C’est ton tour d’avoir dit tout ce que tu avais sur le coeur, d’avoir libéré la petite crotte, comme tu le dis si bien. Sauf que désormais, ça n’allait pas mieux. Ce n’est pas pour rien que tu t’es levé, c’est parce que tu commençais à avoir chaud, que tu avais de la difficulté à respiré. Tu avais besoin d’air et Serah, elle vient se poster devant toi, alors que tu ne vas pas bien. T’as les yeux rougis, le souffle court. La crise approche, tu la sens. « J’tai jamais menti Serah. C’est pas mon problème si t’as les deux yeux bouchés et que tu vois rien. » Tu passes une main devant ton visage pour essayer de reprendre contenance, mais rien ne fonctionne et la blonde est encore plus près de toi, son visage à quelques centimètres du tien. « J’veux t’détester parce que j’veux pas t’aimer, c’est facile à comprendre? J’vais tomber de haut si jamais ça arrive. » Mine de rien, elle était en train de te faire penser à autre chose que ta crise de panique et ça te faisait du bien. Ta respiration reprit un rythme normal et tu te rapprochas d’elle, toi aussi à un point où vos lèvres se frôlent sans se toucher. « Sauf que là, même si j’veux te détester. J’veux t’embrasser! » Tu la regardas droit dans les yeux, ne clignant même pas des cils et finis par l’embrasser, passant tes mains sous ses cuisses pour que sa tête sois un peu plus vis-à-vis la tienne. Ta langue força le barrage qui la séparait de sa jumelle et tu profitas du léger moment qui n’était pas assez long à ton goût, puisque tu l’arrêtas rapidement. Beaucoup trop rapidement. La déposant de nouveau sur le sol, tu secouas la tête. « Je ne serai pas capable de rester loin de toi, si tu fais rien pour que j’te déteste. » Tu passas une main dans ses cheveux lentement, la regardant dans les yeux et reculas d’un pas.

« J’t’ai jamais menti Serah. C’est pas mon problème si t’as les deux yeux bouchés et que tu vois rien. » J’suis pas aveugle Silas. J’veux juste pas voir, c’est différent. Parce que si je l’ignore, ça n’a aucunement besoin d’être vrai… Malgré tout, je te provoque un peu plus, parce que c’est plus fort que moi, parce que j’veux savoir ce que tu penses vraiment. Enfin, je veux et ne veux pas. « J’veux t’détester parce que j’veux pas t’aimer, c’est facile à comprendre? J’vais tomber de haut si jamais ça arrive. » Eh merde… J’ai souvent dit qu’on était pareil tous les deux et je ne mentais pas. La différence majeure entre nous cependant, c’est que toi, tu n’as pas peur d’exprimer ce que tu ressens contrairement à moi. M’aimer…. C’est un putain de grand mot ça, comment tu peux juste lâcher ça comme une bombe là? J’ai envie de me prendre la tête à deux mains, de tirer sur mes cheveux jusqu’à ce qu’ils arrachent. J’peux pas vivre ça, c’est pas possible pour moi. J’peux pas supporter la pression, pire, j’peux pas faire face à tes sentiments. Parce que ça voudrait aussi dire faire face aux miens et merde, j’sais pas comment gérer tout ça. Hell, je n’sais même pas comment les reconnaître et les différencier. Vous savez ces jeux pour enfant où on découvre les émotions? J’en aurais bien besoin je crois. Parce que, sentimentalement parlant, j’dois pas avoir bien, bien plus que 4 ans. Tu fais un pas de plus vers moi, nos lèvres se frôlent et mon cœur s’énerve dans ma poitrine. « Sauf que là, même si j’veux te détester. J’veux t’embrasser! » Pourquoi t’es aussi franc merde?! Tu me donnes des putains de palpitations à chaque fois, j’en peux plus moi. Tes lèvres viennent s’écraser sur les miennes et je pousse un petit gémissement de soulagement en répondant au baiser, te laissant me porter pour que nos visages soient à la même hauteur. J’veux pas l’admettre, mais bon sang bébé… l’effet que tu me fais. Nos langues se retrouvent, envoyant une décharge électrique dans tout mon corps, se terminant brusquement dans mon bas ventre qui s’enflamme. Sauf que tu mets fin au baiser aussi rapidement que tu l’as initié, me déposant au sol et me laissant planté sur mes jambes chancelantes. « Je ne serai pas capable de rester loin de toi, si tu fais rien pour que j’te déteste. » Ta main passe dans mes cheveux et je soutiens ton regard en penchant inconsciemment la tête vers ta main, cherchant à avoir un peu plus de ta chaleur. J’avale de travers et ose finalement « Ne me déteste pas alors… » Tu recules et j’avance. J’veux pas que tu mettes de la distance entre nous. Je ne le voulais pas la dernière fois et ne le veux certainement pas cette fois. J’devrais pas te montrer cette facette de moi, je n’devrais pas non plus t’encourager. Au contraire. Je devrais te donner toutes les raisons du monde de me détester. Ne serait-ce pas plus simple? De tout foutre en l’air et d’oublier ce qu’on ressent l’un pour l’autre? Il me semble que oui… Pourtant, j’attrape ton t-shirt entre mes doigts pour t’empêcher de reculer à nouveau et murmures « On aura qu’à tomber ensemble. »

« Ne me déteste pas alors » Ces mots résonnes dans ta tête comme jamais. On pourrait dire que tu ne sais même plus comment agir, ni comment penser. Un peut plus, et ton corps tremble au point que tu t’écrases sur le sol. Comment veut-elle que tu ne la détestes pas, si elle ne fait pas pour? À la première occasion, elle va aller baiser avec le premier énergumène qui va se retrouver sur son chemin et toi, tu vas être là, les bras ballants en sachant que tu ne peux rien y faire pour lui empêcher. « Alors, apprends moi! Parce qu’à date, la seule fois où j’te déteste pas, c’est au lit! » Et oui, c’est beau le sexe, c’est bon et c’est pas facile de s’en passer, mais là, on dirait que tu ne veux pas que ça, venant de Serah. Tu voudrais apprendre à la connaître, à savoir ce qu’elle aime et surtout ce qu’elle n’aime pas. Parce que bon, là, pour tout de suite, tu sais que tu t’entends bien avec elle côté sexuel, mais les autres côtés, tu ne sais pratiquement rien d’elle. Et ça, ça te trouble, ça t’énerve et oui, ça te fait reculer. Ne plus vouloir être proche d’elle pour que tout ce que tu peux ressentir s’évapore, ne devienne que poussière. Malgré tout, Serah n’a pas totalement l’air de ton avis, puisqu’à chaque pas que tu fais pour reculer, elle avance, jusqu’à te tenir par ton T-shirt pour te garder près d’elle. « Tomber ensembles? » Comment pouvait-elle dire ça. « C’est pas mon intention de te refroidir, mais j’te vois mal tomber pour qui que ce soit. » Elle te l’a dit à plusieurs reprises ou du moins, tu l’as entendu le dire qu’elle n’a jamais aimé personne, alors tu te demandes bien comment elle pourrait tomber si des sentiments ne se construisent pas. Sauf que là, tout de suite, tu te fichais bien de tout. Venant de savoir qu’elle a de l’intérêt pour toi, même minime soit-il, ça te rendait heureux. « Ah puis, merde. Je m’en fous! » S’il faut que tu tombes de haut et que tu te fracasses sur le sol, tu le feras. Mais pour l’instant, tu allais vivre au jour le jour et voir ce que l’avenir pourrait te réserver. Après tout, Serah sait que tu es attiré par elle, elle sait que tu commences à t’attacher, mais ça va peut-être rester comme ça. Tu ne le sais pas si vous seriez capable de vous entendre afin de bâtir quelque chose entre vous deux. Peut-être que ça fonctionnerait comme pas du tout. Mais une chose est certaine, dans toute cette histoire. Ça va grave te faire chier à chaque fois qu’elle ira voir ailleurs. À chaque fois qu’un mec mettra ses mains sur son corps ou encore pire… sa graine en elle. Mais pour l’instant, tu ne voulais pas y penser. Ça ne servait à rien. Que tu le veuilles ou non, ça allait arriver. Le désir que tu avais vainement essayé de contrôler fut plus fort que tout et tu l’attiras tout contre toi. Tes mains de chaque côté de son visage, ton regard faisant des aller-retour de ses yeux à sa bouche à plusieurs reprises avant de te pencher tout doucement et de lui capturer les lèvres.

Je te supplie presque de ne pas me détester. Parce que je sais que tout ce que je fais t’y encourage, mais c’est comme ça avec moi… Ça l’a toujours été et le sera probablement toujours aussi. On ne m’a jamais appris à aimer, comment pourrais-je être différente? « Alors, apprends-moi! Parce qu’à date, la seule fois où j’te déteste pas, c’est au lit! » Je sais… Et malheureusement, je n’sais même pas quoi te dire à ce sujet. Ils sont rares les gens qui m’apprécient pour qui je suis et non pour ce que je leur apporte au lit. Ça m’a toujours convenu tel quel, mais plus maintenant. Pas avec toi. J’sais pas le dire, ni l’exprimer ou même l’admettre tout simplement. Je le sais, mais j’essaie de l’ignorer –le combat à l’intérieur de moi plus fort que jamais. Je propose donc que, si tu tombes, nous tombions ensemble. Parce que je sais que je risque de tomber moi aussi, j’suis même certaine de me planter plusieurs fois avant d’arriver à me tenir fermement sur mes pieds avec toi Silas. « Tomber ensembles? C’est pas mon intention de te refroidir, mais j’te vois mal tomber pour qui que ce soit. » J’encaisse le choc comme une putain de claque sur le visage. Moi qui croyais que j’étais celle qui risquait de te blesser, au fond, t’es pas mal dans le domaine toi aussi. J’ai un mouvement de recul, mais reste tout de même suffisamment près de toi, mes doigts toujours bien accrochés sur ton t-shirt. J’voudrais te dire tout ce qui se passe à l’intérieur de moi, vraiment. Mais j’y arrive juste pas. J’hoche donc la tête et baisse les yeux, incapable de faire autrement. Ma coquille se referme lentement, une fois de plus. Elle n’aurait jamais dû s’ouvrir de toute manière. « Ah puis, merde. Je m’en fous! » Je relève rapidement les yeux sur toi et fronce les sourcils en ouvrant la bouche. Quoi? Tes mains viennent encadrer mon visage et tu me fixes un long moment avant de venir me voler un baiser. Il n’est pas soudain ni pressé ce baiser. Il n’est pas fougueux ou gourmand. Il est seulement doux, pressant, presque attentionné. Je soupire, mes épaules se détendant un peu et mes doigts relâchant leur prise, ma main se posant simplement à plat sur ton torse –au niveau de ton cœur. Si nous étions dans un film Silas, c’est à ce moment que je réaliserais mes sentiments pour toi. C’est à ce moment que mon cœur grandirait de trois tailles. C’est à ce moment que notre relation prendrait son tournant le plus drastique vers cette fin heureuse qui nous attend. Sauf qu’on n’est pas dans un film, pas vrai? Non. C’est la réalité ici et rien n’est comme dans les films. Les mauvaises filles ne deviennent pas bonnes. Les cœurs ne grandissent pas au point d’exploser. Et si je ne dis rien, notre relation n’ira probablement jamais plus loin. Alors quand tes lèvres quittent les miennes, je ne peux dire qu’une seule chose et probablement la plus sincère que j’ai jamais dite auparavant. « Je n’sais pas comment faire… »

Ce baiser n’était pas enflammé, ni gourmand. Il était simplement attentionné, tu dirais. Elle doit même sentir ton coeur s’affoler lors de cet échange, sachant qu’elle a une main positionnée sur ton torse, vis-à-vis l’organe qui te laisse en vie. Tes mains, quittent finalement ses joues pour se faufiler dans son dos pour la garder près de toi. Tu ne te rappelles même plus la dernière fois où tu as été aussi doux envers quelqu’un et il faut dire que ça te redonne de mauvais souvenir par la suite. Cependant, tu fais tout pour chasser cette pensée de ta tête. Ça ne servait absolument à rien de ressasser le passer, tu devais aller de l’avant, mais tu as beaucoup de difficulté à le faire. Ce baiser, rempli de tendresse qui ne te ressemble pas, dure encore plusieurs longues minutes, alors que tu es agréablement surpris qu’elle réponde aussi véridiquement. Puis, ce baiser prend fin alors que la jolie blonde prendre la parole. Ce qu’elle te dit semblait tellement sincère, que cela te surpris. Elle ne semblait pas jouer un jeu ou te jouer un mauvais tour pour te faire du mal, au final. Secouant la tête, en soupirant, tu deviens rapidement désemparé. « J’peux pas t’dire comment faire, non plus. Ça doit venir de toi. » Tu replaças une mèche derrière son oreille et repris ce que tu as à lui dire. « Ne te mets pas de pression, laisse toi aller et profite. Si ça vient, tant mieux, je serai le plus heureux des hommes, sinon… t’auras au moins essayé, non? » De toute façon, au risque de te répéter, vous vous entendez bien sexuellement parlant, mais rien en prouve que vous alliez vous entendre en apprenant à vous connaître réellement. Et par moment, tu dois avouer que tu doutes un peu. Il faut dire que t’es pas certain de pouvoir t’entendre avec quelqu’un qui te ressemble autant. Tu sais comment elle est et de plus, elle ne s’est jamais réellement attaché à quiconque dans sa vie. « On continue comme on est habitué et on voit ce que ça donne. » Non, ça ne te plaisait pas, mais alors là pas du tout. Tu sais qu’elle va aller voir d’autres mecs. Tu sais qu’elle aura beaucoup de mal à se retenir, puisque ça fait partie de son quotidien, de ton quotidien également. Néanmoins, tu te dis que si jamais au final vous êtes faits pour être ensemble, elle te reviendra. Sinon, celle qu’il te faut est ailleurs.

Tes mains passent de mes joues à ma taille, mon corps tout près du tiens, suffisamment pour que ta chaleur se propage dans le miens. Je n’ai pas envie que ce baiser ce termine. Il est si différent des autres, je ne comprends pas très bien, mais je sens que je pourrais y prendre goût tu vois? Malgré tout, tu finis par te reculer et c’est là que je prends ma chance pour m’exprimer. La seule chose que je sois capable de dire, d’admettre. Et si tu es un tant soit peu perspicace Silas, tu comprendras tout ce que cette remarque implique. Je ne sais pas comment faire. Et donc j’ai peur d’essayer. Peur de me planter. Peur de ne jamais savoir comment. Peur d’être blessé. Peur de blesser les autres. En fait, je n’suis rien d’autre qu’une putain de trouillarde. Parce que c’est l’inconnu pour moi et ce n’est clairement pas à 20 ans que j’aurais voulu l’apprendre tu sais. J’aurais aimé avoir une vie normal, vivre mon premier coup de foudre avec une vedette de cinéma à 8 ans, mon premier crush sur un garçon à 12 ans et ainsi de suite. Sauf que moi, tout ce à quoi j’ai eu droit, c’est de perdre ma virginité à 14 ans avec un mec largement plus âgé et ne plus jamais arrêté de m’envoyer en l’air depuis. Rien de romantique, rien de tout rose et tout mignon. La vérité aussi dégueulasse qu’elle puisse être. « J’peux pas t’dire comment faire, non plus. Ça doit venir de toi. » Tu replaces une mèche derrière mon oreille et je tressaille. Je n’ai définitivement pas l’habitude de geste aussi… intime. C’est con. Comment se fait-il que je trouve ça intime alors que je me mettrais probablement nu devant toute l’école sans éprouver la moindre gêne? « Ne te mets pas de pression, laisse toi aller et profite. Si ça vient, tant mieux, je serai le plus heureux des hommes, sinon… t’auras au moins essayé, non? » Alors c’est vrai? C’est bien vrai? Ton corps qui s’agite sous ma main, c’est bien pour moi qu’il s’agite comme ça? J’veux dire, y’en a des gars qui sont sois disant tombé amoureux de moi auparavant. Mais aucun d’entre eux n’a même eu la chance de me revoir après l’avoir admis. Je fais pas dans les sentiments, ça ne date pas d’hier. Pourtant, je ne me vois pas fuir présentement et c’est probablement ce qui me fait le plus peur. « Tu ne m’attendras pas éternellement.. » et ça aussi, c’est un problème. Dieu sait combien de temps je mettrai à comprendre, à démêler, à ordonner et à admettre mes sentiments. « On continue comme on est habitué et on voit ce que ça donne. » Je pince les lèvres et frissonne soudainement à l’idée de te savoir dans les bras d’une autre personne –homme ou femme. C’est égoïste et hypocrite de ma part parce que je sais que lorsque l’on se reverra, tes lèvres ne seront pas les dernières que j’aurai embrassées. Tes mains ne seront pas les seules à m’avoir touchés et.. bref. Je baisse donc la tête et soupire. « Qui est-ce que t’essaie de convaincre Silas..? »

Si tu allais l’attendre éternellement? Non, ça, c’est certain que non et elle le sait. Disons que tu n’as pas une très grande patience de ce côté-là, aussi. Il faut dire que tu risques de baisser les bras si tu finis par avoir trop mal. Et même si tu aimerais dire le contraire, cela risque très fortement d’arriver. Si déjà, la savoir avec d’autres mecs te rend dépressif, tu ne veux même pas imaginer ce que ça serait, si tu t’attachais encore plus à cette fille. C’est tellement dangereux, en y repensant bien. « T’as raison… Pour l’instant ça va, mais combien de temps ça va continuer. » Et déjà que tu n’es pas chaud à l’idée. T’essayes seulement de ne pas te montrer possessif comme tu as l’habitude de l’être. Et pas seulement avec les filles, on va se le dire, mais avec tout. Autant tes biens matériels que les filles qui te plaisent plus qu’une simple baise. Bien que cela arrive plutôt rarement. Il fallait simplement vous donner du temps et voir où tout ça allait vous mener, même si en réalité, tu étais en train de voir qu’il allait s’agir d’une impasse. Tu n'es pas voyant, mais sachant vos habitudes de vie c’est facile de voir l’avenir. Pourtant, lorsque tu lui dis de laisser faire les choses, tu remarquas quelques choses dans son regard, que tu n’es pas en mesure de déchiffrer. Qu’est-ce qui se passe? Qu’est-ce qu’elle pense? « Sincèrement? J’essaye de me convaincre moi. » Tu te reculas et t’assied sur le lit, ne voulant plus la regarder. T’es toujours en train de changer d’avis la concernant, mais bordel, ça ne te tente pas d’entrer dans ce cercle vicieux. Tu le sais qu’elle ne s’intéressera jamais à toi comme toi, tu pourrais risquer de t’intéresser à elle. Et ça te fait chier. Relevant les yeux vers elle après plusieurs secondes et un long soupire te traversa la gorge. « J’suis en train de me dire que ça sert à rien d’espéré et que j’risque, qu’on risque de se faire mal plus que nécessaire. Ça serait pas mieux, selon toi qu'on laisse tomber ? Qu'on fasse comme si rien n'a été dit, que je n'ai rien dit ? » Haussant les épaules, ton regard trouva soudainement le plancher très intéressant. C’était tellement plus facile avant. Pourquoi a-t-il fallu qu’on la mettre sur ta route, cette fille? Ça serait le temps pour toi de t’en aller et de la laisser là, mais vous êtes enfermé à clé.

« T’as raison… Pour l’instant ça va, mais combien de temps ça va continuer. » Justement. C’est bien le problème entre nous Silas. On est pareil. Trop pareil. Je sais comment moi j’ai envie d’agir; j’ai envie de fuir. Parce que c’est la solution facile. Alors pourquoi ne ferais-tu pas simplement la même chose? Après tout, pourrais-je vraiment t’en vouloir d’agir ainsi? Je n’en serais pas ravis, loin de là, mais je ne pourrais en toute honnêteté par t’en tenir rigueur. Un long soupir s’échappe de mes lèvres et je te demande donc qui tu essaies de convaincre. « Sincèrement? J’essaye de me convaincre moi. » C’est bien ce que je pensais. Parce que moi, tu ne me convaincs que d’une chose présentement : que je ferais mieux de rester sur mes gardes pour ne pas être blessé. Tu te recules, brisant une fois de plus le contact entre nos corps en t’asseyant sur le lit. Je détourne le regard et fais quelques pas, mais pour aller où? On est coincé ici pour encore Dieu seul sait combien de temps. Jusqu’à ce que la bonne grâce de Mila ne tombe sur nous j’imagine. Je passe les mains dans mes cheveux et reviens vers toi, me plantant face à toi juste au moment où tu relèves la tête. « J’suis en train de me dire que ça sert à rien d’espéré et que j’risque, qu’on risque de se faire mal plus que nécessaire. Ça serait pas mieux, selon toi qu'on laisse tomber ? Qu'on fasse comme si rien n'a été dit, que je n'ai rien dit ? » Je fronce les sourcils et secoue lentement la tête. « T’es une putain de girouette Silas Rothschild, tu l’sais ça? » Je serre la mâchoire, tentant de ne pas m’emporter, mais avec toutes ces émotions qui se mélangent et s’emmêlent, j’ai du mal à me contrôler. Finalement, c’est plus fort que moi, je t’attrape par le col de ton t-shirt « J’en ai marre de t’entendre dire une seconde que tu t’attaches à moi et la suivante te rétracter comme un vers de terre. C’est le cas ou non? Tu veux arrêter ou non? C’est pas à moi de choisir pour toi, comme c’est pas à toi de choisir pour moi. » Je te lâche et me détourne, fermant les yeux en inspirant un grand coup. J’ai pas été faite pour ce genre de situation, mais si y’a bien une chose que j’ai apprise en grandissant, c’est de m’adapter en tout temps. C’est ma capacité d’adaptation rapide qui m’a permis d’être là où je suis et en un seul morceau et c’est certainement pas cette situation de merde qui va me faire changer cette part de moi. Une des rares qui vaillent la peine que j’y sois fidèle d’ailleurs. « Si mon opinion compte pour quelque chose, alors non, j’veux pas qu’on fasse comme si t’avais rien dit. » dis-je finalement sans me retourner, déjà bien surprise d’avoir même réussi à dire ça à voix haute.

Toujours assis sur le lit, regardant ailleurs, t’es surpris que Serah t’attrape par le col de ton t-shirt et te déchaîne toute sa rage. Wow! Tu ne t’attendais pas du tout à ce genre de remarque de sa part. Tellement, que tu en deviens bouche bée. Tu ne sais plus du tout quoi lui dire parce qu’évidemment, tu commences sérieusement à t’attacher à elle, mais tu veux également tout arrêter pour ne pas connaître ce que l’avenir pourrait vous réserver. T’as pas envie de lui faire mal ou encore pire que ce soit toi qui écopes de tout. « Tu comprends vraiment rien, ma parole. J’suis dans une putain d’impasse, Serah. J’pas capable de savoir que tu baises avec la planète entière alors que j’te veux qu’à moi. J’suis égoïste, je sais, sauf que j’ai aucun droit sur ta personne et j’te dirai jamais d’arrêter quoi que ce soit pour moi. » Tu venais de dire ces phrases sans respirer et sans prendre de pause. De plus, peut-être que le ton de ta voix était un peu trop brusque, mais t’étais à bout de nerfs, tout simplement. « Donc, je préfère me retirer. Laisser la place à tous ces guignols de t’prendre férocement. Puis, j’souhaite juste une chose. C’est que tu penses à moi et qu’tu cris mon nom en les baisant! » Cette fois-ci, tes yeux s’étaient rapetissés et tu la regardais certainement avec des éclairs, prêt à la foudroyer. Tu la haïssais à ce moment d’être comme elle est, de ne jamais avoir été capable d’aimer qui que ce soit. Alors pour toi, c’était impossible tout simplement de jouer le pantin ou d’être son yo-yo avec qui elle s’amusera pour finir par le laisser pourrir une fois qu’elle s’en sera lasser. Très peu pour toi. « Sauf que j’ai tellement l’goût de t’apprendre ce qu’est l’amour. J’veux t’apprendre à m’aimer ou du moins a aimer pour que l’homme de ta vie soit comblé et que cette situation que t’ai en train d’vivre avec moi se reproduise plus. » Et voilà que tu changeais encore d’opinion, dans le temps de le dire. C’est à son tour de faire le choix, t’étais prêt à prendre le risque. Tu sais ce que cette situation engendra. Mais si elle acceptait ou voulait tenter l’aventure, elle allait devoir s’attendre à voir un Silas sur un nouveau jour. À voir le vrai Silas, celui que personne ne connaît, même s’il sera un peu mélangé à celui que tu es devenu. C’est-à-dire, une personne attentionnée, qui aime faire plaisir, qui a sa part de folie, mais avec qui elle pourra se poudrer le nez de baiser toutes les nuits.

« Tu comprends vraiment rien, ma parole. J’suis dans une putain d’impasse, Serah. J’pas capable de savoir que tu baises avec la planète entière alors que j’te veux qu’à moi. J’suis égoïste, je sais, sauf que j’ai aucun droit sur ta personne et j’te dirai jamais d’arrêter quoi que ce soit pour moi. » J’ai pas non plus envie de t’imaginer en train de baiser à droite et à gauche, mais c’est pas comme si t’allais arrêter non plus, pas vrai? Alors pourquoi espérer que ce soit exactement ce que moi je fasse alors que tu ne risques pas de t’y plier toi-même? Oui, t’as raison, c’est égoïste. Très même. Et tu marques un point, tu n’as aucun droit sur ma personne, pas tant que je serai là à te regarder changer d’idée comme de chemise. Je ne me retourne pas pour te faire face alors que tu continus de m’engueuler inutilement. J’ai pas besoin de voir ton expression haineuse en plus d’encaisser tes paroles. « Donc, je préfère me retirer. Laisser la place à tous ces guignols de t’prendre férocement. Puis, j’souhaite juste une chose. C’est que tu penses à moi et qu’tu cris mon nom en les baisant! » Je serre les poings et essaie de me contenir. Mais c’est tellement, tellement difficile. J’ai qu’une envie présentement et c’est de te tacler sur le lit comme un joueur de foot. Te prendre par surprise en me jetant sur toi, non pas pour t’embrasser, mais bien pour te mettre une sacré raclé. Dans ta vie, j’crois qu’il y a quelques claques qui se sont perdues et j’me ferais une plaisir de te les redonner. Malgré moi, je murmure que ouais, si mon opinion compte, j’préfère qu’on n’fasse pas comme si tu n’avais rien dit. Parce qu’en fait, j’en serais pas capable. Et je n’sais pas si c’est ça qui te fait réagir ensuite, changer d’idée une fois de plus, mais dans tous les cas, tu sembles t’adoucir, légèrement dans ta tête puisque tes paroles ne semblent même pas suivre les miennes. « Sauf que j’ai tellement l’goût de t’apprendre ce qu’est l’amour. J’veux t’apprendre à m’aimer ou du moins à aimer pour que l’homme de ta vie soit comblé et que cette situation que t’ai en train d’vivre avec moi se reproduise plus. » J’ai du mal à respirer, j’ai l’impression d’étouffer. Elle a rapetissé cette pièce ou c’est juste moi? Mon cœur bat suffisamment fort pour que mes tempes en tremblent et mes mains tremblent. C’était pas supposé se passer comme ça. Rien de tout ça n’était supposé arriver. Alors pourquoi? Pourquoi hein!? Comment est-ce qu’on en est arrivé là? Je fais volte-face, traverse l’espace qui nous sépare dans un seul enjambé qui me semble improbable vu la distance à parcourir et la longueur de mes jambes. Pourtant, j’y arrive et alors que je te fais face à nouveau, je n’hésite pas une seule seconde avant d’abattre ma main sur ta joue dans une claque encore plus sonore que celle dans ma chambre. Ta tête suit le mouvement et ma main reste en suspens dans les airs. Si je m’écoutais, je fermerais les doigts et c’est mon poing qui percuterait ta mâchoire ensuite. Mais je n’en fais rien. Haletante, je laisse retomber ma main le long de mon corps et ravale les larmes qui me piquent les yeux. Quand est-ce qu’elles sont arrivées là celles-là?! « T’es un foutu connard Silas Rothschild et j’en ai marre que tu joues avec moi depuis la dernière heure. Ta joue te fait souffrir dis-moi? Parce que c’est rien en comparaison de ce que tu me fais vivre depuis tout à l’heure. Si t’arrives pas à mettre de l’ordre dans tes idées et que tes paroles sont confuses, apprend donc à te la fermer. Je mentais pas quand je t’ai dit que tu nous rendrais la vie plus simple à tous les deux en te taisant tout à l’heure. Tu veux pas de moi, mais tu veux m’apprendre à aimer? C’est quoi ce bordel hein?! » Je cris, m’époumone même pratiquement contre toi, certaine que non seulement Mila, mais aussi tous nos voisins peuvent nous entendre. Si ça se trouve, ils appelleront les flics pour conflit domestique. Mais j’en ai rien à cirer. « Il faut que tu comprennes une chose mon grand, je n’suis pas un jouet. Je ne l’ai jamais été et ne le serai jamais. On n’est pas au lit, tu n’peux pas faire de moi ce que tu veux quand tu le veux. Et même si c’est difficile à croire, j’ai des sentiments moi aussi. »