Je me sentais mieux et Cloé avait raison, peut-être qu'en parlant avec Nina, j'apprendrais la véritable raison de la mort de mon père. Je ne pouvais pas supporter cette femme, mais cette fois-ci, je n'avais pas vraiment le choix. « Je vais prendre sur moi pour parler avec elle. Mais je te promets pas des miracles non plus. » Lui dis-je en lui montrant bien que j'essayais de faire des efforts. Elle restait étonnée de ma voix car elle ne m'avait jamais vraiment entendue chanter avec autant de passion. Elle me disait qu'à partir de maintenant je serais son juke-box, ce qui me faisais rire Rêve pas, chérie/ Là, c'était une exception, je le ferai pas tout le temps. Mais je peux quand même te réserver quelques chansons, si tu veux » Le fait que je chante sans réfléchir lui avait beaucoup plu. Sauf que je n'ai pas l'habitude de chanter comme ça. Je l'ai fait sur le moment, sans réfléchir. Je tournais la tête pour la regarder et je remarquais qu'elle avait les yeux fatigués. J'étais contente qu'elle accepte de s'arrêter car j'avais super faim. « Comment j'ai trop envie de bouffer et de faire pipi, je te raconte même pas ! » lui dis-je en rigolant. Une fois a l'intérieur, assises l'une en face de l'autre je remarquais bien qu'elle essayait de cacher sa fatigue derrière ses lunettes. Et elle me demandait si ça me dérangeait pas de conduire. « Bien-sûr que ça me dérange pas, au contraire mon amour. Il est 14h30 on s'arrêtera avant 19h pour trouver un hôtel. On aura besoin de repos. On fera l'autre parti du trajet demain. » Lui dis-je avec un sourire. J'avais envie de câlins, de tendresse et de m'abandonner dans ses bras. « Je t'aime mon amour, et merci d'être avec moi. » Je la voyais manger son sandwich en moins de cinq minutes. Comme si on était super pressées. « T'as faim à ce point là ou t'es pressée ? Prends ton temps bébé, et commandes en un deuxième si tu veux » Lui dis-je en commençant à manger.

C'est dingue comme elle a su mûrir en trois ans, parce qu'elle n'aurait jamais cherché à discuter avec Nina avant aujourd'hui. Elle me surprendra toujours, ma petite Kim. Elle disait qu'elle n'allait quand même pas me promettre des miracles, mais le fait qu'elle propose de le faire, c'était déjà énorme. « Ca relève déjà du miracle que t'en parle, alors si vraiment tu le fais, j'pourrais presque t'appeler Dieu. » m'amusais-je à dire pour la taquiner. J'voulais vraiment qu'elle montre le meilleur de sa personne face à la perfide Nina, qui n'a eu de cesse de lui pourrir l'existence depuis huit ans. Elle me disait ensuite que l'entendre chanter était une exception, et je tentais de cacher un instant ma frustration, avant qu'elle n'ajoute qu'elle allait pouvoir me réserver quelques chansons. Là, j'souriais, déjà plus satisfaite. « Ah ouais, tu poses des conditions, comme ça, à chaud ! Tu m'entendras plus chanter pendant une semaine, pour la peine. » dis-je en riant. La nuit fut longue, mais voir le lever du jour sur la route qui mène à Tampa, ça vaut malgré tout le détour. Aux alentours de quatorze heures, j'commençais vraiment à être crevée, et Kim le remarquait puisqu'elle proposait une pause, que j'acceptais volontiers. Manger, pisser, boire un coup et faire autre chose que d'la route, c'était plus sage. Elle acceptait de prendre le relais, et ça me soulageait. Elle comptait également s'arrêter dans un hôtel, deux heures avant l'arrivée au point final. J'étais septique, mais je me gardais bien de donner mon point de vue. « Comme tu veux mon coeur, ça sera toi la pilote sur ce trajet, donc j'te fais confiance. » dis-je simplement. Quand elle me remerciait d'être là, avec elle, j'venais attraper sa main pour la caresser de mon pouce, avant de sourire légèrement. « T'as pas à me remercier, c'est normal que j'sois là. » En même temps, ces dernières années, son père était bien plus présent pour moi que mon propre paternel. J'dévorais mon sandwich à vive allure tellement j'avais la dalle, ce qui ne manquait pas d'amuser cette tête de mule. « J'avais trop faim, et il est bon c'putain de sandwich. Donc ouais, j'vais en prendre un deuxième, pour la route. » dis-je pour pas passer pour une grosse bouffeuse, alors que j'savais très bien qu'avant d'arriver à la voiture, y'en aurait déjà plus.

Je me serai bien passée d'un tel évènement dans ma vie. Là, je me dis que si je venais à me séparer une nouvelle fois de Cloé un jour, je n'aurai plus personne. Orpheline, avec mon seul frère décédé. Si on devait me qualifier d'un nom, je dirai peut-être survivante. C'est compliqué d'être le dernier membre d'une famille, et je commençais à m'en rendre compte, pendant ce trajet. Et ce qui me faisait chier, c'est que la seule chose qu'il me restera de mon père, c'était peut-être Nina. Cloé se foutait de ma gueule quand elle disait que le fait que je pense à discuter avec l'autre pétasse relevait du miracle, et elle avait pas tort. Ca me faisait sourire, et j'en avais bien besoin. « Juste pour que tu m'appelle Dieu, je veux bien relever le défi. » dis-je, amusée. Je riais légèrement à sa réaction sur le fait de m'entendre chanter et que je pose mes conditions, comme elle dit. Elle voulait me punir, sauf qu'elle peut pas s'empêcher de chanter. « Je suis timide du chant, c'est pas ma faute. Et tu tiendras jamais une semaine sans chanter, mon amour. T'aime trop ça. » dis-je en riant. Le trajet de nuit était long, et j'avoue que je me suis endormie quelques petites heures. Je fais entièrement confiance à Cloé, et je sais que si elle se sent trop faible pour continuer, elle s'arrête. Mais elle a roulé, jusqu'à ce petit resto en bord de route, avec sa station essence. Quand je lui disais que je comptais m'arrêter dans un hôtel, je voyais qu'elle était pas convaincue, mais je m'en fichais. Je voulais qu'on se pose, d'affection, et de m'abandonner contre elle. J'étais en manque de ses lèvres, depuis toutes ces heures. « T'as pas d'autres choix que de me faire confiance, de toute façon. Je veux que tu te reposes. » Elle me disait que je n'avais pas à la remercier d'être présente, ce qui m'arrachait un léger sourire. Je ne savais pas quoi répondre à ça, finalement. Elle disait qu'elle allait se prendre un deuxième sandwich pour la route, mais je connais sa gourmandise. Elle a oublié que j'ai déjà passé trois ans de ma vie à ses côtés et que je connais tous ses petits défauts et ses grandes qualités. « Comme si t'allais attendre d'être dans la voiture pour le manger. Si t'as faim, mange, bébé. D'ailleurs, je vais en reprendre un, aussi. » dis-je en riant légèrement. Après avoir passé la commande et mangé le deuxième sandwich, on retournait à la voiture, où je prenais le volant, pour conduire jusqu'à l'hôtel, où nous sommes arrivées aux alentours de dix-neuf heures. Quand j'ai vu le lit, j'ai sauté dessus, tellement j'en pouvais plus d'être assise, et j'entraînais Cloé avec moi, pour l'embrasser, enfin.

J'faisais tout pour la faire sourire, et j'y arrivais. Elle prenait ma remarque pour un défi, et elle comptait le relever. Si ça peut calmer les tensions entre elle et Nina, j'veux bien être l'élément déclencheur, pour une fois. La voir sourire me fait du bien, j'me dis qu'elle peut passer au dessus de cette perte plus facilement qu'il n'y parait, que cette fois, j'peux être celle qui peut la sauver, qu'elle ne fuira pas la réalité et ses responsabilités. « Montre moi de quoi t'es capable, alors. Prouve que tu mérites que j'puisse t'appeler Dieu. Sinon, tu seras ma petite chaussette préférée. » lui dis-je en tirant la langue, tout en regardant la route. J'sais qu'elle déteste quand j'la traite de chaussette, alors j'la provoque gentiment. Elle avait pas tort sur un fait, j'adore chanter. Mais quand j'veux, j'peux m'empêcher de le faire. Surtout si on me met au défi, en fait. Et j'prends sa remarque comme une provocation, alors j'vais tout faire pour tenir ma semaine. « Bouger les lèvres sans sortir un son, c'est pas chanter, donc j'peux l'faire easy, chérie. Ne me mets jamais au défi, tu perdras toujours. » dis-je en riant. Sur le trajet de nuit, j'entendais Kim qui ronflait légèrement, ce qui m'indiquait qu'elle dormait, par intermittence. J'pouvais mettre du Amy Winehouse tranquille, en chantonnant légèrement Back To Black. J'ai toujours aimé cette chanson, et c'était pas le moment de la faire entendre à Kim. Mais quand j'sentais que la fatigue commençait à me gagner, j'mettais de la musique qui bougeait un peu plus. J'avais envie de prendre un peu de coke pour être sûre d'être en forme, mais j'pouvais pas faire ça à Kim, pas en ce moment. Alors j'me contentais du café froid du thermos. J'regardais le lever du jour sur le trajet, et j'entendais Kim qui se réveillait. Les heures se ressemblaient, les paysages défilaient, jusqu'au resto. « T'as pas tort, j'ai pas le choix. Alors j'te laisse faire, ma puce. » dis-je en souriant. Pendant ce repas, j'la dévorais des yeux. Elle est belle, même avec ses petits yeux fatigués de fille qui n'a pas assez dormi. Et elle me dit que j'allais pas me faire prier pour bouffer le deuxième sandwich avant d'arriver à la voiture. Elle me connaît trop bien, cette connasse, elle fait chier mais qu'est-ce que j'l'aime, putain. « Bon bah j'en commande deux. » dis-je en riant, avant d'aller au comptoir, et de lui voler un baiser en revenant avec la commande. On a pas pu se retrouver depuis qu'on est partie de Cambridge, et j'avoue que ça me manque un peu, cette affection. Dans la voiture, pour la seconde partie du trajet, j'essayais de ne pas m'endormir, mais j'ai fini par céder une petite heure avant d'arriver à l'hôtel que Kim avait choisi. Arrivées sur place, c'était une sensation de liberté. J'voyais Kim se jeter dans le lit, avant de m'attraper pour m'embrasser. J'étais bien mieux contre elle, et je fermais les yeux de bien-être. Je passais ma main sous son haut, pour la poser sur son ventre. J'voulais sentir sa peau, un peu. « Tu voudras qu'on passe voir ma mère, un peu ? » demandais-je, comme une enfant. Je ne l'ai pas vue depuis plus d'un an, et j'voulais tenter d'en profiter un peu, en étant dans le coin.

Je ne suis pas bien, c'est un fait. Mais Cloé est présente, et je sais qu'elle se donne du mal pour ne pas me voir sombrer vers mes vieux travers, alors qu'elle lutte contre ses propres addictions depuis qu'elle a accepté qu'on se remette ensemble. Elle arrive à me faire rire et sourire, tout en pensant à autre chose qu'à la perte de mon père. Ca me fait du bien, tellement que j'ai réussi à m'endormir un peu. Je n'ai pas pensé à cette histoire jusqu'à mon réveil, et ça m'a fait un bien fou. Au réveil, j'avais mal au cou, le fait de dormir assise, c'était pas vraiment mon truc, malgré tous les voyages que j'ai fait. Je trouvais toujours un moyen pour m'allonger, même la position du fœtus, la tête sur mon sac à dos. Je sais pas si j'ai pu rêver ou non, j'ai pas de souvenirs de mes rêves en général, sauf quand ils sont vraiment perturbants ou agréables, ou un mélange des deux. Je me souviens que ces trois dernières années, j'ai souvent rêvé de Cloé et moi, bien avant de la retrouver. Parfois, c'était pour me souvenir de nous, ou du mal que j'ai pu lui faire en l'abandonnant. Mais là, rien de tout ça. Le calme plat d'un océan sans vague. J'ouvrais les yeux au moment où le soleil commençait à se lever, et j'appréciais vraiment ce spectacle. Il me rappelait que j'étais en vie, et que c'était une chance de vivre un nouveau jour. J'appréciais la musique que j'entendais, même si c'était pas forcément mon genre habituel, et je regardais le visage de Cloé, avec un sourire aux lèvres et de la joie au fond du cœur. Je n'étais pas seule, et j'étais amoureuse. Je devais kiffer tout ça, pour lui, pour ma mère et mon frère, aussi. Parce que je suis la seule à pouvoir le vivre encore. « T'es belle, mon cœur. » dis-je simplement, après plusieurs minutes de contemplation. Je m'étirais doucement, avant de m'allumer une clope, en posant mes pieds sur le tableau de bord. « Tu crois que je devrais défaire mes cheveux, pour l'enterrement ? Genre...ça ferait pas plus sérieuse ? » demandais-je, avant d'attraper une de mes tresses. En fait, je n'attendais pas qu'elle réponde avant de commencer à détacher une par une toutes mes locks, laissant apparaître une chevelure normale, avec une mèche blonde qui était camouflée sous toutes les autres. Puis on arrivait au resto. « J'aime quand tu me laisses le contrôle, c'est sexy. » dis-je en riant, avant qu'elle n'aille commander la deuxième fournée de sandwiches, pour combler notre dalle monumentale. Je prenais ensuite le volant pour la seconde partie du trajet, et je m'arrêtais dans un hôtel, trouvé sur internet avant de quitter le restaurant. C'était pas un trois étoiles, j'en ai pas les moyens, mais le confort rudimentaire était là. Un lit double, une télé et une petite cafétéria. J'étais trop bien quand j'ai pris Cloé dans mes bras. Ca me manquait terriblement, depuis la veille. Et on était crevée, surtout elle, qui n'a dormi qu'une heure. Elle me demandait si ça me dérangeait qu'on passe voir sa mère, pendant le temps où on était là. « Je peux rien te refuser, tu le sais, non ? On ira voir qui tu veux, mon amour. » dis-je simplement, en lui faisant des papouilles dans les cheveux.

Je ne savais pas à quel moment elle avait ouvert les yeux, je sais juste que le son de sa voix m'avait surprise, mais que son compliment m'a fait rougir. Je souriais largement, avant de la remercier. Elle s'allumait une clope, et je lui tendais la main pour qu'elle m'en file une, trop concentrée sur la route pour daigner chercher les miennes dans la boîte à gants. Elle m'demandait si elle devait défaire ses cheveux, et le temps que j'la regarde pour lui répondre, elle commençait déjà à tout défaire. « Le principe d'une question, c'est d'attendre une réponse, non ? Mais ouais, puis ça t'ira super bien. T'as des cheveux magnifiques. » dis-je en riant, avant de poser ma main sur sa cuisse. Elle a passé tout le trajet à s'occuper de sa crinière, et c'était très...sauvage, comme tignasse. Mieux qu'un caniche royal à qui on a fait une permanente, c'est dire. Dieu merci, elle a dompté tout ça avant d'arriver au resto, et j'kiffais grave ses cheveux détachés, libre de tous ces nœuds. J'retrouve un peu la meuf que j'ai connue au lycée, y'a six ans de ça. Sa mèche blonde rebelle, sa tignasse châtain et son côté torturé. J'espère seulement que ses vieux démons ne vont pas faire leur apparition une nouvelle fois, et qu'elle va pas se tirer au petit matin, un de ces quatre. Une fois à l'hôtel, allongée dans ses bras, j'sentais la passion de ma vie sur mon crâne. Des papouilles, putain. J'rentre en mode chaton et tout, limite. J'me love contre elle, avec un grand sourire et les yeux fermés, avant de lâcher un soupir de bien-être total. « Ca lui fera plaisir de te voir, après tout ce temps. Mais elle risque de t'engueuler un peu, parce que t'as fait pleurer sa fille chérie. Et ma mère est la seule personne que j'ai à voir ici, Kira est à Boston depuis l'an dernier. Et mon père...il est toujours en silence radio. » répondis-je seulement, avant de me relever. « J'vais prendre une douche, si tu veux me rejoindre, tu sais où j'suis. Après on va bouffer, et on va dormir. J'suis éclatée. » J'évitais de dire quelque chose en rapport avec le mot "mort" parce que c'est vraiment pas le moment. Et comme j'suis pas douée et que j'fous facilement les pieds dans le plat, j'contrôlais un minimum ce que j'pouvais dire.

Malgré tout, le réveil est dur. Je me rends peu à peu compte du pourquoi on fait tout ce trajet. On ne va pas à Tampa juste pour le kiff, non. On y va pour enterrer le dernier membre de ma famille proche. Il me reste ma grand-mère, mon oncle, ma cousine et c'est tout. Quatre Wiley, c'est tout ce qu'il reste, alors je me pose des questions. Je sens que j'ai envie de changement dans ma vie, mais que le seul point d'ancrage qu'il me reste, c'est Cloé. Mon dernier repère. Alors je pense, en m'occupant de mes cheveux, comme si ma vie en dépendait. Mais elle me faisait à nouveau rire quand elle me faisait remarquer que je n'avais pas attendu qu'elle me réponde. « Pardon ma puce, je suis un peu ailleurs, je crois. » dis-je avec un petit sourire, qui se voulait rassurant. Je lui filais la clope qu'elle me réclamait avant de retourner à ma tignasse, qui ressemblait à celle d'un lion sous la pluie, avant que ma brosse ne s'occupe d'eux, pour diminuer le volume et les bouclettes. Le reste du trajet était sans réel intérêt, jusqu'à l'arrivée à l'hôtel. Cloé était crevée, et je dois avouer que j'étais pas en grande forme non plus. Elle me disait que sa mère allait m'engueuler de l'avoir abandonnée y'a trois ans, et j'avoue que ça m'a un peu vexée. « Je pense pas que ce soit le moment de parler de ça. » dis-je, peut-être un peu sèchement. « Ouais, j'arrive. Et le programme me va, je suis fatiguée, aussi. » dis-je en cherchant des fringues propres dans le sac de voyage.

J'sentais bien qu'elle avait mal pris le fait que j'dise que ma mère allait l'engueuler pour ça, mais sa réaction me surprenait vraiment. Elle ne m'avait jamais parlé aussi sèchement, pourtant elle a un sale caractère. Comme quoi, j'suis pas à l'abri d'un coup de colère de sa part. J'la regardais, sans un mot, avant de gagner la salle de bain de la chambre. Les mains posées sur le lavabo, j'regardais ma tronche dans le miroir, avant de soupirer. J'avais vraiment une sale gueule, mais bon. J'avais bien envie de prendre un p'tit truc, mais j'ai pas l'droit de lui faire ça, surtout en ce moment. Alors j'me tourne, j'retire mes fringues sales et j'me glisse sous la douche. J'laisse l'eau ruisseler sur ma peau, les yeux clos, pensive. J'voulais pas qu'elle se vexe, j'voulais pas être maladroite. J'ai encore foutu les pieds dans le plat, comme si c'était pas une période assez compliquée pour elle. J'attrape le savon, j'me rince et je m'enroule dans la serviette, avant qu'elle n'entre dans la salle d'eau. J'baisse le regard, et j'chuchote un « Désolée si j't'ai vexée. C'était pas le but. » J'sortais de la petite pièce, pour m'étaler dans le lit et j'chopais mon téléphone, pour appeler ma mère. « Allo, maman ? Si, como esta ? J'voulais te prévenir que j'suis sur Tampa à partir de demain. Avec Kim. Oui, elle est revenue, il y a quelques semaines. Oui, on s'est remises ensemble. On va à l'enterrement de son père. Accident de voiture, visiblement. J'lui dirais de ta part. J'suis heureuse avec elle, t'inquiète pas. Oui, tout va bien. On se voit dans quelques jours. Te quiero, mama. Si, tambien. Besos. » Le temps de cette conversation, Kim sortait à peine de la douche, enroulée elle aussi dans une serviette. J'm'asseyais dans le lit, lui faisant signe de venir près de moi. J'voulais la serrer contre moi. « Ma mère est de tout coeur avec toi dans cette épreuve, corazon... Elle t'envoie toutes ses prières. » dis-je simplement, en l'enlaçant.