« Oui, je suis satisfait. Merci chérie. » que je dis dans un grand sourire à ton changement de playlist. Bah quoi, c’est bien mieux pour se détendre ça. « Et non, j’arrête jamais de me plaindre, pourquoi tu crois que personne ne m’aime? » C’est faux, j’suis un gars super apprécié parce que je suis pas chiant. « Toi arrête de te plaindre. Qui aime bien châtie bien. » Bah ouais, j’prenais juste un malin plaisir à te faire tourner en bourrique. Et tu m’insultes à ma blague, ce qui me fait encore plus rire. Mais j’me retourne, à genoux sur le canapé, attrapant tes poignets au vol. Waouh, le monde vacille un peu autour de moi. Je secoue vaguement la tête, reposant les yeux sur toi, poignets emprisonnés dans mes mains, levés en l’air. « Arrête, je participe aux enchères dans deux jours, j’veux pas avoir de bleus partout, on va croire que je suis un homme battu. Tu sais pas masser, c’est déplorable, j’vais t’apprendre parce que là rien ne va plus. » Je me lève et t’entraine à ma suite, toujours agrippé à ton poignet. Je prends la bouteille au passage — t’as quand même pas cru que j’allais l’oublier celle-là? — et nous fais monter dans ta chambre. J’avale une nouvelle gorgée — ouais, je vide la bouteille plus vite que mon enchainement de conquêtes — et te montre le lit. « Vas-y retire le haut et installe-toi sur le ventre. » Et devant ton regard, j’ajoute : « Ça vaaaaa, j’vais pas regarder promis! » Je roule des yeux en esquissant un petit sourire amusé. « J’suis un pro du massage, j’te jure c’est pas des conneries ! » Fais-moi confiance. Tiens — je te tends la bouteille — bois une gorgée, ça te détendra.

‘Blablabla’ que je mime d’un signe de la main nonchalant — haters gonna hate. Mais c’est moi qui vais finir par te hate si tu continues à martyriser mon pauvre corps comme ça. Du coup je t’arrête, t’attrapes par le poignet et te tires jusque ta chambre. D’ailleurs, j’sais pas comment ça se fait que je connaisse aussi bien le chemin. Bizarre. Mais j’suis un peu trop pompette pour me poser de réelles questions, là. Bon allez désappe-toi, j’vais pas te masser habillée, ça fait encore plus mal. Fais pas ta prude, j’vais pas te mater, no streeeess! Tu envoies valser ton haut avec peut-être un peu trop d’entrain et ça m’arrache un petit sourire. Ben oui, j’compte bien te prouver que j’ai un certificat de masseur professionnel. C’est pas une connerie, en plus. « Ben déjà allonge-toi sur le ventre, j’vais pas te masser debout ducon. » que je dis en te poussant par les épaules jusqu’à ce que tu heurtes le bord du lit et que t’y tombes. Et là, tes mots, j’rigolais. J’pouvais pas m’empêcher, on se croirait dans un mauvais porno un peu trop surjoué. Alors j’me contente de rouler des yeux, me marrant encore. « T’es pas croyable toi. » Je te laisse t’allonger sur le ventre et je retire mes chaussures pour grimper sur le lit. « Putain ça tangue. » que je grimace, avant de prendre place sur tes fesses à califourchon, un genou de chaque côté de ton corps. Heureusement que y’avait aucune ambiguïté entre nous parce que sinon ça serait bizarre. Je frotte mes mains entre elles pour les réchauffer. « J’suppose que t’as pas d’huile, de gel, rien? Et me sors pas ton lubrifiant, ça marche pas. » que j'ajoute dans un petit sourire mesquin. Pas d’alcool, pas de matériel… comment j’pouvais bien travailler moi?

Je te fais tomber sur le matelas parce que j’vais pas te masser debout hein, faut se mettre dans l’ambiance en mode spa professionnel. « Euh, je te ferai remarquer qu’il reste encore la moitié de la bouteille! » Je la regarde, jauge à l’oeil, hausse les épaules et bois une autre gorgée. « Un peu moins, maintenant. Tiens, bois, ça te détendra! » Je te tends la bouteille pour que tu me laisses les mains libres, mains que je frotte entre elles pour les réchauffer. A moins que tu veuilles mes mains froides sur ta peau, mais j’crois pas. Tu suintes l’ironie et je roule des yeux de façon presque insolente. « Je sais me débrouiller sans rien, c’est juste que c’est moins agréable. Mais j’m’en fous, tant pis pour toi c’est tout! » Hop, je note, idée de cadeau pour ton anniversaire qui est… je sais plus quand. Tant pis, j’demanderai à Ziggy, je suis nul avec les dates. J’appuis d’une main sur le haut de ton dos pour que t’arrêtes de gigoter. « Arrête de bouger tu m’empêches de travailler ! » Et une fois que t’es un tant soit peu docile, je glisse mes mains sur tes épaules, travaillant d’abord tes muscles de mes pouces. Un avantage de faire beaucoup de muscu, t’es obligé de savoir faire ça pour détendre tes propres muscles. Et ça a d’autres avantages aussi… comme clamer aux nanas que je suis un masseur pro. Je descends peu à peu mes mains le long de ta colonne, travaillant chacune de tes vertèbres. Et ça dure quelques minutes qui paraissent une éternité. L’alcool qui embaume mon esprit me donne à croire que c’est le travail le plus important de ma vie, alors je me concentre à fond sur ma tâche. « Eh t’endors pas hein. » que je souffle alors que j’arrive doucement dans la cambrure de ton dos grâce à un jeu de doigts habile.

Mes mains glissent le long de ta colonne, ta respiration se fait plus lente, il y a comme un silence solennel qui plane dans la pièce. Et je descends, toujours plus bas, mes doigts jouant sur ta peau pour détendre tes muscles, et ça a beau être toi face à moi, c’est Cléo que j’imagine. C’est à elle que je pense, même quand je fais tout pour avoir l’esprit ailleurs. Et ça me tue. Alors je déglutis, finis ton bas du dos et me relève. « C’est bon. » Le ton de la voix grave, un goût amer en bouche. Je m’assois sur le bord du lit en tailleur, position qui m’est confortable. Les yeux brillants, la mâchoire serrée, j’attrape à nouveau la bouteille en espérant y noyer mes peines qui refont surface toutes en même temps, comme un coup de poignard dans le cœur. « Désolé. » que je souffle, tête baissée, yeux rivés vers le sol sans vraiment le regarder. « J’ai pensé à elle, j’suis désolé. » Désolé de casser l’ambiance. Désolé d’être comme ça. Parce que même moi je ne me reconnais pas. J’suis pas quelqu’un qui se laisse abattre facilement. Et pourtant, faut me voir là, faut voir l’état dans lequel je suis. Et pour quoi ? Pour une fille. Putain, dire que j’pensais que c’était compliqué avec Lucky, au final c’était du gâteau. Je soupire lourdement, bois encore un peu. Ca passera peut-être avec un coma éthylique non ?

Tu râles quand mes mains quittent ta peau et j’y prête pas vraiment attention. J’vais juste me réfugier en tailleur au bout du lit, la bouche accrochée à la bouteille. Ça passe tout seul à présent, j’ressens même pas la brûlure ni le dégoût de l’alcool pur. Mais j’m’excuse, parce que j’aurais voulu pouvoir être bien, ne pas être le party-pooper de la soirée. Mais j’contrôle pas. J’te jure Holly, je contrôle pas, si je pouvais j’aurais évité cette situation gênante où j’ai les yeux brillants de douleur et où tu essayes de me rassurer comme tu peux. Je t’écoute attentivement parler, même si tu ne me convaincs pas. Mais c’est pas grave, t’es pas là pour ça. Et je glisse ma main sur la tienne, léger sourire bordant mes lèvres. « Merci bébé. » Surnom affectif hein, pas à prendre au pied de la lettre. Et j’t’avouerai pas que là, j’te vois presque en double en fait. Ouais, j’ai sûrement un peu abusé sur la bouteille ce soir. Mes yeux glissent rapidement sur le haut de ton corps presque nu et je ris légèrement, chassant les mauvais esprits pour ce soir. C’pas grave, ils auront qu’à revenir demain, parce que j’sais qu’ils sont pas prêts de partir. « T’as apprécié le massage au moins? Tu me crois que je suis un pro maintenant? » que je demande dans un sourire non peu fier. « J’espère que t’as bien appris parce que c’est mon tour maintenant, j’veux un massage mieux que les coups que tu m’as donné tout à l’heure. » Je feins une mine un peu blessé, comme si j’avais vraiment eu mal alors que clairement, t’as une force de mouche donc j’avais à peine senti tes doigts.