Quand on grandit en se sentant plus minable que les autres, c’est dur d’arriver à se dire qu’on a les capacités, à y croire. Quand on se fait harcelé, battre, humilié, c’est difficile, presque impossible. Mais il croit réellement qu’un jour Agathe pourra relever la tête et se trouver belle. Aussi belle qu’il la trouve. « Parfaite. Ouais peut-être. » Il ne voulait pas la vexer ni rien, juste jouer. Mais maintenant, il avait l’impression de marcher sur des leurs quand il lui parlait. Ça le frustrait, l’agaçait plus que de raison. « T’inquiète, c’est fini tout ça. » Il s’excuse encore. Il sait qu’il va devoir le faire encore souvent. Pour combien de temps ? Aucunes idées. Mais si pour récupérer sa meilleure amie, il doit le faire tous les jours à genoux sur des graviers, il le fera. Faible ? Peut-être. Mais au moins, il sait pourquoi il l’est. Elle est son pilier, sa demoiselle à sauver, sa princesse. Son tout. Elle représente ce qu’il a toujours cherché chez une personne. Qualité comme défaut. Mauvais caractère compris et tendance auto destructrice aussi. Il l’accepte dans son entier. Pas des morceaux, ni des bribes. Son tout. Il n’a pas manqué d’entendre le mon coeur qui lui a échappé. Il n’est pas tomber dans l’oreille d’un sourd. Oh que non. Mais il ne relève pas parce qu’il sait très bien où en est la situation. Il est juste son ami pour le moment. Même s’il rêve de replonger sur ses lèvres, de retrouver sa place à côté d’elle quand elle dort la nuit. « Oh, parce que tu crois que tout ce que tu vas faire c’est t’asseoir sur mon dos. Rêve princesse. Rêve. Tu vas pousser ton petit corps avec tes bras. Renforcer un peu tout ça. » dit-il en riant. Un rire clair et sans appréhension. « Agathe. Ma chère Agathe. Tu vas avoir le coach de ta vie avec moi donc même si t’es pas une bonne élève, comme tu m’aimes beaucoup, tu vas le faire. Sinon, pas de pancakes à la myrtille le dimanche matin. » Il ne sait pas s’il a dépassé la ligne, mais il se sent plus à l’aise, plus en confiance alors il agit comme si rien ne s’était passé. Comme si tout ce qui s’était déroulé n’était qu’un rêve.

On lui avait déjà fait la reproche des milliers de fois. Entre les « Miss thomspers, vous pouvez répéter ce que je viens de dire ? » où forcément elle ne trouvait pas de réponse à fournir et les « les oiseaux à l’extérieur sont sûrement plus palpitant mais ils ne vous aideront pas à obtenir votre année » elle savait par avance qu’il était difficile pour elle de vraiment se mettre corps et âme dans quelque chose. Dans le fond, elle ne trouvait pas ça vraiment négatif puisqu’au contraire, elle partait du fait qu’au moins, elle s’intéressait à tout mais beaucoup n’arrivait pas à le voir comme ça. Ce qui était bien dommage de son propre avis. M’enfin, elle préférait ne pas surenchérir sur les mots déplacés qu’il avait pu avoir à son encontre sachant par avance que ça risquait simplement de faire éclater un nouveau conflit. Chose qu’elle ne voulait pas vraiment. « Non non non, tu ne peux pas me forcer à faire quoi que ce soit. Je viendrais sur ton dos et ça te renforcera toi. Dis-toi que je pourrais devenir ton haltère personnel, te plains pas. » Et elle joint son rire au sien, bien plus détendu que peu de temps avant. Sûrement parce qu’il a gardé pour lui toutes remarques suite aux mots qu’elle avait employé et quelque part, ça la soulageait en fait. « Attends quoi ? NOOOON. » Ok, elle se la joue drama queen mais les pancakes aux myrtilles, c’est pire que sacré en fait. « T’as pas le droit de faire ça, c’est monstrueux. Tu détruirais toute ma vie » qu’elle lance battant alors des cils pour le soudoyer. Non mais parce que hors de question de la priver de ça hein, c’est sûrement le pire truc au monde. « De toute façon, si tu fais ça, je ne te ferais plus jamais de cupcakes et t’auras tout perdu. » Non mais il ne pouvait clairement pas faire une croix sur ses cupcakes, il était même du genre à les lui réclamer alors peut-être que si elle faisait ce genre de menace, il reviendrait sur ses paroles pour ne pas se retrouver puni à son tour ? Ouais, elle avait espoir que ça soit le cas en tout puisqu’il était juste hors de question qu’elle le laisse l’arnaquer comme ça. « Puis tu sais que j’ai toujours préféré te regarder faire, au moins je suis une bonne cheerleaders. » Sans les pompons mais c’était l’intention qui comptait.

L’attention d’une enfant de cinq ans. C’est ainsi qu’elle était. Agathe n’est pas bête, mais elle a une capacité à trouver tout et n’importe quoi intéressant quand elle travaille. Tout le contraire d’Aisling qui lorsqu’il est concentré sur une tâche, pourrait l’exécuter durant des heures s’il le voulait. C’est cette capacité qui l’a aidé à avoir une bourse pour Harvard. Meilleures notes, meilleures appréciations, activités extra scolaire et bien entendu, les nombreux articles qu’il avait envoyé à l’université concernant l’harcèlement scolaire et les conséquences sur la psyché adolescente. Bien entendu, au moins deux des dix articles ont été publié dans le Harvard Crimson sous un faux nom. Jusqu’à présent, il n’y a pas grand monde qui sait que c’est lui qui a publié ses articles. « Parce que tu crois que ton poids plume va changer quelque chose ? » Agathe et ses dix kilos de muscle à tout cassé ? Alors ouais, il allait volontiers la laisser s’asseoir sur son dos vu qu’elle n’est pas si grosse, voir pas du tout. « Si si si madame. Plus de pancakes à la myrtille si tu ne fais pas au moins deux fois du sport dans la semaine. » A peine si elle ne se levait pas de ses jambes et commençait à faire l’hystérique parce qu’elle n’aurait pas ses pancakes si elle ne faisait pas de sport. « Agathe. C’est toi qui veut perdre. Moi je t’aime bien comme tu es. » Elle voulait le soudoyer avec son battement de cils mais tout ce qu’elle arrivait à faire, c’est le camper sur ses idées. Mais le coup des cupcakes, il ne l’avait pas vu venir. « Hein quoi ? » Les yeux grands ouverts, le coeur dans les chaussettes, il se demandait si ça valait vraiment le coup de la priver de ses fameux pancakes le dimanche matin. « Bon, compromis. On limite la quantité de pancakes et je limite ma quantité de cupcakes. Trois chacuns, c’est équitable non ? » Parce que rien, vraiment rien, ne pouvait égaler les cupcakes d’Agathe. Il lui réclamait ces petites merveilles bien trop souvent quand ils étaient ensembles pour ne pas vouloir les remanger encore maintenant. ll a passé des mois éloignés de ses cupcakes, plus maintenant. « C’est vrai. T’es la meilleure cheerleader. Bien meilleure que celle de l’équipe de basket, c’est sur. » dit-il avec un sourire en coin. Il rêvait de l’embrasser à nouveau. De sentir à nouveau ses lèvres contre les siennes. Mais il ne voulait pas le faire si elle n’était pas d’accord. Si elle ne voulait pas. Alors il dépose un léger baiser sur sa joue. « Tu as encore soif ? »

« Ah donc maintenant, je suis un poids plume ? » Elle ne pouvait s’empêcher de rire comptant bien du coup utiliser cette nomination pour échapper au sport intensif. De temps en temps genre.. Une fois par mois, pourquoi pas. Plus ? Fallait pas abuser non plus. Et là, il était en train de réclamer deux fois par semaine. Non mas impossible, le lundi/mardi/mercredi elle commençait les cours bien trop tôt pour avoir le temps de se consacrer au sport et quand elle rentrait, la motivation n’était clairement plus là. Le jeudi, c’était journée shopping donc encore une fois pas possible d’en faire ce jour-là. Le vendredi, elle consacrée une bonne partie de son temps à Hippolyte qui débordait souvent sur le samedi si jamais elles se décidaient à sortir ce qui laissait en soit que le dimanche. Et là, par contre, jour du seigneur, on ne pouvait pas lui imposer du sport. Donc ouais, en fait elle était en train de trouver tout et n’importe pour lui expliquer que ce n’était définitivement pas possible même si la plupart de ses arguments n’étaient absolument pas recevable. « Ouais mais.. Je peux aussi sauter des repas. Ne plus manger le soir par exemple, c’est un bon compromis. » Ou pas du tout puisque ce n’était pas hyper bon pour la santé mais ça, elle n’en avait strictement rien à faire en fait. « Mh, quatre parce que les pancakes c’est sacré » qu’elle finissait par dire dans un sourire. Le coup des cupcakes, il marchait à chaque fois c’était presque dingue en fait. C’était limite trop facile de soudoyer Aisling. Probablement parce qu’elle le connaissait par cœur et qu’elle savait par avance ce qui allait l’emmerder ou pas. « Je suis totalement d’accord avec toi, merci d’enfin me voir à ma juste valeur » qu’elle répondait dans un rire même si clairement, elle serait probablement pas la meilleure des cheerleaders. « Mh, j’vais plutôt faire une pause pour le moment. Je vais finir complètement bourrée avant la fin de la soirée sinon. » Et ça, c’était clairement pas bon pour l’image en fait. Elle était une Eliot, pas une vulgaire mather maintenant et rien que pour ça, elle se devait d’être quasi irréprochable. « Puis va falloir que j’aille rejoindre mon cavalier de toute façon » qu’elle finissait par murmure à l’attention du blond. Retourner à sa table, prendre place à côté de sa sœur qui avait besoin de soutien depuis la mort de Lennox, tout ça quoi.

« Plume, légère comme une feuille. Mais molle. Donc n’essaye même pas d’éviter les séances mademoiselle. Faut mettre un peu de muscle dans ce corps. » Il voyait clair dans son jeu. Elle essayait de lui faire voir qu’elle n’avait apparemment plus aucuns poids à perdre et donc échapper au sport. No way. Elle allait courir avec lui le matin, faire des abdos après ça pour être fraîche pour la journée. Cette petite conversation plus qu’amicale, plus que légère et tellement fraîche faisait un bien fou à Aisling. Il voyait une lueur d’espoir pour leur amitié, un peu de lumière sur le chemin de leur relation. Il ne voyait pas encore à nouveau le couple se former, mais au moins deux amis réunis. « Hors de question. Tu vas prendre un petit régime alimentaire que je te ferais. Appelle moi Coach à présent. » dit-il en riant. Agathe voulait tellement échapper au sport à tout prix que ça en devenait vraiment drôle. « Ok, quatre pancakes. Mais ils ne seront pas noyés dans le sirop, le beurre et le nutella. Compris ? » Les deux discutaient avec une telle joie de vivre que ça faisait chaud au coeur. Deux amis qui reconnectaient après des mois de séparation forcé mais nécessaire. « Avec plaisir jeune demoiselle. » Il lui proposa un autre verre mais elle déclina. Et avec raison. L’alcool coulait à flot dans les fêtes de fin d’années alors il valait mieux savoir sa limite et ne pas en abuser. Durant toute leur discussion, Agathe était toujours sur ses genoux en tout cas et l’idée de la voir quitter son siège le dérangeait fortement. « Tu peux rester un peu avec moi encore. Juste un peu. » Deux grands yeux bleus comme ceux d’Aisling, comment y résister. Comment dire non. « Tu m’as vraiment manqué Agathe. Ça m’a fait plaisir d’être avec toi ce soir. » qu’il prononce doucement en faisant courir son pouce sur la joue douce de la jeune femme. La voir partir lui ferait mal au coeur mais il se fait la promesse de ne plus jamais la laisser aussi loin de lui, que ce soit physiquement que mentalement.

Mine de rien, elle s’était un peu égarée en sa présence et si pendant l’espace de quelques instant il avait réussis à lui faire tout oublier, fallait bien qu’elle se replonge dans la réalité. La réalité qui impliquait que les choses étaient tout sauf facile entre eux, qu’elle avait énormément de chose à gérer et que de surcroît, la personne la plus importante de sa vie avait besoin d’elle plus que jamais. Alors ouais, il fallait qu’elle aille rejoindre Maxine parce qu’il s’agissait de sa jumelle et qu’elle n’avait pas le droit de la laisser tomber dans un moment comme celui-là. Elle venait de perdre son meilleur ami, son tout, de la pire des façons qu’il soit et même si elle faisait preuve de force, elle savait qu’elle pouvait s’écrouler d’une seconde à l’autre. « Molle ? Tu viens de dire que je suis molle genre.. Flasque ? » Air outrée sur le visage, elle secouait la tête. Même pas en rêve qu’elle était flasque. C’était ignoble de dire un truc pareil. « Je crois vraiment que tu vas faire un croix sur les cupcakes tiens. » La menace et toujours la menace. C’était limite courant avec elle. « Est-ce que j’aurais toujours le droit de manger des frites Coach ? » Elle rentrait dans son jeu avec un petit rire mais il connaissait parfaitement son attrait pour la malbouffe et même si elle passait son temps à se rabaisser quand elle était avec lui, princesse avait bien du mal à faire une croix sur tout ce qui était gras et plein d’huile. C’était un vrai supplice que de la mettre au régime pour la peine. « Baignant dans de la confiture de myrtille ça passe du coup ? » Bien sûr qu’elle cherchait les failles à chaque fois, c’était comme ça qu’elle marchait de toute façon. Esquissant à son tour un sourire désolé, elle venait doucement poser ses lèvres sur les siennes caressant doucement son visage. « Je dois vraiment rejoindre Max mais.. On peut toujours se retrouver après ? » C’était moitié moitié du coup et si elle revenait, il aurait moins de mal à la laisser s’en aller. « Toi aussi tu m’as manqué.. » qu’elle murmurait alors quittant finalement ses genoux. Et ouais, elle osait espérer que les choses puissent vraiment s’arranger mais pour le moment, elle se devait de le quitter.

Quelques heures en sa compagnie, un peu de réconfort pour son coeur. Il était heureux en cet instant d’être aux côtés d’Agathe, de pouvoir être en sa compagnie le temps de quelques instants. Profiter de sa présence et être enfin à sa place. Ok, il était fatigué, il avait envie de rentrer dormir et de se réveiller à ses côtés, mais au moins, ils avaient renoués un contact qu’ils pensaient perdu. De la distance, du temps, c’est ce qu’il fallait parfois quand tout tourne mal. Et ils l’ont eu. Ils ont pu prendre le temps de se comprendre, leur nouveau eux, la nouvelle personne qu’ils sont devenus. « Ouais, molle comme de la gelée de framboise. » Il voit bien qu’elle est à peine vexée, juste amusée par la situation. « Non non non. Moi j’ai droit aux cupcakes parce que je fais du sport madame. » Il ne pouvait réellement pas faire une croix sur les magnifiques sucreries qu’Agathe allait lui confectionner. Du tout. « Pas tous le jours madame mais oui, si elle est sont faites maisons. Je vais te mettre au fourneaux tu verras. » dit-il en riant. Il était heureux. Depuis des mois, il recherchait ce rire facile et sans prise de tête, mais il n’arrivait pas à le faire sortir. Il fallait qu’Agathe soit là pour qu’il puisse être aussi libre. Aussi léger. « Faut que tout baigne avec toi. » Elle cherche une faille, des moyens de manger autant de sucre et de gras qu’elle peut, mais il est malin Ais, il va remplacer cette foutue confiture par de la confiture sans sucre. On verra bien la réaction. Elle pose ses lèvres sur les siennes, doucement. S’il s’écoutait, il aurait emprisonné la jeune femme pour qu’elle continue à faire ça tous les jours. « Vas-y. Ta soeur a besoin de toi. Et oui, il n’y a pas de soucis. » Il compte bien la rejoindre après. Il a même déjà une idée folle qui trotte dans son esprit mais il se garde bien de la formuler à haute vois. Un mince sourire et il la regarde partir de ses genoux. Il ne veut pas la laisser s’en aller et il ne compte pas le faire. Il compte bien reconquérir Agathe, envers et contre tout.

FIN