- 01 MAI 2018 -

Un sourire béat n'avait pas quitté mes lèvres de la soirée. Pour cause, la présence de Philip à mes côtés. J'avais toujours cette même sensation en le voyant s'approcher, cette douleur si agréable à l'estomac qui me rappelait que je perdais mes moyens à chaque fois qu'il était à moins de deux mètres. Cela faisait quelques semaines que nous avions discutés de nous deux, de notre relation indescriptible et de la façon dont on avait simplement décidé de passer du temps ensemble "comme avant". Ce soir, une fois de plus, nous nous appliquions à faire ce que l'on avait dit. Le Drink proposait un concert auquel nous nous sommes rendu, après avoir mangé un morceau. Maintenant que la soirée était terminée, je suivais Philip jusque chez lui avec une certaine appréhension. On allait dormir ensemble. La dernière fois, c'était pendant la croisière et je devais avouer qu'en une semaine, j'avais eu le temps de m'habituer à sa présence à mes côtes même durant mon sommeil. J'avais envie de retrouver cette sensation agréable de sécurité qui m'était apparue pendant que nous étions sur le bateau avec les autres Winthrops. À la différence que cette fois, il n'y avait que nous, chez lui. J'appréhendais tellement que j'étais redevenue la Marla timide et sage, celle qui ne disait pas un mot et qui donnait la sensation de découvrir les lieux pour la première fois. J'avais un pyjama et ma brosse à dents dans le sac que j'avais déposé chez lui au préalable, mais la première chose que je trouvais à faire, c'était de m'affaler sur son lit pour le tester. « Ton lit est grand, j'vais pouvoir prendre de la place... » TOUTE la place. Je me redressais sur mes coudes, les joues rouges, mais l'air un peu inquiète. « Ta coloc n'est pas là ce soir ? » Je n'avais pas envie de m'imposer à la seconde personne qui vivait ici.

Ce n’est pas la première fois que tu ramènes une fille à la maison pour la nuit. Loin de là, même si c’est quelque chose que tu préfères éviter en temps normal. Pourtant t’es quand même nerveux, parce que cette fois-ci c’est Marla qui t’accompagne. Évidemment elle connait déjà les lieux puisqu’elle était déjà venue chez toi lorsque tu l’avais invitée à dîner il y a quelques temps, mais elle n’était pas restée pour dormir. Ce soir est donc différent et t’as le sentiment de franchir une étape implicitement importante dans votre relation, d’autant plus que votre dernière nuit ensemble remonte à cette fameuse nuit sur le yacht durant la croisière des Winthrops. Bien sûr tu ne t’attends absolument pas à ce qu’elle se termine de la même façon que la précédente et au final cela t’enlève un poids sur les épaules. Le fait que votre soirée se soit déroulée à merveille aide aussi à t’apaiser et le sourire te vient naturellement aux lèvres en voyant Marla prendre possession de ton lit sitôt arrivée. « Ton lit est grand, j'vais pouvoir prendre de la place... » Tu fronces les sourcils, faussement inquiet à l’idée qu’elle prenne un peu trop ses aises sur ton propre territoire. « Je sais que je suis censé te traiter comme une princesse mais si tu empiètes sur mon espace vital durant la nuit, je n’aurais pas de scrupule à t’éjecter du lit. » la préviens-tu avec un petit sourire narquois. Elle sait au moins à quoi s’en tenir, même s’il est évident que tu ne mettras jamais tes menaces à exécution. « Ta coloc n'est pas là ce soir ? » qu’elle te demande ensuite, légèrement embarrassée. Tu te délectes un bref instant de sa timidité qui se manifeste à nouveau avant de la rassurer. « Non ne t’inquiète pas, on sera seuls… Tu veux aller à la salle de bains en premier ? Je te sors une serviette. » Et pendant que tu t’exécutes, tu sens son regard dans ton dos. Un frisson te parcoure.

Je ne résistais pas à m'affaler sur le lit, le taquinant au passage alors que j'étais en train de faire l'étoile. Peut-être que cette nuit aussi, j'allais faire l'étoile. J'allais prendre toute la place, laisse ma trace de mon odeur dans ses draps. D'ailleurs, en y pensant peut-être que la prochaine fois devrait être chez moi, juste pour avoir la sensation de dormir avec lui quand il est pas là. J'devenais folle, en d'autres termes. « Je sais que je suis censé te traiter comme une princesse mais si tu empiètes sur mon espace vital durant la nuit, je n’aurais pas de scrupule à t’éjecter du lit. » Redressée sur mes coudes, je me mets à rire en le regardant. Et à rougir aussi. Est-ce qu'il avait besoin de me traiter comme une princesse ? Non. Je ne demandais pas de traitement de faveur, seulement qu'il arrive à entrevoir ce qui est en train de se passer pour nous. Mais bien vite, mon anxiété reprenait le dessus. J'espérais que sa colocataire ne soit pas là, n'ayant pas envie de m'imposer plus que je ne le fais déjà. « Non ne t’inquiète pas, on sera seuls… Tu veux aller à la salle de bains en premier ? Je te sors une serviette. » Je hoche la tête de haut en bas, retrouvant à nouveau ma timidité. Je le regarde faire quelques secondes avant de finalement me lever pour prendre des affaires et enlever les quelques bijoux que je portais. « J'ai un nouveau pyjama, tu voudras inspecter ? » que je lui demandais en riant, me rappelant du premier soir de la croisière. Je filais ensuite dans la salle de bain, prenant mes marques rapidement afin de prendre ma douche de manière organisée. Je ne mettais pas trop longtemps, enroulant mes cheveux roux dans une serviette de bain avant d'enfiler un débardeur et un short très simples. Je me brossais les dents et je sortais quelques minutes plus tard pour découvrir Phil, toujours dans la chambre. « Tu dors de quel côté ? » Mon sourire timide s’élargit avant même qu'il ne dise quoi que ce soit. « Au milieu n'est pas une réponse acceptée... » C'était moi qui allait dormir au milieu.

Tu marches constamment sur des oeufs avec Marla depuis que vous vous êtes retrouvés et ce n'est pas une sensation que tu apprécies. Tu n'as pas l'habitude de devoir faire autant attention à tes gestes ou tes paroles quand tu es avec une autre fille, mais la peur qu'elle puisse mal les interpréter et te tourner le dos définitivement est plus forte que tout. Tu fais donc contre mauvaise fortune bon coeur et tu t'armes de patience, dans l'espoir qu'elle ait un jour de nouveau confiance en toi. « J'ai un nouveau pyjama, tu voudras inspecter ? » En toute franchise, tu aimerais surtout inspecter ce qui est en dessous mais tu sais que cela n'arrivera pas alors tu gardes cette réflexion pour toi, lui adressant un sourire amusé en guise de réponse. « File te laver et j'admirerai ce nouveau pyjama ensuite. » Elle revient quelques minutes plus tard alors que tu n'as pas bougé d'un pouce, assis sur le bord du lit en train de répondre à des sms d'Elias. « Très joli. » commentes-tu en découvrant ce fameux pyjama tout en posant ton téléphone sur la table de chevet. « Tu dors de quel côté ? Au milieu n'est pas une réponse acceptée... » précise-t-elle en lisant dans tes pensées. Puisque c'est ainsi, tu la laisses prendre ses aises jusqu'au bout. « Choisis toi et je m'adapterai. » dis-tu dans un petit sourire affectueux. Tu t'éclipses ensuite à ton tour dans la salle de bains pour revenir une douzaine de minutes plus tard, vêtu d'un simple pantalon de survêtement. Ses yeux t'observent avec attention mais tu remarques qu'elle semble également vidée de toute énergie. « Vu comment t'es fatiguée, je propose qu'on ne traîne pas plus que ça. » T'allumes la petite lampe près du lit avant d'éteindre la lumière principale de la chambre et de te glisser dans les draps frais. Tu te tournes ensuite vers Marla pour lui murmurer quelques mots. « J'espère que t'as passé une bonne soirée parce que moi oui. »

Après cette longue et agréable soirée, me retrouver en toute intimité et détente avec Philip me faisait un bien fou. Mon sourire ne quittait plus mes lèvres malgré la fatigue indéniable qui pouvait se lire sur mon visage. J'avais encore un peu la force pour entretenir le contact entre nous, tenter d'attirer son attention maladroitement. Même quand il fut l'heure de passer à la douche, je trouvais le moyen de parler des minutes qui allaient suivre ma douche. « File te laver et j'admirerai ce nouveau pyjama ensuite. » Mon sourire toujours présent, je m'enferme dans la salle de bain pour prendre une douche rapidement, me laver les dents et ressortir bien plus fraiche. « Très joli. » Il n'en fallait pas plus pour teinter mes joues de leur rouge habituel, un sourire timide et je détourne le regard sans oser venir sur le lit. D'ailleurs, où il voulait dormir exactement ? Est-ce qu'il avait un côté qu'il appréciait plus que l'autre ? « Choisis toi et je m'adapterai. » - « D'accord... » que je glisse doucement en le voyant poser ses affaires sur l'une des tables de chevet. Il avait choisi pour nous, sans le vouloir. Je me glissais dans les draps, m'allongeant en me retenant de m'endormir. Enfin... Mes yeux s'ouvraient en entendant la porte. J'étais toujours autant surprise par le spectacle qui s'offrait à moi, de sa beauté qui me faisait me sentir comme dans un rêve. Qu'est-ce que j'avais fait pour mériter ça hein ? J'étais tellement épuisée que je ne faisais même plus attention à la façon dont j'étais en train de le détailler. Ne me laçant pas de son corps d’Apollon. « Vu comment t'es fatiguée, je propose qu'on ne traîne pas plus que ça. » Mes sourcils se dressent, mes joues se colorent et je détourne enfin les yeux pour me positionner confortablement dans le lit. « Je ne suis pas si fatiguée... » que je mens avec délicatesse. J'étais presque déçue d'être aussi claquée. J'avais envie de profiter de sa présence et du fait que je sois chez lui encore un peu. Après la croisière, j'avais tendance à attendre, avec une boule au ventre, le moment où il allait me jeter à la porte. Mon regard se plonge à nouveau dans le sien au moment où il se tourne dans ma direction. « J'espère que t'as passé une bonne soirée parce que moi oui. » Mon cœur cesse de battre avant de s'emballer comme si c'était la première fois qu'il me parle de la sorte. « C'était une belle soirée. Une soirée à refaire... » Parce que je m'habituais tellement à sa présence que j'allais en redemander à coup sûr. Un petit moment de flottement et Philip éteignait la lumière pour nous plonger dans l'obscurité. Mes yeux n'avaient jamais été aussi éveillés qu'à cet instant. Dans une pulsion, j'approchais mon visage du sien quand il fut à nouveau tourné dans ma direction et je venais poser mes lèvres sur les siennes avec délicatesse. Mon corps tout entier était parcouru par les nombreux sentiments que je ressentais pour lui. J'aimais tellement cet effet dingue qu'il me procurait à chaque moment comme celui-ci et ses lèvres m'avaient manqué. C'était rapide, mais j'avais eu le temps de profiter de l'initiative. « Bonne nuit Philip, fais de beaux rêves » Parce qu'à coup sûr, en me calant contre lui, j'allais forcement passer une belle nuit.

Je ne suis pas si fatiguée... » qu’elle te retorque lorsque tu lui proposes de ne pas tarder à dormir en voyant ses petits yeux cernés. Finalement elle ne proteste pas plus que ça et se cale bien dans les draps alors que tu la rejoins rapidement. La lumière sur ta table de chevet ajoute une petite touche à l’atmosphère intime du moment et tu ne peux t’empêcher de penser encore à la dernière fois que vous vous êtes retrouvés dans une telle ambiance. Cette fois-ci toutefois, tu n’as aucune intention lubrique à son encontre, déjà heureux de pouvoir profiter de ce moment en sa compagnie. Tu l’interroges sur la soirée et son ressenti, partageant le tien par la même occasion en signe d’encouragement. « C'était une belle soirée. Une soirée à refaire... » Tu souris doucement à sa réponse, acquiesçant légèrement de la tête pour approuver ces bonnes paroles. Vous restez quelques secondes à vous observer ainsi les yeux dans les yeux avant que tu ne te détournes un bref instant pour vous plonger dans le noir total. De nouveau face à elle, tu la sens alors s’avancer dans ta direction pour poser ses lèvres sur les tiennes dans un baiser rapide et voluptueux. Bonne nuit Philip, fais de beaux rêves » te murmure-t-elle ensuite en se reculant un peu. Elle ne peut pas le voir mais tu souris de toutes tes dents. Tu viens de remporter une première victoire. « Toi aussi, dors bien. » Apaisé malgré ton rythme cardique qui s’est accéléré, tu mets peu de temps à rejoindre Morphée.


- 19 MAI 2018 -

Après le désastreux souvenir du bal 2017, tu es soulagé de pouvoir passer une excellente soirée cette année. Contre toute attente tu as même remporté un prix, et pas des moindres puisqu’il s’agit du prix du plus beau d’Harvard. Bien que tu n’aies pas besoin de ce titre pour être conscient de tes atouts physiques, il flatte énormément ton ego et te permettra surtout de narguer Elias pendant un petit moment. Pour l’heure toutefois tu te focalises sur ta cavalière du soir, qui semble particulièrement heureuse d’être à ton bras. Le contraste entre son enthousiasme et la mauvaise humeur de Ludmila l’an dernier est saisissant. De même entre l’état de la chemise que tu portais alors et celle de cette année. La seule ombre au tableau est le froid glacial qui règne entre Meghan, Sullivan et toi mais tu t’efforces de l’oublier dans un coin de ta tête pour rester concentré. « Tu veux aller danser ? » lui proposes-tu alors que vous venez de passer un peu plus d’une heure à discuter avec vos amis à la table. Tu réalises alors que vous n’avez jamais vraiment dansé ensemble, tout juste aviez-vous bougé un peu en musique lors de la croisière pour le Spring Break.

C'était la première fois que je me rendais au bal de fin d'année. N'ayant jamais eu de cavalier par le passé, je n'avais jamais voulu me rendre à cette coutume. Cette année était donc une nouvelle première fois aux côtés de Philip. J'avais enfilé une robe en dentelle noire, préférant une couleur sombre pour passer inaperçue. Mon plan tomba à l'eau puisqu'à la surprise générale, j'avais remporté le prix de la meilleure Dunster, m'obligeant à monter sur scène devant tout le monde. Ce n'était pas dans mon habitude, ce genre de distinction, mais j'étais flattée, tout autant que d'être la cavalière du "plus bel homme" d'Harvard. Je passais une bonne soirée, entourée de mes amies, mon sourire ne quittait plus mes lèvres. Je ne faisais même pas attention à la mésentente entre Sullivan/Meghan et Philip, préférant faire comme si tout allait au mieux. C'est d'ailleurs quand je terminais ma discussion avec mon meilleur ami que Philip attirait mon attention. « Tu veux aller danser ? » Mes joues se mettent à rougir aussitôt, par habitude, tandis que mes yeux pétillaient déjà d'excitation. « Oui » que je répondais simplement alors qu'on se levait pour rejoindre la piste de danse déjà bien occupée. Mes yeux étaient, quant à eux, happés par le faux ciel étoilé, un peu plus à l'écart. « On va sous les étoiles plutôt.. » que je lui demandais sans lui donner la sensation d'avoir un choix à faire. J'étais d'ailleurs déjà en train de tirer sa main pour qu'il me suive.

T’as vraiment l’impression d’être sur la bonne voie avec Marla. Elle a l’air aussi heureuse que toi de cette soirée et t’es particulièrement fier de l’accompagner pour son tout premier bal à Harvard. Tu t’efforces d’ailleurs d’être un cavalier exemplaire en lui proposant d’aller danser après un long moment passé à table. Tu souris en voyant ce rouge que tu aimes tant colorer ses joues avant même qu’elle n’ait pu souffler sa réponse. « Oui » Il n’en fallait pas plus pour te combler, tout pressé que tu es de lui montrer tes talents de danseur. Tu te lèves avec élégance sans quitter son visage des yeux tandis que les siens envisagent le faux ciel étoilé d’un coin reculé de la salle. « On va sous les étoiles plutôt.. » Rien de surprenant à ce qu’elle préfère l’intimité d’une zone légèrement à l’écart plutôt que la foule compacte de la piste principale. Docile, tu saisis sa main délicate pour te laisser entraîner, ton regard s’attardant une nouvelle fois sur sa silhouette gracile. Tu n’as que peu conscience du reste de ton corps, ton attention entièrement captée par la contemplation de cette sublime robe noire et des formes qu’elle laisse subtilement deviner. Il t’est très difficile de ne pas laisser ton imagination vagabonder dans tous les sens, et ce n’est que votre arrivée à destination qui te permet d’échapper aux rêveries fantasmatiques qui te menacent. Marla se retourne alors vers toi, visiblement perturbée par le changement de musique alors qu’un slow romantique débute doucement dans les enceintes disposées aux quatre coins de la pièce. Avec la décontraction que confère l’assurance, tu l’attrapes par la taille afin de l’attirer au plus près de toi, ta main emprisonnant délicatement la sienne alors que vous tournoyez lentement sur place. Tu plonges dans ses prunelles, un sourire tendre sur les lèvres.

Aller danser, j'y avais pensé, mais jamais je n'aurais eu le courage de poser la question à Philip. J'imaginais que ce n'était pas son truc, tout simplement. Qu'il préférerait rester à table avec ses amis. J'étais déjà heureuse de passer ma soirée au bal plutôt que dans mon lit devant mes bouquins. Je n'allais pas me plaindre. Mais, quand il proposa de danser, j'étais surprise et un peu plus attachée à lui aussi, parce qu'à chaque fois qu'il me regardait de cette façon, ça me faisait craquer davantage. J'attrapais sa main et je l'entrainais en direction du faux ciel étoilé. Je préférais nettement le coin tranquille, celui où l'on sera que tous les deux ou presque. Il semblait docile ce soir, heureux peut-être, il avait l'air bien en tout cas et ça me rendait heureuse aussi. Comme si son humeur était liée à la mienne. Malheureusement, la musique s'arrête au moment de danser, pendant une fraction de seconde mon regard s'attriste avant de paniquer légèrement. Un slow. Comment on danse un slow ? « Je ne sais pas.. » que je souffle à peine. Jamais fait ça de ma vie. Pas le temps de terminer ma phrase, Philip maitrisait la situation une fois de plus. Rapidement, ma main se trouve dans la sienne, tandis que l'autre trouve sa place sur son épaule. Je me synchronisais à lui pour danser, avec maladresse au départ, mais c'était simplement le temps pour moi de me détendre. Mon regard se perdait dans le sien, à la fois perturbé et charmé. Un sourire timide ne quittait plus mes lèvres et on restait ainsi quelques minutes. En fait, jusqu'à ce que je me hisse un peu sur la pointe des pieds pour l'embrasser délicatement. C'était aussi doux que tout le reste, que cette soirée, cette danse, cette musique. C'était à mon image. J'avais tendance à me demander pourquoi c'était moi. Pourquoi il m'offrait autant d'attention depuis quelques mois ? Je n'étais personne et plutôt ennuyeuse en temps normal. Phil pouvait avoir toutes les filles qu'il souhaitait et je n'arrivais pas à comprendre. Et, j'avais aussi peur de la réponse alors je préférais garder mes questions pour moi, restant sur mon nuage tant qu'il m'était possible de le faire. « J'ai une surprise pour toi... quand on va rentrer... » J'avais programmé la fin de soirée dans ma tête, c'était un peu stressant, mais ça allait lui plaire à coup sûr. « Tu passes une belle soirée jusqu'ici ? » que je demandais par la suite lâchant finalement sa main pour venir me coller un peu plus contre lui et passer mes bras sur ses épaules.

Nombre de danseurs virevoltent tout autour de vous alors vous vous frayez un chemin vers une zone un peu plus intime. Ton esprit occupé à imaginer la peau nue de Marla sous l’étoffe sombre dont elle est vêtue, il te faut quelques secondes pour réaliser toute la détresse de son regard lorsque le rythme de la musique se ralentit considérablement. « Je ne sais pas.. » commence-t-elle timidement alors que tu l’observes, légèrement amusé par la panique qui s’est invitée sur son visage. « Ne t’inquiète pas, c’est le cavalier qui fait tout. » que tu la coupes pour la rassurer. Parfaitement à l’aise, tu prends les choses en main et la guides pour trouver la position adéquate. Tu repenses très brièvement à ces quelques leçons de danse qu’on t’avait imposées quand tu étais adolescent. On attendait d’un jeune homme de ta stature d’être un partenaire exemplaire pour n’importe quelle demoiselle à ton bras, et malgré tes protestations de l’époque tu t’étais montré particulièrement doué dans l’exercice. Si tu as oublié la plupart des danses de bal enseignées alors, les fondamentaux te sont restés et un simple slow ne te pose aucune difficulté. Petit à petit, ton assurance semble également gagner Marla et tu la vois se détendre pendant que vous tournoyez en silence, les yeux dans les yeux. Elle finit par faire un premier pas en venant t’embrasser avec délicatesse, réveillant le feu de tes entrailles. Tu savoures ce contact avec elle, la douceur de ses lèvres et son parfum floral qui embaume l’atmosphère. « J'ai une surprise pour toi... quand on va rentrer... » t’annonce-t-elle ensuite en se reculant légèrement. Tu t’interroges sur le contenu de cette fameuse surprise, t’efforçant de ne pas te focaliser sur l’idée qui t’es immédiatement venue en tête. Ce n’est pas l’envie qui te manque, bien au contraire, mais tu ne la penses pas prête pour ça. Pas après la profonde blessure que tu lui as infligée la dernière fois. En dehors de cette hypothèse toutefois, tu n’as aucune autre piste. « Tu me donnes envie de rentrer tout de suite. » que tu plaisantes en lui adressant ton plus beau sourire. Supprimant tout espace entre vos deux corps en mouvement, elle se colle contre toi pour poursuivre. « Tu passes une belle soirée jusqu'ici ? » Difficile de faire mieux quand tes mains sont posées dans sa cambrure de reins et que tu peux parfaitement la sentir à travers les tissus qui vous séparent. « Exquise, et toi ? J’espère que ce premier bal est à la hauteur de tes espérances. » Et un souvenir qui restera longtemps gravé dans sa mémoire.