Astrée était le genre de personne à s’intéresser aux autres, on pouvait voir tout de suite qu’elle avait un côté empathique. Je la laissais déverser sa curiosité sur moi comme j’ai l’habitude de le faire avec les autres. Si j’en avais moins l’habitude, c’était tout de même agréable de sentir l’intérêt de son interlocuteur.

- La ville est très jolie, mais les conditions de vies sont très différentes d’ici.

Sans vouloir passer pour la petite fille malheureuse, j’avouais que de décrocher une bourse pour venir à Harvard avait été la chose la plus incroyable qui aurait pu m’arriver. J’avais l’occasion de construire ma vie en Amérique du nord et ça devait s’entendre dans le ton enthousiaste de ma voix. Je ne comptais pas retourner chez moi, ou seulement pour les vacances, c’est ce que j’essayais de faire comprendre à Astrée.

- J’ai de la chance de pouvoir étudié aux états unis, je n’envie aucune de mes copines que j’ai laissées sur place. Mais en vrai je compte bien un jour gagner assez d’argent pour faire venir ceux que j’aime près de moi.

Si je savais que la danse ne me permettrait jamais une telle chose, c’était à ça que servirait ma carrière scientifique. Je n’avais jamais vraiment parlé de ça à quelqu’un avant, et je ne sais même pas pourquoi j’avouais ça à cette jolie rousse que je ne connaissais pas. C’était surement ce sourire qu’elle avait qui me rendais si loquace.

- J’ai mes cours de danses à Harvard en option secondaire, je ne sais pas si tu parles de la même troupe ? Mais ça me prends déjà pas mal de temps, j’y penserai surtout après mes études à trouver une troupe de passionnés pour m’épanouir.

J’avais le temps d’y penser, mais c’était un doux rêve qui m’aidait à continuer chaque jour avec une détermination sans faille. Je savais qu’elle me comprenait, parce que je pouvais lire la même force en elle, Astrée devait donner tout ce qu’elle avait dans son instrument, et j’appréciais d’autant plus parler avec elle.

C’est comme ça que j’en venais à lui proposer de venir se baigner avec moi. J’allais faire garder son instrument au bar et insistait malgré les réticences de la rousse. J’étais étonné de la voir aussi peu sure d’elle quand il s’agissait de se jeter à l’eau, alors qu’elle semblait faire ça tous les jours quand il s’agissait de musique.

- Il n’y a pas de raison que tu boives la tasse. C’est comme une baignoire d’accord ? Tu ne bois pas la tasse dans ta baignoire ? Moi je serai là pour prendre un bain dans cette grande baignoire avec toi.

Elle ne pouvait pas restée sur la plage sans jamais profité de l’eau de la mer. Je n’osais pas lui demander si elle y avait déjà mis les pieds depuis le début de la croisière ou si elle ne faisait que regarder les autres s’amuser sans elle. C’était triste à imaginer, et je refusais de la laisser avoir peur plus longtemps. Je tendais ma main pour prendre la sienne d’une façon à entrelacer mes doigts avec les siens, lui montrer que je ne la lâcherais pas.

- Je suis là, d’accord ? Tu es prête ?

Quand je parlais avec elle de ce qui m’avait poussé à venir et ce qui continuerait d’alimenter mes espoirs chaque jour, c’était comme si elle me comprenait. Je ne sais pas si on vivait dans le même monde, mais Astrée avait une sensibilité qui me mettait à l’aise. Je la remerciais pour ses encouragements avec un regard confiant.

Elle avait l’air sincère et concernée, tellement que sa détermination devenait communicative. Elle me donnait envie d’essayer d’intégrer cette troupe de danse d’Harvard, pour dire vrai je n’y avais jamais réfléchi avant. Peut-être que je devrais me laissée tentée à la rentrée, j’essayerais de me renseigner pour voir de quoi il en retourne.

- Tu fais parties toi du club de musique ? C’est intéressant ?

J’imaginais Astrée joué de son instrument entourée d’inconnu qui l’écoutaient, qui l’accompagnaient, c’était sans nulle doute quelque chose à laquelle j’aimerais assister, mais avant de penser à la rentrée, je lui proposais de profiter une dernière fois de la place et des bienfaits de la mer. J’entrainais la belle avec moi dans l’eau en lui promettant que tout se passerait bien.

Le regard de la rousse restait pourtant inquiet, comme si un danger imminent la guettait. J’essayais de la rassurée en lui prenant la main, avançant avec elle au milieu de l’eau. De toute façon qu’est ce qu’elle risquait ? Il y avait des maitres-nageurs assis haut perché sur leur siège en train d’observer à eux seul toute l’étendue de l’horizon.

- Tu as vu c’est facile ?

On avait à peine les pieds dans l’eau, mais je comptais bien continué. J’étais toujours avec elle à lui tenir la main, et on avançait à son rythme laissant l’eau monté doucement sous nos pas. On avait tous juste le bas des cuisses de mouillé quand je la regardais pour sonder sa foi. Je continuais d’avancer en insistant doucement sur sa main dans ma mienne.

- Encore un peu, tu vas voir quand tu auras les fesses de mouillée tu te sentiras mieux !

Une fois le maillot passé le reste suivrait tout seul, j’attendais qu’elle avance, qu’elle décide de faire les pas qui la mettront en situation d’immersion. J’allais un peu devant, mais sans lui lâcher la main en descendant, je pliais mes genoux pour faire entrer mes fesses dans l’eau tout en riant d’une façon puéril.

- Ça fait trop du bien !