Lisbeth suivit Maverick hors du restaurant après avoir enfilé sa veste. Elle salua à son tour l’hôtesse d’accueil avant de franchir la porte qui les mena à l’extérieur. L’air frais de la nuit lui fit un bien fou et elle soupira d’aise. Elle se sentait un peu moins étouffée et la chaleur qu’elle avait ressentie avait diminué d’un cran. Elle marcha un peu en retrait du jeune homme, profitant de la douceur de la nuit. Elle était perdue dans ses pensées quand Maverick ralentit. Elle faillit lui rentrer dedans et l’évita de justesse. La jeune femme se mit à ses côtés et réfléchit un court instant. Quand il la prit dans ses bras, elle vint se blottir contre lui. Ce qu’elle pouvait aimer ce contact physique ! Elle aurait pu rester des heures ainsi, à écouter les battements du cœur de l’homme qu’elle aimait. D’ailleurs, Lisbeth ferma un instant les yeux pour profiter plus pleinement de ce moment. Mais soudain, Maverick recula et alla s’asseoir sur un muret. Intriguée, un sourcil arqué, elle le suivit et s’installa à côté de lui. Qu’est-ce qui lui prenait, tout à coup ? Un peu inquiète, elle passa une main sur son dos. Elle le laissa parler et fut surprise par ses paroles. Ce qu’elle pensait de lui ? Mais de quoi parlait-il ?

« Attends, tu parles de quoi ? Tu fais allusion à ta famille ? »

Elle était pratiquement certaine qu’il voulait parler de ce qu’il avait fait à sa mère et du décès de son frère. Elle savait qu’il se reprocherait toute sa vie son décès car il pensait ne pas l’avoir suffisamment protégé. La jeune femme savait que toutes les paroles du monde ne suffiraient pas à apaiser cette culpabilité, que seul le temps ferait son œuvre. Le mieux qu’elle avait à faire, c’était le rassurer, encore et encore, peu importe combien de fois elle devrait se répéter.

« Je te trouve… Courageux. Tu es un homme bien, Maverick, peu importe ce que tu penses de toi-même. Je sais que tu te reproches beaucoup de choses, que tu te sens coupable de beaucoup de choses aussi mais il va falloir que tu apprennes à vivre avec. Tu vas devoir te pardonner, un jour ou l’autre, sinon jamais tu ne vivras en paix avec toi-même. Le passé, et bien c’est le passé. Ta famille entière est morte et c’est triste, c’est injuste même mais tu ne peux pas les faire revenir… Personne ne le peut. Alors oui, tu souffres, oui, ça fait un mal de chien mais tu dois dompter ce mal. Il faut qu’il te rende plus fort. »

Il voulait la vérité ? Et bien Lisbeth n’était pas quelqu’un qui ménageait les gens et encore moins Maverick. Il acceptait ou pas ce qu’elle lui disait mais elle ne regretterait jamais un seul mot de ce qu’elle lui disait. L’honnêteté était une qualité innée chez elle, peu importe que ça plaise aux autres ou non.

« Je n’ai pas beaucoup de recul car je te connais depuis peu de temps mais ce que je vois en toi… Tu t’es battu pour en arriver là. Comme je le disais, tu es courageux, tu es une bonne personne, peu importe ce que tu as fait. Peu importe ton passé, peu importe qui tu étais avant, je t’aime tel que tu es. Et je pense que si je t’avais rencontré avant, j’aurais pensé la même chose. »

Lisbeth était descendue du muret et était face à l’homme qu’elle aimait. Elle tenait son visage entre ses mains et le fixait avec une certaine douceur teintée de conviction et de dureté. Un contraste assez saisissant.

« Tu es quelqu’un de bien… » Répéta-t-elle.

Et elle, était-elle une bonne personne ? Elle préféra ne pas répondre à cette question et surtout, elle ne voulait pas (se) la poser.

EXORDIUM.

Lisbeth fixait Maverick de ses magnifiques yeux mordorés. Elle ne pouvait pas être plus honnête et sérieuse : il devait apprendre à vivre avec son passé et ne pas se laisser bouffer par lui. Il devait aussi se pardonner pour ce qu’il avait fait et surtout, il devait cesser de culpabiliser pour le décès de son frère. Ce qui devait arriver était bien arrivé, c’était ainsi. Quoi qu’il aurait pu faire, ça devait se terminer comme ça. Quand le destin s’y mettait…. Par contre, une chose était certaine : jamais elle ne cesserait de l’aimer. Comme elle le disait, elle l’aimait pour qui il était. Elle ne pourrait pas éprouver des sentiments aussi forts pour un Maverick jouant un rôle, cachant ce qu’il ressentait vraiment. Elle aimait ce Maverick avec son passé bien à lui. D’ailleurs, c’est ce dernier qui l’a construit tel qu’il est aujourd’hui. Et Lisbeth aimait ce Maverick là et pas un autre. Tenant toujours son visage entre ses mains un peu froides, elle attendait sa réaction. Elle tiqua très légèrement quand il lui dit qu’elle semblait être une personne bien, aussi. Mais juste sembler alors… Elle lui cachait bien des choses en ce moment et elle espérait que ses secrets n’étaient pas en train de les détruire à petit feu. Mais elle se convainquait qu’elle faisait tout ça pour lui, pour eux. Elle craignait de le mettre au courant par peur de le mettre en danger.

Elle fut coupée dans ses pensées par le baiser que Maverick lui offrit. Elle ferma alors les yeux et répondit à son baiser avec tendresse. Elle était tellement bien en ce moment, ça lui faisait un bien fou de se sentir aimée et protégée ! Ça lui changeait de son habitude. La jeune femme le laissa descendre de son perchoir et marcha à ses côtés en direction du port. Un petit sourire apparut sur ses lèvres : elle avait exactement la même idée. Mais pourquoi était-elle autant attachée à ces grandes étendues d’eau ? Peut-être parce qu’elles lui permettaient de s’échapper dans son univers intérieur, là où tout était tranquille, paisible, sans danger. Là où tout était possible. Lisbeth s’arrêta à son tour au bord de l’eau, son regard perdu sur les vaguelettes s’écrasant gentiment contre le bord.

« Oui, c’est une magnifique soirée… »

Détachant tant bien que mal son regard de l’océan, elle regarda leurs mains entrelacées avant de se blottir contre Maverick. A nouveau, elle entendit les battements de son cœur et elle ferma les yeux pour se laisser bercer par ce rythme apaisant. Elle frissonna au contact de ses mains sur son dos et elle se colla un peu plus à lui. Elle aussi ressentit cette bouffée de chaleur caractéristique et ses joues reprirent leur teinte rouge caractéristique. Oula, il fallait qu’elle se calme ! Alors elle se recula légèrement et adressa un sourire mystérieux à l’homme qu’elle aimait.

« Viens, suis-moi. »

Elle connaissait l’endroit par cœur alors elle le guida à travers le port peu animé pour ensuite le quitter. Ils se retrouvèrent sur une plage déserte et isolée et Lisbeth enleva ses chaussures pour marcher plus aisément sur le sable frais. Elle s’éloigna un peu plus de toute civilisation avant de s’arrêter. Elle se tourna alors vers Maverick, gardant une distance respectable entre eux. Là, elle le fixa de son magnifique regard avant de porter ses mains à son chemisier blanc. Elle commença à le déboutonner lentement et elle fit glisser le tissu léger sur sa peau avant qu’il n’atteigne le sable. Toujours en fixant Mavercik, elle fit subir le même sort à son pantalon. A présent, elle était en sous-vêtements et elle se dirigea lentement vers l’eau. Une petite brise fraîche lui fit avoir la chair de poule mais elle poursuivit son chemin. Quand ses pieds atteignirent la surface iodée et salée, un grand frisson la parcourut. Elle se tourna alors vers l’homme qu’elle aimait.

« Viens avec moi… »

Sa fine silhouette presque nue se dessinait à la lueur de la lune : on aurait pu croire qu’elle faisait partie d’un rêve, qu’elle n’était qu’une belle illusion. Et la belle créature tendit sa main en direction de l’homme qu’elle avait appelé, en attente de sa réaction.

EXORDIUM.

Lisbeth avait observé Maverick se mettre dans la même tenue qu’elle. Elle se mordilla la lèvre quand elle le vit avancer vers elle, torse nu : ce qu’il était beau ! Elle avait vraiment de la chance de l’avoir dans sa vie (et pas seulement pour sa beauté). Son regard s’attarda un instant sur son tatouage situé sur sa hanche avant de détourner les yeux et de continuer à avancer dans cette eau froide où la lueur de la lune se reflétait. Elle se sentait inexorablement attirée par cette immense étendue et elle inspira à fond pour que cet air iodé pénètre dans ses poumons. Au compliment de l’homme qu’elle aimait, elle sourit, ne se rendant pas compte à quel point elle était magnifique sous cette lueur. Le regard de Maverick sur elle la brûlait mais pas dans le mauvais sens du terme. Une douce chaleur l’envahit et elle se laissa couler pour s’immerger complètement sous l’eau. Brrr, elle était bien froide ! Mais une fois dedans, elle s’habitua rapidement à sa température. Ça avait un avantage de vivre en Suède ! La jeune femme resta un instant sous l’eau avant de remonter en surface. Elle chercha un instant Maverick du regard et vit qu’il nageait un peu plus loin. Elle sourit et se mit sur le dos pour observer la lune. La soirée était vraiment très calme et elle se sentait apaisée. Si seulement elle pouvait se sentir aussi bien un peu plus souvent ! Finalement, elle se remit en position debout au moment où le jeune homme revenait vers elle.

« Je voulais qu’on soit que nous deux. Et je t’avoue que je viens souvent ici toute seule… L’océan m’apaise. »

Elle rit quand il l’éclaboussa et elle en fit de même. Puis elle vint tout près de lui et passa ses bras autour de sa nuque avant de se mettre sur la pointe des pieds pour l’embrasser. Mais au dernier moment, elle se ravisa et décida de nouer ses jambes autour de sa taille pour s’accrocher à lui. Voilà, c’était mieux ainsi, et ils faisaient presque la même taille comme ça ! Une fois dans cette position, Lisbeth se permit d’embrasser tendrement Maverick. Elle n’était pas bien lourde et l’eau allégeait un peu plus son poids alors il n’allait pas avoir trop de problème pour la tenir contre lui.

« Ce paysage me fait un peu penser à la Suède… Mon appartement de Stockholm donne sur la mer, un peu comme celui de Boston. Cette vue, l’océan ou la mer, ça a longtemps été mon échappatoire quand ça n’allait pas. »

Beaucoup d’informations contenues dans une seule phrase. Déjà le fait qu’elle possédait deux appartements à son âge (comment était-ce possible ? Mystère !). Et puis le fait que l’océan l’apaisait quand ça n’allait pas. Donc, en ce moment, quelque chose la tracassait, non ? Mais Lisbeth ne fit pas attention à ces paroles et elle se blottit contre Maverick. Ce soir, ils avaient la plage et ce bout d’océan rien que pour eux. La nuit leur appartenait et ils allaient en profiter.

« Tu m’accompagneras un jour à Stockholm ? »

Là-bas, elle avait vécu l’horreur mais c’était sa ville natale et elle l’aimait. Ce n’est pas elle qui lui a fait du mal mais certaines personnes l’habitant. La jeune suédoise fixait Maverick de son beau regard brun. Puis elle posa une main sur sa joue et l’embrassa une nouvelle fois. Ce qu’elle pouvait l’aimer, de tout son cœur. De toute son âme, même.

EXORDIUM.

Lorsque Maverick l’attira un peu plus contre lui, son cœur manqua plusieurs battements et une nouvelle bouffée de chaleur l’envahit. Elle s’étonnait de l’effet qu’il avait sur elle et, malgré la fraîcheur de l’eau, elle eut du mal à réprimer le feu qui montait doucement en elle. Son regard plongé dans le sien, le silence les entourait tel une bulle fragile, seulement perturbé par le bruit des vagues s’écrasant sur le rivage. C’est alors qu’il aborda un sujet sensible et Lisbeth se crispa inconsciemment. Elle détestait toujours autant qu’un tiers se mêlât de sa vie privée et elle se sentait vulnérable, mise à nue (et ce n’était pas à cause de sa petite tenue du moment). Mais Maverick n’était pas n’importe qui. S’il lui avait ouvert son cœur, la laissant pénétrer dans sa vie privée et lui poser des questions, pourquoi n’en ferait-elle pas autant ? Et, à entendre sa question, il n’avait vraiment aucune idée du travail qu’elle exécutait à côté de ses études. Etudes qui seraient bientôt terminées. Mais comment pouvait-il savoir quoi que ce soit sur son activité si elle ne lui parlait pas ? Le silence n’était plus aussi léger qu’il y a quelques minutes et la jeune femme persistait à se taire. Elle profitait toujours de cet instant magique et des gestes de tendresse de l’homme qu’elle aimait tout en sentant la panique monter en elle. Elle craignait sa réaction mais surtout pour sa sécurité à elle et celle de Maverick. Un sacré dilemme grondait en elle. Fermant les yeux, elle posa sa tête contre son épaule alors qu’il lui caressait le dos. Si tout allait bien ? Quand elle était près de lui, oui, bien sûr. Mais en général et une fois seule, non. Bientôt, elle fut bien obligée de lever la tête quand il posa ses mains sur son visage pour qu’elle le regarde. Elle ne pouvait plus se dérober.

« Tu sais, quand tu es acquittée d’un procès dans lequel on t’a traité de meurtrière et que tu as réussi à prouver le contraire, ça rapporte pas mal. Sans oublier… Tout ce que la justice me devait en dommages et intérêts. Le fait que j’ai été internée injustement, par exemple… Et… »

Et son viol, qu’elle avait pu prouver alors qu’on la prenait pour une menteuse et une déséquilibrée mentale. L’enregistrement était toujours bien caché dans son disque-dur et gravé sur un CD mis sous clé chez elle. On ne sait jamais, si elle devait s’en resservir un jour. Mais elle ne pouvait pas lui parler de son viol. Elle se sentait honteuse et culpabilisait toujours. Quand elle y repensait, elle avait toujours la nausée, envie de vomir et elle courait se doucher comme pour effacer toute trace d’effraction que son corps avait subi. Et là, elle y repensait.

« Donc j’ai un appartement à Stockholm, un pied à terre au cas où et puis un autre ici. Car je pense que je vais rester pas mal de temps dans le coin… »

La nausée qui montait doucement en elle commençait à la faire pâlir. Elle frissonna et se blottit un peu plus contre Maverick. Chose contradictoire car en général, elle préférait éviter tout contact physique. Mais Maverick n’était pas n’importe qui et elle se savait protégée à ses côtés.

« Maverick… Mon travail est… Complexe. »

Lisbeth plongea son regard dans le sien avant de soupirer profondément. Par où commencer ?

« Je… Je suis souvent sollicitée par des gens haut placés pour faire des recherches sur X ou Y personnes. Ça peut être des informations que je dois récolter sur de grands PDG ou sur des hommes d’Etat… Pour vérifier leurs mœurs. Pour vérifier si ces gens sont irréprochables pour le métier qu’ils font. Et je travaille souvent sous couverture. Je prends garde à ne pas révéler ma véritable identité. Personne ne connait Lisbeth Larsson au sein de mon travail. Je fais ça pour assurer ma sécurité et mon anonymat. Ils ne savent même pas à quoi je ressemble. »

Et ce boulot payait très bien. Elle pourrait encore s’en acheter, des appartements ! Mais à quoi bon ? Ceux de Stockholm et de Boston lui suffisaient amplement. Elle n’avait pas la folie des grandeurs. La jeune femme déplia ses jambes et descendit de son « perchoir ». Une fois debout dans l’eau, elle s’éloigna légèrement de Maverick. Elle était en train de lui avouer qu’elle avait plusieurs identités. Elle était en train de lui révéler des choses qu’elle n’avait jamais dites à personne. Et elle prenait un grand risque.

« Il faut que je t’avoue quelque chose… Non… Ça ne va pas bien… »

Elle détourna son regard et ferma les yeux pour retenir les larmes qui menaçaient de couler. Elle se laissa une nouvelle fois glisser sous les eaux sombres de l’océan pour s’immerger complètement. Bon, il fallait qu’elle mette de l’ordre dans ses pensées. Comment avouer tout ceci à Maverick ? Comment trouver les mots ? Quand elle manqua cruellement d’air, elle remonta à la surface et remplit ses poumons d’oxygène frais.

« J’ai découvert pourquoi je me suis fait tirer dessus. »

Pour le moment, elle ne voulait pas parler de l’auteur de ce tir ni même avouer qu’elle s’entraînait avec lui pour tenter de protéger sa vie. Pour le moment, la jeune femme fixait Maverick d’un regard accablé et douloureux. Une larme coula alors sur sa joue et elle baissa le regard. Encore une fois, elle était en danger. Encore une fois, on lui voulait du mal. Mais qu’est-ce qu’elle a fait pour mériter ça ?

EXORDIUM.

En voyant l’air surpris de Maverick, Lisbeth se demanda un court instant pourquoi il réagissait ainsi. Puis elle fit le rapprochement. Mais qu’allait-il croire, là ? Pensait-il vraiment qu’elle allait quitter Boston pour Stockholm comme ça, sans raison ? Non, bien sûr que non ! Si elle avait tenu à garder son appartement de la capitale suédoise, c’était pour avoir un pied à terre quand elle revenait au pays. Elle ne voulait pas débarquer chez elle et ne pas avoir de maison ! En voyant l’inquiétude sur le visage de l’homme qu’elle aimait et à la suite de ses paroles, elle s’approcha de lui et toucha son bras d’un air rassurant.

« Je ne compte pas quitter Boston, Maverick. Si j’ai gardé mon appartement à Stockholm, c’est pour avoir un endroit où dormir quand je vais en Suède. Tu sais, j’assure mes arrières et je fais très attention à moi. Ça fait des années que je fais ça et tout se passe bien. »

Ce n’était pas ce qu’elle faisait qui l’inquiétait mais plutôt cette personne qui la voulait morte. Lisbeth se demandait toujours pourquoi cette femme lui en voulait à ce point et elle était presque certaine que ça n’avait rien à voir avec ses activités illégales. En parlant de cette mystérieuse femme, elle révéla à Maverick qu’elle avait découvert pourquoi son agresseur lui avait tiré dessus. Heureusement qu’elle ne toucha pas un seul mot au sujet de l’auteur de ce tir ! A voir sa réaction, elle n’allait pas en parler de sitôt. Et puis quelque chose lui disait qu’elle n’avait pas intérêt à le faire et que William ne serait pas content du tout de savoir qu’elle avait parlé.

« J’ai découvert que c’est une femme suédoise qui a donné l’ordre à quelqu’un de me tirer dessus. En fait… Elle ne veut pas simplement me faire peur mais… Disons que la personne qui m’a agressée a raté son coup… »

La jeune femme n’arrivait pas à se résoudre à dire à Maverick que son agresseur aurait dû la tuer ce soir-là mais qu’il s’était royalement loupé. Mais il aura sûrement compris le message à travers sa phrase. Tout allait beaucoup plus loin : non seulement le type qui l’avait loupé était celui qui l’avait engagée pour créer le WAB mais il était également celui qui a descendu les deux types qui voulaient sa peau et celle de Lisbeth le soir où ils se sont rencontrés. Lisbeth, elle, s’était contentée de menacer le Suédois de l’arme à feu de Will avant de l’assommer d’un coup de poing au visage. Bon, d’accord, elle lui avait également poignardé l’épaule (elle aurait bien infligé le même sort aux deux épaules mais Will s’était chargé de la première) mais nul besoin de le préciser. Elle avait alors récupéré les téléphones portables des deux types morts et avait tenté de les pirater. Sans résultat. Comment elle avait appris qu’une Suédoise était derrière ce réseau ? Elle avait interrogé le Nordique avant de le mettre KO. Malheureusement, il n’avait aucun nom à lui donner. Dommage pour lui.

« Je suis en train de prendre des cours en plus. Pour assurer ma sécurité. »

Elle passa sous silence les longues nuits d’insomnie qu’elle passait ces dernières semaines, à épier ses caméras de sécurité, à regarder à travers la baie vitrée ou à fixer le plafond, s’attendant à voir des hommes défoncer sa porte pour achever le travail. Son regard suivit Maverick qui sortait de l’eau et s’allongeait sur le sable. Elle soupira et resta encore un moment dans l’eau pour nager un peu avant qu’elle n’entende l’exclamation de douleur de l’homme qu’elle aimait. Elle sortit rapidement pour le rejoindre sur la berge. Apparemment, il avait mal au mollet droit.

« Ça va ? Qu’est-ce qui s’est passé ? »

Ruisselante, elle se pencha pour observer sa jambe. Elle était toute rouge et elle distinguait bien une marque de morsure.

« Un truc t’a mordu... Et tu es tout rouge. »

Avec une morsure pareille, elle voulait bien croire qu’il avait mal !

« Tu veux rentrer pour soigner ça ? »

EXORDIUM.