En plein milieu d'une thèse de droit dans l'immobilier, un bug de connexion internet me coupa net dans mon élan. Et merde. Il était 21h14 et mon premier réflexe avait été de t'envoyer un message pour savoir si je pouvais venir à la winthrop house pour terminer mon paragraphe.

La vérité c'est que j'avais également envie de te voir et que c'était la bonne excuse pour te voir. Notre dernière entrevue avait été des plus.. étranges? Mais très agréable ceci dit.

Tu me répondais rapidement, je devais être dans 20 minutes à la bibliothèque. Je balançais tout dans ma clé usb, attrapant un gilet et j'allais me refaire une beauté, mascara et parfum léger. Je troquais ma paire de baskets contre des bottines à talons.
Je venais en bus jusqu'à Harvard et en particulier devant la bibliothèque. Je t'apercevais arrivé un peu plus loin A vos ordres chef, je suis là..

Il était un peu plus de vingt-et-une-heure et Rylan était toujours plonger dans un de ses devoirs. Affalé sur son lit, il avait pris pas mal de retard à force de discuter avec son colocataire. Rajouter à cela son téléphone qui se mettait à vibrer. Comme si le destin cherchait à lui compliquer la tâche, le prénom de LoÏs apparaissait en gros sur l’écran lumineux. Discrètement, il inspirait un bon coup, avant d’ouvrir le message. Merde. Elle avait besoin de lui et il était hors de question qu’elle débarque ici. La voir dans cet endroit, ferait ressurgir des souvenirs de leur dernière soirée. Celle, où ils s’étaient laissé aller tous les deux. Aussi, il lui donnait rendez-vous devant la bibliothèque. Rapidement, il enfilait des vêtements de confortable,- à savoir un jean noir, des Timberland basique et un sweat bordeaux. En partant, il avait essuyé quelques remarques de la part de son obsédé de coloc.

Vingt-deux-heures pile, l’irlandais arrivait devant la bibliothèque. Loïs l’attendait déjà. En se rapprochant, le jeune homme humait déjà l’odeur de son parfum. Est-ce qu’elle sentait toujours aussi bon ou en avait-elle mit avant de partir ? Si c’était la seconde option, cela pouvait signifier quelque chose, mais Rylan ne préférait pas y penser. « T’avais pas plus discret. » lui lançait-il en jetant un regard à ses bottines. A cette heure-ci, la bibliothèque était fermée. Aussi, il n’était pas normal de donner rendez-vous dans ce lieu, mais Rylan était un petit privilégié. Il avait sympathisé avec une des étudiantes qui bossaient ici et cette dernière lui avait gentiment prêté une clé. La consigne était de faire attention et d’éviter de se mettre dans l’angle des caméras. « Suis-moi. » Faisant le tour du bâtiment, il se retrouvait devant une petite porte. De sa poche, il sortait la clé et l’insérait dans la serrure. « Le vigile ne commence pas avant 23 heures. Ça devrait te suffire ? »

Internet en 2018, c'était vital, surtout pour nos cours, les recherches et pour trouver des infos. J'éteignais mon pc portable en soupirant. Tu m'avais dis de te rejoindre et c'est ce que j'allais faire, même si à l'heure qu'il était, la bibliothèque devait être fermée, c'était pas portes ouvertes la nuit..

Arrivée à ta hauteur, tu remarquais mes bottines et j’eus droit à unes de tes réfléxions sur la discrétion. Pourquoi j'devrais être discrète? c'était pas prévu tout ça. Je te suivais derrière la bibliothèque en regardant à droite puis à gauche On va où comme ça? et là, tu sortis une clef, qui ouvrait l'établissement.. euh? A 23 heures il y aurait un vigile et je n'avais donc qu'une heure pour terminer la fin de mon paragraphe. Oui, largement! fronçant les sourcils, j'entrais dans la bibliothèque, déserte, comme si l'endroit avait été abandonnée.. Je murmurais, bizarrement j'avais peur qu'on nous entende. Pourquoi t'as la clef? Puis.. on a pas le droit d'être ici Rylan! C'était pas plus simple de venir vite fait dans ta chambre sur ton ordi...? que des plans foireux j'vous jure..

Pourquoi est-ce qu’elle devait être discrète ? Il faisait mine de soupirer, avant de l’emmener vers une porte secrète. « Tu verras. » Sans plus de cérémonie, il ouvrait le saint graal pour les étudiants d’Harvard. En pénétrant à l’intérieur, ils furent accueillit par un léger grincement dû aux gonds de la porte. Derrière Loïs, il la refermait, avant de lui donner quelques informations. D’ailleurs, cette dernière ne manquait pas de lui poser un tas de questions. Comment avait-il eu la clef et pourquoi ils ne l’avaient pas invité dans sa chambre. Cette dernière lui faisait contracter la mâchoire. Premièrement, il voulait éviter les remarques de ses frères. Pour la plupart, il savait que Rylan n’était pas branché relation sérieuse. Il était donc hors de questions qu’on lui colle une étiquette de fille de passage. Et secondement, l’irlandais ne voulait pas repenser à ce qu’ils avaient vécus dans la salle de repos. « Une nana qui bosse ici me la filer. » Hésitant, il trouvait le moyen de se justifier. « Je rentre tard des entrainements et le temps de faire ce que j’ai à faire, les portes sont fermées. Puis, j’travail mieux dans le silence qu’à la WH. » Dans la maison qu’il partageait avec ses frères, il y avait trop de distraction. La preuve ce soir avec Phineas. Continuant de marcher, Rylan se gardait bien de répondre à sa seconde question. « Baisse-toi un peu. » disait-il en l’arrêtant en plein milieu de leur trajet. Ainsi, ils évitaient les caméras.

Après plusieurs minutes de détours dans les innombrables allées de la bibliothèque, ils finissaient par arriver dans un petit renfoncement d’étagère où se trouvait un ordinateur. « Il est à toi. Et va sur l’internet général. Evite de te connecter avec ton compte étudiant. » Pas la peine de se faire inutilement chopé. Enfin, Rylan la laissait s’installer, alors qu’il venait s’accouder contre le rebord d’une bibliothèque, le regard rivé sur le plafond. Néanmoins, il lui jetait quand même des petits coups d’œil.

Je comprenais rapidement pourquoi les talons t'avaient dérangés, tu me faisais entrer par effraction si on peut dire ça comme ça, dans la bibliothèque d'Harvard. T'aimais le danger, et jusqu'à maintenant dans ma vie j'avais toujours fait tout dans les règles. Mais tu me dévergondais petit à petit, et ce n'était pas pour m'en déplaire. Une nana qui bosse ici? Mouais. J'en demandais pas plus, mais rien que l'idée que tu puisses avoir une relation intime avec cette personne me faisait grincer les dents. C'est sûr que c'est pratique d'avoir ce genre d'amies..

Je te suivais au pas, pour ne pas que les alarmes ou que les caméras ne nous surprennent, jusqu'à un ordinateur. Parfait. Je suis pas complètement stupide.. allumant l'ordinateur, j'insérais dans le port USB ma clé en te regardant à travers le reflet de l'ordinateur. Tu semblais juste m'attendre. Tu vas pas t'ennuyer en attendant..? j'en avais pas pour longtemps, mais quand même. Je retenais simplement que si je ne t'envoyais pas de messages, tu ne le faisais pas, tu ne cherchais pas à avoir de mes nouvelles ni même à me voir.

Je commençais à faire ma recherche internet en navigation privée, copiant et collant des articles de droits, des images, et remodelant tout ça tout en continuant de te parler. Une femme, c'est multi-tâche!

Rylan ne préférait pas relever sa remarque. D’ailleurs à quoi bon ? Dans le ton de sa voix, il pouvait déjà sentir que ça lui déplaisait. Est-ce qu’elle en attendait réellement plus de leur relation ? Cela en avait tout l’air. L’irlandais, avait beau se dire qu’il était perdu ; il savait au fond de lui ce qu’il voulait. Seulement, il avait la trouille. Savoir qu’une nana prendrait une place aussi importante dans sa vie le faisait flipper. Puis, est-ce que cela changerait sa relation avec Noa ? Il était très proche de sa meilleure amie. Voir même tactile, mais en toute amitié. Est-ce qu’une copine supporterait ça ? Non. Il ne le devinait que trop bien.

Prenant les devants, ils finissaient par arriver dans un endroit qui était à l’abri des caméras. C’était de ce poste-ci que Rylan travaillait souvent la nuit. La plupart des personnes auraient eu peur de se retrouver seul dans un tel espace. Sans compter que ce lieux était centenaire et avait vu passé plein de moments insolites. Il aimait se dire que cette bibliothèque renfermait des secrets mystérieux. D’ailleurs, parfois, il lui arrivant d’entendre d’étrange bruit, alors qu’il était complètement seul. Le vigil ne passait pas tout le temps ici et Rylan avait sympathisé avec lui. Néanmoins, il n’était pas sûr que ce dernier accepte un second étudiant. Voilà pourquoi, il avait donné un temps limite à Loïs. « Non t’inquiète. Puis, j’suis bien obligé de t’attendre. » Cette fois-ci, il avait directement rivé ses iris bleutées sur elle. Avec minutie, le jeune homme l’observait exécuter ses tâches. « Puis, tu flipperais ici toute seule… » Prenant un malin plaisir à lancer ses mots, Rylan affichait un sourire énigmatique sur les lèvres. Ses yeux pétillants d’une étrange lueur. Autant s’amuser un peu, non ?

J'avais pris place assise devant l'ordinateur, tentant tant bien que mal de me concentrer. Comment c'était possible? T'étais à un mètre de moi, je savais que tu me regardais et t'étais comme d'habitude, beau à en crever. Depuis notre dernière soirée où tu m'avais infligé certains de tes savoirs faire, je n'avais qu'une envie c'est d'aller plus loin.. J'avais des besoins, comme tout être humain qui se respecte. Je pianotais sur mon clavier, en souriant légèrement à ta réponse "Pourquoi ça? J'ai pas peur des esprits moi.." j'adorais ça même. Un côté de moi que tu ne connaissais pas. J'étais très branché surnaturel, j'aimais comprendre, même ce qui n'étais pas logique.

J'inspirais en terminant ma phrase, arrêtant l'ordinateur. Voilàààà! et au même moment, un livre tombait beaucoup plus loin dans la bibliothèque, je me retournais en te regardant. Bien que j'avais dis il y a deux minutes ne pas avoir peur, j'étais pas rassurée. C'était quoi? l'ordinateur s'éteignait et l'endroit n'était pas bien éclairé, seules les lumières de l'extérieur, des lampadaires, nous permettait de nous distinguer. Je récupérais ma clé USB, hop, dans mon sac à main, et je me levais, m'avançant vers toi. Viens.. je voulais savoir ce qui était tombé. Je rasais les rangées de livres, comme tu m'avais dis, en prenant soin de ne pas passer au milieu de la bibliothèque. Voilà, un gros livre sur l'Histoire de la France était tombé. Je le ramassais pour le remettre d'où il venait. Tu penses que des gens sont morts dans cette bibliothèque..?

« Fait attention, ils pourraient mal le prendre. » lui répondait-il, tout en continuant de sourire comme un idiot. Il était là à faire le malin en essayant de faire peur à Loïs, mais tôt ou tard, ça allait lui retomber dessus. S’exclamant d’avoir finit Loïs fut intérrompu par un bruit sourd. Par la même occassion, cela évitait à Rylan de la réprimander pour avoir parler un peu trop fort. « J’sais pas. On aurait dit un livre. Peut-être un esprit mécontant. T’as parlé trop fort. »[/color] L’irlandais essayait de plaisanter, mais en réalité, il prenait l’affaire au sérieux. Chez lui en Irlande, on croyait aux esprits et au petit peuple. Il avait grandit avec toutes ses légendes et cela, grâce à sa mère. Alors que l’ordinateur s’éteignait, les deux protagonistes furent plongés dans la pénombres. Seul les réverbères leur indiquait un chemin.

Le surprenant, Loïs prenait les devants en partant à l’aventure. Rylan n’en fut que plus admiratif. La plupart des nanas auraient voulus partir en vitesse, mais pas elle. Reproduisant les précautions qu’il lui avait indiqué, la jeune femme rasais les murs. Au bout de quelques secondes, ils arrivaient finalement devant le lieu du crime. Au sol, un gros livre sur l’histoire de France avait prit place. Courageuse, la Dunster remettait le livre en place. Aussi, sa question ravivait sa passion pour l’histoire. « Sans doute. Elle a été inauguré en 1915 donc qui sait ce qui à pu se passer ici. » La bibliothèque Widener était la plus ancienne du campus et la plus importante. Rylan se disait chanceux de pouvoir en profiter. Observant les lieux du regard, il décidait de prendre les devants pour inspecter. A cette heure, le vigile ne commençait pas le travail. D’ailleurs, est-ce qu’il passerait vraiment ? « Je sais qu’on raconte une histoire à propos d’une étudiante dans les années 1918. J’sais pas si t’en a entendu parlé … » Coupé dans son élan, des bruits de pas résonnait au fond de la bibliothèque. Des pas légers qui ne ressemblaient pas aux grosses chaussures de sécurité.

Ils ne peuvent pas t'atteindre.. personne n'avait été encore agressé par quelqu'un de décédé. Des apparitions et phénomènes étranges oui, mais ne serait-ce pas le fruit de notre imagination? J'avais terminé mon devoir et c'était une bonne chose de faite. Merci pour l'ordi du coup.. et pour cet accès des plus privilégié.

Quelque chose était tombé, certainement un livre vu le bruit, je décidais de te dire de me suivre, pour parler à la découverte de ce qu'il se passait. Un livre était à terre et en le prenant je ne pouvais m'empêcher de me dire que des milliers de personnes avant moi l'avait touché, feuilleté, c'était énorme comme sensation. Par la même occasion je te demandais si des gens étaient morts ici, dans ces lieux. Quelle histoire..? tu commençais à attiser ma curiosité, tandis que je regardais comme un enfant tous les livres de la rangée.

Jusqu'à ce que des bruits de pas se firent entendre au loin, au fond de la bibliothèque. Instinctivement je vins reculer jusqu'à toi, cherchant à te toucher, attraper ta main ou quoi que ce soit. D'une voix pas du tout rassurée, je te questionnais On est seuls ici, t'es sûr? avalant ma salive, je me disais que ça ne servait à rien d'avoir peur, de toute façon on ne risquait rien, pas vrai? Je me retournais pour être face à toi et sans te demander ton reste, je te plaquais doucement contre les livres derrière toi, te dévisageant sans gêne. Si tu me fais une blague, sache que ce n'est pas drôle..

Il ne pouvait pas nous atteindre, mais il pouvait nous faire peur. Rylan parlait très peu de surnaturelle avec son entourage, mais il y croyait. Encore une fois, il devait dire merci à sa mère. C’était une femme qui avait l’esprit ouvert et qui croyait que tout pouvait être possible. C’était elle son inspiration. Bien plus que son père.

Interrompu par le bruit d’un livre que l’on fait volontairement tomber par terre, les deux protagonistes, s’étaient diriger vers le lieu du crime. C’est de cette manière, qu’ils avaient découvert un livre sur l’histoire de France. Etrange. Seul le vigile avait accès à la bibliothèque la nuit. Ainsi que Rylan, mais ça, personne ne devait le savoir. Submergé par l’étrange atmosphère qui imprégnait les lieux, l’irlandais avait commencé à lui parler d’une rumeur sur une femme. Seulement, il fut interrompu par des bruits de pas provenant du fond de la bibliothèque. Comme si quelqu’un ne voulait pas qu’il la raconte. Aussi, Loïs s’était reculé jusqu’à buté contre lui. « Oui j’suis sûre. » Cette fois-ci, le jeune homme parlait avec conviction.

Pris par surprise, il se retrouvait plaqué contre les rayons par une Dunster pas très ravie. Levant les deux mains en l’air, il lui répondait avec sincérité. « Je te fais pas une blague, mais c’est pas la première fois que des choses étranges ce passent ici. » Les yeux braqués sur la jeune femme, le visage de Loïs était presque avalé par la pénombre. A nouveau, ils pouvaient entendre comme un bruit de bruissement sur le sol. « Maintenant qu’on est là... Autant voir ce qu’il en est ? » Se détachant de la jeune femme, Rylan prenait les devants. « L’histoire c’est à propos d’une étudiante qui avait fui la révolution russe pour recommencer une nouvelle vie. » Tout en parlant, l’irlandais prenait la direction d’un escalier qui menait vers la balustrade du haut. « On dirait que le bruit viens de là-bas. » S’arrêtant en bas des marches, il tendait vers sa main vers Loïs. Il faisait beaucoup trop sombre dans les escaliers. Autant qu’il la tienne si jamais elle trébuche. « On raconte donc qu’un matin, on a découvert son corps juste là. » Il pointait du doigt le sol ou qui était juste en-dessous du balcon. « Personne n’a jamais su pourquoi. Certains disent qu’un espion russe bolchévique l’aurait balancé par-dessus. »