en aller, et je vais passer à côté de la chance de ma vie si ça tombe. J'ai l'estomac noué, une crampe et je me mords la joue. Je secoue la tête. « déjà, elle avait pas à te le dire, franchement, je lui en veux pour ça. elle a violé mon intimité, elle t'a donné des... infos qui m'appartenaient. » gros boudeur que je suis, je croise les bras, et Phoebe de son côté, elle recule pour se mettre en boule dans le coin opposé du fauteuil. Ah merde ? Pourquoi tu te décales comme ça tout à coup ? Mon regard cherche le sien et je me penche vers elle, je m'appuie confortablement sur mes coudes et je prends ses chevilles pour les caresser gentiment, comme pour lui apporter l'affection qui n'arrive pas à sortir de ma bouche. « non phoebs. » je pose mon front contre ses jambes pliées en soupirant et je ferme les yeux. ça me gratte dans la gorge, ça veut pas sortir, si, ça vient, ah non, fuck. Je prends une grande respiration. « j'ai. des sentiments. pour toi. » bam. d'un coup. Mon monde s'arrête et je garde ma tête limite entre ses cuisses car j'ose pas la regarder, j'ose pas lui dire ça les yeux dans les yeux, c'est trop m'en demander ça. Je suis tellement paniqué que j'en oublie de respirer. Est-ce que c'est plutôt clair ça ? Est-ce que ça te rassure ? Non parce qe je suis clairement en train de faire une attaque et je dois tellement être rouge que je vais foutre le feu à ton pantalon et au canapé par la même occasion. Appelle déjà les pompiers.

J’suis pas venue jusqu’ici pour parler réchauffement climatique, bien qu’il fasse super chaud. J’passe jamais par quatre-chemin, j’fonce directement, ça évite de tourner autour du pot et d’agrandir un malaise qui n’a pas lieu d’être. Alors, tu m’aimes bien ou non ? J’invente rien, c’est Zozo qui me l’a balancé, j’veux juste vérifier ma source d’info moi. « Si elle ne l’avait pas fait, j’aurais continué de me voiler la face, elle a bien fait » Je me recroqueville ensuite au fond du canap’, parce que cette phrase que je viens de prononcer, elle n’est pas à prendre à la légère. Elle veut tout dire. J’ai eu une révélation dans ce putain de cimetière, j’ai su, j’ai su que j’en pinçais aussi pour toi. Ok, donc tu veux camper sur tes positions. Tant pis. J’vais continuer à te fixer. Dans le silence, peut-être que fonctionnera. Et ouais, tu reviens à moi, tu enroules tes doigts à mes chevilles et j’vois qu’un truc veut sortir, mais que c’est difficile pour toi. J’peux pas le faire à ta place, ce serait trop easy la vie sinon. Je prendrais aussi mes rêves pour la réalité. Allez, crache le morceau. Accroche toi à moi, j’bougerais pas, j’suis en plomb moi. Une fois que je plonge et que touche le fond, j’bouge plus, une putain d’ancre marine. J’ai parlé un peu trop vite. tu. as. des sentiments. pour moi. J’cille pas. Mon coeur recule dans ma poitrine, il se planque comme un peureux. Je tapote sur ta tête comme ta maman le ferait pour te rassurer qu’il y a pire dans la vie. « Tu as honte de ressentir des trucs pour moi ? » J’sors de ma position, je plante mes genoux dans les ressorts du canapé et j’encadre ta bouille entre mes doigts pour te forcer à m’affronter « Je te l’accorde, c’est peut-être la fin du monde.. » Parmi toutes les filles dans ce monde, tu t’entiches de moi, la meuf qui s’barre au volant de sa caisse au milieu de la semaine pour rejoindre Salem. Celle qui prie des dieux et des déesses dont tout le monde se moque. La fille qui n’est pas sûre de pouvoir donner un peu d’amour et de tendresse comme tu sembles en avoir besoin « Tu veux que je t’appartienne dès aujourd’hui ? J’comprends rien Laszlo.. »  

Ah, donc elle a bien fait ? Je baisse le regard, je ne cherche pas à comprendre. En gros, Zoey lui a donné le déclic, elle pouvait pas deviner seule qu'elle m'aimait bien. Perso, je ne sais pas trop comment je dois le prendre hein. Je sais que Phoebe en attend beaucoup de moi. Un mec silencieux, ça ne l'intéresse pas. A chaque fois qu'elle essaye de deviner ce que j'ai dans la tête, quand je parle, j'ai l'impression que c'est jamais assez. Et c'est autant saoulant pour elle que pour moi. Je suis désolé, mais elle, elle ne parle pas des masses non plus. Je veux pas me faire avoir, je peux pas ouvrir mon coeur si elle ne l'ouvre pas en retour. Merde, trop tard, je lui ai dit, et je cache ma tête contre ses jambes. Elle passe sa main dans mes cheveux et je relève la tête vers elle, j'ose affronter son regard. « bah oui, imagine, c'est pas réciproque. » je suis déjà en train de creuser ma tombe en fait, sous tes fesses, dans ce canapé. Je vais continuer mon chantier, ni vu, ni connu. La fin du monde ? Super, j'aurais du fermer ma bouche et me mettre en pls comme elle, à l'autre bout du canapé, à se regarder dans le blanc des yeux, woaw, super soirée. Quand elle me demande si je veux qu'elle m'appartienne, ça me donne la nausée. Relation sérieuse, tout ça... comment dire que... non, j'ai peur. Moi aussi je comprends rien Phoebe. « non. enfin oui mais non. j'sais pas. » je me lève, je romps le contact avec elle et je marche jusqu'à la fenêtre, les mains dans les poches, comme si regarder la rue et les gens qui marchent ça va m'aider à réfléchir. « j'suis pas prêt. » pour une histoire sérieuse non. Tu sais que je suis tout cassé, que depuis que Saphir a ouvert son coeur ouvertement à Mael à tout le lycée alors qu'on était ensemble, je suis détruit. « ou j'ai peur... peur de perdre quelqu'un à nouveau. » je pose mon coude contre le mur et je pose mes doigts sur mes lèvres fermées en les bougeant nerveusement.

Des sentiments. Je voudrai une définition précise s’il vous plaît. C’est flou. Ah oui c’est vrai, tu peux pas faire mieux toi, t’es le mec qui ne peut pas débiter plus de trois mots à la fois, c’est trop sinon. J’veux pas que tu te caches par contre, t’as le droit d’éprouver ces fameux sentiments, j’pense pas que ce soit répréhensible. On ne chasse plus ouvertement les sorcières que je sache, tu peux te perdre en moi, c’est sans danger. Enfin, sans danger dans l’immédiat, à la longue j’promets rien, d’où cette allusion à la fin du monde. Bref, j’suis maladroite comme pas possible, j’ai envie de te rendre la pareille, de te dire que c’est réciproque, mais je me cache comme une gamine derrière des excuses bidon. Je psychote. J’me demande ce que ça veut dire tout ça, cet aveu. Tu veux plus que je vois personne à part toi ? Qu’on soit « exclusif » ? Oh bordel, j’crois que j’ai dit un truc qui ne fallait pas. Tu pars. Adieu. J’suis seule avec ton canapé. Je l’aime bien, mais je préférais quand ton cul y était. T’es pas prêt. Tout ça pour reculer ? Je descends alors du sofa et je franchis la moitié de la distance qui nous sépare. Stop. J’peux pas aller plus loin, j’veux pas pénétrer dans ton espace vital. T’es hypnotisé par l’extérieur. J’veux rien détruire, j’ai suffisamment causé de dégâts comme ça. J’veux pas que t’aies peur non plus. Seulement, voilà mon impulsivité et mon ego débarquent main dans la main, c’est pas bon signe. J’me sens si rejetée. C’est stupide, j’sais que c’est pas voulu, que t’as la frousse, mais j’suis mauvaise pour consoler les gens et les faire aller dans une direction précise. « Et bien, quand tu sauras, tu me diras » Je fais demi-tour et j’enfile mes chaussures en vacillant sur place. J’attrape ma besace, je l’enfile sur mon épaule et je te regarde au bout de la pièce, devant ta fenêtre. T'es tout égaré. Tu tritures tes jolies lèvres toutes douces. J'meurs d'envie de courir, d'escalader la table et de te prendre dans mes bras, mais je campe. « C’est qui ce quelqu’un que t’as peur de perdre au fait ? Avant que je te foute la paix.. Fais chier, j'aurais pas dû te poursuivre dans ces chiottes »

Putain bien sur que je veux qu'elle soit à moi, c'est plutôt évidant. Mais je suis pas rassuré, je suis pas dans le mood pour ça, je suis pas... je ne sais pas moi. Officialiser quelque chose ça veut dire que c'est le début des problèmes. Et je vais la perdre, d'office, je vais la perdre. Pourquoi ça serait parfait avec elle hein ? Parce qu'elle me rend heureux ? ça oui bordel, tellement heureux. Mais Saphir aussi à l'époque elle m'a rendu heureux pourtant, ça ne l'a pas empêchée de me niquer. Dos à Phoebe, je devine qu'elle se lève et qu'elle s'apprête. What ? Je pivote pour la regarder. Attends, elle est sérieusement en train de se casser ? Là, je monte comme une flèche. « t'es sérieuse phoebe ? tu vas te casser car t'as pas entendu ce que tu voulais entendre ? » je m'avance aussi vers elle. Je suis énervé, contre elle, contre moi. Elle voulait qu'on parle de nous deux, nous y voilà, mais si elle se barre à la moindre chose qui ne lui plait pas, pourquoi t'es venue en fait ? Et là, elle remet même en doute nos retrouvailles à Harvard. Okay, sympa. Tu vois comme ça fait mal, c'est ce que j'essaye de nous éviter. Mais tu le fais quand même. Je la prends par le bras pour l'empêcher de partir et mon montrer sévère ouais, y'a peut-être que comme ça qu'elle va me prendre au sérieux. « j'te balance que j'ai des putains de trucs pour toi et tu prends tes affaires pour te barrer ? t'attends quoi de moi bordel ? tu... » pff, calme toi, j'ai pas envie de sortir des trucs que je vais regretter. Je la lâche, je n'ai pas envie de lui tordre le bras. « c'est toi que j'ai peur de perdre. putain mais pourquoi tu fais exprès de pas comprendre ? » pourquoi tu me rends la tâche si difficile ? Si en parlant calmement on arrive pas à communiquer, alors autant hausser le ton et courir dans tous les sens dans l'appartement. « et puis... parle aussi toi, dis quelque chose ! tu restes là à me regarder m'enfoncer ! » oui Phoebe, parle, aide-moi, viens à mon secours car je suis vraiment pas à l'aise de parler de tout ça, surtout que c'est rare quand je m'emporte de la sorte. J'ai l'impression qu'on rompt alors qu'on a pas vécu notre histoire.

J’suis de trop dans ce décor. Je n’apporte que des ondes négatives, j’suis pas à l’aise. J’rêverais d’être Alice et de tomber dans un putain de trou pour rejoindre le pays des merveilles. Il est où ce con de lapin pour m’y amener ? Je manque d’air, j’sais plus où me placer ni quoi dire. Je me braque, tu te braques. Tu te rues sur moi, pas content. Quoi ? J’suis impulsive, j’pense pas tout ce que je dis. CALME TOI. Moi aussi j’peux avoir peur, y a pas que toi, t’es pas le seul terrorisé de la pièce ! « J’veux rien entendre, c’est bon » T’attrapes mon bras. Mes yeux foncent droit sur tes doigts qui enveloppent mon articulation et se relèvent instantanément sur ton visage. Le regard est dur ouais, personne ne m’a retenu aussi fort, personne. Tu te prends pour qui ? Tu hausses le ton en plus, génial. Tu te disloques complet. Tu perds toute contenance. T’es en morceaux Laszlo. J’en place pas une. Tu relâches mon bras et je le récupère tout contre moi en massant la zone que t’as saisi. Ok, t’as décidé de m’enchaîner, vas-y, crache tout. Pourquoi je devrais parler ? J’ai rien demandé, ça m’est juste tombé dessus. Bim, sur le coin de la gueule. « Je peux pas comprendre l’incompréhensible » Je soulève mes deux mains autour de moi. Je rentre ma tête vers mon cou et je la secoue de droite à gauche. J’dois avoir le double menton qui ressort quoi, c’est ma tête de grand-mère désemparée ça. Bordel, tu t’es quand même sacrément bien énervé, je la connaissais pas cette facette, elle est flippante. « Tu me dis que tu as des sentiments pour moi et alors ? J’en ai également pour toi. Satisfait ? » On fait quoi maintenant qu’on est tous les deux au courant ? J'ai pas le manuel pour les nuls sur les gens qui se kiffent et qui ne savent pas y faire. « Pourquoi tu voudrais perdre quelque chose qui ne t’appartient pas ? C’est absolument con » Ouais, j’crois que ceci est un pique made in Phoebe Rowan. Et je ris en plus, rire narquois. « Et t’es beau et effrayant quand tu t’enfonces, j’ai cru que t’allais me buter » Ce qui est encore peut-être le cas.. Non ? Tu m’en veux ? Tes sentiments se sont volatilisés ? Tu veux me faire la tête au carré ou carrément l’ôter de mon cou ?