Ils sont incapables de résister à l’autre. Incapable de se lâcher. Incapable de laisser une distance raisonnable entre eux. Aisling regarde Agathe et voit tout ce qu’il a perdu. Il voit les larmes sur ses joues, entends les cris sortant de sa bouche. Il se souvient de tout et voudrait tout effacer par un baiser d’elle. Il ne veut pas non plus la forcer à faire quelque chose qu’elle ne veut pas. Il ne veut pas la rendre esclave d’une relation. Il veut qu’Agathe veuille elle même de revenir à lui. Alors oui, il lui prouvera jours après jours qu’il est digne de confiance à nouveau, qu’elle n’a pas à avoir peur qu’il la blesse encore. Mais il fera surtout en sorte qu’elle se souvienne qu’il est son ami avant tout. Celui qu’elle peut appeler en plein milieu de la nuit pour enterrer un corps ou se prendre une cuite sans aucunes raisons valables. Elle est toujours la personne en favoris sur son téléphone et qui est son contact d’urgence. Malgré tout, il a confiance en elle. Il sait que ses erreurs sont du passé et qu’il faut savoir l’accepter au bout d’un moment. « On peut au moins retrouver notre amitié. » Il a à peine fini sa phrase qu’elle repart à la conquête de ses lèvres. Qu’elle lui fait tout ressentir encore et encore, toutes les émotions par lesquelles elle était passée. Ses lèvres gardant les siennes prisonnières, il goute à la jeune femme comme la première fois. Il sent en elle ce désir d’aller plus loin mais sans réellement le vouloir. Sans en être sûre. L’instinct primaire, l’amour basique, celui qui vous transporte et vous fait virevolter par delà les nuages. L’attirant encore plus vers lui, la faisant migrer sur ses jambes, il rapproche son corps du sien. Tel un homme à la recherche d’un peu plus de vie, il voit cette essence si particulière chez Agathe. Sans elle, il vit à moitié. Une séparation nécessaire mais douloureuse. Toujours en contact avec sa peau, toujours connecté à elle, il profite de moments uniques. Posant quelques mots entre eux, il attend une réponse. Une réponse honnête et sincère qu’il est sur qu’elle lui donnera. Elle croit en lui. C’est déjà un bon début. C’est déjà une avancée. Posant sa petite tête blonde contre celle d’Aisling, elle prend une grande inspiration. Fermant les yeux, l’écossais savoure le moment pleinement. Le fait qu’elle ai besoin de temps n’est pas un problème pour lui. Cela veut dire qu’elle veut quand même retenter l’expérience. Qu’elle veut raviver une relation toujours existante. « Je t’en donnerais du temps. Je te le promets. Mais ce soir, embrasse moi. » Ce soir, il veut profiter de ce qu’elle veut bien lui donner. Et si ce n’est que des baisers volés, il les prendrait volontiers.

Avant de penser à possiblement se remettre ensemble, fallait qu’ils réussissent à reprendre confiance en l’un et l’autre. Ais’, il pouvait bien dire qu’il avait confiance en elle, elle savait que ce n’était pas vraiment la vérité. Après tout, elle avait couché avec un autre pendant qu’ils étaient ensemble et c’était exactement le genre de chose où l’on mettait du temps avant d’oublier. Alors ouais, probablement qu’ils devraient faire un sacré travail sur eux-mêmes, réapprendre à passer du temps ensemble en toute simplicité pour peut-être espérer avoir une relation stable par la suite. Alors ouais, l’amitié d’abord parce que c’était ce qu’il y avait de plus important aux yeux d’Agathe. Probablement parce qu’elle y avait été habituée pendant cinq longues années et qu’elle ne pouvait pas se résoudre à la voir disparaître maintenant. Et c’était donc à son tour de lui demander du temps. Ils s’étaient mutuellement blessés et sûrement qu’ils devaient apprendre à se reconstruire avant toute chose. Alors ouais, elle voulait du temps, autant qu’il en faudrait, avant d’envisager le fait de recommencer. « Je t’en donnerais du temps. Je te le promets. Mais ce soir, embrasse moi. » Elle souriait fébrilement, ses yeux bleus plongés dans ceux du blond. Ses lèvres venaient une nouvelle fois frôler celles de son partenaire avec une douceur infinie, avant de finalement les toucher pleinement. Et doucement elle laissait sa langue venir se mêler à sa jumelle pour un baiser plus en profondeur faisant remonter tout ce qu’elle avait pu ressentir depuis que les sentiments avaient pris le dessus sur ce qu’ils avaient l’habitude de partager. Le cœur battant elle finissait pourtant par se défaire de lui, consciente qu’ils étaient dans un lieu public et qu’elle ne pouvait par conséquent pas laisser libre court à ses pulsions. « Où est ta cavalière ? » qu’elle demandait finalement ressentant une pointe de jalousie. Ouais, elle n’aimait pas vraiment le fait qu’il ait pu venir ici avec une autre même si malheureusement, elle ne pouvait pas dire grand-chose sur le sujet.

Il leur fallait du temps. De la patience. Des efforts. Mais avec eux, rien n’était impossible. Rien n’était inaccessible car ensemble, ils pouvaient tout affronter. Aisling en était plus que sur. Il était sur qu’ils pouvaient parvenir à passer au dessus de tout. Les mensonges, les secrets et les trahisons. Elle l’a trompé, il l’a trompé. Elle l’a blessé, il l’a blessé. Balle au centre. Remise à zéros du jeu. Il est temps de revenir à la case départ. Il est temps de revenir aux bases et de construire un nouveau chemin. De voir le monde différemment. De le voir à deux. Il la fait arrêter de parler en lui demandant de l’embrasser. Ils auront le temps de parler plus tard. Après. Pour le moment, il veut profiter du moment. Il veut profiter d’elle et de ses lèvres. Il aurait bien profiter de son corps s’ils n’étaient pas dans une salle remplie de monde. Elle sourit à ses paroles, frôle ses lèvres et les prend d’assaut. Sa langue au contact de la sienne devenait une sorte de supplice si délectable qu’il en voulait encore et encore plus. Un baiser profond et langoureux, plein d’émotion et de sentiments partagés. Une habitude reprise. Des souvenirs qui remontaient à la surface. Des moments qui défilaient devant ses yeux fermés. Appréciant la douceur de ses lèvres, la chaleur de son corps contre le sien. Il aurait aimé que ce moment se passe dans un endroit totalement différent. Mais elle se sépare de lui, les laissant haletant, le coeur pulsant contre leur poitrine. Et sa question est plus que drôle pour Aisling. Laissant échapper un petit rire, il posa sa main contre la joue d’Agathe. « Je n’en ai pas. Je suis venue seule. J’avais espoir de te voir et pouvoir te parler. Je voulais pas à la base mais bon.  » Déposant un doux baiser sur ses lèvres, il posa son front contre le sien. « Je pense que j’ai bien fait de venir au final.  » Il sourit. Doucement mais de manière si éclatant que le soleil pouvait se refléter dans ses yeux. Il se sent bien là, dans ses bras. Même si rien n’était réglé. Même s’il savait que la jeune femme pouvait changer d’avis, il était heureux en ce moment même. En cet instant précis. « Dis moi. Tu fais quoi après le bal ? Pour les vacances ?  » Il s’inquiétait juste de savoir si elle rentrait avec son cavalier ou si elle avait prévu une after party quelque part. Dans tous les cas, savoir qu’elle était en sécurité, était sa priorité. Et si elle avait prévu quelque chose pour les vacances qu’il devrait savoir, c’était le moment ou jamais de se procurer quelques informations.

En fait, Agathe elle avait toujours fait preuve d’une possessivité sans pareille pour les autres. Elle aimait le fait qu’on puisse lui appartenir ce qui venait dangereusement faire penser qu’elle avait tendance à considérer les gens comme des objets. Ce n’était pas réellement le cas mais disons juste que la notion de partage n’était pas vraiment dans ses cordes et que par conséquent, le simple fait qu’une fille ait pu venir au bras du blond suffisait à la mettre en rogne. Ouais, elle pourrait devenir folle pour un truc pareil. Encore plus si jamais elle l’a croisait. Alors elle ne pouvait s’empêcher de poser la question ne réussissant pas vraiment à dissimuler cette pointe d’agacement dans la voix. « Oh, vraiment ? » Et ouais, ça la soulageait d’entendre un truc pareil en réalité. Même si d’un autre côté, ça appuyait une nouvelle fois sur la douleur qu’il devait ressentir depuis qu’elle avait mis un sacré espace entre leurs deux vies. C’était difficile de concilier tout ça en réalité, elle n’était pas certaine de réussir à s’en sortir princesse. « Ouais.. Enfin.. Ais, on est d’accord qu’on est pas ensemble ? » Qu’il ne se méprenne pas sur les baisers échangés ou autre. Elle avait besoin de temps pour faire le tri dans tout ça. Sans parler de sa fâcheuse addiction à Cole qui allait sûrement continuer à lui causer des problèmes. Fallait qu’elle redevienne saine pour être de nouveau avec quelqu’un comme Aisling et pour ça, y avait un sacré boulot à faire derrière. Inspirant profondément, elle secouait légèrement la tête avant de repousser une mèche de cheveux derrière son oreille. « J’ai un avion demain à 11h, je vais passer quelques jours en Suisse.. Je pense que je ne vais pas rentrer très tard pour profiter de quelques heures de sommeil. » Princesse, elle savait qu’elle avait besoin de se ressourcer et chaque fois qu’elle avait réussi à le faire était en passant quelques temps dans son pays natal, près de ses proches et de ce qu’elle avait toujours connu. C’était donc en toute logique qu’elle avait réservée ses billets d’avion souhaitant s’éloigner de tout ce qui pouvait se rapprocher d’Harvard pendant quelques temps. Elle ne voulait pas reproduire les même erreurs ni même s’enfuir une nouvelle fois. Fallait qu’elle se contrôle, qu’elle contrôle ses émotions et malgré la métamorphose que les gens avaient pu constater sur elle depuis son retour, il fallait quand même avouer qu’elle se maîtrisait bien mieux que par le passé. « Et toi ? » Qu’elle demandait avec un petit sourire curieuse de connaître ses plans. Et puis quelque part, ça lui donnait l’impression qu’ils étaient en train de converser, comme avant.

« Oui. Vraiment. Ça t’étonne tant que ça ? » A vrai dire, c’était déjà un miracle qu’il ait pris son courage à deux mains et soit venu ce soir. Il avait fermement décidé de ne pas se pointer au bal et il était resté dans son coin pendant toute la durée de la soirée jusqu’à ce qu’il ait vu qu’Agathe était seule. Il y a encore trois heures, il était dans son lit en train de réfléchir à tout et n’importe quoi. C’est une impulsion, une envie du moment qui a fait qu’il se soit levé et ait mis ce costume qu’il gardait dans son armoire au cas où. « Je le sais bien Agathe. Mais tu peux m’en vouloir de profiter du moment ? » Il savait bien que rien n’était fait. Quelques baisers échangés, un peu de passion ne reformait pas un couple, ne réparait pas les erreurs. Ça donnait juste de l’espoir que ça aille mieux, que ça puisse s’arranger. Un jour. Sans doute lointain mais un jour quand même. Elle était sur ses genoux, ses deux grands yeux bleus le regardant avec un air aussi perdu que lui. Il voyait bien qu’elle se posait milles et une questions. Ils avaient autant de problèmes personnels à résoudre que de problèmes entre eux. Ils devaient se mettre bien avant de tenter quoi que ce soit sinon ils n’avaient aucunes chances de survie. Aisling savait tout ça à présent. Il lui demanda ses plans pour les vacances, un peu curieux de savoir où est-ce que la belle allait s’envoler. « Oh c’est bien. Tu vas revoir tes parents. Passe leur le bonjour de ma part. » Dire qu’ils devaient faire ce voyage ensemble. Dire qu’il devait partir avec elle. Qu’il devait rencontrer sa famille, qu’elle devait rencontrer sa mère, son père. Des projets envolés, détruits par une simple erreur de jugement. C’était étrange comme réflexion mais c’était la vérité pure et simple. « Hum, je ne sais pas. Je vais sans doute aller rendre visite à ma mère mais pour le moment aucune idée. » Il ne voulait pas lui dire qu’il avait prévu de passer ses vacances avec elle alors qu’il n’avait rien prévu seul. Ça semblait nul, un peu cliché et surtout pathétique, mais tellement vrai. Aisling a toujours été un gars tellement romantique à en vomir que s’en rendre compte à présent était juste … incompréhensible. « Au moins, j’aurais le temps de reprendre le sport, j’ai comme l’impression d’avoir repris un peu de ventre à force de ne rien faire. » dit-il en riant.

Est-ce qu’ils pouvaient réellement trouver tout ça ? Elle n’en avait aucune idée. Au fond d’elle, elle l’espérait. Elle espérait sincèrement qu’ils puissent être un jour comme ils l’ont été par le passé. Parce que cette relation si spéciale qu’elle avait pu construire avec lui c’était sûrement la meilleure chose au monde. Et elle savait que si elle le perdait définitivement elle ne serait plus jamais la même. Parce qu’avec le temps, il était devenu une partie d’elle et se séparer de lui, c’était perdre une moitié de son âme même si dans le fond, ça sonnait misérable de dire un truc pareil. « Je.. Bah honnêtement Aisling, tu pourrais venir avec qui tu veux. » C’était un beau garçon, fallait pas se mentir et concrètement, il pouvait avoir qui il voulait sans même avoir à faire le moindre effort alors ouais, elle était étonnée. Parce qu’elle avait réellement pensée qu’il viendrait avec quelqu’un ne serait-ce que pour l’emmerder. Quoi que de toute évidence, il n’était définitivement pas dans cet état d’esprit. « Non, non.. J’voulais juste qu’on soit clairs. » Qu’il n’y ait pas de mauvaise interprétation ou d’attente après tout ça en fait. « Je n’y manquerais pas. » Quoi qu’elle ne savait pas vraiment en fait. Parce qu’il aurait dû venir avec elle et finalement, elle avait annoncé à ses parents faire le voyage seule. Elle n’avait pas vraiment envie de répondre à des tas de question et elle savait qu’elle en aurait déjà pour son absence. « Tu lui diras bonjour de ma part aussi. » Elle savait que la mère d’Aisling l’affectionnait particulièrement même si elle n’avait pas encore eu la chance de la rencontrer. Et concrètement, cette rencontre serait probablement remise à plus tard puisque ce n’était définitivement pas une bonne idée pour le moment. Et ouais, c’était bizarre de voir tous leurs plans tomber à l’eau. C’était comme prendre soudainement conscience que les choses avaient tellement dérapés entre eux qu’ils n’avaient à l’heure d’aujourd’hui plus aucun projet. La constatation faisait vraiment mal pour la peine. « Pfu, dis pas n’importe quoi, t’es parfait comme tu es. » Il s’était vu là, avec tous ses muscles saillants ? Même pas en rêve qu’il avait pris poids en fait. « J’essaie d’en perdre en vain moi, j’ai l’air totalement boudinée dans cette robe. » Et comme bien souvent, il n’y avait qu’avec lui qu’elle osait réellement parler de ses complexes.

Il savait bien qu’il attirait. Beaucoup. A présent, il était le jeune intello que toutes les filles voulaient pour au moins une nuit. Mais il n’était pas comme ça Aisling. L’instabilité d’une relation d’un soir le rend nerveux, l’agace plus qu’autre chose. Il aime la stabilité dans ses relations. Alors le fait d’avoir foutu en l’air sa relation avec Agathe pour une relation d’un soir semble être le parfait exemple d’une instabilité. « Si tu le dis. Mais bon, on sait tous les deux que je ne voulais pas venir avec n’importe qui. » dit-il en baissant les yeux, regardant les mains d’Agathe, regardant le sol afin de ne pas croiser son regard et voir la douleur dans ses yeux. Il sait bien que rien n’est fait, mais il est comme un enfant qui ne retient qu’un instant, qu’un moment. Qui ne se concentre que sur l’instant présent. Et pour le moment, il profite de celui qu’il vit à présent. « Ne t’inquiète pas. J’ai compris. » Il relève un peu la tête, esquissant un sourire contrit. Oui, ça fait mal mais quel choix a-t-il ? Aucun. Il n’en avait pas alors il fait avec. Il souffre en silence et se tient à carreaux. Il reste tranquille. Son traitement a définitivement fait effet depuis qu’il l’a reprit. Avant, durant ces longs mois où sa psyché n’était qu’un assemblage incomplet de pièce dépareillé, il aurait juste été brusque, nerveux, agacé. Pas violent, mais agité. Il n’aurait pas tenu en place et aurait tout de suite cru qu’elle sortait avec Cole en secret. Il n’allait pas mentir et dire qu’il n’avait jamais pensé à cette éventualité, mais il a confiance en elle et si elle n’a rien dit c’est que c’est vrai. « Il n’y a pas de soucis. De toute façon, même si je ne dis rien, elle va me demander de tes nouvelles quand même. » Sa mère aime beaucoup Agathe. Et c’est sans doute réciproque. Les deux femmes de sa vie. Bien que la mère d’Ais se soit fait un sang d’encre ces derniers mois, il a réussi à la garder à l’écart de tout, à tout cacher. Alors oui, sa chère génitrice ne sait rien de tout ce qui s’est passé, y compris la tromperie dont les deux ont fait preuve. Pas besoin de l’inquiéter plus que de raison. « Mouais. J’ai quand même un sacré sale caractère quand je m’y met. » Retroussant les manches de sa chemise en ayant retiré sa veste au préalable, il profitait de l’air frais qui passait quelque fois entre eux. « T’es magnifique comme tu es. Mais si tu veux absolument perdre, on n’a qu’à aller faire du sport ensemble si tu veux. » Un moyen d’évacuer tout ce qu’ils ont accumulé ces derniers temps.

Sûrement qu’elle ne l’était pas. On lui répétait sans cesse qu’elle était bien foutu, qu’elle n’avait pas de souci à se faire et que beaucoup vendrait leurs mères pour avoir un corps comme le sien mais Agathe, sous ses airs de princesse froide, cachait les cicatrices de son passé. Le manque de confiance en faisait totalement partie puisqu’il était de toute évidence bien difficile de remonter la pente après un calvaire comme le sien. C’était de là que venait sa méchanceté et son besoin d’écraser les autres. C’était aussi pour ça qu’elle avait rejoint la Eliot à moins que ça ne soit finalement son vrai caractère dévoilé au grand jour. Il était difficile de la cerner de toute façon, personne n’était réellement apte à le faire. A part Aisling qui arrivait toujours à lire en elle comme dans un livre ouvert si on passait outre les derniers mois et les problèmes qu’ils avaient eu à affronter. « T’as pas cherché à m’inviter non plus » qu’elle finit par lâcher. C’est pas un reproche, plus une constatation. Mais clairement, à aucun moment il n’avait tenté le tout pour le tout en l’invitant ce soir. Peut-être qu’elle aurait dit non s’il l’avait fait, elle n’en savait rien et au final, la réponse ne serait jamais là. Quoi qu’il en soit, il n’avait pas de cavalière à son bras et si on prenait en compte qu’elle-même était venu avec son colocataire qui était un sacré goujat, il n’avait pas réellement de souci à se faire. « Ta mère et sa passion pour moi » qu’elle dit dans un sourire. Parce que ouais, sans vraiment comprendre pourquoi, la mère d’Aisling l’avait toujours mise sur un piédestal. Chose qu’elle ne méritait absolument pas. « Mh, je confirme pour le sale caractère. » Elle en avait fait les frais lors des disputes. Lors de l’échange de sms assez violent où elle avait vu les insultes cachés derrière ses mots. Disons que ce n’était pas une partie de lui qu’elle avait l’habitude de voir et sur le moment, elle avait clairement été blessée qu’il puisse s’adresser à elle de la sorte. « Le simple fait que tu me proposes de venir avec toi souligne le fait que tu es d’accord.. Je suis boudinée dans cette robe. » Elle ne savait même pas si elle devait être vexée au final qu’il s’accorde à ses mots. « Mais allez, deal. Si tu arrives à me traîner hors de mon lit pour transpirer pendant des heures, ça sera ta propre victoire. »

Avoir confiance en soi. Impossible pour les deux jeunes gens qu’ils sont. Deux personnes brisées par des années de galères, par des critiques constantes et des écrasements quotidiens par des petits merdeux qui n’ont d’autres à faire de leur vie. Mais si Aisling n’a reçu cela que de la part d’étrangers, Agathe, elle l’a eut de la part de la personne qui partageait sa vie à un moment et ça, Ais ne pouvait pas se le pardonner. De ne pas avoir été là, de ne pas avoir été présent, à ses côtés. De ne pas avoir su la faire revenir plus tôt. « Tu aurais dit oui ? » Il savait bien pourquoi il ne lui avait pas demander de venir avec lui. Il savait bien que ce n’était pas possible pour elle de tout mettre de côté le temps d’une soirée après tout ce qu’il lui avait dit et fait subir. « Je m’en doutais. » Il a du mal avec le rejet Aisling. Il a toujours une peur panique qu’on l’abandonne, qu’on le mette de côté, alors non, il n’aurait pas demandé à Agathe parce qu’il ne l’aurait tout simplement pas supporté. Il n’aurait pas supporté la peine que ça lui aurait causé, ni les conséquences qui viendraient après. « Vraiment, je me demande bien pourquoi. » répondit-il avec un air mutin. Bien décidé à la charier un peu. Mais elle ne manque pas de répliquer qu’il a effectivement un sale caractère. « Ouais ouais ouais. Seulement en semaine B. » Elle en a fait les frais, il le sait. Il en a très bien conscience et s’en veut encore tous les jours pour ce qu’il a pu insinuer avec ses mots. C’est ça le truc avec Aisling. Il ne va jamais insulter directement, il va faire comprendre l’insulte de manière implicite. C’est tordu, vicieux, pervers. Une sorte de manipulation de l’esprit parce que l’insulte peut être comprise des jours plus tard ou à la seconde même si l’esprit est assez rapide. « Je t’invite à venir parce que je sais que tu te sentiras mieux. Pas parce que tu en as besoin ni rien du tout. » Il essaye de la rassurer, comme d’habitude. Elle est très bien comme elle est mais si elle ressent le besoin de se raffermir, il serait plus qu’heureux de l’aider. « Réveil à 5h du matin pour bien démarrer la journée avec un jogging. J’espère que t’es prête parce que mon entraînement sera … rude. » dit-il avec un air très sérieux. « Ne t’inquiète pas, je vais te ménager un peu princesse. » Un baiser posé sur son épaule, un regard coquin. Il retrouve enfin une complicité perdue.

Non mais parce que si elle faisait l’effort une fois, ça serait bien. Deux, ça serait presque un miracle. Trois ? Non, fallait peut-être pas rêver en fait. Parce que bon, Agathe, c’était quand même une sacré flemmarde. Une adepte des grasses matinées. Et généralement, elle ne commençait jamais sa journée sans bouffer des pancakes ou autre connerie du genre. Alors ouais, lui faire faire une croix sur ça pour aller faire du sport, ça allait presque être un combat en fait. Elle haussait les épaules baissant les yeux, incapable de donner une réponse à sa question. Est-ce qu’elle aurait dit oui ? Elle n’en savait rien. Elle ne savait pas parce qu’il n’avait pas proposé. Probablement que sa réponse aurait été non mais.. On ne savait jamais. On ne pouvait jamais savoir en fait. « Sûrement parce qu’elle a compris à quel point je pouvais être parfaite » qu’elle lançait dans un petit rire sans même croire une seule seconde à ses propres paroles. « Tant que tu ne t’en prends plus à moi, tout vas bien » qu’elle répond d’un sourire moqueur. Non mais en fait, ouais, elle avait toujours un peu en travers ce qu’il avait pu lui dire. Et même si elle savait qu’à ce moment-là rien n’allait pour lui et qu’avec son traitement c’était compliqué, elle avait du mal à encaisser ce qu’il avait pu lui dire malgré les excuses qui était venu s’ajouter à tout ça depuis. « Joli rattrapage mon cœur. » Qu’elle lâchait se rendant après coup des paroles qu’elle venait de sortir. Ses joues prenaient soudainement une teinte rouge vif et elle détournait le regard espérant qu’il ne surenchérirait pas sur ses mots. « Héééé, moi aussi je peux te rendre la vie rude. Genre.. Tu fais des pompes et je m’assoies sur ton dos. » Elle rigole à son tour avant de secouer la tête. « Tu sais en plus que je ne serais clairement pas une bonne élève. » Agathe avait un taux de concentration pas vraiment élevé hormis quand il s’agissait de ses bouquins. Un rien pouvait attirer son attention si bien qu’il lui était presque impossible de se focaliser sur les choses.