what are you doing here ? — Complètement crevée, je poussais la porte de mon appartement en soupirant et balançai mes clés sur le meuble de l'entrée sans même regarder si elles avaient atterri à l'endroit prévu. Après avoir passé la plupart de l'après-midi à la galerie d'art où je bossais, j'avais décidé plus tôt dans la soirée de suivre un groupe d'étudiant pour aller boire un verre en ville. Sauf qu'après plusieurs soir d'affilée à me mettre carpette, il fallait croire que je commençai à avoir les batteries à plat. Ou que je m'étais clairement ennuyée à cette soirée qui manquait de mouvement. J'avais donc abandonné mes camarades pour rentrer à l'appart, pas vraiment d'humeur à continuer à faire la fête. Je choppais la télécommande de la télé que j'allumais d'un geste las, avant de me diriger ver la cuisine pour me chopper une bière au frigo. Il était minuit passé, mais yavait pas d'heure pour une bière, d'accord ? Portant le goulot à me lèvres après l'avoir décapsulé, je prenais une longue gorgée tout en me dirigeant vers le salon où je me laissais tomber dans le canapé. Puis, presque par habitude, j'attrapais une boite dans le tiroir de la petite table dans laquelle je rangeais mon attirail, et je commençai à me rouler un joint. Mes doigts s'appliquaient sans que je n'ai vraiment à réfléchir, bien trop habitués à ce geste que je répétai plusieurs fois par jour. Et alors que je le tapotais pour bien lisser le filtre, quelqu'un toqua à la porte d'entrée. Surprise, j'interrompis mon geste, avant de me lever en direction de la porte d'entrée que j'ouvrais.. pour tomber nez à nez avec Nicholas. Immédiatement, je fronçai les sourcils. J'dois être déjà défoncée à mort pour te voir là, c'est pas possible dis-je tout en le désignant avec le joint que je venais de me rouler.

what are you doing here? — Je revenais d'une soirée et autant dire que j'étais assez fait. Enfin, pas tellement. Disons que c'était le mélange alcool et médicaments. Et forcément, ça ne faisait pas bon ménage. Alors quand je devais rentrer chez moi : flemme d'appeler un taxi. Et puis, je retrouvais plus mon code pour déverrouiller mon téléphone alors il s'était bloqué et maintenant, j'étais dans la merde. Regardant tout autour de moi, c'était le moment de me dire ce que je voulais faire. Et c'était là que ça me percutait, comme un bélier dans une porte. J'étais chez Julian. Enfin, dans son quartier, pas loin. Et j'étais certain que j'allais pouvoir retrouver son appartement parmi les quelques petits immeubles qu'il y avait. Alors j'avais commencé la recherche, commençant ici et là, avant de le retrouver. Grand sourire victorieux sur les lèvres, je venais pénétrer dedans, entrant avec une autre personne. Et du coup ouais, quand j'étais devant la porte de l'intéressée, je frappais, attendant qu'elle ouvre la porte. C'était étrange d'être là, face à elle, et j'avais encore un sourire con, ce qui me rendait encore plus con. Regardant le joint qu'elle me montrait, je riais légèrement avant de dire “Il n'est même pas allumé” Donc ça ne devait pas être son premier de la journée, c'est le cas de le dire. “Tu me fais rentrer ? Je suis perdu et t'étais la personne la plus proche que je connaissais. Comme je veux pas mourir...” Je me calais contre l'embrasure de la porte, faisant un sourire en coin et un regard aguicheur.

what are you doing here ? — Qu'est-ce que Nicho faisait là, à cette heure-ci ? J'veux dire..
déjà que nos relations n'étaient pas au beau fixe dirons-nous, depuis que cette tête de con c'était marié, il était plus au moins passé en mode poupée vadou à torturer de loin. J'voulais pas voir sa gueule, et je ne la voyais pas depuis quelques mois.. ce qui m'allait très bien. Ou pas. Mais ça, c'était autre chose. Je le dévisageais en haussant légèrement les sourcils, me demandant pour le coup si je n'étais pas vraiment en train d'halluciner. Et puis, pourquoi est-ce qu'il avait une atèle au bras ? Il c'était cassé la gueule en glissant sur le string abandonné de sa chère et tendre ? Je l'observais avec ce sourire con affiché sur ses lèvres, le détaillant alors que ce débile commençai à s'appuyer dans l'embrasure de la porte comme un lover. T'es sûr que c'tait le meilleur endroit pour ne pas mourir ? dis-je en haussant un sourcil, un sourire provocateur sur les lèvres, espérant lui foutre la trouille, même un peu. Arrête de sourire comme ça, on dirait que c'est toi qui est défoncé ajoutai-je dans la foulée en le voyant me faire ces yeux là, ce regard que je connaissais que trop bien. Qu'est-ce qui t'arrive ? T'as perdu ta princesse bien aimée ? Elle a pas voulu te donner la permission de minuit du coup tu t'es enfui ? lançai-je sarcastique, me foutant clairement de lui, ou plutôt de son couple. Ou alors.. ou alors t'es maso. Ouais ça doit être ça. J'ai toujours perçu un petit quelque chose de ce genre chez toi ajoutai-je pour le chercher.

what are you doing here? — Peut-être que le fait que ce soit Julian joue dans ce manège, débarquer chez elle à l'improviste, complètement bourré.. ouais, c'était dans le jeu. Mais peut-être pas. J'avais toujours un truc pour elle, quant bien même je ne l'avouais pas. C'était enfoui, quelque part, et sûrement que ça resterait là pour le restant de ma vie. Ou peut-être qu'un jour, Kaya réussira à l'enlever entièrement.. enfin, si elle et moi c'est fait pour durer. Je n'avais encore aucune idée de ce que je pouvais ressentir à son égard et ce, depuis plusieurs jours maintenant. Et si cette perte de mémoire durait encore des mois et des mois, voire des années ? “À tes côtés ? Certainement oui” Et clairement, je pouvais mourir dix fois à ses côtés que ça ne me dérangerait absolument pas. “J'ai pas de princesse, tu veux bien être la mienne ?” lui demandais-je, conscient d'effacer clairement Kaya du tableau. Mais qu'importe, Kaya je ne l'aimais pas. Je ne la connaissais pas et elle en aimait un autre. Alors qu'importe, je pouvais très bien m'amuser avec Julian le temps d'une nuit, c'était pas un crime. “Tu veux me taper Ju ? Une fois si tu veux, si ça peut te défouler, mais fais gaffe que je ne tombe pas, ma tête est assez blessée comme ça.. Et fais moi entrer s'il te plaaait, je veux pas mourir de froid dehors, seul et délaissé” Exagération ? À peine.

what are you doing here ? — C'est moi ou il était bourré ? Non en fait, c'était une certitude. Malheureusement, je le connaissais que trop bien pour arriver rapidement à ce genre de conclusion. Et quoi ? Ce con venait me voir parce qu'il avait quelques verres de trop dans le nez c'est ça ? Ca voulait dire quoi au juste ? Tu devrais pas être aussi confiant dis-je en le voyant faire son malin. Peut-être que j'te crèverai dans ton sommeil. J'ai plein de couteaux dans la cuisine ajoutai-je l'air sérieux, comme si j'envisageais sérieusement cette possibilité. Je comprenais pas ce qu'il foutait là. J'étais partagée entre l'envie de lui claquer la porte de nez et de l'entendre me supplier de la lui rouvrir, et de découvrir ce qu'il pouvait bien se passer pour qu'il se ramène jusqu'ici, alors qu'il savait très bien la façon dont j'allais l'accueillir. Mais en l'entendant me demander si je voulais être sa princesse, je ne pouvais m'empêcher de rire tellement il était out. C'était pas possible autrement, jamais il ne m'aurait sorti un truc dans le genre sinon. Quoi c'est ça alors ? Tu t'es fait larguer ? dis-je faussement compatissante. Parce que clairement, j'en avais rien à faire que sa nana l'ai lâché. Par contre ce qui m'inquiétait davantage, c'était cette atèle. Même si je préférai le provoquer pour essayer d'en savoir plus, et que j'étais loin de vouloir lui montrer de l'intérêt, au fond, ça me tracassait. Tout comme ces derniers mots. Qu'est-ce qu'il t'es arrivé à la tête ? Mais il enchaînait en faisant le con, parvenant presque à me faire rire. En vrai, je me retenais là.
Oh tu me saoules putain ! m'exclamai-je, mi râlant et mi souriant. Je soupirai, et je finissais par me décaler pour le laisser rentrer. T'as de la chance, j'suis clémente envers les clodos. Ouais j'le considérais comme un clodo là tout de suite, aucune pitié. Une fois rentré, je claquais la porte derrière lui et m'enfonçai à nouveau dans le canapé. Ya des bières au frigo dis-je, nonchalante. J'allumais le joint que je m'étais préparée, prenant quelques taffes avant de le lui tendre.

what are you doing here? — Un peu trop d'alcool dans le sang, c'était pas la mer à boire. En fait, je me sentais bien là et c'était sûrement pour cette raison que je m'étais retrouvé aux côtés de Julian, devant son appartement, à quémander pour rentrer dedans. “Ça change pas que ça reste le meilleur endroit pour mourir” À ses côtés, même si elle serait la cause de ma mort, de mon décès, à cause de coups de couteaux plantés dans mon corps. Mais qu'importe de toute façon, je sais qu'elle ne sautera jamais le pas, elle n'oserait jamais me tuer. Parce que d'une, elle ira en prison et sera alors privée de bien des choses. Et de deux, elle m'aime trop pour pouvoir m'ôter la vie. “Largué ? Non” C'était un peu plus compliqué. N'avait-elle pas entendu parler de mon accident de voiture ? Faut croire que non, ni même de ma perte de mémoire. “T'as vraiment pas eu les potins du bal ? Ma femme en aime un autre et j'ai eu un accident de voiture. Tête blessée et épaule brisée” Au moins, de cette façon, il faudrait qu'elle soit sourde pour ne pas avoir percuté les informations. Quoiqu'il en soit, mes paroles avaient le don de l'exaspérer et c'était tant mieux puisque j'arrivais de cette façon à avoir accès à son appartement. Sourire sur les lèvres, je pénétrais dans le logement, peu importe qu'elle m'appelle clodo ou pas. “Je suis sûr que je suis le plus beau des clodos qui soit rentré chez toi” Et comme elle m'indiquait où se trouvaient les bières, j'allais en chercher deux. Une pour elle, une pour moi. La rejoignant sur le canapé, je lui posais sa canette sur la table alors que je décapsulais la mienne rapidement, tournant la tête pour la regarder. “T'en as pour moi ?”

what are you doing here ? — “Ça change pas que ça reste le meilleur endroit pour mourir” Je l'observais quelques secondes en silence, ne pouvant m'empêcher de me sentir troublée à entendre ses mots. Il était sérieux ? Une part de moi avait envie de dire que non, qu'il se foutait de ma gueule, comme il le faisant souvent. L'autre ? Elle se rappelait de ces moments qu'on avait pu partager lui et moi, de ces mots qu'on avait échangés à l'époque, et des réels sentiments qu'on avait eu l'un pour l'autre.. avant de se détruire. Je décidais de ne même pas répondre, écoutant finalement son cinéma en essayant de ne pas me mettre à rire tellement il faisait le con ah ah. Et finalement, il lâchait l'info en me demandant d'être sa princesse. Sauf qu'ensuite, il rajoutait que non, il ne s'était pas fait larguer. Ok, il allait falloir qu'il m'explique là pour le coup parce que là, j'avais raté un épisode jcrois. Toujours dans l'entrée, je l'écoutais me déballer son histoire, grimaçant légèrement en l'entendant faire l'état des lieux de ses fractures. - Tête blessée ? relevai-je, fronçant légèrement les sourcils. - D'accord, c'est pour ça que t'as l'air aussi neuneu en fait Allez, c'était de bonne guerre. Et finalement à force de geindre, je le laissais rentrer, faible que j'étais. Et parce qu'il me faisait un peu pitié aussi, j'devais avouer. Je levais les yeux au ciel en l'entendant s'envoyer des fleurs, et je lui indiquais où se trouvais la bière. M'affalant dans le canapé pour allumer le joint, je regardais Nicho qui revenait avec deux bières, tout en tirant une première taffe. - Peut-être, tu me donnes quoi en échange ? dis-je avec un sourire en coin, le provoquant du regard.

what are you doing here? — Perdu, angoissé, et c'était pour cette raison que ce soir je m'étais rendu chez elle. Un repère, à sa façon. C'était mieux pour moi que de me retrouver dans cet appartement, avec cette inconnue, qui a misé toute sa vie sur ma mémoire. Et si je ne voulais pas la retrouver ? Après tout, elle m'avait trompé, elle avait des sentiments pour un autre et c'était clairement la pire chose qu'on peut faire dans un couple, un couple marié. Alors une évasion, dans le simple but de vivre et pas survivre. Vivre avec Julian, me complaire dans ses bras, me perdre dans son regard. C'était ça que je voulais ce soir, alors j'étais venu chercher ce que je souhaitais et elle n'allait pas me repousser parce que je savais que j'étais son point faible. Un peu d'alcool, des médocs et le mélange était détonnant chez moi. “Non, ça c'est le mélange alcool médicaments. J'ai un trauma crânien et perte de mémoire partielle” Un point s'est effacé de ma vie, comme s'il était nocif pour moi. “T'en fais pas, j'ai encore tous nos souvenirs à nous” Et c'était peut-être pour ça que je m'étais rendu ici, dans le but d'en créer d'autre, de trouver un peu de paix dans ce monde de brutes. En tout cas, elle me laissait rentrer et c'était certainement la meilleure chose à faire. J'allais chercher les bières, à l'endroit qu'elle m'avait indiqué et je revenais m'installer à ses côtés, lui filant sa canette alors que je décapsulais la mienne. Et forcément, j'étais un peu trop attiré par ce qu'elle tenait entre ses doigts. “Mon corps tout entier” avouais-je, arborant un sourire de fierté. Ouais, j'en voulais, et j'étais prêt à tout lui donner pour en avaler ne serait-ce qu'un peu.

what are you doing here ? — J'ouvrais des yeux ronds en l'entendant parler de trauma crânien, mais surtout de perte de mémoire. Quoi, il voulait dire qu'il y avait des trucs qu'il avait oublié ?
Immédiatement, je me demandais si il m'avait oublié, moi. Enfin de toute évidence si c'était le cas, il ne m'avait pas oublié complètement, vu qu'il avait trouvé le chemin jusqu'à mon appartement, erm. Et alors que je le regardais sans comprendre, il précisait qu'il n'avait rien oublié de ce qu'il s'était passé entre nous. Je méditais mes paroles, déconcertée de voir que.. ça me soulageait quelque part. - Je ne sais pas si c'est un bon point pour toi.. soupirai-je. Et finalement, je l'avais laissé entrer. Assise sur mon canapé, je réfléchissais à ce qu'il venait de m'avouer. C'était fini alors avec sa femme ? Rien que de me rappeler que cet abruti c'était marié me donnait la gerbe. J'imaginai d'ici à quel point la situation était compliquée, entre les souvenirs qu'il avait perdu et un blog qui lui annonçait qu'il était marié, mais que sa femme aimait un autre homme que lui. Le bordel intégral. Sauf que j'étais loin d'avoir envie de le plaindre. A vrai dire, je ne comprenais même pas pourquoi je l'avais laissé entrer chez moi. Soupirant légèrement, j'avais allumé le joint que je m'étais préparée. Joint sur lequel Nicho n'avait pas mis bien longtemps à reluquer. Et alors que je cherchais à l'embêter en lui demandant ce qu'il me donnerait contre la moitié d'une latte, il me répondait en souriant qu'il me donnait son corps tout entier. J'haussais un sourcil, le dévisageant avant de détourner les yeux. - Je m'en fous de ton corps, tu ne me fait plus aucun effet dis-je désinvolte, tirant à nouveau sur le joint tout en faisant des étincelles avec mon briquet.

what are you doing here? — Le truc c'est qu'avec Julian, j'avais toujours ce petit truc qui était indescriptible. Irrémédiablement attiré par elle, par ce qu'elle représentait, j'étais devant chez elle, j'étais à sa merci, répondant à chacune de ses envies. Si elle me repoussait ? J'allais aller vers elle de plus belle parce que ce soir, je n'avais d'yeux que pour elle, c'était aussi simple que ça. Pourquoi ? La question serait sûrement sans réponse indéfiniment. Et puis, qu'importe. J'étais là, elle m'avait invité chez elle et je ne me posais pas plus de questions que ça sur son acceptation visiblement étonnante. “Je vais considérer que si” Me souvenir de toute notre relation, c'était clairement un plus puisque je ne me souvenait pas de la dernière en date, celle durant laquelle je me suis marié. Ouais, bah aucun souvenir alors aucun regret si jamais j'arrivais à faire succomber Julian dans mes filets. Une fois que j'avais récupéré la bière, je revenais à ses côtés sur le canapé, et elle s'était mise à préparer un petite cône, le genre de petit bienfait que j'appréciais grandement. Je me mettais à sourire en voyant son regard se poser sur moi, me dévisager avant de se détourner aussi sec. “Bien sûr, tu peux pas me mentir à moi tu sais” Ma main venait alors se poser sur son ventre, les doigts jouant alors avec l'embrasure de son t-shirt, bien trop attiré par la peau se trouvant en dessous. “Est-ce que t'as encore les papillons qui te retournent l'estomac ?” chuchotais-je presque, d'une voix suave.