Faire le tour de l’europe avec ses camarades d’Harvard, quand on me proposait l’idée je n’avais pas hésiter une seconde. Bien sûr je n’avais pas de quoi m’étaler sur les frais du voyage et j’avais du utiliser le fond de mes maigres économies pour partir avec les autres, mais j’imaginais que ça en valait la peine.

Je voulais profiter de chaque instant et je n’hésitais pas à m’inscrire au plus d’activité possible. Il y avait tant à voir, à découvrir que je ne savais plus où donner de la tête. Je m’amusais chaque jour un peu plus, et les jours où il n’y avait rien à faire j’en profitais pour peaufiner un peu mon bronzage sur la plage.

Sans être le genre de fille à passer des heures devant la glace à se maquiller, à observer la couleur de son teint, j’aimais bien me laisser dorer au soleil de temps en temps. Aujourd’hui j’avais enfilé un bikini d’un turquoise clair qui je trouvais m’allait quand même assez bien, et j’étais à la recherche d’un petit coin tranquille où je poserais ma serviette pour y rester l’après-midi.

Je marchais doucement, mes orteils remuant le sable chaud en me gardant en moi cette sensation d’une certaine mélancolie. Même si je ne comptais pas y retourner de sitôt, à cet instant mon Argentine me manquait, les plages où je me promenais pour réfléchir le soir, l’odeur de l’océan, mes copines que j’avais laissé là-bas.

Et c’est là, pendant que j’étais perdue dans mes pensées que je m’arrêtais devant cette fille qui tentait de jouer de la musique. Une musique qui n’arrangeait rien à ma mélancolie, même si certains accords étaient encore à revoir. Je m’arrêtais sur place pour la considérer un instant, la couleur braisée de ses cheveux dont les reflets orangés du soleil se propageait sur le sable lui donnait une aura que j’aurais pu qualifier de divine.

Pendant un instant je restais à l’écouter avant de m’avancer plus près, je lui souriais sans savoir si elle remarquait ma présence, absorbée par sa musique, et je venais étendre ma serviette qui avait un peu la même couleur que ses cheveux, complété par un liserai noir de chaque côté. Je l’étendais juste à côté d’elle sans dire un mot.

Je m’asseyais un genou à moitié en tailleur, et l’autre jambe étendue sur la serviette en continuant de profiter de la musique. C’était juste ce qu’il fallait pour donner à cette plage une douceur naturel que la brise du vent apporte parfois. Je continuais de sourire, penchant la tête sur le côté jusqu’à ce que je me fasse remarquer.

- Ne t’arrête pas à cause de moi, s’il te plait, continue !

J’avais droit à un spectacle privé, enfin, la plage entière pouvait y assister, mais j’étais aux premières loges et je n’en perdais pas une miette. Quand je demandais à la belle inconnue de continuer de jouer elle s’exécuta en me répondant simplement qu’elle était d’accord. Je souriais un peu plus en ouvrant d’avantage chacun de mes sens à la musique.

La mélodie ne me revenait pas, c’était la première fois que j’entendais ça, mais peut être que c’était juste une improvisation. J’ondulais doucement la tête pour montrer que je suivais le rythme avant d’empoigner l’appareil photo qui pendant toujours autour de mon cou avant que je le pose pour profiter du soleil.

Si je ne pouvais pas capturer l’instant avec cette musique qui berçait admirablement le calme de l’endroit, je pourrais garder un souvenir de sa beauté, et de cette façon si naturelle que l’inconnue avait de faire corps avec son instrument. Je cherchais un angle de vue satisfaisant en espérant que la musicienne ne s’en offusquerait pas.

- Ne change rien, je veux que ça reste naturel.

En prenant plusieurs clichés, j’offrais un large sourire à la rousse à qui j’avais décidé d’accorder toute mon attention. Elle ne s’en rendait certainement pas compte, mais avec le cadre, la guitare et son visage d’ange, ça donnait des images digne d’une carte postale, j’étais contente d’avoir pu assister à ça.  

- Tu es incroyablement photogénique !  

En capturant les images que j’avais décidé de conserver comme des souvenirs de cette journée, je n’étais pas mécontente de mon escapade sur la plage. Je voyais bien que la protagoniste sur mes photo paraissait moins naturelle qu’après la première image, alors je m’arrêtais en considérant que j’avais ce qu’il me fallait dans la boite.

- De la photo ? Tu veux dire … ça ? C’est juste une photo souvenir de vacance, je fais ça depuis que je pars en vacances !

Je ne me souviens plus en réalité à partir de quel âge j’avais commencé à mitrailler tout le monde. Depuis pas mal de temps, ça c’est sûr, je mettais ça dans ce qui me servait de journal intime avant. Aujourd’hui c’était juste un dossier sur mon ordinateur, classé par date et lieux que je visitais. Celui-là s’intitulerait la jolie muse de la plage.

- Si tu comptais voir ta photo publier dans un magazine people, je suis désolée, j’ai pas encore ce pouvoir.

Même si en regardant encore la première photo je la trouvais digne de n’importe quel magazine. Je continuais de regarder l’inconnue qui avait arrêté de jouer, et d’un seul coup je me sentais presque aussi mal à l’aise qu’elle. J’avais l’impression d’avoir arrêté son œuvre et je m’en voulais de priver la plage de mon dernier souvenir.

Est-ce qu’elle était là pour jouer de la musique, pour se reposer, pour profiter du soleil ? Il y avait tant de raison différente de venir ici et chacune d’entre elle restait valable. Je finissais par décrocher mon appareil photo de mon cou et je me rapprochais de ma voisine au cheveux roux. Je me penchais vers elle pour lui tendre l’appareil.

- Tu veux regarder ce que ça donne ?

J’étais contente de pouvoir photographier cette demoiselle aussi bien ancrée dans le décor. Elle avait l’air timide, je pouvais presque voir son visage rougir, ce qui s’accordait plutôt bien avec la couleur orangée de ses cheveux. Elle se laissait prendre au jeu, et je souriais quand elle me demandait si je faisais ça depuis longtemps.

La belle inconnue me parlait sans vraiment s’en cacher d’un rêve qui paraissait lui tenir à cœur. J’étais encore plus heureuse de ma photo qui serait peut-être la première d’une longue série quand la jeune rousse deviendrait célèbre. J’affichais un grand sourire, les yeux plein d’étoile en imaginant cet instant.

- Alors je vais garder les photos précieusement, peut être qu’un jour elles se vendront à prix d’or !

Peut-être que je reviendrais même prendre des photos d’elle sur scène, je crois que ça me plairait de voir ça. Finalement cette fille était une rêveuse, comme moi, et je crois que chacun avait le droit de pouvoir suivre et réaliser ses rêves un jour ou l’autre. Je hochais la tête fièrement et lui tendais l’appareil quand elle acceptait de regarder.

- C’est toi qui est jolie. Je veux dire, la photo est belle, mais je crois que tu y es pour plus que moi dans son rendu.

Je ne pouvais pas prendre en photo la mélodie, et c’était bien dommage, mais l’expression de celle qui la jouais en demeurait tout aussi belle. Je faisais défiler les photos une par une pour qu’elle les voit chacune, avant de récupérer mon appareil photo autour de mon cou. Je me reculais en restait agenouillée sur ma serviette en direction de ma voisine.

- Tu sais, cette histoire de scène, tout ça … Je vais pas te dire que tu as du talent et que le chemin s’ouvrira tout seul, je ne pense pas être apte à juger ce genre de chose. Mais ce que je peux te dire, c’est que si tu en as vraiment envie, alors continue de faire ça avec autant de passion, et je suis certaine que ça arrivera !

C’était important de rester concentrer sur son objectif, encore plus quand on voulait être artiste. On dit qu’il n’y en a qu’un sur cent qui perce dans le métier, peut-être même moins, mais si on ne tentait pas sa chance, alors on y arriverait jamais. Je pense qu’il valait mieux se soutenir et s’encourager plutôt que d’essayer de piétiner celui qui vous fait de l’ombre.

Par un cliché improvisé d’une jolie rousse en train de s’exprimer musicalement, je faisais la connaissance de cette jeune femme qui s’avérait être plutôt intéressante. J’aimais beaucoup rencontrer de nouvelles personnes. Faire des rencontres, apprendre à connaitre des individus d’horizon différent, c’était une activité qui me tenait à cœur en vacance.

- Astrée, c’est vraiment joli, moi c’est Vainilla.

J’offrais mon plus beau sourire à ma voisine pour lui montrer à quel point j’étais heureuse de faire sa connaissance. Je lui montrais les photo pour qu’elle se rende compte à quel point je les avais réussie et j’étais plutôt fière de moi, même si j’insistais sur le rôle primordiale qu’avait joué le modèle dans mon histoire.

Elle avait l’air enthousiaste quand je lui parlais de la scène, la jolie rousse était déterminée à faire bruler les planches un jour. Je l’écoutais parler de son rêve avec une certaine émotion, je restais persuadée qu’elle réussirait si ça comptait autant pour elle. Le plus important pour réaliser ses rêves c’était de continuer à y croire jusqu’au bout.

- Tu me donneras l’adresse de la scène, je viendrai te voir avec plaisir.

J’adorais la musique, et surtout les musiciens, voir ces personnes passionnée toujours à fond dans ce qu’elles entreprennent, c’était un régal à observer. Le simple fait d’en parler ça rendait Astrée rayonnante, alors je n’imaginais pas à quel point elle pouvait illuminer une scène à elle toute seule.

- Moi mon rêve c’est de danser, même si je ne pense pas rivaliser avec des filles de métier, danser même sur une petite scène ça me plait.

Ça m’arrivait de me laisser allez au bar où je travaillais danser parfois. Si ça ne me permettrait jamais de vivre, je pense que j’adorerais intégrer une troupe d’autre danseurs avec la même passion que moi. Je partageais ça avec ma voisine qui je pense pouvait être bien placée pour comprendre ce que je ressentais.

Peut-être même qu’un jour je viendrai danser sur sa scène à elle, quand elle sera devenue une guitariste professionnelle, je l’accompagnerais en faisant des figures autour. Mon regard s’illuminait en pensant à tout ça, puis je regardais l’horizon pour me changer un peu les idées. La plage était magnifique et l’eau vraiment claire.

- L’eau à l’air bonne, tu as envie de venir te baigner avec moi ?