Cette histoire se passe après la soirée donnée pour l'anniversaire du prince de Belgique. Une soirée qui aurait dû permettre à Alejandro d'intégrer ou en tout cas de connaître les amis de son amie. Oh, ce fut le cas, mais ce fut aussi l'occasion de détecter qu'il n'était pas tout à fait la bienvenue. Un homme avait refusé de lui serrer la main, un autre lui avait balancé à la figure qu'il était une sorte de moins que rien.

Soirée intéressante donc, mais à aucun moment, Alejandro ne s'était plein de la situation à Harper, qui en souffrait déjà assez. Il le sentait dans son regard déçu, son visage tendu. Sans doute aurait-elle aimé que son nouvel ami soit bien reçu par ses meilleurs amis. Ils avaient quitté la fête un peu plus tôt que prévu, Harper ayant fait savoir qu'elle voulait rentrer, le beau brun n'avait pas vraiment insisté pour qu'ils restent.

Le chemin du retour fut plutôt silencieux. Le beau brun ne tenta pas de combler le silence par de futiles paroles. Ce n'est qu'une fois sa voiture garée dans le stationnement souterrain de sa tour d'appartements et dans l'ascenseur qui les menait à l'étage de son appartement que l'Espagnol brisa le silence. Il avait bien remarqué l'air songeur, pensif, troublé aussi de son amie.

-Tes amis savent comment organiser une fête. Aucun détail n'était négligé. Tu as aidé à organiser ou..?

Une petite question pour détendre l'atmosphère, puis, les portes de l'ascenseur ouvre et il laisse passer Harper en premier avant de la suivre.

-Je t'avoue que je ne suis pas triste d'être rentré. On va pouvoir profiter tranquille de notre soirée, rien que tous les deux.

Oui, parce qu'ils ne se voient pas si souvent que cela. Non pas qu'Alejandro s'en plaigne, ils ont tous les deux une vie assez occupée sans trop s'embêter, mais c'est bien aussi qu'ils aient leur moment tranquille quoi. La porte de son appartement débarrée, Alejandro n'était pas triste de pouvoir défaire son nœud papillon et ouvrir le bouton du collet histoire de mieux respirer.

-Je te sers à boire? Ou peut-être que tu préfères prendre une douche, relaxer? Si c'est le cas, vas-y, je t'en pris.

Elle avait même son petit peignoir rien qu'à elle désormais. Bah quoi? C'est plus pratique non?

Ca ne cessait de trotter dans ma tête. Tout le déroulement de la soirée. La façon dont ils avaient dénigré Alejandro. Prise au piège par mes propres amis dont l’un n’avait même pas daigné de lui serrer la main. Il lui avait même dit la chose en question. Chose dont il ne m’avait jamais reparlé à moi, la principale concernée. Le regard dans le vide, je me montrais inexpressive, mais mes yeux reflétaient de la déception, de la colère … de la tristesse aussi. Je lui en voulais, je leur en voulais. Mais face à Alejandro que je n’osais plus regarder dans les yeux, je ne voulais montrer que cela m’atteignait. D’ailleurs il brisait la glace. J’avais envie de rire. L’ironie de l’histoire voulait que je n’avais même pas pu organiser la soirée, trop occupée tout l’après-midi à aider Zeph à camoufler les coups que son père avait porté à son encontre. Salaud … Je soupirais, levant les sourcils, yeux baissés. « Non, j’aurais peut-être dû … » Au moins, j’étais soulagée de rentrer. Je ne comprenais même pas qu’Alejandro soit si calme, je n’avais pas l’habitude. Il avait pourtant encaissé toute la soirée. Une fois dans son appartement, devant sa remarque je lui souriais finalement, me retournant vers lui, passant mes bras au dessus de ses épaules le regardant dans les yeux. « Je suis contente d’être rentrée aussi … » J’avançais alors lentement dans son salon, ne sachant trop quoi dire. Je réfléchissais l’écoutant me proposer si gentiment à boire ou une douche. « Non, juste un petit verre de vin s’il-te-plait. » Puis finalement je l’observais de nouveau. « Ale … parle-moi … » J’avais envie qu’il me dise le fond de sa pensée, qu’il s’énerve s’il en avait envie. Après tout il en avait tous les droits après cette soirée.

Petite conversation d'usage dans l'ascenseur. Certes, toute la soirée ne s'était pas bien passée, le début avait même été plutôt rocailleux, mais la rencontre avec Arthur, par exemple, s'était bien passée. Harper semblait s'en vouloir de ne pas avoir aider à organiser la fête. Était-ce parce que ses amis leur ont organisé une petite embuscade?

-Ils se sont bien débrouillés sans toi.

Glissait-il avec un petit sourire, cherchant visiblement à détendre l'atmosphère. La conversation ne reprit vraiment qu'une fois dans son appartement. Alejandro arriva alors enfin à arracher un sourire à son amante et comme elle posait ses mains sur ses épaules, il vint lui donner un petit baiser et lui souriait à son tour. Puis, la jeune femme marchait dans son salon, vers la baie vitrée et acceptait son vin, alors le beau brun passait en cuisine ouvrir une bouteille. Non, il ne manque jamais de vin chez lui. Ce sera un vin blanc grec cette fois, de Santorin. C'est agréable le vin, cela permet de voyager. Tandis qu'il tendait la coupe à la belle brune, celle-ci, le regard toujours triste, on pourrait même presque y lire une colère sourde, dont il n'était pas le sujet au moins, lui demandait de "parler". Un appel à se départir de ce calme olympien dont le beau brun sait faire preuve quand il le faut. Il prit d'abord une bonne gorgée de vin.

-C'est certain que j'aurais aimé que la soirée se passe autrement. Ça m'a pris toute ma patience pour ne pas engueuler Franklin. Ne pas me serrer la main, pour moi, c'est un geste inacceptable, m'enfin, je suppose que c'était une sorte de tour, un test...

Alejandro va s'asseoir. S'asseoir a pour effet de calmer dis ton et repenser à cette scène avait le don de l'énerver.

-Pour autant, je ne vais pas en faire toute une histoire. Je ne me sens pas d'humeur à partir en guerre contre tes amis. Je préfère consacrer mon énergie à... être avec toi. Tu devrais peut-être faire pareil, te concentrer sur le positif.

Glissait-il comme un doux conseil. Si Harper n,est pas déjà près de lui, Ale' tapote sa cuisse pour qu'elle vienne s'asseoir, à côté ou sur lui, si elle veut bien.

Heureusement, pour Ale qui semblait essayer tant bien que mal de prendre les choses du bon coté, pour moi malheureusement, c’était autre chose. Le début d’une longue série d’abandons de la part de mes plus proches amis. Ma seule famille. Sans eux, je n’étais rien et pourtant ils m’avaient abandonnée. Zéphyr avait fait son coup sans penser que dans cette bataille, j’étais le dommage collatéral. Je le haïssais tellement pour ça. Alejandro, lui faisait tout pour me faire sentir mieux. Avec lui, j’avais l’impression d’être au chaud à la maison après être restée des heures durant sous une pluie glaciale. C’était un réconfort puissant, pourtant, j’avais envie de crier à cet instant. De pleurer, de tout casser. Mais je restais silencieuse, et surtout éduquée, les yeux dans le vague. Dépossédée. Vidée. Encore trop inhabituée à ressentir autant de sentiments à la fois. Mon traitement me manquait. Je cherchais à briser le silence, à essayer de le faire parler parce que moi je n’y arrivais pas. Il me servait du vin blanc. Il savait clairement y faire avec moi. Il ne manquait plus que ses bras. Mais encore trop incertaine de ses sentiments par rapport à cette soirée, je m’abstenais encore. Je baissais les yeux devant sa réponse. J’en avais mal au coeur et je baissais les yeux. Moi aussi j’aurais aimé que cela se passe autrement. Alejandro avait fait preuve d’énormément de retenue face à Zeph qui l’avait clairement poussé à bout avec nos histoires. Il venait d’ailleurs s’asseoir près de moi. Je prenais une gorgée de mon vin, continuant de l’écouter, silencieuse. Je le regardais à la fin de sa phrase. Il n’était pas en colère contre moi ? Je fronçais les sourcils d’étonnement. Il tapotait même ma cuisse, comme une invitation à le rejoindre. Je n’avais qu’une envie, fondre en larmes, mais je n’avais pas envie de me montrer aussi faible devant lui, encore moins qu’il sache que je pouvais autant tenir compte de l’avis de mes amis. Je me contentais d’approcher de lui, me blottissant contre lui le plus fort possible, jambes repliées sur moi-même. La tête enfouie dans le creux de son cou, je répondais finalement. « Ils t’accepteront. Ils comprendront. » J’essayais également par ces mots de me rassurer. A vrai dire, je n’en avais aucune idée. Je me redressais et prenais de nouveau mon verre en main, buvant une nouvelle gorgée. « Tu sais ce que j’aimerais là tout de suite ? Partir avec toi loin d’ici. » J’avais envie de fuir avec lui. Loin de toute cette agitation.

Même si Harper est une femme de marbre, Alejandro a toujours vu distinguer les quelques craques qui se tissent sur ce visage impassible. Dans l'océan de ses yeux, il sait y lire, aime le croire en tout cas, les tempêtes ou les dépressions qui s'y dessinent. Chialer à qui mieux mieux sur les amis de son amante ne servirait pas à grand chose. La première rencontre ne s'est pas bien passé, mais Alejandro était prêt à donner une chance au temps et aux prochaines fois. Après tout, la belle brune lui avait donné du fil à retordre, il n'était peut-être pas étonnant que ses amis fassent de même.

Au final, Harper venait se blottir contre lui, elle le serrait fort, en petit boule contre lui, tandis que le beau brun l'entourait d'un bras protecteur. La jeune femme formulait alors comme un souhait qu'un jour, ses amis l'accepteraient et comprendraient ce qui les lie.

-Je pense aussi.

Après tout, il vient du même monde qu'eux. Une nouvelle gorgée de vin et Harper fit pareille, avant de formuler un nouveau souhait. Un souhait sur lequel Alejandro avait un peu plus de pouvoir.

-Loin comme le lit dans ma chambre ou..?

Il n'en rate pas une l'Espagnol, qui eut d'ailleurs un léger rire. En fait, une idée le traversa. Il tourne la tête vers la belle brune, dont il caressait maintenant les cheveux.

-Qu'est-ce que tu dirais qu'on aille faire un tour de moto? On verra où la route nous mène.

Faudra qu'elle se change par contre. Faut se couvrir quand on fait de la moto, parce qu'en cas de chute, tomber en chute, ce n'est pas fun du tout.

Ses bras entourant mon corps me réchauffaient le coeur pour cette soirée. Je savais qu’une tempête se préparait clairement de mon côté face à mes amis, mais je laissais ma vengeance au lendemain. Chez moi, les nuits ne portaient pas spécialement conseil. Au contraire, elles envenimaient les choses. Je me posais tout un tas de questions sur le pourquoi du comment, les raisons qui avaient poussé Zéphyr à lui sortir ça et pourquoi les autres l’avaient soutenu lui. Je soupirais, essayant de chasser ces mauvaises pensées de mon esprit, au moins par politesse pour Alejandro. Je faisais néanmoins part de mon envie de m’évader loin de tout ce grabuge. Pour une semaine ou deux, même juste le temps d’un week-end. N’importe où. Le jeune Dunster ironisait, apaisant ainsi les quelques tensions qui régnaient encore depuis notre retour. Je riais finalement. Faire l’amour avec lui était toujours une bonne idée, dans n’importe quelles circonstances. Sa main dans mes cheveux me provoqua d’ailleurs quelques petits frissons. J’écoutais sa proposition avant d’y répondre avec un petit sourire timide. « J’aimerais beaucoup. En revanche, je n’ai rien pour me couvrir. » Je commençais d’ailleurs à me dire, vu le temps que je passe chez lui, qu’il fallait toujours que je retourne chez moi pour me changer. Je buvais une dernière petite gorgée de mon vin avant de reposer le verre sur la table basse et de m’approcher davantage de lui. Je le regardais intensément dans les yeux. « Merci. » Il savait de quoi je parlais. Merci de rendre mes journées et soirées aussi belles, même si elles sont cauchemardesques en démarrant. Je venais finalement l’embrasser tendrement sur ces mots.

La tenue actuelle d'Harper était un obstacle à ses plans, mais il en fallait plus pour décourager Alejandro l'aventurier. N'empêche qu'à la dernière aventure, c'est un détail qui a tout gâché...

-C'est vrai, on passera d'abord chez toi pour que tu te changes. Je crois savoir que tu n'habites pas loin? Aller, ça nous fera du bien, à tous les deux.

Plus il y pensait, plus il trouvait l'idée bonne. Pas seulement bonne en fait, nécessaire presque, comme une façon de se délivrer des tensions et de faire un beau "fuck you" à ce monde qu'ils endurent. Ils sont et resteront libres malgré tout. Chacun finit son verre et Harper plongeait son regard dans le sien, intense à souhait. Quand elle le regarde de cette façon... Peu de femmes le font fondre ainsi. Un beau baiser, tendre, amoureux et il glissait à son tour:

-Malgré tout, merci de m'avoir invité. J'ai passé la soirée avec une très belle femme au bras.

Son nez vient effleurer le sien, puis, il tapote la cuisse d'Harper. Ce que c'est drôle et agréable à faire.

-Aller, je vais me changer pour notre balade de moto.

Un dernier bisou et il filait à sa chambre se défaire vite fait de tous ses vêtements qu'il jette sur son lit, à l'exception de chaussettes et caleçon pour enfiler sa tenue de moto, jamais loin avec gilet de laine en prime, veston de cuir, le classique et un foulard. Harper était toute prête à partir aussi, visiblement pressée, pourrait-on croire. Dans l'ascenseur, il glissait, comme une blague:

-La prochaine fois, pour faire scandale, je crois qu'on aurait qu'à dire qu'on sort ensemble.

Les jaloux que cela feraient ahaha! Vite montés sur sa ducati après avoir enfilée leurs casques et oui, Alejandro a plus d'un casque et pour différente taille... Bah quoi? C'est toujours agréable de faire de la moto à deux, il démarre l'engin et ils quittent ainsi le Harbor Area pour le quartier d'Harper. Comme prévu, ils ne mirent pas trop de temps à arriver.

-J'attends ici?

Demandait-il après avoir arrêté la moto et posé le trépied. Cela ne le dérangeait pas, tant qu'elle ne le fait pas attendre dehors pendant des heures.

« Ca me va, j’habite à Back Bay, le long de Charles River. » Près de moi, je profitais de ses lèvres, fermant les yeux, touchant sa joue délicatement d’une main. Je souriais. « Je ne me serais pas vue sans toi ce soir. » Il avait prit cette petite habitude adorable de me tapoter la cuisse comme si nous étions un de ces vieux couples adorables et ça me faisait doucement rire.  Je l’attendis sagement dans le salon, mon verre en main avant qu’il ne soit prêt. Dans l’ascenseur, Alejandro me glissait une petite blague qui me fit rire nerveusement. Je n’avais pas pensé à celle là. Et je devais avouer que maintenant qu’il en parlait, je n’avais aucune idée de ce que nous étions. Il était évident que si nous avions fait des jaloux ce soir en se présentant comme amis, que serait-ce en tant que couple … Mais je ne répondit pas, je me contenta de rire, un peu gênée. Mais une fois arrivés devant sa Ducati, je fus toute excitée. J’enfilais mon casque à la hâte et montait à l’arriere de sa moto, trop pressée de vivre ce moment comme dans les chansons des Smiths. J’indiquais la route agrippée fort à Alejandro, et très vite, nous arrivions chez moi. Descendue, j’embrassais Ale « Si ça ne t’ennuie pas ? … C’est seulement que j’ai envie de te faire découvrir mon chez moi dans les meilleures dispositions, à un moment où on aura plus de temps … » Et puis surtout je n’avais pas prévenu Henry qui n’attendait pas de visiteurs à cette heure-ci. Je lui avais parlé d’Alejandro, mais il ne savait pas encore qui il était pour moi et je souhaitais le ménager. Henry était important à mes yeux et il était évident qu’il allait accepter le jeune homme. « Je ne serai pas longue. » Je montais les marches du perron en vitesse avant d’entrer et courrais en essayant de faire le moins de bruit possible pour ne pas le réveiller. Après avoir enlevé ma robe, j’enfilais un pantalon de cuir que je trouvais dans un de mes placards, ainsi qu’un blouson assorti et un t-shirt blanc à l’intérieur, légèrement décolleté. J’en profitais également pour changer de sac, mettant dans le nouveau ma trousse de toilette, des dessous de rechange ainsi qu’une robe pour demain et surtout … un appareil photo instantané. Je souriais à cette vieille découverte, je ne l’avais pas utilisé depuis des années, heureusement, j’avais toujours de la pellicule. Je ressortais au bout de cinq minutes, un petit sourire aux lèvres. « Et voilà ! »

Back Bay, c'est un peu plus haut, à l'écart de la ville. Elle devait vivre dans une sorte de manoir alors? Lui qui pensait qu'elle avait un petit appartement en ville pour faire plus personnel... Alejandro acquiesce donc et rassure encore la jeune femme sur la soirée, heureux d'y avoir été avec elle, toute belle et élégante dans sa robe. Ils forment un beau duo quand même non? Ils ont fait tourner des têtes ce soir, c'est clair, une idée qui ne déplait jamais à Alejandro. La belle brune avouait de son côté ne pas pouvoir s'imaginer sans lui à ses côtés... à cette soirée du moins. Sourire satisfait sur les lèvres, un dernier baiser et il va se changer, faisant attendre brièvement la belle brune, avant de revenir prêt à faire de la moto. Ne manquait plus qu'à passer chez elle et ils seraient bons pour une belle balade au clair de lune.

Pas de folie en chemin, surtout pas avec la belle aux jambes découvert accrochée derrière. Ils arrivent assez vite chez elle. Enfin, c'est pratiquement un château ou plutôt un manoir typique américain, urbain. C'était impressionnant quand même. Le beau brun venait à peine d'enlever son casque qu'Harper l'embrassait, un baiser qu'il lui rendit.

-T'inquiètes, je t'attends sagement ici.

Avant qu'elle ne franchisse le pas de sa porte, il lâche, assez fort pour qu'elle entende:

-Hey! Est-ce que je t'ai dit que je trouvais très belle dans ta robe?

Que voulez-vous, non seulement il est amoureux, mais il la trouve belle, sexy comme tout. Alejandro avait d'ailleurs hâte de la revoir. Il profite de ce petit moment de solitude pour regarder ses messages. Une amie l'avait texté pour savoir comment avait été la fête. L'Espagnol répondit vaguement qu'il avait fait des rencontres étonnantes. Une ou deux minutes plus tard, Harper était retour, prête et sexy comme tout en motocycliste.

-Wow, t'es sexy comme tout. Aller grimpes ma jolie, la route nous attend.

La deuxième phrase était dite avec un accent américain exagérée et une voix rauque. Le tracas de la soirée était déjà derrière eux. À nouveau, le moteur de la ducati vrombit et Alejandro put s'élancer. La route les conduisit rapidement hors de Boston pour rejoindre l'autoroute qui longe la côte. Un chemin qu'il connait bien pour l'avoir fait quelques fois avec celle qui était jusqu'à il n'y a pas si longtemps sa partenaire de moto typique: Bambi, qui en fait elle aussi. Depuis qu'elle est enceinte et tout, c'est plutôt mort.

Pendant la balade, Alejandro était concentré sur sa conduite, prenait les virages pas trop serré, mais accélérait dans les lignes droites, histoire de se donner quelques sensations de vitesse. Après près d'une heure à rouler ainsi, il aperçut une halte routière avec quelques tables et une jolie vue sur la mer. Il la désigne à sa comparse d'aventure et y vira pour s'y arrêter. Une fois la moto arrêté, il enlevait son casque. Cela faisait du bien de pouvoir respirer. Il n'y avait pas un chat, c'était le beau milieu de la nuit, mais l'idée de regarder l'heure ne lui vint même pas à l'esprit.

-Contente de la balade?

C'était quand même une bonne idée qu'il a eu.

Je m’estimais tellement chanceuse de l’avoir. A peine descendue auprès de lui j’avais droit à de nouveaux compliments. Mon visage s’illuminait et je riais à son accent digne d’un véritable habitant du Mississippi. « Oh mais tu sais que tu aurais pu faire un bon américain, toi ! » riais-je tout en reprenant le casque qui m’était dédié. J’enjambais la ducati d’Alejandro et m’y installais, me serrant le plus fort possible au Dunster. Alors que nous accélérons, je sens mon coeur rester en arrière. Je pousse un petit cri presque inaudible par la force du vent et je ferme les yeux pour encore mieux ressentir les sensations. J’aime ce que je ressens à cet instant. Plus rien n’a d’importance, il n’y a qu’Alejandro, moi et la route. J’ose même quelques secondes détacher mes bras de son corps, fermant toujours les yeux, les amenant doucement en l’air. Mais très vite, je me rattache à Alejandro, par peur sans doute. Nous roulions une bonne heure ainsi, profitant ainsi de la nuit. C’était tout nouveau pour moi de faire ce genre d’escapades. Nous nous arrêtions finalement à une aire d’autoroute qui donnait sur la mer. Je descendis alors de la moto, enlevant à mon tour mon casque. Je suivais Alejandro de très près, j’avais vu de nombreux films d’horreurs qui commençaient ainsi. Nous nous installions à une table. « C’est … apaisant. » dis-je d’un air presque planant. Oui je planais à mille pourcent. La vitesse et l’amour faisaient un excellent cocktail. Je ne pensais même plus au début de la soirée. J’étais loin. Je sorti de mon sac l’appareil photo, et le régla méticuleusement avant de prendre Alejandro sans prévenir avec le flash. Je lui souris avant de récupérer le polaroïd qui en sort. « Eh … Les plus belles photos sont prises sur le fait ! » sortais-je en guise de défense en cas de réprimande. J’attends quelques secondes avant d’observer le résultat. « Tu vois ? Même quand tu grimaces, tu es beau ! » riais-je encore. Je regardais alors autour de moi. Desert. Personne. La mer tout près, et la route. J’avais l’impression de vivre dans un rêve tant c’était bien loin de ma réalité faite de salons, de galas et autres intérieurs opulents. Lui également, mais il avait l’air d’avoir toujours eu ce choix de liberté tandis que je me sentais enfermée dans une cage. Je ne m’habituais pas à la liberté. Je n’avais pas conscience que si j’en avais juste l’envie, je pouvais tout de suite courir jusque la mer, me déshabiller pour aller me baigner, ou simplement courir. La, juste courir. Alors je me leva, un petit sourire en coin qui annonçait une petite farce. « T’es pas cap de m’attraper ! » et je filais en vitesse ! Loin dans le désert de la nuit. Je courais le plus vite possible et rigolais en même temps, me retournant de temps en temps pour voir s’il arrivait à moi. Je respirais l’air pur. Le bonheur.