Elle voulait venir, me rejoindre, et j’objectai, parce que c’était ses vacances, qu’elle était avec sa famille et que moi, ça allait aller. Hors de question de laisser entrevoir une quelconque faiblesse, de commencer à me livrer sur les souvenirs que ça pouvait faire remonter en moi, ou encore de montrer l’inquiétude grandissante que je ressentais à l’égard de mon cousin. Mais mon interlocutrice n’entendait pas cela de cette oreille, et elle annonça que c’était de toute façon trop tard, juste après un bruit de clic qui trahissait la validation de sa commande. Elle ajoutait ensuite qu’elle pourrait y retourner plus tard, histoire de couper court à tout nouvel élan de protestation de ma part. Puis j’avais un petit sourire qui commençait à pointer sur mes lèvres, à l’idée de la retrouver très vite. Mais ça, hors de question de l’avouer. « T’as une place en première au moins ? » On fera style que c’était juste ça l’important. Le confort du vol retour vous savez. Et quand elle m’interrogeait ensuite sur mon expérience de la Suisse, je répondis : « J’ai déjà été skier plusieurs fois là bas. Et en fin d’année dernière, j’ai visite Genève… » Avec Feryel. On ne le précisera pas, peut être… « Tu vas pas prendre un taxi Agathe. » Pourquoi pas le métro non plus pendant qu’elle y était. « Je viendrais. » 

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Il aurait dû savoir pourtant qu’elle n’était pas du genre à capituler. Disons que quand elle avait une idée en tête, personne ne pouvait la lui retirer et là, elle allait repartir direction l’aéroport sans même avoir eu le temps de défaire ses bagages. Ses parents comprendraient et de toute façon, elle promettrait de revenir juste après donc en soit, ce n’était pas bien important. « Comme si j’étais du genre à aller en deuxième » Elle levait les yeux au ciel rabattant une mèche de cheveux derrière son oreille. C'était peut-être un vol de dernière minute mais ce n'était pas pour autant qu'elle allait voyager dans la soute à bagage avec les animaux. Hors de question. « Personne n’a jamais vraiment visité Genève sauf s’il le fait avec moi. » Elle en était native et en connaissait chaque recoin sans le moindre doute. Et puis fallait pas oublier qu’elle était en train de lui fournir une invitation dissimulée qu’il ne semblait pas comprendre dans tous les cas. « Parfait alors. Et cette fois Wildingham, tu ne te débarrassera pas de moi. » Autrement dit, elle allait le coller à un tel point qu’il ne pourrait pas disparaître sans qu’elle ne s’en rende compte. Et par la même occasion elle comptait bien lui changer les idées.

 Elle avait déjà décidé de toute façon, et puis dans le fond, je crois que j’en avais terriblement envie. La preuve en était : ce sourire qui se dessinait peu à peu sur mes lèvres lorsqu’elle annonçait l’heure de son arrivée sur le sol américain. Alors oui, elle avait gagné, parce que je n’insistais plus pour qu’elle reste là bas.  Mais j’avais surement gagné aussi un peu, parce que c’est dans mes bras qu’elle allait dormir cette nuit. Bien sûr qu’elle n’allait pas en classe éco, mais sur un vol de dernière minute, c’était normal que la question se pose. Et puis ensuite, c’est la question de la suisse et de ce que j’en connaissais qui se posa. Je racontais mon expérience de son pays, expérience objet d’une certaine raillerie de sa part, puisque selon elle je ne pouvais pas avoir véritablement visité Genève si ce n’était pas guidé par elle. « Va falloir remédier à cela alors… » Et le sourire qui s’élargissait un peu plus. L’ombre des rendez vous chez le notaire, le curé, les pompes funèbres, tout ça qui se dissipait un peu. Comme quoi déjà, rien que par téléphone, elle avait ce petit effet thérapeutique. « Et toi, t’as déjà visité Londres ? » Il y avait surement aussi une invitation cachée là dessous. Ou alors juste l’envie de me lancer dans un débat sur la supériorité de mon pays natal. Plus chauvin que moi, il n’y avait pas. Et pour son retour, le débat était clos en tout cas. Ce soir. 22 h. A l’aéroport. « J’ai hâte… » Oops, je l’avais dit à haute voix ? La fatigue me faisait perdre de ma vigilance.

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Après tout, elle était plutôt douée dans ce domaine et comptait bien utiliser ses attributs pour lui permettre de s’évader au moins un peu. Tant qu’elle pouvait le faire, autant en profiter. C’était Aisling par contre qui risquait de ne pas apprécier le retour bien trop rapide qui venait de se produire. Libre à lui de rester un peu dans tous les cas, son père semblait être amoureux de l’italien blond. « Peut-être que quand ça ira mieux de ton côté, on pourrait y aller ? » Puisque clairement, sa mère ne la pardonnerait certainement pas si elle ne revenait pas dans la demeure familiale avant le début du summer camp et se mettre une Thomspers à dos, ce n’était jamais un cadeau. « Nop, j’ai toujours trouvé les british un peu snob » qu’elle disait dans un sourire. La taquinerie c’était son truc, il en était parfaitement conscient. Et son sourire s’élargissait quand il faisait une confession qu’elle n’aurait cru entendre de sa bouche un jour. « Fais attention, tu tombes amoureux Cole » Elle s’en amuse légèrement c’est vrai mais le simple fait qu’elle soit prête à rentrer aussi tôt pour lui prouvait l’attachement qu’elle pouvait avoir envers sa personne même si concrètement, elle ne l’avouerait pas. Et pour éviter de le vexer avant l’heure et de raccrocher sur un mauvais pas, elle finissait par lui rendre la pareille. « J’ai hâte aussi.. »

Si d’abord l’invitation avait été dissimulée, elle était désormais formuler de manière explicite et cash. « Je pense qu’on a pas le choix. Il en va de ma culture Genevoise. » acceptai-je donc, rebondissant sur l’irremplaçable et inégalable guide qu’elle s’était vantée être. « Enfin, pas chez tes parents peut être… » Le truc weird et flippant. Je préférais nettement tester les hôtels suisses pour le coup. Et quand ensuite, en grand chauvin, c’est Londres que j’amenais dans la conversation, la réplique railleuse de la demoiselle ne se fit pas attendre. « C’est vrai que les suisses sont d’une modestie sans égale… » commentai-je avec une ironie certaine. « Peut être que ta culture londonienne aurait besoin d’un petit séjour sur place aussi non ? » Wow wow wow, mollo là, ça ressemblait à des projets tout ça non ? Puis même que je lâchai que j’avais hâte qu’elle arrive ce soir, il allait falloir se calmer parce que la miss elle en manquait pas une pour se moquer. « Peut être que je suis juste pressé de déguster les chocolats que tu vas me ramener… » Ou peut être que je savais d’avance que ça allait me faire un bien fou de la serrer dans mes bras. « J’aime pas le chocolat aux noisettes. » ajoutai-je, comme pour étouffer ma théorie de l’impatience chocolatée. Mais quand elle avoua qu’elle avait également hâte, mon sourire s’élargit un peu. « J’aurais du te prévenie hier après le bal, je… je suis désolé. T’es bien rentrée quand même ? T’as dormi un peu ? Et ton vol, ça s’est bien passé ? »

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Ouais, elle avait hâte. Fallait dire que même avant, même avant que les choses ne se précipitent, la brune avait toujours eu cette envie de le voir. Suffisait de voir leurs échanges de conversation et leurs entrevues mouvementées pour le comprendre. Alors maintenant, disons que les choses ne s’accentuaient que plus face à la tournure qu’après pris leurs relation. « Il en va de soi, j’ai un magnifique duplex en plein cœur de la ville, ça fera l’affaire. » Qu’elle répondait alors. L’étape parent était sûrement bien trop précipités même s’il devrait se faire à l’idée que quitte à être à Genève, il y aurait forcément des entrevues avec eux. Libre à lui de participer au traditionnel brunch ou non. « Modeste et ultra sexy qui plus est » raillait-elle à l’autre bout du combiné. Jusqu’à ce qu’une nouvelle invitation se glisse lui étirant un peu plus son sourire. « J’en serais ravie Wildingham, on pourra se faire ça. » Est-ce qu’ils allaient vite en besogne ? Peut-être. Mais il n’y avait aucune logique entre eux, ils l’avaient prouvés mainte fois alors au fond, Agathe elle préférait se laisser porter par tout ça plutôt que se poser des tas de question. Etouffant un rire, elle faisait claquer sa langue contre son palais « Exigeant en plus ! Mais je note, surtout pas aux noisettes. » Regardant rapidement l’heure, elle ajoutait donc un tour par la chocolaterie pour contenter monsieur. « T’en fais pas, je comprends. » Si elle avait été énervée les premiers temps, elle pouvait maintenant totalement comprendre les raisons et préférait donc ne pas s’épancher sur tout ça. « J’ai juste eu un.. Invité surprise dans l’avion mais tout vas bien. Qui plus est, je lui ai dit que j’étais désormais avec toi alors aucun problème. »

 Pas d’hébergement parental, merci. C’était évident pour miss Thomspers, et ça me rassura un peu, l’étape flippante de la rencontre, étape que je n’avais jamais franchi, thanks god je m’étais toujours débrouillé pour esquisser ça, lors de mes quatre précédentes relation. Bien joué. Ou pas. C’était peut être juste révélateur d’un gros problème face à l’engagement. Mais qu’importe, parce que dans tous les cas, avec Agathe, ça aurait été prématuré. Déjà que de se projeter sur non pas un mais bien deux séjours ensemble ça avait le don de me filer le vertige d’un coup. C’était plus simple de jouer de l’humour. « C’est vrai que Tate est très sexy... » rebondis-je donc alors qu’elle s’envoyait des fleurs, faisant mine de ne pas comprendre à qui elle se référait réellement. Puis entre deux plaisanteries, elle accepta à son tour mon invitation. Je n’irais pas jusqu’à m’avancer sur le terrain des sentiments, c’était déjà un énorme pas que de parler vacances. Quoique. Rappelle toi Cole, avec qui tu avais projeté d’aller en Angleterre l’été dernier, et comment ça s’était terminé… Ouais projetons, projetons et ne nous emballons pas pour autant en fait… Puis quand je la questionnais sur sa soirée, son voyage, son vol, tout ça après m’être excusé, excuses qu’elle avait accepté en me soufflant de ne pas m’en faire, elle me répondit ensuite qu’elle avait eu un invité surprise. Je ne compris pas, loin de me douter de la personne à qui elle faisait référence : « Comment ça ? « Je fronçais les sourcils en l’entendant dire qu’elle avait dit à ce compagnon de voyage qu’elle était avec moi. « C’est qui Agathe ? » repris-je, un peu plus fermement, la voix d’un coup plus dure.

« Est-ce que tu veux que Tate vienne te tenir compagnie cette nuit ? » qu’elle enchaînait du tac au tac comme bien souvent. Non mais parce qu’elle avait compris la petite blague mais ouais, elle aurait bien appréciée des compliments à n’en plus finir sur son éternelle beauté. Parce que concrètement, elle était proche de la perfection, on ne pouvait pas le lui enlever. M’enfin bref, là n’était pas le plus important puisqu’elle en venait à une partie de la conversation qui serait peut-être bien moi calme et légère. L’invité surprise où elle s’était bien gardé de prononcer le prénom sachant toutefois qu’il lui demanderait. Dans tous les cas, elle n’avait pas envie de lui mentir. Pas envie de commencer à faire des cachotteries. Elle n’avait aucune idée de ce qu’il allait advenir de tout ça mais si elle pouvait faire en sorte que ça marche, elle le ferait. Et l’honnêteté, c’était probablement ce qui lui servirait le plus dans une relation avec Cole. Et elle pouvait l’entendre dans sa voix que ça le faisait tiquer tout ça, référence au ton légèrement sec qu’il venait d’employer en lui demandant un nom. « Aisling » qu’elle soufflait alors. Pas besoin de faire durer le suspense, au lieu tout balancer directement. « Il avait réservé un billet sans que je ne sois au courant et il était dans l’avion, c’est tout. » Elle n’aurait pas pu le prédire et n’avait eu aucune idée de tout ça en fait. « Mais Cole, on était d’accord. Je suis à toi, juste toi. » Personne d’autre et surtout pas de coup en douce de ce côté-là. « Le message est passé, il est au courant. » C’était ça le plus important non ?

  « J’avais d’autre projet pour cette nuit… » répliquai-je avec un petit rire… Peut être que ça faisait du bien aussi, de dire n’importe quoi et puis de se dire que j’allais la retrouver tout à l’heure. La plus sexy du campus. Clairement, Tate n’avait pas les atouts pour lutter, mon petit suisse de roomate. Un instant légère, et dieu que ça faisait du bien après l’annonce chaotique qui avait secoué ma famille la veille, la conversation redevint néanmoins plus sérieuse et pesante quand Agathe commença à parler d’un invité surprise, à qui elle aurait parlé de notre couple. Et l’identité de l’inscrust’ tomba : Aisling. Donc son dérangé d’ex avait pris un billet pour la suivre en suisse. « T’es sérieuse ? Il a fait tout le voyage avec toi ? Il est où là ? » Mon ton n’était pas juste sec là pour le coup, mais clairement impétueux. Elle avait beau glisser derrière son aveu qu’elle était à moi, juste à moi, qu’elle avait fait passer le message à l’autre gus, j’avais sa présence auprès d’elle en travers de la gorge… Surtout qu’à ce moment là, pendant leur trajet pour Genève, Agathe était surement furieuse contre moi ne sachant pas pourquoi je l’avais plantée après le bal, alors j’avais du mal à croire qu’elle ait pu lui tenir un discours du style ‘je suis à Cole, rien qu’à Cole’

Elle n’avait rien fait de mal, vraiment. Ce qui était étonnant dans son genre puisque jusqu’à cet appel, elle avait été plutôt énervée contre l’Eliot en lui-même. Et quand Agathe voyait rouge, fallait dire qu’elle avait tendance à se laisser aller. Mais pas cette fois. Non, cette fois, elle n’avait vraiment rien fait de répréhensible. Elle n’avait d’ailleurs laissé aucune ouverture à son ex ce qui mine de rien était bon signe. Mais elle savait parfaitement qu’il ne le prendrait pas bien. Question d’égo et quand il s’agissait d’égo, celui de Cole était bel et bien surdimensionnée. Mais non, elle n’avait rien à confesser, rien à se reprocher et concrètement, il ne pouvait rien lui dire. « Cole.. » Poussant un soupir, elle jouait distraitement avec une mèche de cheveux avant de reprendre. « Aucune idée, je l’ai abandonné dans le bureau de mon père, la conversation n’était pas intéressante. » C’était déjà un bon point qu’elle ne soit pas avec lui, non ? « Je ne savais pas qu’il viendrait et aux dernières nouvelles, je ne pouvais pas non plus le jeter par un hublot même si ça t’aurais fortement arrangé. » Alors quoi ? Est-ce qu’ils allaient vraiment se prendre la tête pour ça ? Parce que c’était la dernière de ses envies pour le coup. « Pense plutôt à la nuit que tu vas passer et sors toi Aisling de la tête. Je te promet que j’ai été très claire sur le sujet. » Qu’est-ce qu’il lui fallait de plus en fait ? Elle en était au point de tout laisser pour venir le rejoindre parce qu’il avait besoin d’elle, il ne pouvait pas dire qu’elle ne s’investissait pas pour la peine.