Fire meet Gasoline
— Wavy

Planqué à côté de ma bagnole, j'enchaînais clope sur clope nerveusement, regardant l'heure toutes les minutes pour être sûr de ne pas rater mon rendez-vous. J'appréhendais un peu ouais. Cette rencontre dans ce studio de prod, c'tait un peu inespéré. J'arrivais pas à m'attendre à quelque chose d'exceptionnel mais en même temps.. je pouvais pas m'empêcher de me dire que ça pouvait marcher. Que ce type était ptetre intéressé par ce que je pouvais faire. Et au milieu du bordel actuel qui faisait rage dans ma tête, cette nouvelle était un peu l’événement qui me faisait sortir de ma morosité permanente. Pour autant, j'arrivais pas à me réjouir. Et j'tais nerveux ouais, putain de nerveux. J'avais même fait un effort en enfilant une chemise, histoire d'être à peu près présentable sans pour autant me déguiser en quelqu'un que je n'étais pas. Regardant mon téléphone, je profitais de voir qu'il me restait quelques minutes pour passer un coup de fil à ma soeur, que j'avais pris la peine d'appeler tous les jours depuis la mort de mon père. Je savais que c'tait dur pour elle. Et j'crois que je l'admirais quelque part d'être aussi.. humaine. Je raccrochais rapidement en voyant l'heure défiler et finalement, après avoir écrasé mon mégot de cigarette, je poussais les portes de l'enseigne. Je me renseignais à l'accueil pour trouver le studio d'enregistrement, et parcourais les couloirs avant de tomber nez à nez avec.. Ivy ? Salut.. lâchai-je un peu surpris en m'arrêtant, avant de froncer les sourcils, un peu paumé. Qu'est-ce que tu fais ici ?

Fire meet Gasoline
— Wavy

Surpris, je dévisageais Ivy sans comprendre, ayant l'étrange impression qu'elle était en train de.. m'attendre ? Mais qu'est-ce qu'elle foutait là ? La voir face à moi depuis tout ce temps me faisait bizarre. Certes je l'avais aperçue de loin à la soirée d'Harvard, mais nous de nous étions plus parlés face à face depuis ce fameux soir, au summercamp. Je n'aurais pas su dire avec précision ce que m'inspirait sa présence. De la tristesse, de la colère, de la déception. Du manque. De la peur aussi, insinuée par le fait que je savais pertinemment que j'avais failli la perdre lorsqu'elle était tombée dans le coma. Et la colère qui mangeait tout le reste. Je ne m'étais pas préparé à la voir. Et la trouver ici me déroutait complètement, se traduisant immédiatement par une tension dans mon corps. Je bosse ici enfin je fais un stage ici mais, ce soir, je suis là te parler... Hein ? Elle bossait ici ? Je fronçai les sourcils, soupirant légèrement. J'ai pas le temps de te parler j'ai.. commençai-je avant qu'elle ne poursuive. Tu veux bien entrer dans le studio d'enregistrement que je t'explique le pourquoi tu es là ? Le pourquoi que j'étais là ? Je la regardais sans comprendre, ayant clairement l'impression d'avancer dans le flou. Et je détestais ça. Mais de quoi tu parles ? Tu bosses pour le mec qui m'a contacté ? demandai-je, dans l'incompréhension la plus totale. J'ai pas envie de te parler dis-je finalement en regardant autour de moi, cherchant à trouver quelqu'un pour demander des infos ou autre.

Fire meet Gasoline
— Wavy

J'y comprenais rien. J'étais dans l'incompréhension la plus totale, ayant cette désagréable impression de ne pas avoir tous les éléments en main pour comprendre ce qui était en train de se jouer. Alors qu'Ivy elle semblait être parfaitement au clair avec tout ça. Mais il se passait quoi bordel ? Comment Ivy savait que j'avais rendez-vous ce soir ? Elle connaissait celui qui m'avait fait venir ? J'avais obtenu cet entretien grâce à elle ? Ok mais moi, j'ai des choses à te dire. Tu veux vraiment le faire ici dans un couloir ? Je soupirais en la voyant si déterminée, me demandant pour le coup si elle avait bien entendu ce que je lui avais dit. Non mais je vais pas rester pour papoter, on m'a donné rendez-vous ici. Ils ont reçu mes maquettes, ils veulent me voir pour en discuter dis-je en essayant de rester le plus zen possible et d'oublier la colère qui montait en moi à la simple vie d'Ivy. Toute la rancoeur que j'avais accumulé à son sujet m'envahissait petit à petit sans que je ne puisse rien y faire et pourtant, je savais que c'était pas le moment pour moi de m'énerver. T'es vraiment obligé d'agir comme ça ? Je fais l'effort de venir vers toi et tu me balances direct de la merde. T'sais quoi ? Vas-y dégage mais moi, j'abandonne. Je sais même pas pourquoi je t'ai choisi. J'aurais dû choisir Noah ou Baptiste. Mais what ? De quoi elle me parlait putain ?! Ahuri, je fronçai les sourcils en la voyant s'énerver sans que je ne comprenne une seconde de quoi elle me parlait. De quoi tu parles ?! demandai-je sans comprendre, commençant à m'échauffer à mon tour. Pourquoi elle me parlait de Noah là sérieux ? Il venait faire quoi dans le sujet ? Tu es ici parce que toi et moi il faut qu'on parle, qu'on mette les choses à plats, qu'on règle les choses pour sauver notre amitié parce que même si tu agis avec moi comme un connard, tu me manques. Mais putain... J'en avais ras le cul de ne pas comprendre un mot de ce qu'elle était en train de me dire depuis tout à l'heure, et je sentais que je commençai sérieusement à atteindre les limites de ma patiente. Puis d'un coup, ça commençait à faire tilt dans ma tête. Attends.. attends.. dis-je en me pinçant l'arête du nez en fermant les yeux, réfléchissant deux secondes à la situation. Tu m'as fait venir ici ? Ce sms, c'est juste un mytho pour me "parler" ? demandai-je lentement, n'y croyant pas moi-même au fur et à mesure que les mots sortaient de ma bouche. Et inconsciemment, j'avais ce p'tit espoir au fond de moi que je me trompais sur toute la ligne, qu'elle m'avait pas fait un coup aussi dégueulasse.

Fire meet Gasoline
— Wavy

J'étais stressé, sur les nerfs et surtout, je ne comprenais pas de quoi Ivy me parlait. Et ça me gonflait. Ça me gonflait tellement que je me sentais déjà bien énervé alors que ça faisait à peine quelques secondes qu'on venait de se croiser. Agacé, je lui demandais des explications et enfin, elle daigna m'éclairer un peu. Pour la rentrée, on a décidé de lancer un jeu, celui de l'homme de rêve j'ai profité de ce jeu pour te choisir afin qu'on passe une soirée ensemble pour... essayer d'arranger les choses... Petit à petit, j'avais l'impression de me décomposer de l'intérieur alors que je comprenais que tout ça n'était qu'une grosse mascarade. En fait, je m'étais fait pigeonner comme un débutant. Et par la personne en qui j'avais certainement le plus confiance dans ma vie. J'arrivais pas à croire qu'elle m'ait fait un coup aussi fourbe, tout en appuyant sur la corde sensible qu'était la musique pour moi. Tout ça pour quoi ? Un jeu de "l'homme de rêve" ? J'étais à la fois choqué, dégoûté qu'elle m'ait fait ça et.. interloqué même qu'elle m'ait choisi pour ce jeu débile. C'tait pas du tout perturbant comme situation quand on savait qu'elle m'avait balancé en pleine poire qu'elle était toujours amoureuse de moi. Pourquoi tu t'énerves ? Où tu vois du mytho ? Aria t'a bien donné le lieu de rendez-vous et l'heure en numéro masqué non ? J'vois pas où est le mytho. Et là, je pétais littéralement un câble. Pour moi, c'était trop. Mais tu te fous de ma gueule... lâchai-je avec un rire bien ironique, tellement j'étais halluciné par la situation. Me faire venir ici en me faisant croire qu'un mec veut ptetre me produire juste pour m’appâter c'est pas un mytho peut-être ?! m'exclamai-je en haussant la voix, ne parvenant plus à garder mon calme pour le coup. Et t'oses me dire que tu fais des efforts pour venir vers moi ?! Alors que tu me forces à venir ici en me piégeant pour avoir une discussion avec toi que j'ai même pas voulue ?! Mais t'es malade ma pauvre ! J'en ai rien à foutre de ton jeu débile ! gueulai-je en commençant à marcher d'un côté du couloir à l'autre, sur les nerfs, comme si ça pouvait m'aider à me calmer. J'en avais marre putain. J'en avais marre de tout ça, marre de me faire prendre pour un con. J'étais tellement dégoûté au fond qu'elle m'ait fait un coup pareil, à moi. Elle en avait pas assez déjà de m'avoir trahi en sympathisant avec Noah alors qu'on se détestait lui et moi ? Cet entretient m'avait foutu un tel coup de boost que là, de savoir que c'tait juste une belle arnaque.. ouais, ça faisait mal. Ecoute, normalement c'est toute une soirée avec l'homme de nos rêves moi, je te demande une heure ou deux juste le temps pour nous de régler une partie de la merde qu'on a foutu entre nous... dit-elle sur un ton posé, qui eut au moins l'avantage de me faire un peu redescendre au niveau de ma colère. Mais elle rêvait. Elle croyait que j'allais faire son jeu à la con là ? J'en avais rien à foutre qu'elle essaie de se faire passer pour la meuf conciliante en autorisant que je reste seulement deux heures avec elle, et pas toute la soirée. Oh merci. Trop de bonté en toi. Tu fais partie de ma vie depuis presque vingt ans, on en est jamais arrivé là et ça me tue de pas pouvoir te parler, te voir comme avant... ne plus rien pouvoir partager avec toi... Bref, je te demande juste deux petites heures. Elle comprenait rien ou quoi ? Elle pensait que j'étais content de cette situation moi ? Mais pourquoi tu crois qu'on en est là ? Tu veux que tout redeviennes comme avant, mais comment tu peux penser que tout va s'arranger comme par miracle, tout en faisant tout pour que je ne veuilles plus te voir ou te parler ? Sérieusement ? Comment tu peux penser que jvais avoir envie de me poser avec toi tranquillement et de te parler après ce coup de merde que tu viens de faire là ?! m'exclamai-je, dégoûté. J'crois qu'elle comprenait pas. Et moi je comprenais pas non plus. Si elle avait eu envie qu'on s'explique, qu'on essaie d'arranger les choses, pourquoi elle ne m'avait pas tout simplement proposé qu'on discute calmement elle et moi en tête à tête au lieu de me faire un plan pourri pour me coincer ?! Donne-moi une bonne raison de rester à t'écouter alors que tu te fous clairement de ma gueule là dis-je en me forçant à ne pas gueuler.

Fire meet Gasoline
— Wavy

Je lâchai un rire ironique en l'entendant me donner ses explications. Parce qu'elle pensait vraiment que j'allais me pointer tranquillement à un rendez-vous comme ça sans savoir avec qui j'avais rendez-vous et pourquoi ? Elle avait voulu m'arnaquer, point barre, et ça me foutait les boules. Puis elle me ressortais de coup de "j'arrive pas à croire que tu me penses capable de ci et ça..".. et ça terminait de me mettre sur les nerfs. Oh arrête un peu ton cinéma de fille intègre alors que tu viens d'me faire un plan merdique avec tes copines, merci dis-je sur un ton cassant. J'étais vraiment dégoûté par la situation, énervé aussi par tous les mots qu'on avait eu l'un envers l'autre depuis des semaines et que j'avais toujours en travers de la gorge. J'étais exaspéré par son comportement, halluciné de la manière dont elle présentait les choses alors que moi j'avais rien demandé. Et là j'devais la remercier gentiment de m'imposer que deux heures en sa compagnie ? On était littéralement en train de rêver là. Et de toute évidence en entendant la réponse qu'elle me donnait, elle devait pas se rendre compte que pour moi, ça en devenait trop. J'accumulais trop de choses à son égard et là, j'tais à deux doigts de l'envoyer définitivement chier. Pourtant, j'en avais pas envie. Parce que c'était Ivy. Je comprends que tu sois furieux parce que là je le suis aussi... Je te retiens pas, tu peux y aller mais sache que si j'ai préféré te faire venir ce soir en passant par le jeu c'est tout simplement parce que j'avais peur, peur que tu me dises non ou que Briony... J'voulais pas foutre la merde ou quelque chose comme ça. J'avais l'impression d'être épuisé là. Je soupirais un grand coup, tendant de me calmer en entendant qu'elle me reparlait à nouveau de Briony, sachant pertinemment qu'elle pensait que j'attendais son autorisation ou une connerie de ce genre pour la voir. Elle comprenait pas que c'tait moi qui ne voulait pas la voir ? Qui était dégoûté par tout ça ? Pour autant, je pouvais pas rester insensible. Même si elle était putain de maladroite. Tu crois que ça va pas foutre la merde quand j'vais lui dire que t'as cherché à me voir en douce.. ? lâchai-je dans un soupire désabusé. Mais au moins, je ne criais plus. Je savais que tu le prendrais mal pour le piège mais, je te jure que jamais je ne lui ai demandé de te faire croire que tu allais rencontrer un producteur, je sais que je suis folle mais pas à ce point... Réfléchis deux secondes Wade. Tu crois que j'aurais pris un putain de risque pareil alors que je veux tout arranger entre nous ? Je ne répondais rien, cherchant la sincérité dans ses yeux qu'elle venait de plonger dans les miens. J'avais envie de la croire. Mais c'était dur, tellement j'étais blessé actuellement. Je la regardais prendre une enveloppe dans la salle d'enregistrement, puis me la tendre. Je la regardais pendant quelques secondes sans bouger puis finalement, j'attrapai sa fichue enveloppe en soupirant, avant de l'ouvrir. Tu gères les heures comme tu veux... Je suis vraiment désolée qu'elle ait fait ça... Ca me gavait. Ca me gavait qu'elle reporte la faute sur sa copine, alors qu'elle était à l'origine de tout ça. Merci, mais j'peux me les payer tout seul les séances d'enregistrement dis-je froidement en lui rendant son enveloppe. J'étais énervé, perdu dans tout un tas d'émotions contradictoires. Puis finalement, je cédais. Quinze minutes. Au café en bas pour que j'puisse fumer ma clope dis-je en levant mes yeux vers elle. J'étais vraiment trop con putain. Mais j'étais aussi bien trop faible face à elle.