Expliquant à Jax que mon frère ainé m'a servi un sermon en me laissant les billets, je vois son expression changer, pourtant j'aurais cru qu'il serait heureux que pour une fois, Jason ne soit pas contre lui. Je sais bien que mon petit ami est pro famille et tout, mais je crois qu'il a cependant fini par comprendre que le géniteur et moi, ça risque de jamais être agréable comme relation. Au mieux, un jour, on pourra peut-être se tenir dans la même pièce, mais je me fais pas trop d'illusions. Un peu surpris par les menaces de Jax, j'en perds mon expression quelques secondes avant de sourire à nouveau. J'ai le droit de dire qu'il est adorable?

- Doucement le noble chevalier, fis-je en riant avec un signe de main pour le calmer. C'est beau de vouloir défendre mon honneur, mais je veux pas qu'il t'arrive un truc à cause de moi, indiquais-je plus sérieusement. Je crois pas non plus qu'on croisera le paternel et je ferai pas exprès de passer dans ses secteurs. Après, la piste de course est sur une ile à part et l'hôtel et beaucoup de l'animation sont dans le Vieux-Port et le centre-ville, expliquais-je. Ce sont des territoires qu'il n'aime pas particulièrement et il déteste la foule, alors pas vraiment de chance de le croiser selon moi, fis-je en haussant les épaules de façon détendu.

S'il n'a pas changé ses habitudes, je considère qu'on a qu'un très très faible pourcentage de chance de tomber nez à nez avec lui si on reste là où le plus gros des festivités se passe. Le parc du Mont-Royal serait peut-être également une bonne idée avec la boule de poil et encore là, c'est pas trop l'endroit le plus risqué. Le paternel a pas changé ses habitudes en au moins 15 ans que j'ai habité sous le même toit que lui, du coup, je crois pas que ce soit différents maintenant.

Les pensées pour le vieux s'effrite en moins de deux cependant lorsqu'on règle les détails sur la marche à suivre pour ce voyage. Qui plus est lorsque Jax m'embrasse avec autant d'énergie, je crois que j'ai pas besoin de préciser que je pense plus qu'à mon petit ami. Jouant la carte de l'innocence, je lui demande d'ailleurs ce qu'on pourra faire pour passer le temps. Je suis loin d'être subtil, mais est-ce que j'ai vraiment besoin de l'être? Non et je ne le désire pas vraiment. Qui plus est, les doigts caressant de mon petit ami qui s'amuse à la limite de mon boxer ne le sont pas plus. Passant les bras autour de son cou, je ris doucement.

- Tu me montres que tu sais faire? Lui demandais-je.

D'accord, je crois que le petit dej vient une fois de plus d'être reporté!

Vaguement mal à l'aise, je ravale le commentaire amusé que j'allais faire comme quoi il ne reconnaîtrait pas le paternel s'il le voyait. Je ne lui ressemble pas du tout et c'est en partie la cause de notre si mauvaise relation. Mais du coup, il ne pourrait pas se fier à mes traits physiques pour le trouver. Mes réactions nerveuses serait probablement un meilleur indice. Incapable de vraiment tenir le regard de Jax, je détourne la tête pour prendre une gorgée de café, me concentrant ensuite sur notre conversation au sujet du planning jusqu'à notre arrivée à l'hôtel demain.

Les détails assez simplement réglés, on dérape rapidement vers les occupations que l'on pourrait trouver d'ici à ce qu'on embarque pour l'aéroport demain. Ce n'est pas si difficile à trouver avec ses doigts qui se baladent tranquillement sur l'intérieur de mes cuisses. Proposant à Jax de me faire voir de quoi il est capable, il n'hésite pas une seconde, ses mains se faisant un peu plus baladeuses et j'en frissonne d'anticipation. Il prend ses aises, grimpant sur moi pour me tenter et tandis qu'il me nargue, je ne peux m'empêcher de répliquer.

- Pas tellement, tu peux m'en montrer plus? Demandais-je avec un faux air innocent.


Un peu plus d'une heure d'avion entre les deux villes, on a facilement tripler ce temps dans les deux aéroports avec l'attente pour la récupération des billets, l'enregistrement et l'embarquement. Si embarquer avec Daeron n'a pas vraiment posé de problèmes, ça nous a demandé un peu plus de temps, malgré tout y'a pas une agente qui a résisté à sa bouille. La femme s'occupant de récupérer la cage ayant même dit à la blague qu'elle serait ravie qu'on le lui laisse. Oui, je suis certain qu'il ferait son bonheur, mais j'en connais deux qui en serait grandement malheureux!

Ayant remis le pied sur le sol qui m'a vu naître et grandir, j'ai le réflexe de prendre les devants quand il est question de renseignements ou autre, naviguant sans problèmes entre le français et l'anglais, traduisant à Jax par automatisme.

Contrairement à d'habitude, je n'ai pas dormi dans l'avion, discutant plutôt avec mon petit ami ou griffonnant dans mon cahier de croquis. C'est peut-être une bonne chose qu'on aie fait ce trajet en avion plutôt qu'en voiture finalement, je n'aurais pas pensé être aussi fébrile!

Déposant le sac de voyage et l'étui de ma caméra, je pose mon regard sur ce que sera notre environnement pour le weekend. Salon, chambre, salle de bain grandiose, minibar et etc. Le genre de suite que je ne serais jamais capable de m'offrir, mais ici commandité par une compagnie de bière puisque c'est la compagnie qui organisait le concours auquel Jason a participé. Curieux, le m'approche du bar pour lire la carte de l'hôtel avant de réaliser qu'il s'agit de la commandite, expliquant que le frigo est plein de leur produits et offrant un certificat cadeau pour un bar-terrasse un peu plus bas près du fleuve.

- Ha bah, on est choyés! M'exclamais-je en me tournant vers Jax, montrant le certificat. Repas offert en prime, expliquais-je.

Laissant le papier sur le meuble, je m'approche de lui, passant mes bras autour de son cou, ne pouvant m'empêcher de sourire grandement.

- Je suis content d'être là avec toi, soufflais-je avant de l'embrasser.

Collé contre Jax, les bras lâchement posé sur ses épaules pour une étreinte, tandis que ses mains sont "sagement" planqués dans mes poches arrières, je ne peux pas empêcher un large sourire de s'inscrire sur mes lèvres.

- Demain les qualifications, précisais-je. Et faut voir, parce que je crois qu'on a une passe pour aller voir les puits, indiquais-je. ...Si j'ai bien compris ce que Jason m'a dit, marmonnais-je en français, détournant la tête pour me concentrer et essayer de me rappeler des paroles de mon frangin.

C'est peine perdue! J'ai le cerveau survolté comme un gamin qui a gober trop de sucreries! Je suis content de revenir, d'être dans cette environnement que j'ai connu pendant plus de 20 ans, mais que je n'ai pas revu depuis presque trois ans! Le simple fait de pouvoir parler ma langue natale me fait grandement plaisir. D'être ici avec Jax aussi, c'est quelque chose!

- On va faire un tour? Proposais-je, sautillant presque, glissant d'entre ses bras pour saisir ses mains. Une marche dans le vieux port avec Daeron, ajoutais-je un large sourire, mon regard se posant quelques secondes sur le quadrupède bien installé sur un coussin installé à son attention. Je n'ai pas cigarettes non plus, faudrait que j'en achète, réalisais-je. Et je te paie un bon café!

Sans attendre de réponse, je récupère ma veste avec mon porte-feuille et mon cellulaire. La main sur mon étui de caméra, je croise le regard de mon petit ami et je me fixe, stoppant tous mouvements.

- Navré, finis-je par articuler avec un petit sourire d'excuses. Je… suis pire qu'un enfant à Noël? Ou qu'un jouet dont on ne peut plus retirer une pile trop chargée? Questionnais-je en riant légèrement, ramenant mes cheveux vers l'arrière, descendant ma main vers ma nuque en un léger mouvement de gêne, mordillant l'intérieur de ma joue.

Faut que je me calme. Genre vraiment!

Il me fait remarquer que j'ai basculé à ma langue natale sans m'en rendre compte, sortant une phrase complète qu'il n'a pas compris. Baissant la tête, je m'apprête à m'excuser, bafouillant peut-être un peu, mais lorsque la première syllabe sort, mon cerveau capte qu'il ...rit? Relevant la tête, je le fixe un instant, étonné de sa réaction. Avec un temps de retard, je réalise que ce n'est qu'un mauvais conditionnement de ma part et que, venant de Jax, je n'ai pas à m'attendre à ce qu'il me fasse la gueule parce que je parle français et qu'il ne comprend pas. Ce rappel fait à nouveau fleurir un sourire sur mes lèvres avant que je n'aille goûter les siennes. Il ne saura pas nécessairement pourquoi, mais silencieusement je le remercie. D'être lui. D'être comme il est.

- Je disais que je n'étais pas certain d'avoir compris ce que Jason m'a expliqué, le renseignais-je, de bonne volonté.

Et de bonne humeur! La petite pause que mon cerveau a pris semble me faire l'effet d'un boost et je ne tiens pas en place, proposant à mon petit ami de sortir, d'aller faire un tour avec la peluche qui ne dénigrera surement pas à découvrir tout un monde de nouvelles odeurs. Je commence également à ressentir une envie de nicotine, me rappelant par le fait même que je n'ai pas embarqué de paquet de toppes puisque ça ne passe jamais bien l'inspection aux douanes, que ce soit un pays comme l'autre. Et pour essayer de convaincre mon beau tatoué, je lui vend l'idée d'un café, offert.

Finissant par réaliser mon état et selon les paroles de Jax, je me fixe et m'excuse de ma fébrilité. Il se moque gentiment, mais je n'en suis apparement pas encore au point de lui taper sur les nerfs. Par contre, j'ai obligation de lui laisser payer les dépenses. Heu… Penchant la tête sur le côté, je le regarde un moment, pesant le pour et le contre, avant d'esquisser un geste. Tirant mon portefeuille de ma poche, j'en détache également la chaînette qui le relie à la ganse de mon pantalon.

- Pas le droit de t'enfuir en courant avec mes pièces d'identités, le menaçais-je à la blague en lui tendant mon bien.

Faisant un pas vers lui, je m'approche de son oreille pour murmurer :

- ...et m'en veut pas si j'essaie de te rembourser en nature.

Riant doucement, j'effleure ses lèvres avant de me reculer. Saisissant l'étui de ma caméra pour la passer en bandoulière, je regarde mon petit ami, prêt à partir de mon côté, mais essayant de ne pas encore avoir l'air d'un hyperactif. Je lui laisse également prendre les dispositions avec Daeron. Lorsque c'est fait, je glisse naturellement mes doigts entre les siens pour l'attirer à l'extérieur de la chambre avec son quadrupède. Direction le Vieux-Port! Quelques coins de rues seulement en distance de l'hôtel avant d'atteindre les places les plus animés. Il y aurait sûrement d'autres endroits calme ou je pourrais guider Jax, mais c'est là que j'ai envie d'aller, aussi égoïste que ça puisse paraître. Je ne suis pas totalement illogique non plus, je nous approche de la rive en visant les espaces verts qui le borde pour qu'on puisse être à l'aise tous les trois.

- Adolescent, je trainais souvent par ici quand je pouvais, expliquais-je à Jax avec un sourire tranquille, mon regard se promenant sur l'environnement alentour. Je prenais le métro pour traverser la ville et je venais m'éclater un peu plus loin en skateboard, expliquais-je avec un mouvement vague vers l'avant. Ha tiens, c'est nouveau ça! M'exclamais-je en voyant la grande roue blanche se dresser sur une île. En hiver, le bassin devient un espace pour faire du patin. Et pour se payer un bon fou-rire si c'est moi qui les chausse, ajoutais-je en me moquant doucement.

Je n'ai aucun intérêt pour le sport, c'est pas nouveau. Et le seul que je pratique régulièrement, c'est parce que j'ai un très bon partenaire qui sait me motiver facilement.

Je ravale mon commentaire, me contentant de le regarder avec des yeux rieurs. Jason pèterait un plomb si Jax devait retourner en dedans. Il ne deviendrait plus qu'un éternel disque rayé qui me casserait les oreilles en me disant que mon petit ami est pas un type bien et que ci et que ça… et que pour l'instant, j'ai tellement pas envie de penser à ça maintenant! Je préfère rire avec mon petit ami, justement, qui plaisante à ce sujet! Et j'en déduis que s'il blague à ce propos c'est qu'il est désormais très à l'aise avec ce fait. Du moins face à moi.

De son côté, ma propre plaisanterie a son petit effet dans le regard de mon tatoué préféré et j'en déduis qu'il ne sera pas contre un tel remboursement. Tant qu'il ne décide pas de claquer tout son portefeuille simplement pour voir ce que ça lui apporterait. Il a pas besoin!

- Oh, mais j'ai jamais dit que t'étais tout seul, mon lapinou! Le taquinais-je en touchant le bout de son nez de mon index. De toute façon, pour être lapin, faut ...AH!

La phrase a bloqué dans ma gorge lorsqu'il s'est penché, pour ne laisser sortir qu'une exclamation à mi-chemin entre la surprise et l'indignation, me faisant ensuite m'ébrouer tandis qu'il s'éloigne, bien peinard, vers la porte. Il aime définitivement trop ce truc! Lui tirant la langue de manière - ô combien - mature, je le rejoinds à la porte tandis qu'il s'occupe de Daeron.

- Il veut toujours sortir, fis-je avec un large sourire. Les autres plans, ce sera pour ce soir, ajoutais-je avec un air innocent. ...si t'es sage et que tu me remords pas l'oreille, ne puis-je m'empêcher d'ajouter pour rire.

Sortant finalement, je nous entraîne dans le vieux quartier, ressassant quelque peu les souvenirs à haute voix. Un peu trop guide touristique à mon goût, j'explique quand même à mon petit ami que le parc et le bassin qu'il contient se transforme normalement en patinoire tout l'hiver. Ajoutant une blague sur mes piètres performances chaque fois que j'ai chaussé des patins à glace, je ris doucement lorsque j'entends Jax me proposer d'en faire tous les deux.

- On pourra peut-être essayer cet hiver, admis-je avec un léger hochement de tête. Si tu sais en faire et que t'es un bon infirmer, ajoutais-je, moqueur.

Je ne saurais pas lui apprendre, mon niveau est des plus médiocres! Jason joue au hockey à chaque hiver avec quelques potes et collègues et c'est comme ça depuis qu'il est tout jeune. Il est doué - comme dans n'importe quel sport d'ailleurs - mais, même avec toute sa bonne volonté, je n'ai jamais eu la puissance d'un joueur ni même la grâce d'un patineur! Je fais plutôt dans la catégorie "moulinets à vents avec les bras pour pas tomber". Mais bon, je peux bien essayer encore une fois avec mon petit ami. Ce sera surement pas aussi mignon et romantique que dans un film, mais on rira assurément!

S'arrêtant pour laisser boire la peluche, Jax me rappelle que je lui ai promis un café, même si je n'ai pas le droit de lui offrir, hochant d'abord la tête, j'ai un mouvement pour indiquer l'esplanade plus loin, mais pouffe de rire avant qu'un mot n'aie pu sortir.

- Il a pas apprécié le commentaire, je crois, fis-je remarquer en riant.

M'approchant du croisement entre ours et chien qui fait compagnie depuis des années, je glisse mes doigts entre les poils, me penchant pour lui offrir un calin en ébouriffant.

- T'en fais pas Daeron, on sait tous que c'est que ta fourrure qui donne cette impression, lui dis-je comme si je devais le rassurer et qu'il comprenait vraiment tout ce que je dis. T'es pas gros; t'es duveteux! Assurais-je comme si c'était la constatation la plus évidente qui soit.

Aller savoir s'il a vraiment compris ou si c'est simplement parce que je me suis approcher de lui, mais j'ai droit à sa truffe mouillé sur la joue, me tirant un nouveau rire, en m'essuyant avec le revers de ma manche de veste. M'approchant du maître, je lui sers un rapide baiser au coin des lèvres, accompagné d'un clin d'oeil.

- Aller viens, qu'on se prenne ce café! Proposais-je joyeusement.

Je ne peux pas m'empêcher de sourire à remettre les pieds ici! J'ai passé énormément de temps dans ce quartier, j'adorais y venir. Et d'y être à nouveau, en compagnie de Jax qui plus est, ça me rends l'expérience encore mieux. C'est niais, je sais, mais je peux pas penser autrement! Je suis heureux, c'est tout! Avançant vers la place Jacques-Cartier, je guide nos pas jusqu'à un comptoir 3 saisons dressé sur l'esplanade. Questionnant Jax sur ce qu'il veut, je passe ensuite la commande en français à une fille qui, pendant qu'il paie le tout, le reluque de façon un peu trop appuyée pour être vraiment discrète. Essaie pas chérie, il est à moi et je le prête pas! Je m'en montre tout de même chaleureux quand elle apporte notre commande, glissant un papier dans le manchon de celui de Jax. Namého! Ça va cinq minutes le manque de gêne, hen, merci! Glissant mes doigts entre ceux de mon petit ami, je vais cueillir ses lèvres quelques secondes.

- Merci pour le café, fis-je avec un petit sourire avant d'en prendre une gorgée, ne pouvant m'empêcher de jeter un regard à celle qui lui faisait des yeux de biche y'a trois secondes.

Son air surpris me ramène ma bonne humeur et je reprends ma marche en compagnie du beau brun et de la peluche. Je sais qu'il est beau, je suis le premier à le dire. Je sais qu'il attire les regards, le mien en fait partie. J'ai pas l'intention de piquer une crise chaque fois que quelqu'un lui portera de l'attention, il en reçoit régulièrement et je ne doute pas un instant de sa fidélité. C'est pas sa réaction que je crains. Du tout, même. J'ai juste… un orgueil mal placé apparement. Arf! C'est mal de vouloir qu'on sache qu'il est avec moi? Ou c'était juste puéril ce que je viens de faire?

...

C'était puéril.