Si j'avais su, si j'avais su... Avec des "si", je pourrais refaire le monde, moi. Mais c'est vrai que si j'avais su, j'aurais demandé au médecin, et ça aurait évité à Adriel d'attendre ici aussi longtemps. C'est jamais agréable de rester dans un hôpital ou tout ce qui s'en rapproche, et pour être honnête, j'en ai moi-même une sainte horreur, surtout quand j'y accompagne Kaya. « Si ça s'éternise, j'irais voir où il est si tu veux. » On verra bien, hein, t'façons pour l'instant je vois pas trop quoi faire d'autre. Puis au final, le sujet dévie sur sa famille, et surtout sur son frère dont j'ignorais l'existence. Et quand il m'apprend même avoir un jumeau, j'en reste bouche bée. « Quelque chose me dit qu'il dit la même chose de l'autre côté. » J'y ai eu le droit avec Kaya et Milli, hein. Puis, je redeviens silencieuse, j'écoute le brun me parler de sa séparation de son frère, de sa soeur, aussi, décédée il y a quelques mois. Ma gorge se serre immédiatement, et je reviens prendre sa main, entrelacer nos doigts. « Adriel.. Je suis désolée.. » J'aurais pas du le questionner sur sa famille, j'aurais du le laisser respirer, lui laisser son espace. Et je me mord la lèvre inférieure, culpabilisant. Doucement, je lui propose finalement de rester avec lui, et à son sourire, je m'apaise. Calme laissant place à une surprise sincère lorsqu'il mentionne Lara. « Je ne l'ai pas vue, mais j'ai pu lui envoyer un message pour la rassurer. On se connaît depuis que j'ai 12 ans, c'est ma meilleure amie. » Et ce même si on est radicalement opposées. « Je savais pas non plus que vous vous connaissiez. » Avouais-je en haussant une épaule. Pas étonnant, je connais pas tellement son entourage, à lui.

C'était officiel, elle était vraiment adorable. J'hochais simplement la tête positivement, parce que je devais avouer que je n'allais pas refuser si jamais ça continuait de s'éterniser. Malheureusement, on parlait maintenant de ma famille. Et autant le dire de suite, ma famille, c'était un gros bordel. Je ne pouvais pas m'empêcher de rire à ses paroles, effectivement, il devait sûrement dire la même chose. « On sait tout les deux qu'il a tort. » rétorquais-je avec un léger sourire. Sourire que je perdais bien vite quand je partais dans un petit topo de ma famille. J'évitais de parler de mes parents, rien que le frère et la soeur, ça allait déjà bien la calmer. Surtout que ça, je ne l'avais pas dit à grand-monde, alors on pouvait dire que je lui faisais quand même un minimum confiance pour lui balancer tout ça sur ma vie. Et c'était vrai, j'avais confiance en cette rouquine. « Tu n'as pas à t'excuser. Un jour, tu sauras qui je suis, tu sauras mon passé et.. Tu changeras sûrement d'avis sur tes excuses. » disais-je en riant légèrement, gêné. C'était la vérité. Elle était si calme, si pure, si gentille, si adorable. Moi, je commençais à peine à essayer d'être comme cela. Et avant, j'étais juste un gros connard en puissance. Mais bon, ce n'était pas le bon jour pour parler de ça. Et là, le gros blocage. Meilleures amies. Lara et Margot. Non. Putain. Mon sexfriend et mon... Je n'avais pas de nom sur ma relation avec Margot encore mais là.. Non. « Oh d'accord, c'est une amie. » Ouais, une amie avec qui tu fais des choses pas très catholiques, dans le même lit qu'avec Margot. Finalement, faites-moi brûler dans la Lowell.

Depuis cette nuit qu’on a passé ensemble, faut dire qu’on a pas tellement eu le temps de mettre les choses à plat, si y a besoin de le faire, en fait. Le lendemain, une fois retournée chez moi, je me suis un peu retourné le cerveau, à me demander si je suis la seule pour qui ça a voulu dire quelque chose… Quand bien même je ne sais pas encore quoi. Est-ce que je dois essayer d’apprendre à le connaître, ou non ? Malgré l’ambiguïté de la situation, je décide de m’intéresser à sa vie, à sa famille, et sa remarque vis-à-vis de son jumeau m’arrache un nouveau sourire en coin. « Je devrais peut-être aller faire sa connaissance pour me faire un avis. » Je le taquine, même si au fond, c’est pas faux : Je suis curieuse de voir les différences entre Adriel et son frère. La suite du sujet devient en revanche bien moins joyeuse, et quand il me parle de sa sœur, mon expression devient rapidement plus triste, plus gênée, aussi. Et pire encore, sa réponse me fait froncer les sourcils, et secouer la tête tout en serrant plus fort sa main dans la mienne. « Ne dis pas ça, c’est faux. » J’en suis convaincue, peu importe ce passé dont il me parle, je sais que je ne peux pas regretter d’être désolée pour lui, pour sa perte. Si je devais perdre une de mes sœurs, je crois que je ne m’en remettrais jamais. Et sa façon de me dire ça… J’ai presque été tentée de le faire taire avant la fin de sa phrase. « Je sais qui tu es avec moi. C’est le plus important. » Que j’ajoute déterminée. Et à moins qu’il ne joue un rôle, à moins qu’il se joue de moi, y a aucun moyen que quelque chose se passe mal… Non ? Puis, s’il est ami avec Lara, qui plus est, il gagne un point en plus. Je fais immédiatement un sourire quand il me dit ça. « Elle a un sacré caractère, mais c’est un amour. Beaucoup de gens se demandent comment on peut être amies. » Autant nous comparer au jour et à la nuit. Faudra que j’demande à Lara ce qu’elle pense de lui, tiens. « Elle allait bien quand tu l’as vue ? » Demandais-je, curieuse, et au passage, réalisant que je serre sa main depuis tout à l’heure, je relâche doucement ses doigts avec une mine désolée. « Pardon. »

Est-ce qu'elle devait rencontrer mon jumeau ? Est-ce que j'avais envie qu'elle le rencontre ? Non. Il fallait l'avouer, je ne faisais pas confiance en mon jumeau, je ne le connaissais pas tellement et s'il était comme moi, il essayerait sûrement de la draguer et.. Non, jamais. Je ne comptais pas laisser Margot filer. « Si tu fais ça, alors moi, j'vais voir tes soeurs. » rétorquais-je avec un petit sourire. A notre dernière discussion sur ses soeurs, elle ne voulait apparemment pas que je les vois. Alors autant dire que c'était donnant donnant. Mais en réalité, Leigh pouvait revenir à tout moment ici et je ne pourrais rien faire. Triste vie. Puis on parlait de mon passé et je ne pouvais pas m'empêcher de la prévenir. Parce que ça me faisait peur, parce que mon passé et celui que j'étais encore réellement au fond de moi avait toujours brisé mes relations, avait toujours brisé les filles que j'aimais. Mais je souriais quand même à ses paroles, espérant qu'elle continuera de croire ça. « Alors garde toujours ça en tête, s'il te plait. » disais-je en lui souriant. Au moins, si elle apprenait des choses plus tard, en se concentrant sur nos moments à nous deux, peut-être que ça se passerait mieux et que je ne la perdrais pas. Croisons les doigts. Surtout maintenant que je savais qu'elle était la meilleure amie de Lara. Je ne savais pas comment réagir alors évidemment, je mentais. Lara n'était pas qu'une simple amie. Mais clairement, je me voyais mal lui dire "oh bah ta meilleure amie est mon sexfriend, cool, on fait un plan à trois ?" Non, jamais de la vie. J'allais devoir essayer de m'en sortir autrement. « Ah ça c'est clair, j'aurais jamais pu croire que vous étiez meilleures amies tellement vous êtes différentes ! » disais-je avec un léger sourire. Ouais, j'aurais préféré que ça n'arrive jamais ça d'ailleurs, mais tant pis. « Oui, elle avait surtout peur pour toi en réalité, mais elle a été rassurée. » la rassurais-je avant de sentir que sa main quittait un peu la mienne. « Ne t'excuses pas, ça ne me dérange pas, ça me fait du bien. » avouais-je en lui souriant.

C’est vrai que d’un côté, ma curiosité me pousse à avoir envie de connaitre le jumeau d’Adriel, ne serait-ce que pour voir comment deux êtres aussi similaires physiquement peuvent être différents moralement. Parce que quelque chose me dit qu’ils ne sont pas pareils. Néanmoins, dès qu’il parle de mes sœurs, je fais une moue boudeuse, vaincue. « C’eest bon, j’ai compris, je vais pas voir ton frère. » Je suis curieuse, mais pas folle. Si Kaya est en couple, Milli, elle, est canon est libre, et j’refuse qu’elle flashe sur Adriel. Quand on parle ensuite de sa vie, de son passé, je ne peux pas m’empêcher de protester, ce qui arrache un sourire au brun. « Je n’oublierais pas. » Que je dis, déterminée, sans lâcher son regard du mien. Tu me connais pas encore, Adriel Rhodes, mais quand je dis quelque chose, je m’y tiens. Je m’adoucis presque aussitôt que le sujet « Lara » vient sur le tapis. Mon opposé, mon handicapée des sentiments, ma sister from another mother, quoi. La remarque d’Adriel me fait rire aussitôt. « Voilà, exactement ce que je te disais, personne n’y croit ! » Et pourtant, c’est réel. Bien sur, parfois nos opinions divergent, souvent même, mais c’est toute la beauté de notre amitié : On finit toujours par revenir l’une vers l’autre, parce qu’on dépend l’une de l’autre. Mon sourire devint plus doux lorsque le brun m’avoue qu’elle était inquiète pour moi. J’ai dû la rendre folle, la pauvre. « Je sens déjà qu’elle va m’inspecter sous toutes les coutures et me hurler dessus en voyant mes pansements. » Un rire m’échappe, tandis que je dégage légèrement doucement ma main de la sienne. Les yeux baissés sur celles-ci en m’excusant, il m’avoue finalement que ça ne le dérange pas, au contraire. Aussitôt, mes prunelles vertes viennent chercher les siennes, rougissant. Il n’a pas idée de combien ça me fait du bien aussi, ce contact, ou même juste de le voir, comme ça. « Alors je ne veux pas te lâcher.. » Que j’avoue en reprenant doucement sa main, en effleurant sa peau du bout de mes doigts. Un contact tellement con, et pourtant mon cœur s’emballe. Y a tellement de gestes qu’il m’inspire. Tenir sa main, dégager son visage de ses cheveux bruns, me pencher pour l’embrasser aussi. « T’as pas trop mal ? T’as besoin de quelque chose, un verre d’eau ? » Ou l’art de revenir sur terre, parce que là, je virais trop loin.

J'avais gagné. Il fallait croire que ses soeurs étaient un argument de poids. Même si je devais avouer que je ne comprenais pas pourquoi elle avait l'air d'avoir si peur que je les rencontre. Parce que même si je craquais assez facilement pour les filles, il fallait l'avouer, j'étais un coeur d’artichaut parfois. Mais là, c'était clairement elle qui me plaisait et jamais de la vie je ne craquerais sur une de ses soeurs. Mais ce n'était pas grave, j'avais gagné, elle ne verrait pas Leigh et c'était clairement la seule chose qui importait. Mais maintenant, la conversation divaguait sur mon passé. Ses paroles me faisaient sourire et j'espérais qu'elles étaient sincères. Parce qu'un jour, elle saura la vérité. Sur mon passé, aussi sur Lara. Et ça risquait de faire mal, très mal. « Je l'espère de tout mon coeur. » disais-je avec un léger sourire. Il fallait que je croise les doigts pour qu'elle n'oublie jamais ses paroles et qu'elle s'y tienne, quoiqu'il puisse arriver, quoiqu'elle puisse apprendre sur moi. Mais bon, ce n'était que des paroles, les actes parlaient bien plus que les mots. D'ailleurs, c'était le moment de parler de Lara. Et heureusement que j'excellais dans l'art du mensonge. Quoique ce n'était pas une qualité, cela sauvait la vie parfois. Parce que je ne voulais rien laisser paraître sur le malaise qui m'habitait actuellement maintenant que je savais qu'elles étaient meilleures amies. « Il faut croire que les opposés s'attirent. » Pour le coup, je parlais autant d'elle et de Lara. Que d'elle et moi. Parce qu'il fallait l'avouer, on ne se ressemblait pas. D'ailleurs, j'ressemblais un peu plus à Lara, quoique moins fermé à m'attacher aux gens. Moins méchant. Du moins maintenant, parce qu'avant, j'étais comme elle. « Oh ça, j'en doute pas. » disais-je en riant légèrement. Elle m'avait bien regardé le bras quand elle était arrivée, observant ce qu'on me faisait, observant les autres, aidant l'amie d'Emilia. Elle avait beau avoir un caractère de merde, elle faisait quand même attention aux autres. Je serrais sa main dans la mienne, ne voulant pas non plus qu'elle me lâche. Je l'observais alors qu'elle avait l'air perdue dans ses pensées et je riais à ses paroles. « Tu es vraiment adorable. » disais-je en lui souriant. C'était vrai, elle faisait attention à moi et j'avais besoin de ça en ce moment. Je n'en pouvais plus qu'on rejette. « J'ai besoin que de toi.. » commençais-je doucement, plongeant mon regard dans le sien. « Et peut-être aussi de tes lèvres.. » finissais-je par dire avec une petite moue triste. Quoi, j'étais blessé, j'avais besoin de réconfort. Et elles me manquaient, je devais l'avouer.

Avoir des sœurs avec lesquelles je n’ai que neuf mois d’écart, c’est autant une bénédiction qu’une malédiction. Je ne compte plus le nombre de fois ou des garçons dans ma classe sont venus me demander de leur présenter une des jumelles. J’ai toujours fait plus « bébé » face à Kaya et Milli, bien que caractériellement, on est parfois bien similaires. Et grandir avec une telle proximité avec mes sœurs, ben ouais, on va pas se mentir, ça me pousse un peu à être jalouse avec la possibilité qu’Adriel les rencontre un jour. Mais au final, l’un comme l’autre, on gagne ce qu’on veut : Je veux pas qu’il aille voir les jumelles – sauf si un jour je les lui présente, qui sait – et moi, j’irais pas voir son frère jumeau. On change même de sujet, abordant Lara, et là, sa phrase me laisse dubitative. Parce que si certes, elle qualifie très bien mon lien avec ma meilleure amie, elle aborde aussi ma relation avec lui. On a rien en commun, littéralement Et pourtant, je peux pas m’empêcher d’être attirée par lui, c’est indéniable. « C’est un fait prouvé. »  Que je confirme en pinçant les lèvres avec un demi sourire, laissant planer le doute sur ce dont je parle. Sur de qui je parle. Puis bon, Lara a beau être opposée à moi, je sais qu’on a des points communs, qu’elle ne les montre que rarement et qu’à ceux en qui elle a pleinement confiance. Elle se donne une allure froide et inaccessible, alors qu’au fond, quand elle s’attache, elle ne fait pas les choses à moitié. Ma main dans celle d’Adriel, dès qu’il me dit que ce contact lui fait du bien, je lui avoue ne pas vouloir le lâcher. Sa phrase m’arrache un sourire en coin. « Tu l’as déjà dit… » Je ris légèrement. Il l’a déjà dit, mais il pourrait le dire encore et encore. Par contre, je ne m’attendais certainement pas à ce qu’il me dise ça. Qu’il n’a besoin que de moi. Je soutiens alors son regard, calme en apparence, mais en plein pétage de plomb intérieur. D’ailleurs, dès que je l’entends reprendre la parole, je ris. Fut un temps où j’aurais dit « n’importe quoi » en lui donnant un coup léger. Là, je m’appuie sur une main pour mieux m’asseoir à ses côtés. « Tu sais, il suffit de demander. » Dis-je d’une petite voix, avant de me pencher tout près de lui. « Je crois que j’en ai aussi besoin. » Je murmure, avant de venir effleurer ses lèvres des miennes, en faisant attention à son bras. J'ai besoin de ça. De lui.

Mais je me disais qu'un jour, je les rencontrerais sûrement. Il y a bien un moment où je devrais en voir une des deux. Et je me disais que ça pourrait être drôle de voir la réaction de Margot face à ça. Vraiment très drôle. Mais ce n'était pas le sujet, non, le sujet actuel c'était Lara. Enfin, de base c'était Lara, mais ce que je venais de dire collait autant pour elle et Lara, qu'elle et moi. C'était à double sens, mais je ne savais pas si elle allait le comprendre. Il fallait dire que je ne l'avais pas non plus dit clairement. Depuis notre nuit ensemble, je ne savais pas vraiment ce qu'on était, je ne savais pas si ça signifiait quelque chose pour elle. D'ailleurs, quand j'y pensais, je ne savais pas non plus ce que ça signifiait pour moi. Mais je savais que ce n'était pas un truc comme ça, un truc pour m'amuser, un truc que j'oublierais. Cette soirée avait été parfaite, du début à la fin. Mais maintenant, je savais qu'elle était la meilleure amie de Lara. Je savais que la vérité allait finir par éclater, rapidement sûrement vu que Lara avait l'air surprise que je connaisse Margot et inversement. Je savais que ce jour-là risquait de tout détruire, comme cette tempête. « Je pourrais te le répéter tout les jours. Je pourrais t'envoyer un sms chaque matin pour te dire ça, jusqu'à ce que tu en sois convaincue. » rétorquais-je en souriant. Bien, je savais que j'avais eu peur, autant pour moi que pour elle, mais je devais me calmer. Je devais redescendre sur terre et je devais arrêter de penser comme cela. Mais, c'était plus fort que moi ce soir. Elle se rapprochait de moi et je sentais mon coeur s'emballait doucement. Puis de plus en plus fort quand elle effleurait mes lèvres. Bordel, comment elle faisait pour me faire cet effet. J'approchais mon visage, capturant ses lèvres. J'avais besoin de contact. J'avais besoin de sentir que je l'avais encore avec moi. Alors je l'embrassais avec tendresse. « J'aime tellement tes lèvres.. » avouais-je finalement après ce moment, fixant son magnifique regard.

Je sais pas quels mots mettre sur ce que je ressens quand je me retrouve face à Adriel, chaque fois qu’on a des contacts aussi bête que se donner la main. Déjà à nos retrouvailles, mon cœur avait manqué un battement quand il a commencé à jouer avec mes nerfs, s’amusant de mes réactions. J’ai passé l’année à apprendre à ne plus me laisser démonter devant les hommes, et pourtant, lui, il brise toutes mes barrières. Quand il me dit qu’il pourrait me répéter inlassablement que je suis adorable, jusqu’à ce que j’y croie, je m’empourpre. « Ne me tente pas de te mettre au défi… » Que je réponds en fronçant le nez, timide. Clairement, j’ai aucune résistance face à lui mais y a une différence depuis quelques semaines. Je n’ai plus le même genre de peur, passant de celle de ses approches intimidantes, à celle de m’attacher beaucoup trop à lui. S’il n’est pas déjà trop tard. Car dès qu’il demande après mes lèvres, je ne réfléchis pas bien longtemps, me penchant auprès de lui pour venir l’embrasser. D’abord, de façon légère, presque aérienne. Et mon cœur s’emballe lorsqu’il répond tendrement. Légèrement endolorie dans cette position assise, je m’allonge délicatement à ses côtés, avec précaution, essayant de ne pas trop le coller. « C’est un plaisir plus que partagé.. » Que je réponds lorsqu’il me dit qu’il aime mes lèvres. C’est addictif, c’est violent, c’est incompréhensible. Comme pour prouver mes pensées, je passe une main sur sa joue et revient l’embrasser moins farouchement que juste avant. Puis, contre ses lèvres, je murmure : « Qu’est-ce que t’es en train de me faire, Rhodes ?»

Je souriais à ses paroles. Je serais cap, parce que je réalisais toujours les défis que l'on me donnait, alors ça ne me faisait clairement pas peur, il fallait le dire. « Je suis sûr que ça te ferait plaisir si je le faisais. » disais-je en riant légèrement. Après tout, je pense que toutes les filles aimeraient recevoir ce genre de messages, non ? C'était évident. Mais j'étais heureux quand je la sentais se rapprocher et bien plus quand je sentais ses lèvres sur les miennes. J'avais besoin de ce contact. J'en avais plus que besoin. Pas seulement ce soir parce que j'avais un peur de la perdre, parce qu'il y avait une tempête, parce que c'était le chaos. Non, j'en aurais besoin longtemps. Toujours. Mais je savais que ça ne durerait pas, parce que ça ne durait jamais avec moi, alors je profitais comme je le pouvais. Je la laissais s'installer près de moi, me sentant déjà tellement mieux. J'oubliais presque la douleur à mon bras, tellement j'étais concentré sur elle. Sauf qu'elle revenait m'embrasser, non pas que cela ne me plaisait pas, loin de là. Mais sa question.. Elle me perturbait. Parce que je n'en savais rien. Parce que j'avais peur de la faire souffrir. Parce que je faisais toujours souffrir les filles et elle en fera sûrement partie. Putain. « J'essaye de te rendre accroc à moi, pour que tu ne m'abandonnes jamais.. » La peur de l'abandon était bien trop présent dans ma vie ses derniers mois. Ma soeur, mon frère, mes parents, Leevy, Veïa... Je ne voulais pas que ça continue, je ne voulais pas le sort s'acharne sur moi. Je priais pour que ce soit différent avec elle.