Peut être que j’aurais jamais du lui dire de venir. Peut être qu’on aurait du se contenter de l’échange glacial de sms qu’on avait eu, se dire bye bye là dessus, un goût amer dans la bouche, et voilà. Point final. Sauf que le fait que j’avais insisté pour qu’elle vienne pour qu’elle m’écoute, ça parlait en soit. Alors oui, j’insistais sur le fait que je n’avais de place pour personne, pas comme ça en tout cas, et si moi je m’en voulais, me doutant de l’effet blessant que ça pouvait avoir, Cléo, elle, elle me pardonnait. Me faisait me sentir encore plus horrible vis à vis d’elle. Elle était là, devant moi, s’ouvrant, se dévoilant, et moi je me fermais comme une huitre. Et malgré ça, elle me pardonnait. C’était peut être aussi pour cela que j’essayais de la retenir. Encore une fois. Une nuit. Une dernière nuit. Peut être même simplement à dormir l’un avec l’autre, rien de plus. Elle se détachait de moi après un ultime baiser contre ma nuque, et elle reprenait la parole pour essayer de trouver un sens à ma demande, soulignant que si elle y accédait, cela rendrait le lendemain encore plus compliqué, qu’elle allait s’attacher davantage, que ça ne rimait à rien… Oui, c’était surement égoïste de ma part. Quoique, le réveil serait toujours aussi dur pour moi en vérité. Mais bon, rappelez vous, élu le plus égoïste de l’année. « Je t’ouvrirais pas le portail de toute façon. » que j’annonçai alors, avec un petit air décidé. Ha oui, ajoutez le plus immature aussi. Plutôt que de lui avouer, plutôt que de laisser explicitement apparaître mon attachement, plutôt que de lui livrer véritablement ce que je ressentais, je jouais les gosse en refusant de lui ouvrir la sortie. Grande classe.   

 Je marquais un point. Abusant de ma position de force : on était chez moi, MA maison, MON portail. Et si j’optais donc pour la facilité, refusant de la laisser partir, la retenant ici ainsi, avec ce petit avantage que j’avais, sourire amusé aux lèvres, laissant courir ensuite mes doigts sur sa peau pour venir jouer avec la bretelle de ce vêtement dans lequel elle ne souhaitait pas dormir. Il suffisait qu’elle parle de l’ôter pour que je revois mentalement ses courbes, ce corps divin qui se cachait sous le tissu… Il suffisait de ça, de ces quelques mots, de mes doigts qui effleuraient sa peau pour que les souvenirs  de nos nuits ensemble me reviennent en pleine figure. Et son frisson ne m’échappa pas. Mais Cléo, malgré ce petit signe physique qu’elle aussi en avait envie, se montrait plutôt catégorique sur l’absence de rapprochement. Elle ne céderait pas et me renvoyer sèchement qu’elle pouvait toujours partir. « Non… » Non, elle gagnerait pas. Sauf que Cléo était joueuse, et comptait bien reprendre l’avantage. Me livrant son dos, elle m’invitait à baisse sa fermeture éclair. Mon regard admira sa nuque, sa chute de rein, alors que mes mains voyageaient jusqu’au fermoir du vêtement pour obéir docilement. Mes doigts ouvrant l’habit, révélant sa peau, l’effleurant au passage, son dos, la cambrure de ce dernier et… Et elle avançait échappant à mes doigts me laissant complètement figé devant sa silhouette parfaite qui se révélait à mesure que la robe glissait sur elle. Lentement, elle retira chaque morceau de dentelle qui la couvrait encore, et c’est parfaitement nue, sublime, renversante qu’elle se tourna vers moi pour une remarque tout aussi renversante. Et malgré ma frustration, une ébauche de sourire bluffé se profila sur mes lèvres. Elle était douée… Elle était très douée. Et ça la rendait encore magnétique. Et elle disparut dans la salle de bain, me laissant là, immobile, scotché, les prunelles encore brillante du striptease qu’elle venait de m’offrir. Je retrouvais ma mobilité après quelques secondes, me rapprochant pour entendre l’eau couler, entrouvrant discrètement la porte pour pouvoir l’observer se glissant dans la baignoire. Et une fois la demoiselle dans l’eau, j’entrais dans la pièce à mon tour. Mes mains dénouant ma cravate,  puis s’attaquant à ma chemise, j’annonçai : « Tu m’excuseras, j’ai besoin d’une douche. Une douche froide. » Pour éteindre le feu que tu as allumé Cléo. Et je retirais à mon tour le reste de mes vêtements, complètement nu, exhibant fièrement mon anatomie au garde à vous, histoire qu’elle aussi, elle ait un aperçu de ce qu’elle perdait en refusant une quelconque approche. Et je filai dans la douche à l’italienne située juste en face du bain. Alors oui, il y avait deux autres salles de bain dans la maison. Mais puisque Cléo voulait jouer…   

 Elle était forte. Elle était douée. Adversaire de taille. Au courbes merveilleuses. Elle se faufila jusqu’à la salle d’eau et mon regard ne la lâcha pas jusqu’à ce qu’elle disparaisse. Dans l’entrebaillement de la porte, je l’observai s’installer dans la baignoire, dans l’eau. Mon tour de jouer. J’entrai, me délestant de mes vêtements à mon tour, la partie basse de mon corps bien éveillée par le déshabillage de la jeune femme, par l’effet que la vision de son corps avait eu sur moi. « Oui. » Oui j’étais sûr. Et non, c’était ce que j’aurais du répondre en vrai. Je n’aurais pas du sous estimer la brune parce qu’elle n’avait pas dit son dernier mot. Elle se hissa hors de l’eau. Avançant, me rejoignant sous la douche, sous le jet de cette dernière, se collant à moi. Réaction immédiate : mon érection ne fit que s’accroitre, et la frustration également. « Cléo… » Ma main se perdaient sur ses hanches, alors qu’elle soulignait avec justesse que l’eau froide ne suffirait pas. « Y’a que toi qui peut… » Eteindre ce désir… Elle me plaquait contre la faïence, ses mains sur mon torse, accentuant le feu en moi. Ses lèvres frôlaient les miennes, mon regard brûlant se plantait dans le sien. L’eau qui ruisselait sur elle était encore pire, rendant cette délicieuse torture encore plus insoutenable. « Cléo… » soufflai-je une nouvelle fois, mes mains remontant le long de sa taille, de son buste, alors que les siennes s’égaraient sur le bas de mon corps, les frôlant, affolant mon pouls. Et la sentence tombait. Elle se détachait de moi, elle me laissait là. Avec ma trique monstre. Mon désir inassouvi. Mon envie d’elle dévorante. Et lentement, elle se penchait, récupérait ma chemise, se glissait à l’intérieur. Rageant. Oui. J’avais perdu. J’avais beau actionner l’eau froide, c’était cuit. Je saisis une serviette, l’enroulai autour de ma taille et sortis à mon tour de la douche. « T’as gagné Cléo. Va-t-en. Casse toi. Je vais t’ouvrir. » lançai-je. Mauvais perdant.