Maverick était le genre de personne que Lisbeth aimait : posant des questions mais pas trop, sachant s’arrêter quand il le fallait. Si elle avait rencontré un homme trop intrusif, trop insistant, elle aurait vite coupé les ponts. Ou elle lui aurait fait savoir son mécontentement. Et si elle en avait rencontré un qui ne demandait rien, elle se serait quand même demandé s’il s’intéressait un tant soit peu à sa vie. D’accord, elle détestait quand on l’interrogeait sur sa vie privée et elle avait eu bien du mal à s’ouvrir à Maverick mais au final, ça lui faisait un bien fou qu’une personne s’intéresse à elle. Toutefois, la jeune femme était contente quand il cessa de l’interroger car elle ne pouvait pas en dire plus. Il ne chercha pas à savoir avec qui elle s’entraînait et c’était tant mieux pour elle. Au pire, elle aurait dit qu’il s’agissait d’un professeur d’Harvard, sans entrer dans les détails. Ce qui était vrai. Ce qu’il ne devait pas savoir, c’était que ce professeur était l’homme qui lui avait tiré dessus. Un peu rassurée, Lisbeth adressa un petit sourire à Maverick. Il semblait soulagé qu’elle prenne des cours et il lui proposa même son aide pour ses entraînements. Elle ne put s’empêcher de rire en se rappelant la râclée qu’il avait reçue plus tôt dans la journée. Mais il lui avait quand même donné du fil à retordre !

« Je te demanderai de l’aide alors, pour mes entraînements. Et bien sûr qu’on ira chez moi, le jour où on se rendra en Suède. »

Il fallait juste qu’elle demande à Mikael de mettre un peu d’ordre chez elle et de décorer un peu son appartement. Parce que question aménagement et tout le reste, elle avait fait le strict minimum, étant plutôt occupée à croupir soit à l’hôpital, soit en prison. En fait, elle se rendait compte qu’elle avait très peu profité de son magnifique appartement de Stockholm. Malgré tout, elle avait hâte de faire découvrir sa ville natale à l’homme qu’elle aimait. Malheureusement, ce dernier se fit mordre par une bestiole invisible et, inquiète, Lisbeth l’avait rejoint pour examiner sa blessure. Elle était rouge et la marque des crocs de la bête était bien visible. Aussi proposa-t-elle à Maverick de rentrer pour désinfecter la plaie. Elle lui sourit quand il la remercia et elle se blottit un instant dans ses bras.

« C’est à moi de te remercier de m’avoir accompagnée. »

A son tour, elle ramassa ses vêtements et les enfila par-dessus ses sous-vêtements mouillés. Elle aussi détestait cette sensation d’habits collés à sa peau. Elle enfila sa veste par-dessus son chemisier devenu pratiquement transparent avant de prendre la direction de son appartement. Le couple quitta la plage déserte, laissant l’océan calme derrière eux. En chemin, Maverick s’appuya sur Lisbeth et elle passa son bras sous lui pour le soutenir : elle avait une sacrée force pour son gabarit !

« Oui, dans cinq minutes… »

Quand il s’arrêta, elle le lâcha le temps qu’il enlève son haut : elle comprenait parfaitement son geste ! Malheureusement, elle ne pouvait pas en faire autant au risque de se faire arrêter pour exhibitionnisme. Une fois son homme torse nu, elle le soutint à nouveau et ils poursuivirent leur chemin tranquillement. Bientôt, ils arrivèrent chez Lisbeth et ce ne fut pas une mince affaire de monter tous ces étages pour arriver chez elle ! Mais ils y arrivèrent et bientôt, ils pénétrèrent dans son appartement. La jeune femme désactiva l’alarme de sécurité et amena Maverick jusqu’à son canapé pour qu’il s’y assoie.

« Je vais chercher de quoi soigner ta blessure. »

Mais avant, elle se débarrassa de ses vêtements mouillés et se retrouva… En sous-vêtements. Elle reprenait peu à peu ses habitudes quand elle était seule chez elle… Malgré qu’ils soient mouillés, elle garda ses dessous (bah quoi, c’est comme si elle était en maillot de bain, non) et se dirigea vers la salle de bain. Là elle trouva une bouteille d’eau oxygénée, du désinfectant, des compresses et un bandage. Merce qui ? Merci son épaule blessée quelques semaines auparavant ! Lisbeth en profita pour prendre deux serviettes sèches et chaudes (merci le porte-serviettes chauffant) et revint au salon. Elle posa tout son bazar sur la table basse et tendit un linge à Maverick pour qu’il se sèche. C’est alors qu’elle prit conscience de sa tenue et elle rougit. Elle s’empressa alors de nouer sa serviette autour de sa poitrine avant de demander au jeune homme de poser son pied sur la table basse pour qu’elle puisse voir sa blessure. Elle s’agenouilla au sol et pencha la tête pour l’examiner. Ce n’était pas joli joli et elle était contente qu’ils soient rentrés pour s’occuper de son mollet. Il ne manquait plus qu’il attrape une infection, tiens ! Alors elle nettoya sa plaie avec l’eau oxygénée non sans avoir averti Maverick que ça allait piquer. Elle fit la même chose quand elle la désinfecta avant de mettre une compresse stérile sur la plaie et de l’emballer dans un bandage ni trop serré ni trop volumineux. Une fois son devoir accompli, la jeune femme se releva.

« Et voilà, tu es tout neuf ! » Plaisanta-t-elle.

Elle lui adressa un grand sourire avant de s’asseoir auprès de lui, sur le canapé, pour détendre ses jambes de la position inconfortable dans laquelle elle était quelques minutes plus tôt.

EXORDIUM.

Lisbeth n’avait pas bronché quand Maverick avait sursauté puis crié quand elle avait nettoyé et désinfecté sa plaie. Elle était bien obligée de lui faire un peu mal pour que le traitement soit efficace. De toute façon, elle essaya d’aller le plus vite possible pour ne pas qu’il souffre trop. Une fois son mollet bandé, elle se releva pour venir s’asseoir à ses côtés. Elle posa ses pieds sur sa table basse et se laissa aller en arrière. Quand Maverick vint se coucher contre elle, un petit sourire se dessina sur ses lèvres et elle passa une main dans ses cheveux encore mouillés. Elle s’amusa un instant à les ébouriffer puis à les recoiffer et se laissa faire quand il fit de même avec les siens.

« Ne me remercie pas, c’est normal. »

Le jeune femme ressentit son long frisson et elle le serra un peu plus contre elle. Elle frotta son bras pour tenter de le réchauffer un peu plus. Dans ses vêtements mouillés, il n’allait pas avoir chaud de sitôt… Zut, elle n’avait pas pensé au fait qu’il n’aurait pas d’habits à lui chez elle. C’est à ce moment qu’une pensée étrange traversa furtivement son esprit : et s’ils laissaient chacun quelques vêtements chez l’autre ? Histoire de se dépanner, au cas où un épisode du genre devait se reproduire. Lisbeth se mordit la lèvre et frissonna à son tour. Cela ne signifiait-il pas que leur relation évoluait ? Que ses sentiments grandissaient de jour en jour ? Ça commençait par des vêtements, des affaires de toilette et puis ça se terminait en choisissant un endroit pour vivre à deux. Cette constatation l’effraya un tant soit peu. Était-elle prête à aller jusque-là ? La cohabitation s’était certes très bien passée quand elle avait vécu chez lui mais est-ce que ça signifiait quelque chose ? Etaient-ils prêts à vivre ensemble ? Stop, Lisbeth, tu te poses trop de questions, là !

A son tour, elle lui offrit un baiser tout en posant une main sur sa joue pour la caresser tendrement. Il ne pouvait pas rester ainsi, mouillé, sinon il allait attraper un rhume. Elle se redressa légèrement et posa son regard dans le sien. Comme toujours, elle s’y perdit et resta un moment silencieuse, subjuguée par ces deux océans. Elle espérait que leur(s) enfant(s) auraient les mêmes yeux… Le rouge monta instantanément à ses joues dès que cette pensée l’effleura.

« Euh… Je… Je pense que l’un de nous devrait passez chez toi te prendre des vêtements secs. Je t’en prêterais bien mais… Tu n’es pas une femme et je ne pense pas que tu rentres dans la taille S… »

Un sourire se dessina sur ses lèvres mais ses joues étaient toujours cramoisies. La jeune suédoise passa une main sur son bras recouvert de chair de poule.

« Je peux y aller… Enfin, si tu veux, hein. Je ne pense pas que ce soit judicieux que tu marches beaucoup avec ta jambe. »

Après tout, peut-être qu’il ne voulait pas lui donner les clés de son appartement pour qu’elle lui prenne des vêtements. Elle attendit sa réponse tout en se remettant à caresser ses cheveux.

EXORDIUM.