Inspire, expire. C'était la confusion dans ma tête. D'un côté, tout allait bien -si on prenait en compte que devoir se balader avec de l'oxygène en bouteille était synonyme d'une santé impeccable- et j'pouvais sortir de l'hôpital. D'un autre côté, Nicholas m'avait proposé de venir habiter chez lui pour quelques temps et il fallait maintenant que j'annonce la nouvelle à mes parents. Alors ouais, j'avais pris mon courage à deux mains, passé le coup de téléphone, gentiment dit que Nich me raccompagnait et finit par dire que j'avais besoin de leur parler. Sauf que mon père en particulier n'était pas vraiment fan de l'homme dont j'étais tombée amoureuse et quelque part, j'avais la sensation que les choses allaient mal se passer. Il avait suffit d'entendre le son de sa voix pour en être certaine et clairement, j'étais pas la nana la plus confiante au monde à l'heure d'aujourd'hui. Bref, dans la voiture, j'avais gardé le silence pendant la quasi totalité du trajet n'ouvrant la bouche que pour indiquer à mon copain la direction à prendre. Et on y était. Garé dans l'allée de ma maison. J'avais le coeur qui battait à mille, le ventre nouée. J'étais pas bien clairement, vraiment pas même. Ready ? que je murmurais même si au fond, aucun de nous deux l'étais vraiment. Et doucement, j'attrapais sa main glissant mes doigts entre les siens pour m'accorder un peu de réconfort avant tout ça. Everything gonna be okay, I love you. C'était sûrement ça le plus important et puis je me devais de le rassurer un peu aussi par la même occasion. Bref, let's go. J'inspirais un coup, ouvrais la portière de la voiture et me glissait à l'extérieur attendant qu'il fasse de même.

Je n'avais jamais rencontré tes parents et c'était ce qui allait arriver là, tout à l'heure, quand on sera devant ta maison familiale. Je suis pas du genre à flipper tu sais, mais là, c'était juste trop. Tes parents ne m'aimaient pas, je le savais. T'as du leur raconter tout sur moi, comment je t'ai brisé le coeur et ... ouais, je comprends qu'ils ne veuillent pas d'un homme comme moi à tes côtés. Sauf qu'on s'aime, toi et moi. On s'aime vraiment et ils doivent l'accepter. Ils doivent accepter que je suis l'homme qui partage ta vie et... avec qui tu auras un enfant dans huit mois. Ouais, parce que je t'ai mise enceinte, je pense même que tu m'en as voulu intérieurement.. mais ce qui est passé est passé. Le bébé grandit en toi, en même temps que la peur d'être parents. Mais on survivra, hein Kaya ? J'ose espérer que oui, on survivra à tout ça. On y est, on est devant chez toi. Chez tes parents. J'ai le coeur qui bat à mille, tu le sens ou pas? Je suppose que le tien c'est pareil de toute façon, parce qu'on est stressé et on sait tous les deux pertinemment que cette soirée va dégénérer. « Not at all » C'est pas la première fois que je rencontre les parents d'une petite amie, tu sais. Sauf que c'est la première fois que je tiens autant à la petite amie en question. Oui, toi Kaya.. T'es une de celles que j'ai le plus aimé dans ma vie et autant dire tout de suite que ça m'handicape pas mal pour le reste de la soirée. Évidemment que je serre ma main dans la tienne, cherchant du courage là où je pouvais en récupérer. Mais là, c'était le moment que t'avais choisi pour dire qu'il était temps d'y aller. « Yeah, if you say so » Je sortais de la voiture et t'en fais de même, Mais avant de nous retrouver devant la porte d'entrée, je contourne l'automobile que j'avais verrouillée pour venir te prendre dans mes bras, mes lèvres rejoignant les tiennes. Un baiser de courage, on est d'accord que ça ne peut pas faire de mal. Non, c'était même parfait pour le moment. « I love you » te confiais-je avant de me reculer et d'attraper ta main et nous diriger tous les deux vers l'entrée de ta maison. La maison de tes parents.

C'était dingue d'avoir la pression comme ça en se rendant chez ses propres parents. Mais j'avais toujours ce goût amer en bouche. Celui du regard qu'ils m'avaient portés en sachant que j'étais enceinte. C'était douloureux de se sentir jugée de la sorte par ses propres parents et ouais, j'avais du mal à encaisser le truc. C'était peut être pour ça que j'avais aussi choisi de vivre chez Nicholas. Parce que j'étais probablement pas prête à encaisser les regards accusateurs à longueurs de journée. Mais fallait qu'on ait cette conversation et je l'appréhendais plus que n'importe quoi. En réalité, je n'avais aucune idée de comment ça pourrait se passer. Je me doutais bien que ce ne serait pas vraiment positif, que ça risquait de partir en vrille au moins un peu mais mon esprit idéaliste espérait qu'ils acceptent sans faire trop de vague. Au fond, je ne me faisais pas trop de souci vis à vis de ma mère. Elle avait toujours été bien plus tolérante. Mais mon père avait tendance à protéger ses filles comme si elles étaient la prunelles de leurs yeux et je sentais que ça n'allait pas passer comme une lettre à la poste. Et je te regarde venir vers moi me risquant à un sourire pour te rassurer toi. J'veux pas que tu penses que ça va être l'anarchie à l'intérieur. J'veux que tu te sentes au moins peu en confiance et au fond, j'ferais tout ce que je peux pour me tenir à tes cotés sans broncher. J'profite des lèvres un court instant souhaitant faire demi tour tout en sachant que ce n'était malheureusement pas possible. Love you too. Ma main dans la tienne, je monte les marches du perron inspirant doucement, ma bouteille d'oxygène tirée par l'autre main. Everything's gonna be okay. Et cette fois c'est plus pour moi que je le dis. Pour me rassurer moi même. Je tourne la poignée de la porte et me glisse à l'intérieur de la maison toi sur ma suite. Mom ? Dad ? J'attends quelques secondes et les voient sortir du salon sourire aux lèvres. Sourire qui disparait assez vite. Nicholas, this is my parents. Mom, dad, this is Nicholas. Silence. Y a juste ma mère qui semble bouger de sa stature de glace pour s'approcher de mon petit ami le saluant alors. Merci m'man. Mon regard se pose sur mon père qui semble avoir du mal à se dérider et qui finit pourtant par tendre la main à son tour. Hop, épreuve une passée.

Bien sûr que j'ai peur, mais tu me connais, je ne le montre pas forcément. En fait, j'appréhende un peu trop cette rencontre avec tes parents, parce qu'ils m'ont en grippe. Surtout ton père. Le mal que j'ai pu te faire, ça a du leur être resté en travers de la gorge et.. ouais, sûrement qu'il veut m'égorger rien qu'en me voyant. Mais qu'est-ce que j'y peux au final ? J'étais pas supposé être tombé amoureux de toi, j'étais pas supposé vivre tout ça avec toi, l'amour, le bébé. Mais c'était en train d'arriver. Surtout le bébé. Tu le voulais toi ? Je ne crois pas. Mais tu as choisi de le garder et maintenant, on devait affronter tout ça, ensemble. Pour ça, je suis encore plus effrayé que rencontrer tes parents en fait.. mais je te le dirai pas, pas maintenant en tout cas, parce que c'est pas le moment, et que tu dois assez stresser comme ça en fait. Donc je ferme ma gueule, et je me dirige avec toi sur le pas de l'entrée, la maison de tes parents, la maison où tu as grandi. On y est, tu ouvres la porte, tu nous fais pénétrer dans l'habitation et j'ai le coeur qui bat à mille à l'heure. Pourquoi on fait ça déjà ? Ah oui, tu viens habiter chez moi. Toi, moi, dans le même appartement. On ne sait pas combien de temps ça va durer, ni même si ça va marcher.. mais on y croit, n'est-ce pas ? Sinon, tu ne confronterais pas tes parents ce soir. Le stress monte tu sais, quand je vois le sourire de tes parents s'effacer à la vue de ma personne. Ils ne m'aiment pas, c'est une certitude à présent. « Hi, nice to meet you » Ils finissaient l'un après l'autre par me saluer, ton père me serre même la main. Faut croire que pour l'instant, ils font des efforts de leur côté également, c'est assez agréable. Stressant, mais agréable. « Your house is superb, I like the decoration » Je m'adresse surtout à ta mère, je suppose que la déco vient d'elle en fait. C'est surtout parce que je ne sais pas quoi dire de plus, et parce que je ne me vois pas nous convier nous même à l'intérieur de la maison, connaissant à peine la maison, tes parents et le reste de ta famille, si jamais ils étaient là.

Je sautais pas de joie pour autant. Il lui avait serré la main, oui. Mais mon père était ultra poli quand il le fallait, ça ne voulait pas dire qu'il l'appréciait. Et s'il avait fait l'effort de base, j'pouvais lire dans ses yeux qu'il était récalcitrant. Ce qui ne laissait rien présager de bon pour la suite. Peut être qu'il aurait pu se tenir toute la soirée si j'avais pas la bombe à lancer en plein milieu. Parce que mine de rien, j'avais une famille surprotectrice. Un père qui était prêt à me porter de pièce en pièce pour être sûr que je ne heurte pas un meuble sur mon chemin alors.. Lui dire que ce n'était pas à la maison que je retournais mais bel et bien chez mon copain, ça ne serait pas vraiment accueillit avec une fanfarre. J'croisais les bras sur ma poitrine réprimant un sourire à l'entente des paroles de mon petit ami. Ma mère faisait de même preuve qu'elle n'était pas totalement rebutée par lui. Thank you Nicholas. Bon, le plus important maintenant était de ne pas laisser un blanc s'installer. Eviter les malaises et faire en sorte de détendre l'atmosphère. Ouais, c'était un sacré planning mine de rien. We don't really know how many times it takes before I can go back to the lowell. Je mettais les pieds dans le plat mais par moyen contourné. J'voulais pas non plus lancer le truc de suite, laisser le temps à tout le monde de s'habituer. No problem, you're room is free. C'était la voix rauque de mon père qui avait retentit m'arrachant une grimace par la même occasion. Ouais bah c'était plutôt mal barré pour la peine. Mh, can we stay for eat ? que je reprenais comme si je n'avais pas entendu la phrase précédente. Sure. Il ne lui fallait pas plus longtemps pour s'éclipser vers la cuine, mon père sur ses talons. Inspire, expire. Are you okay ? Cette fois, c'est à toi que je m'adresse Nich. J'sais que c'est pas spécialement facile et que les conditions sont loin d'être favorable pour la peine. I think my mom likes you. Où du moins, c'était en bonne voie.

T'es stressée, n'est-ce pas Kaya? Je le sens, ta main dans la mienne se crispe et je comprends que cette situation est inconfortable pour toi. J'te promets, je te jure que ça ira, en tout cas je ne ferai pas de faux pas, c'est promis. Si jamais ils me rentrent dedans parce que je t'ai mise enceinte ou encore parce que je t'ai fait souffrir, je ne répondrai pas. Je veux pas être le fautif dans l'histoire, je veux que tu aies au moins une personne sur qui compter, tu sais. Tu es ma copine, celle que j'aime et promis, j'te laisserai pas tomber. Alors ouais, je fais des efforts. Je complimente les goûts de ta mère en matière de décoration, sûrement pour flatter un peu plus son égo. Après tout, c'est comme ça que ça marche, non ? Je sentais le stress me gagner quand tu mentionnais la Lowell House. Pourquoi maintenant ? Je soupirais assez discrètement alors que ton père parlait de ta chambre vide. Ouais.. peut-être que le mieux serait que tu restes ici finalement ? Non. NON. Tu rentres avec moi, c'est le deal. Alors ouais, je toussais à l'entente des mots de ton père, comme si j'avais avalé de travers. Parce que j'y peux rien, tu resteras pas ici, on l'avait décidé ensemble. Est-ce que je mentionne cette décision maintenant ? Au risque de me faire détester ? Non, c'était préférable d'attendre. Mais tant mieux, après décision de rester manger ici, tes parents s'éclipsaient et on restait en face à face toi et moi. « I.. » J'en savais trop rien de comment je me sentais en fait. Mais je me mettais à sourire en entendant tes paroles. « Oh, seriously? At least, I'm acceptable for one of them » Je venais capturer tes lèvres avec les miennes, cherchant alors du courage dans ce baiser. « How do you think this diner will go? Maybe we should follow them.. or dunno, go somewhere else than the entry »

Peut être que lui dire qu'elle l'aimait était un grand mot mais.. Au moins, elle avait été beaucoup plus aimable que mon père qui avait été aussi froid que l'Alaska. Et ouais, j'appréhendais vraiment la suite parce que clairement, j'savais que le moindre mot pouvait tout faire éclater. J'en avais pas envie, j'avais pas envie que ça parte en vrille mais faudrait bien que je dise à un moment où un autre que j'irais vivre avec Nicholas. Le truc ? J'étais pas majeure. J'avais encore vingt ans et au final, mes parents pouvaient totalement s'opposer à ça. Ouais, j'y avais pas pensé à ça d'ailleurs mais au final, c'était une option à envisager et bordel, j'voulais vraiment pas que ça arrive. J'voulais pas qu'ils me considèrent comme une gamine en m'interdisant totalement de vivre comme je le voulais. You're more than acceptable for me. Et c'était ça le plus important, pas vrai Nicho ? L'essentiel c'était ce que tu représentais pour moi, pas pour eux. Et bien sûr que ça serait foutrement mieux qu'ils t'aimes mais.. Si jamais c'est pas le cas, ça changera pas ce que moi je ressens pour toi. Et je t'aime moi Nicho, je t'aime vraiment. Je jouais avec tes lèvres quelques secondes cherchant du réconfort à travers tes baisers. J'ai vraiment besoin de me sentir mieux là parce que je supporte pas cette pression, ça m'rend malade. I don't know, probably bad. Ouais parce que y avait l'annonce quand même. Et là ça risquait de dégénérer. It's better if we go with them. Pour donner une bonne image quoi. Ready ?

Je veux pas mal agir. Tu sais qu'en d'autres circonstances, je lui serais rentré dedans. Mais là non, parce que je prends pas mal sur moi, parce que je ne veux pas te blesser inutilement. Et puis, on va être parents, alors forcément qu'il fallait que je montre un peu le sang froid que je pouvais avoir, dans mes plus beaux jours. Ça ne sera pas facile, toi et moi le savions pertinemment. Ce soir allait sûrement être un désastre si tes parents n'acceptent pas la situation. Mais.. peut-être qu'on réussira quand même à s'en sortir tu sais. Peut-être qu'ils vont agir différemment de ce qu'on pense et nous soutiendront. Ok, je rêve un peu trop là, je sais. « You're in love, it doesn't count » disais-je en riant légèrement. Disons que ouais, ta vision est biaisée par les sentiments que tu éprouves pour moi. Mais, mine de rien, ça faisait plaisir à entendre, parce que je ne suis pas vraiment du genre acceptable, toi-même tu le sais. « Kay... you can count on me, no matter what.. let's go then » Sauf que je restais planté là encore un instant. « Wait, before.. I need that » Je venais t'embrasser une nouvelle fois, comme pour puisser tout le courage que tu pouvais avoir. Non pas que je veuille te le retirer, mais j'sais pas, partager. Bref, main dans la main, on se jetait dans la gueule du loup. Ouais, tes parents sont le loup dans cette histoire.

J'savais qu'il était bien loin d'être dans une position facile. Je l'étais pas non plus si ça pouvait le rassurer mais c'était bien plus facile à encaisser puisqu'il s'agissait de ma propre famille. Et clairement, s'il y avait des reproches à faire, j'savais que les mots parfois assassins de mon père ne se tournerait pas vraiment sur ma personne. Mais j'osais espérer qu'il puisse garder ses répliques piquantes pour lui histoire que tout se passe pour le mieux. You made mistakes, but I swear, you're really acceptable. L'amour n'avait rien à voir dans tout ça. Ou peut être qu'il jouait une toute petite partie mais malgré ses défauts, il avait su prouver des tas de choses à côté et les efforts qu'il avait fourni suffisait largement à pardonner les erreurs du passé. Need what ? Ah, ça. Y avait ses lèvres qui venaient s'poser sur les miennes et comme un chaton, j'étais à la limite de ronronner. Clairement, j'aurais pas pu affronter ça sans lui. Mum, you need help ? On venait d'arriver dans la cuisine, mes doigts toujours entrelacés à ceux de Nicho. No Honey, we eat in 5 minutes, help your father. 'Kay. J'prenais les assiettes qu'il tenait dans sa main avec un petit sourire innocent visant à l'amadouer avant de prendre la direction de la table de la salle à manger Nich sur mes talons. I don't know how to say the truth. It's like.. The words don't want to came out of my mouth. Vraiment. Puis j'supposais que y avait pas non plus de bon moment pour le dire alors j'me retrouvais bloquée pour la peine.

Je l'avais bien vu que ton père ne me portait pas dans son coeur. Dès l'appel en fait, il m'a soupçonné être ton petit ami.. tu sais, l'appel que j'ai du passer quand tu les voulais à tes côtés après l'incendie. Sauf que non, même si j'avais beau dire que j'étais qu'un ami, ça n'a pas pris. Il m'a soupçonné d'être celui qui t'avais blessée à maintes reprises et il n'avait pas tort. J'étais bien cet homme là. « Yeah.. » Je n'étais pas vraiment d'accord, disons simplement que j'émettais quelques réserves. Faut dire que je t'en ai fait voir des vertes et des pas mûres.. Mais aux autres femmes aussi que j'ai fréquenté. J'étais plutôt un connard dans mon genre, et je crois que ton père l'a très vite compris. Je te suivais jusque dans la cuisine où ta mère faisait à manger, ton père préparait la table. Visiblement, tes soeurs ne seront pas là ce soir, ce qui est quand même stressant. Nous quatre, entre huit yeux. Tu prenais les assiettes dans les mains de ton père et te dirigeais vers la salle à manger. Je te suivais, n'osant pas rester seul avec eux deux. Surtout avec lui en fait. « Yeah.. I can guess. You want me to tell them? » Après tout, c'était une solution comme une autre mais ça pouvait te soulager d'un poids. Et puis, qu'ils m'aiment ou qu'ils me détestent, ça ne changerait pas l'amour que je portais pour toi.