Dans le fond, elle était contente que sa jumelle n’apprécie pas le jeune homme. Dit comme ça, c’était moche, mais elle le pensait. Les hommes avaient tendance à se tourner vers l’autre blonde. Plus ouverte, plus drôle, plus libre alors que Adé était tout le contraire. C’était le seul homme qui ne se tournerait pas vers sa sœur jumelle et elle pouvait l’avoir que pour elle. « T’es officiellement alcoolique alors… » cette maison, Adélaïde ne l’aimait pas. Trop fêtarde, trop dangereuse à son goût. Dans le fond, elle était une vraie Eliot même si elle n’a pas demandé à gagner cette maison au grand désespoir de ses parents. Comme toujours, elle a donné des arguments pour expliquer son choix. Réfléchie et maligne, elle a toujours su se débrouiller et se sortir du pétrin dans lequel elle se trouvait. « On s’en fiche des autres tant que moi, je n’ai pas oublié. » Le reste, elle s’en fichait. C’était elle qui devait compter. Elle qui devait être la première à le lui souhaiter. En parlant de ça, elle venait déposer ses lèvres pour un baiser chaste au coin des siennes. Rien de mauvais, de malsain, mais ce n’était pas au goût du jeune homme qui préférait que ces lèvres se décalent un peu plus vers la gauche. « Juste parce que c’est ton quart de siècle. » Disait-elle en approchant son visage du sien pour y déposer ses lèvres et lui voler un baiser. C’était son souhait, son cadeau et ce n’était pas tous les jours qu’il allait fêter ces vingt-cinq ans. Entre amis, ces choses-là ne se faisaient pas… C’était interdit de franchir cette limite, de quitter cette zone de confort, mais elle le faisait. Pour lui.

@Erwin Rothschild

Erwin savait pertinemment que sa meilleure amie n'aimait pas trop l'idée qu'il soit au sein de la Mather House, mais elle savait aussi les raisons pour lesquelles il avait choisi cette terrible Maison. Étant donné qu'il ne pouvait pas être un vrai Rothschild, il faisait en sorte de casser son image de gosse de riche afin de garder son statut de badboy qui lui convenait mieux. « Je ne suis pas un alcoolique... Et comme je t'ai déjà dit, je fais très attention. Il n'y a pas que des alcooliques, des drogués ou des fêtards chez les Mathers. » dit-il alors qu'il était du genre à être très fêtard mais pas beaucoup quand il se trouvait en compagnie de sa meilleure amie. « Oui, je savais que tu n'oublierais pas... J'attendais ton sms ou ton appel avec impatience. ». Il se mit à ricaner légèrement en avouant cela et comme elle lui demandait ce qu'il voudrait comme cadeau, il réclama un baiser de la part de sa meilleure amie. Au départ, elle avait déposé ses lèvres à la commissure des siennes avant de l'embrasser vraiment, ce qui électrisa le jeune homme. Il n'en attendait pas tant et c'était pour tout cela qu'il aimait cette Princesse. « C'est le meilleur cadeau que je puisse rêver de ta part... Tu sais que je ne suis pas le genre de personne à réclamer quelque de matériel... Je voulais un souvenir unique et ce baiser l'est à mes yeux. ». Euh pourquoi se mettait-il à parler aussi ouvertement, et en plus avec son cœur alors que d'ordinaire, il parlait avec un brin de cynisme et tout. La réponse était très simple... Il n'y avait qu'à cette blonde de Princesse qu'il ne pourrait jamais mentir.

« Pas besoin de les défendre. On sait tous comment sont les Mathers tu sais et j’suis pas la seule à le penser. » Elle ignorait ce que faisait Erwin avec cette maison, mais ce n’était pas pour la rassurer. C’est sûrement la seule maison où elle ne mettra jamais les pieds. Impossible pour elle d’oublier son anniversaire. C’est sûrement une des rares dates que la princesse connaissait par cœur. Malgré sa garde, elle a pu lui envoyer des messages pour le lui souhaiter. Hors de question pour elle de passer à côté et de faire comme si elle oubliait. Il souhaitait qu’une seule chose : un baiser. Chose qu’elle lui offrait. Un simple baiser, ni plus, ni moins. Ce qui la surprenait, c’était cette confidence. « Tu vas bien ? » C’était si surprenant venant de sa part qu’elle ne pouvait pas s’empêcher de poser sa main sur son front pour vérifier sa température. Rien d’alarmant excepté ces propos un peu trop à « cœur ouvert ». « Des souvenirs mémorables on peut en avoir plein, pourquoi ce « baiser » ? » Elle osait poser la question en espérant qu’il garde encore quelque seconde son sérieux. « Si ton cadeau te plait, j’suis contente. »

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« Je me doute, mais en tant que Mather, j'essaie parfois de rétablir certaines vérités... Mais ce n'est pas grave. Et tu sais pourquoi je suis dans cette Maison » dit Erwin d'un ton posé, même s'il avait un léger pincement au cœur par rapport à ce que pensait sa meilleure amie, vis-à-vis de sa Famille Mather. Fin bref, heureusement qu'ils venaient à parler de son anniversaire que beaucoup de monde semblait avoir oublié, mais sa petite princesse non. Heureusement parce qu'il aurait été dans un état pitoyable si jamais c'était le cas... Du coup, il avait simplement réclamé un baiser de sa part. Elle s'exécutait finalement et ce baiser ne pouvait qu'électriser le jeune homme. Ça lui faisait tellement du bien, mais quelque part en lui, il avait envie de pleurer parce qu'il allait bientôt devoir annoncer à Adélaïde qu'il était papa. « Oui je vais bien... J'essaie d'être enfin honnête avec moi-même et de te dire les choses qui me tiennent à cœur » expliqua-t-il à demi-mots, avant d'inspirer longuement puis il répondit franchement à sa question. « Parce que c'est un cadeau unique... De la part de la fille la plus importante de ma vie. Et que je regrette d'avoir mis si longtemps à comprendre que c'est elle que je veux auprès de moi... Surtout que je vais probablement la perdre... ». Erwin déglutit légèrement parce que ce n'était pas son genre de parler de la sorte... Il n'aimait pas ça, ça le rendait trop vulnérable.

Elle ne disait rien de plus. Cette maison, Adélaïde ne la portait pas dans son cœur et ça, depuis son arrivée à Harvard. Elle ne pouvait pas l’expliquer, c’était ainsi. Les choses s’accéléraient. Elle deposa ses lèvres sur les siennes pour un simple baiser : son cadeau d’anniversaire. Drôle de cadeau, mais elle s’exécuta pour lui faire plaisir. C’était un baiser innocent, rien de mal malgré les frissons qui ont parcouru le corps de la princesse. « C’est étrange. Ça ne te ressemble pas de parler de la sorte, de t’ouvrir comme ça. Aucune pointe d’humour ou de taquinerie c’est bizarre… » C’était le problème. Elle le connaissait que trop bien. La blondinette savait que ce n’était pas son genre de parler ainsi, s’ouvrir comme ça et quelque chose lui disait que ça n’allait pas. Anguille sous roche. Il lui répondait avec une tellement franchise qu’elle en avait les yeux grands ouverts. Elle était sur le « cul » et ce n’était pas qu’une expression. « J’comprends pas là… J’ai toujours été auprès de toi ce n’est pas une nouveauté. » Son visage changeait, ça n’allait vraiment pas et là, il ne pouvait pas le nier. « Win… Qu’est-ce qui se passe ? » toujours à califourchon sur son meilleur ami, elle croisa les bras contre sa poitrine. Elle lui montrait qu’elle ne comptait pas bouger de là sans avoir une réponse à sa question.

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Heureusement que le sujet « Mather House » avait été rapidement évoqué et donc terminé parce que clairement c'était un terrain miné. Et Erwin n'avait pas envie de chipoter sur un truc aussi banal, sachant qu'il avait une annonce beaucoup plus grave à lui faire. Bref, il avait apprécié le fait qu'elle lui donne ce baiser en guise de cadeau d'anniversaire et par la suite, il s'était montré le plus sincère possible dans ses propos. Adélaïde méritait la franchise de sa part, donc il ne pouvait que parler ainsi. « Je sais que ça ne me ressemble pas, mais après mûre réflexion dernièrement, et suite au départ de ma sœur jumelle d'Harvard, il fallait que je me montre franc envers toi. » dit-il avec calme, la regardant intensément pour qu'elle voit dans ses yeux qu'il ne plaisantait pas du tout. « Oui tu as toujours été là et si j'ai passé mon temps à collectionner les femmes, c'est parce qu'elles n'arriveraient jamais à ta cheville... Que tu es la seule à pouvoir me rendre heureux, mais le contraire est impossible... Je ne suis pas bien pour toi, je suis un connard qui ne pense qu'à sa gueule et qui se met toujours en danger... ». Il se dénigrait légèrement mais c'était la plus stricte vérité et il ajoutait aussitôt : « Tu vas me dire que c'est faux... Sauf que tu vas me détester pour toujours avec ce que je vais t'annoncer... Et je suis même prêt à te laisser me tuer. ». Sa détermination était très palpable tout de même.

Elle restait perplexe. Ce n’était pas l’homme qu’elle connaissait là. Non, elle avait l’impression d’être devant une version d’elle-même au masculin et c’était affreux. Ce côté sérieux et franc, elle lui a toujours reproché de ne pas l’être. Pour une fois qu’il s’ouvre, elle a du mal à réaliser. Elle essayait de comprendre ses mots, mais elle avait un mal de chien à tout saisir. Était-ce une « déclaration » qu’il lui faisait. En réalité, elle l’ignorait. « Ça c’est sûr. T’as le chic de te taper des catins ou je ne sais quoi encore et ça en devient énervant. » lâchait-elle dans un soupire. « Tait-toi… Si tu ne me rendais pas heureuse, on ne serait pas encore amis et proche aujourd’hui. » Ils en ont traversé des épreuves tous les deux, mais ce sont toujours relevé. Parfois, ça prenait plus de temps que d’autre, mais ils revenaient toujours l’un vers l’autre. Elle parlait, mais il connaissait déjà sa réponse. C’était faux. Elle fronçait les sourcils, le regardant toujours sans quitter ton regard une seule seconde. Là, il commençait à l’inquiéter et ça se voyait sur son visage. Des sous-entendus, mais aucune révélation. « Dis-le ! Arrête de tourner autour du pot, j’ai horreur de ça. » Oh que oui, il le savait très bien.

@Erwin Rothschild

Parler avec son cœur et si franchement, ce n'était pas le genre d'Erwin. Non pas qu'il ne savait pas le faire, mais c'était surtout parce qu'il n'en voyait jamais l'utilité avant. Aujourd'hui c'était trop important... Apprendre l'existence de son fils, ça lui avait clairement ouvert les yeux sur les choses les plus importantes de sa vie. Parmi celles-ci, il y avait sa meilleure amie qui était bien calée à califourchon sur lui. « Des fois, je crois que c'était pour me venger... Surtout quand tu sortais avec un autre garçon. » admit-il honnêtement alors qu'elle lui disait de se taire parce que s'il ne la rendait pas heureuse, elle ne serait plus son amie à l'heure actuelle. « Premièrement, je veux que tu saches que tout ce que je viens de dire, ce n'était pas dans le but de t'influencer ou de minimiser ce que je vais t'annoncer... » commença-t-il tout en la regardant fixement dans les yeux, puis après une profonde inspiration, il reprit d'une voix mal assurée – chose tellement rare – mais décidée : « Si je suis venu ce soir, c'est parce que j'ai appris l'existence d'un fils cet après-midi... Il est né au mois d'août et sa mère, en décidant de revenir à Harvard, m'a contacté pour m'annoncer ma paternité... ». Il se tut tout en attendant la réaction de la jeune femme... Il avait peur de sa réaction mais il ne pouvait plus revenir en arrière, il avait fait une faute terrible et il allait en payer le prix fort... Il venait de perdre sa Princesse à tout jamais, du moins c'était ce qu'il pensait à l'heure actuelle...

La princesse ouvrait grand les yeux à sa révélation. Tout ça, dans le but de se venger alors que ça la rendait dingue de le savoir avec une autre –même si elle essayait de ne pas le montrer- et qu’en plus c’était juste pour l’énerver ? C’est que le haut d’intelligence est bien bas. « J’me demande ce qui traverse ton esprit… C’est tellement puéril d’agir ainsi. Un mec qui réfléchis avec ses couilles, voilà, j’ai la réponse. » dit-elle en soupirant. Lui, il prenait du plaisir en allant à droite et à gauche et elle dans tout ça ? Elle n’avait pas le droit de croire au prince charmant, d’être heureuse –même si elle tombait que sur des connards-. « Tant que tu te protèges, c’est le principal… » Si seulement elle savait la bombe qu’il allait lui lancer. Tout ce qu’elle redoute depuis des années en le voyant coucher avec tout le campus. « Tu me fais peur là… » Adélaïde voulait savoir. Le souci, c’est qu’elle n’était pas prête à entendre ce qu’il allait lui annoncer. Elle l’écoutait jusqu’à la fin… Enfin presque. Elle s’est arrêtée au mot « fils » quand elle est tombée de quinze étages. Ni une, ni deux, sa main atterrissait sur la joue du jeune homme avec une telle intensité qu’il en avait la marque. Il venait d’allumer un feu impossible à éteindre. Il lui faisait mal. Tellement mal qu’elle quitta ses genoux pour reculer de lui. L’anglaise a toujours eu du mal avec ses « conquêtes », ça la faisait royalement chier de le voir s’amuser car dans le fond, elle voulait être cette fille même si elle l’ignorait. Cette annonce, c’est un coup de poignard dans le dos. « Va-t’en ! Sort d’ici David ! » Une femme blessée. Elle qui ne voulait pas le partager, c’était trop tard à présent.

@Erwin Rothschild

Cette situation était horrible pour Erwin, mais il ne pouvait pas mentir à Adélaïde, elle était bien trop importante dans sa vie pour qu'il ose lui faire l'affront de pas lui parler aussi ouvertement, avec toute sa sincérité... Même s'il savait pertinemment que la jeune femme n'apprécierait pas du tout ce qu'il allait lui avouer d'ici quelques instants. « A chaque fois, je me dis que je pourrais oublier l'idée que c'est toi que je voudrais mettre dans mon lit tout simplement... Je ne réfléchis même pas avec mes couilles à proprement parlé... Je me dis que c'est le seul moyen pour éviter de te perdre... Que tu me vois comme un connard... Je me doute que ce n'est pas la meilleure des idées mais regardes, tu m'en veux mais tu es toujours amie avec moi alors que je ne mérite pas ton amitié avec mes conneries. ». Il parlait trop franchement que ça le rendait malade intérieurement... Il voulait retrouver sa folie habituelle, mais impossible avec tout ce qu'il devait raconter aujourd'hui. Il déglutit légèrement quand elle fit une remarque sur les protections... Elle lui tendait une sacrée perche là. « Je fais toujours attention... » dit-il mais malheureusement, il avait fallu d'une seule fois pour qu'il mette une femme enceinte. Et son petit cadeau suite à son annonce, il ne l'avait pas du tout voler. En effet, la jeune femme le gifla et il eut du mal à réprimer une grimace. Il la méritait celle-là donc il n'allait pas s'en plaindre. « Je suis sincèrement désolé... Je préférais être honnête et le dire directement... » dit-il d'une voix peinée, tout en s'apprêtant à quitter la pièce. Il avait raison, il venait de perdre sa meilleure amie, son âme sœur depuis toujours...