J'étais enfin prête à lui ouvrir mon cœur comme jamais, ma vie commençait enfin à prendre une tournure parfaite. Je n'étais plus en conflit avec mon père, j'avais retrouvé Cloé, je suis plus qu'heureuse et épanouie dans ma vie, et ce putain de coup de téléphone m'a tout foutu en l'air. J'étais super mal au fond de moi et j'avais besoin de Cloé plus que jamais. Je la rejoignais dans ma chambre pour l'aider et sortais quelques affaires de mon armoire. « J'ai des affaires à toi ici. Mais si tu veux passer à la coloc on y va. D'ailleurs on en parlera dans quelques temps mais j'aimerai bien que tu emménages avec moi dans les mois à venir, si tu le veux bien » Je sentais bien que la mort de mon père allait me faire couler dans tous les sens du terme. C'était hors de question que je la laisse payer. « Oui j'en ai chié pour avoir cet argent, mais je refuse que tu payes. C'est à moi de le faire. » Elle venait m'enlacer pour me montrer son soutien. C'est avec douceur que j'avançais avant de lui dire « C'est pas le moment de me faire pleurer, bébé. Aide moi, il faut qu'on parte ce soir ou cette nuit. » . Je prenais sa main pour y déposer un petit bisou, histoire qu'elle ne prenne pas ma réaction pour un rejet de ma part, mais je ne veux pas craquer maintenant, pas devant elle. Moi qui voulait qu'on passe quelques jours ensemble, j'aurai vraiment préféré que ça se passe autrement. « On se prépare et on y va, d'accord ? » dis-je en rassemblant les quelques affaires que j'avais autour de moi pour les foutre dans le sac, et choisissais une tenue simple pour la route.

Ascenseur émotionnel. On est passées du bien-être total, de la béatitude, à la descente aux enfers. Jamais j'aurai imaginé que ça puisse se passer, surtout que je savais son père super prudent au volant, toujours très à cheval sur le code de la route. Et là, on apprend ça. J'suis choquée, mais surtout inquiète pour Kim. Le fait qu'elle reste froide, qu'elle se refuse de pleurer, ça me stresse. J'ai peur qu'elle finisse par péter un câble comme elle l'a déjà fait, qu'elle retrouve ses vieux démons alors que j'combats mes addictions. Elle disait qu'elle avait déjà des fringues à moi chez elle, ce que j'avais oublié. Mais je n'ai rien qui puisse être apparenté à une tenue adéquat pour un enterrement. Mais elle ne refusait pas qu'on passe là où j'vis depuis peu, avant d'ajouter qu'elle voulait que d'ici quelques mois, je viens vivre à nouveau avec elle. L'idée est séduisante, si je m'écoutais j'accepterai même de le faire maintenant. Mais je ne veux rien précipiter, alors je souris simplement. « Avec plaisir mon amour, mais on a le temps. » J'espérais qu'elle ne voit pas cette réponse comme une hésitation, car je n'hésite pas du tout. J'veux qu'on prenne le temps, qu'on s'adapte à nouveau l'une à l'autre, même si on fera quelque chose de similaire à une vie de couple sans être vraiment « colocataires ». Elle refusait que j'paye quoi que ce soit, mais j'peux pas la laisser s'enfoncer financièrement. C'est ma femme, c'est plus fort que moi. « J'te laisse pas le choix, mon coeur. Garde des thunes de côté, s'il te plait. » Je la sentais se détacher de moi délicatement, me demandant de ne pas la faire pleurer maintenant. J'suis bien placée pour savoir que pleurer devant les gens c'est pas facile, mais elle devrait pouvoir se lâcher devant moi. Elle voulait partir ce soir et il fallait que je l'aide à tout préparer. « On part quand tu veux, chérie. Prépare du café, sur la route on s'arrêtera dans un hôtel pour dormir un peu. J'refuse que tu conduises dans cet état. » Ce n'est vraiment pas une semaine facile, et elle n'est pas finie. Au contraire, je pense qu'elle ne fait que commencer. J'la vois se préparer et j'fais de même, avant d'attraper le sac de voyage. « Je te laisse tout fermer, j'vais mettre ça dans la voiture. Eh, je t'aime, d'accord ? dis-je en passant le pas de la porte, en la regardant, avant de sortir.

J'étais heureuse avec Cloé et la mort de mon père me gâchait un peu mon bonheur et l'équilibre qui était à peine en train de s'installer dans ma vie. Pour une fois que je décidais de me poser pour de bon, il faut qu'il m'arrive une merde. Quand je proposais à Cloé de venir habiter avec moi dans les mois a venir, elle me disait que c'était avec plaisir mais qu'on avait encore le temps. Elle blague j'espère ? J'ai fais exprès de lui dire dans quelques mois pour pas qu'elle se sente forcée et là elle me sort ça. « Ca veut dire quoi ? Si t'as pas envie, je te force pas. Puis t'es pas obligée de venir avec moi si t'as pas envie ! » Lui dis-je en gueulant sur elle avant de pleurer. Le choc de la mort de mon père me montait à la tête et je m'en prenais à celle que j'aime. « Désolée, je suis pas moi. » C'était la seule chose que j'étais capable de lui dire alors que je venais d'avoir un comportement de merde. Mais je me doutais bien qu'elle allait me prendre dans ses bras plutôt que d'en rajouter une couche. Quand elle me disait de garder mes thunes je n'étais pas d'accord. « C'est pour mon père c'est à moi de payer et c'est pas discutable. Je te laisserai payer des trucs importants pour moi quand on vivra ensemble » lui dis-je pour lui rappeler que j'avais pas aimé ce qu'elle m'avait dit. J'étais en larmes mais je trouvais quand même le moyen de gueuler. « Pardon Chérie, mais c'est important pour moi. Puis ça va y a juste l'essence, l'hôtel et peut-être des frais pour l'enterrement. Tu sais quoi, on va faire un truc. Dès que j'ai plus de thunes, quand on revient ,je te laisserai acheter ce qu'il faut pour que tu me fasses un bon petit repas à la maison. » J'essuyais les larmes sur mes joues et faisais un sourire rempli d'amour à Cloé pour qu'elle n'oublie pas que je l'aime plus que tout. J'étais contente de savoir que je n'aurai pas à prendre le volant dans mon état. Elle quittait l'appartement en me disant qu'elle m'aimait. C'est une fois qu'elle était sortie que je murmurai « Moi aussi mon amour » Je récupérai un album sous mon lit pendant l'absence de Cloé. Puis je vérifiais que les lumières soient toutes éteintes et je fermais la porte à double tours. Je me dirigeais vers la voiture mon album à la main.

Même si j'étais un peu maladroite dans ce que j'avais dit, je ne m'attendais pas à une telle réaction de sa part. Elle a compris ça comme si j'lui mettais un stop, et elle s'énerve. Elle me dit aussi que si j'ai pas envie de l'accompagner, j'pouvais rester là. J'venais juste la prendre dans mes bras, lui murmurant de se calmer, avant qu'elle ne fonde en larmes, me disant qu'elle n'est pas elle-même, ce que j'peux comprendre. « J'ai pas dis que j'voulais pas vivre avec toi, au contraire, c'est ce que j'veux plus que tout. J'veux pas brûler les étapes, c'est tout, parce que je t'aime. » lui dis-je alors, calmement, avant d'embrasser son cou. J'sais bien qu'elle est bouleversée et c'est pour cette raison que j'm'emporte pas sur elle, elle n'a pas besoin de ça. Alors je la laissais se défouler sur moi, parce que j'préfère ça plutôt que d'la voir foutre sa vie en l'air encore une fois à cause de la came. « Ce soir j'vis avec toi, donc j'ai le droit de payer des trucs, mon coeur. Et c'est important pour moi aussi de pas te laisser t'enfoncer financièrement, alors que j'ai les moyens de t'aider. Mais c'est toi qui décide, ma puce. J'te ferai un max de courses, tu sauras plus où foutre toute cette bouffe. » dis-je en souriant, pour essayer de l'amuser un peu. Voir son sourire plein d'amour me rassurait, j'me sentais moins angoissée sur notre relation. Une fois sortie, devant la voiture, j'mettais le sac dans le coffre et j'attendais ma jolie Kim dans l'habitacle côté conducteur. Je la voyais arriver avec un album dans les mains, et j'me demandais ce que c'était. J'posais mon téléphone sur le tableau de bord, branché au poste de radio, j'activais le GPS jusqu'à Tampa, et j'roulais en direction de la coloc. Une fois devant, j'me garais pour récupérer mes fringues. Une robe noire simple et de conséquence, avec une petite veste fine, histoire de cacher tous mes tatouages, et une paire de talons. J'récupérais aussi une cartouche de clopes sur mon armoire, avant de prévenir Zadig et les autres que j'serai pas là quelques jours, en coup de vent. De retour dans la voiture, j'prenais la main de Kim dans la mienne. « J'ai pas été trop longue, mon amour ? C'est quoi cet album ? Si tu veux m'le dire, j'te force pas. » dis-je avant d'embrasser timidement sa bouche et de remettre le contact et d'avaler les kilomètres.

On était dans la voiture en direction de la coloc et j'étais perturbée. Beaucoup de questions commençaient à se bousculer dans ma tête. Je me demandais comment allait se dérouler l'enterrement. Combien de temps on allait rester là-bas et tout un tas d'autres questions. En sortant de mon appart, j'avais pris un album photo avec beaucoup de lettres et de photos. Je venais de perdre mon père et pourtant j'avais pris avec moi les seuls souvenirs que j'avais avec Cloé. On arrivait sur le parking et j'attendais Cloé dans la voiture. Quand elle revenait dans la voiture en me demandant qu'est ce qu'il y avait dans l'album, c'est timidement que je lui répondais. « Cet album c'est ce que j'ai de plus cher depuis plus de 4 ans. Cet album c'est nous mon amour. » Lui dis-je sans vraiment lui en dire plus. Je préférais attendre l'hôtel pour lui montrer tout ça. On reprenait la route et je regardais par la fenêtre pendant que les souvenirs se bousculaient dans ma tête. A ce moment là, je pétais un plomb. Je venais de réaliser que il y aurait Nina à l'enterrement. Elle était la raison de mon départ à l'époque et je n'étais pas du tout confiante à l'idée de la revoir. « Chérie attends. Je veux plus y aller. Je veux pas voir Nina, je pourrais pas me retenir. En plus je suis sûre que c'est à cause d'elle si il est plus là. » Je lui disais que je ne voulais plus y aller mais je ne le pensais pas. J'avais juste besoin qu'elle trouve les mots pour me calmer. « Comment je vais faire ? Tu crois qu'elle sera là ? » Je lui demandais ça à elle, comme si elle pouvait voir l'avenir. J'étais soulagée de la savoir avec moi. Je savais qu'elle saurait me calmer au cas où ça partirai en couille.

J'étais vraiment inquiète, parce que j'sais qu'elle peut vriller à tout moment. J'étais encore moins sereine quand j'suis rentrée un moment à la coloc, parce que j'avais encore quelques trucs planqués dans ma caisse, et j'avais peur qu'elle les trouve, qu'elle en abuse ou qu'elle m'en foute plein la gueule. De toute façon, le fait que ce soit dans ma voiture c'est surtout pour m'empêcher d'être trop tentée en dehors. Et j'veux surtout pas prendre des prods devant elle. Et quand j'lui demandais qu'est-ce que c'était cet album, sa réponse me surprenait un peu. Ce qu'elle a de plus cher depuis plus de quatre ans ? C'est chelou. J'm'allume une clope, et j'lui en tends une. « Tu me caches des choses ? C'est pas cool, mademoiselle Wiley. J'vais devoir réfléchir à comment vous punir pour un tel affront envers ma personne. » dis-je en riant légèrement, pour essayer de la détendre au maximum. J'démarrais la voiture, pour avaler les kilomètres en direction de Tampa, quand elle se met à paniquer, disant qu'elle ne veut plus y aller à cause de Nina. J'continue de rouler, avant d'attraper sa main. « Ma puce, calme toi. Tu t'en fous de cette pétasse, c'est ton père. Si elle fait sa salope de pleureuse, c'est moi qui lui pète la gueule, d'accord ? Et si c'est à cause d'elle, tu viendras la cogner avec moi. C'est personne pour toi, et finalement ils étaient pas mariés, d'après ce que tu m'as dis, donc elle a presque pas le droit d'être là. » J'essayais vraiment de la rassurer du mieux que j'pouvais. Mais elle me demandait qu'est-ce qu'elle devait faire et si elle allait être là. J'savais pas trop quoi dire, j'ai jamais perdu quelqu'un qui m'est cher. « Tu verras bien si elle est là, mais comme je t'ai dit, c'est toi sa fille. T'as bien plus de légitimité à être là qu'elle. Alors calme toi et repose toi un peu, d'accord ? » J'voulais vraiment qu'elle pense à autre chose, alors j'montais un peu le son de la musique, histoire de mettre un peu d'ambiance dans la voiture, et surtout pour ne pas m'endormir.

Elle voulait savoir ce que contenait mon album et je ne voulais pas lui dire, donc elle me disait qu'elle allait devoir réfléchir à comment me punir vu que je lui cachais des choses. « Je vais me faire punir ? T'es sûre que tu veux jouer à ça, bébé ? » Lui dis-je en rigolant. Puis le bordel commençait au moment où je réalisais que Nina serait la. Je pétais les plombs. Je voulais carrément faire demi-tour. Heureusement que Cloé était là pour me dissuader. « Tu as raison, bébé. Au pire, je lui colle mon poing dans la gueule. Et puis, ils étaient plus ensemble, elle a même pas à être là. » Lui dis-je en étant un peu rassurée, mais à la fois remontée à l'idée que cette pétasse était capable de se pointer quand même sur place, à faire sa pleureuse. Je l'ai toujours détestée, je l'ai toujours tenue responsable du suicide de ma mère, et là, je la tiens responsable de la mort tragique de mon père. Je tirais frénétiquement sur la cigarette qu'elle m'avait tendue, et je sentais mes mains qui tremblaient. J'étais vraiment heureuse au fond, de ne pas être seule pour traverser cette épreuve, mais les larmes roulaient sur mes joues au fur et à mesure que les kilomètres étaient parcourus. Je faisais tout pour ne pas qu'elle me voit, parce que je sais qu'elle me surveille du coin de l'œil et je le sais. Mais la musique qui passait, c'était une chanson que j'adorais, et je ne pouvais pas m'empêcher de chanter. « I feel so untouched and I want you so much that I just can't resist you it's not enough to say that I miss you I feel so untouched right now need you so much somehow I can't forget you been going crazy from the moment I met you » chantais-je à tue-tête, laissant Cloé sur le cul. Je la regardais, avant de sourire en coin. « Et oui chérie, moi aussi je peux te surprendre, au bout de six ans. » m'amusais-je à dire.

J'espérais lui faire retrouver le sourire en lui disant des conneries à caractère légèrement détourné, et j'me rendais compte que ça marchait plutôt bien, puisqu'elle me demandait si j'voulais jouer à ça, ce qui m'arrachait un sourire. J'avais su lui redonner un peu de joie dans son coeur, et c'était tout ce qui m'importait, finalement. « Tu sais à quel point j'suis joueuse, chérie. Alors ne me tente pas, tu risquerais de retrouver les mêmes sensations que sous la douche. » dis-je en riant, avant de lui tirer la langue. J'ferai tout pour qu'elle pense à autre chose, au moins par moment. J'déteste la voir triste, déçue ou un autre sentiment négatif. Alors si j'peux lui apporter au moins ça, j'le fais. Cependant, j'restais un peu sur ma faim, concernant ce fameux album. Qu'est-ce qu'il pouvait bien contenir ? Des secrets qu'elle me cache, peut-être. J'avais réussi à la calmer sur le sujet de Nina, mais j'sentais bien qu'elle essayait de se rassurer elle-même. J'peux comprendre, elle a un peu ruiné toute sa vie, cette meuf. D'abord sa mère, et là, peut-être que pour son père c'est aussi de sa faute. On ne sait pas grand chose, finalement. « On verra bien si elle ose se pointer, déjà. Et si elle se pointe, ne dis rien, attends qu'elle parle. Selon ce qu'elle dit, on lui saute dessus. » dis-je, parce que ça pourrait potentiellement lui donner des informations sur la vie de son père ces dernières semaines. J'savais que ça allait l'énerver un peu, mais bon. J'voyais bien qu'elle pleurait, en regardant dehors. Mais j'pouvais pas faire grand chose de plus que lui tenir la main, tout en conduisant. Et d'un coup, elle se fout à chanter, et j'suis choquée. « C'est qu'elle chante bien, la pétasse ! Tu m'as caché ce talent tout ce temps, et t'en profitais pour m'écouter chanter. T'es une saloperie ! » dis-je en riant, tout en restant concentrée sur la route. J'avais une envie folle de l'embrasser, parce que j'suis chamboulée par cette découverte au bout de six ans.

Cloé m'avait rassurée au sujet de Nina. Je savais que je lui sauterai dessus au premier mot de travers. J'étais sûre à 99% qu'elle était responsable de la mort de mon père. « Si elle se pointe, je lui poserai des questions avant de la frapper. » Je séchais mes larmes et regardais le paysage. Une chanson que j'adore passait à la radio et c'est tout naturellement que je me suis mise a chanter sans faire attention à Cloé. Je la voyais choquée, ce qui provoquait chez moi un petit sourire discret. « On m'a souvent dit que je chantais bien. Mais je préfère pas m'afficher. T'inquiète chérie, tu as encore beaucoup à apprendre sur moi.» On est parties de Cambridge a 1h du mat et là, il est 14h donc après plusieurs heures de route et toujours rien dans le ventre vu qu'on avait sauté le repas de midi, je proposais à Cloé de s'arrêter un peu. « Bébé, viens on s'arrête à la prochaine sortie. Faut remettre de l'essence, faire pipi et prendre un petit sandwich. Si tu veux bien ? » Je savais qu'elle ne pouvait pas me dire non surtout après 13 heures et une seule pause de 3 minutes. Et avant tout, je veux qu'elle se repose un peu, car on a encore près de 10 heures de trajet encore. Je me sentais prête à conduire un peu pour la soulager, car je la vois mettre ses lunettes de vue, ce qu'elle ne fait que très rarement. « Je prendrais la relève de la conduite, d'accord ? Je veux que tu te repose un peu, tu as conduis toute la nuit. » Je ne voulais pas frôler un accident avec elle, la mort de mon père est bien suffisante.

Elle redevenait raisonnable, et c'était un signe qu'elle n'allait pas péter les plombs dans l'immédiat. J'pouvais conduire plus sereinement, sans avoir la peur au ventre qu'elle ne décide de se jeter sur la route alors qu'on est en marche. « T'as raison, c'est plus sage de lui parler d'abord. Tu apprendras plus de choses que si on l'envoie à l'hosto. » J'savais vraiment pas trop quoi dire sur le sujet, c'était assez complexe. En l'écoutant chanter comme si je n'avais jamais été là, mon cœur ratait un battement. Je ne m'y attendais vraiment pas, mais elle a une voix terriblement bandante. J'suis dégoûtée pour toutes les fois où elle m'a entendue et où elle m'a caché ce talent, et j'lui fais savoir. « Je demande réparation pour toutes ces années de cachotterie. Tu seras mon juke-box, pour la peine. » dis-je en riant, mais j'étais assez pressée de savoir ce qu'elle pouvait bien me cacher d'autre. On a roulé toute la nuit, et à quatorze heures environ, Kim me demande de prendre la prochaine sortie. Elle fait bien, parce que j'commence à avoir du mal à conduire, et mes yeux me brûlent, ce qui m'oblige à porter mes lunettes de vue par moment. Alors je l'écoute, et prend la direction du resto de route avec station essence le plus proche. « T'as raison ma puce, j'commence à avoir faim, en plus. » dis-je seulement, afin de ne pas l'inquiéter sur mon état de fatigue. A la sortie de la voiture, je m'étirais longuement. Ca fait plus de sept heures que j'me suis pas arrêtée. J'faisais l'essence, histoire d'être tranquille après, avant d'entrer dans le resto pour manger un bout, boire un peu et profiter des chiottes, peu importe leur état. Je n'avais pas répondu à Kim sur sa proposition de prendre la route, parce que j'veux pas qu'elle panique ou j'sais pas quoi, mais j'me sentais pas de continuer neuf heures de plus. Fallait que j'pionce un peu. « T'es sûre que ça te dérange pas de conduire quelques heures ? » lui demandais-je alors, en mangeant mon sandwich, les yeux éclatés derrière mes lunettes de vue, et mon teint blafard.