J'étais bien content de m'être arrêté, de l'avoir croisé, de lui parler. Je m'amusais bien plus ici que seul dans un café avec mon téléphone, on allait pas se mentir. En tout cas, j'étais bien heureux qu'elle ne tente pas de me faire passer pour un monstre aux yeux de l'université et de ses élèves. J'en avais assez à vivre, ça suffisait amplement. Par contre moi, je profitais pleinement de ce petit défi pour la déstabiliser. Parce qu'en plus d'avoir réussi, je m'étais quand même fait plaisir. Il fallait croire que mon charme avait encore de l'effet sur elle malgré tout ce temps passait. Elle avait peut-être réussi à rester calme et à garder la tête haute devant les autres hommes rencontrés pendant son voyage loin de Boston, mais une fois face à moi, ça changeait. Et j'adorais ça, j'adorais avoir cette légère emprise sur elle. Ce léger pouvoir, si on pouvait dire cela comme ça. Je me prenais un coup dans l'épaule et je riais légèrement. La pauvre, maintenant que j'avais réussi, mon égo était entièrement reconstruit de nouveau et prêt à fonctionner à fond. Elle ferait peut-être mieux de fuir si elle voulait réussir à retirer ses joues rouges. « Tu sais que c'est dangereux de me donner ce genre de désirs ? » disais-je avec une petite moue interrogative. Maintenant, j'avais pleins d'idées en tête pour l'utiliser, de nombreuses idées, allant de la plus simple à la plus idiote qui soit. Mais je savais que j'allais bien réfléchir avant de l'utiliser, car je n'aurais qu'une seule chance alors je n'allais pas la rater. « Il a un date de péremption ce souhait ? » demandais-je en souriant. Autant le savoir, que je l'utilise au bon moment mais surtout, à temps.

Ca m'apprendra à jouer avec lui, j'ai fini par me brûler. J'aurais du me douter qu'avec Adriel, ça allait brûler, mais j'ai décidé de foncer, et au final... je le regrette même pas. Ca me fait du bien, ce goût d'inédit, de danger, d'inconnu dans lequel je nage depuis mon retour de l'étranger, et si jusque maintenant j'avais constaté un changement global, j'étais ravie de voir que même avec un homme comme lui, c'est positif. Alors ouais, quand il réclame un truc, je fait la folle, je lui accorde un souhait. Génie style, sauf que je suis pas bleue. Un rire certes sincère, mais aussi intimidé m'échappa à la phrase d'Adriel qui semblait d'ailleurs surpris, alors que je dis directement: « Ne m'oblige pas à rédiger un règlement pour te limiter, Rhodes! » Que je balance en riant. J'ai mes limites malgré tout, à lui de trouver lesquelles, maintenant. Puis, vient la question qui tue. La date de péremption. J'avoue ne pas avoir tellement songé à ce détail, sur le coup, ayant balancé du tac au tac la première chose m'ayant traversé l'esprit. Pinçant les lèvres, pensive, je réfléchis un bref instant. « Hm, je vais en donner une pour que tu n'aies pas le temps de trop réfléchir et trouver un truc affreux. » Ben quoi? On ne sait jamais ce qui se passe dans la tête d'un homme comme Adriel. Je ris légèrement, avant de réfléchir à nouveau, déclarant solennellement : « Effectif dès aujourd'hui et jusque la fin de la semaine. Ça te va? » Avec un peu de chance, il aura gardé son souhait de côté, et l'aura oublié d'ici la fin de la semaine.

J'aimais beaucoup cette histoire de souhait que je pouvais demander quand je le voulais. Je ne savais pas encore ce que j'allais demander, parce que je savais qu'elle n'accepterait pas tout, évidemment. C'était normal et logique. « Quel dommage, les limites c'est pour les faibles ! » rétorquais-je en levant les yeux au ciel, un petit sourire aux lèvres. J'allais devoir bien réfléchir, je ne devais pas manquer ma chance pour le coup. Je voulais savoir la limite dans le temps, parce que je voulais y réfléchir quand même un peu mais la belle rousse me connaissait mieux que je le pensais au final. Ou disons que je suis assez facile à cerner sur certains points, plutôt. « Je ne comprends pas pourquoi, ce n'est pas mon genre de trouver des trucs affreux et d'avoir des idées... salaces. » lançais-je accompagné d'un petit haussement de sourcil. Est-ce que j'essayais de lui faire peur ? Totalement. Après tout, en me donnant ce genre de pouvoirs à moi, il fallait se douter que j'aurais des idées pas très clean en tête. Déjà que j'étais pas très clean tout court. « Ca me va ! » Maximum une semaine pour trouver, c'était parfait. En plus, cela voudrait dire qu'elle serait dans l'obligation de me revoir dans la semaine qu'elle le veuille ou non, que demander de plus ? « Garde ton téléphone bien proche de toi, tu recevras un message dans les jours à venir. » annonçais-je un grand sourire d'idiot sur les lèvres. Stresse Margot, poses toi pleins de questions, ça m'amuse.

« Avoir des limites, c'est être prudent, simplement. » Que je lui balance du tac au tac. Si y a une chose que j'ai appris à faire pour sûr au cours de cette année loin de tout, c'est à ne pas me laisser démonter. Je m'étais retrouvée en plein terrain inconnu, et j'ai fini à la force de mes mots, à devenir coach d'anglais pour une agence musicale de pop coréenne. Je m'étais donné une limite, aussi, là bas. « Ma limite, c'est mes regrets. Si je sais que c'est une mauvaise idée, je dis non, c'est plutôt raisonnable je trouve. » Ah oui, elle a bien changé, bébé Margot. Au final, je lui impose donc le créneau d'une semaine pour décider de ce qu'il veut. Trop de temps, c'est une mauvaise idée, mais pas assez aussi, agir sans réfléchir ça n'a jamais rien donné de bon, surtout dans la tête d'un garçon. Et j'en ai la confirmation à la réplique d'Adriel. « Tu sais quand même que ton regard dit l'inverse exact de ce que tu dis ? » Que je lui dis en riant, secouant la tête en m'efforçant de ne pas laisser paraître que je me demande si j'ai pas dit une connerie moi avec cette histoire de souhait. De toutes manières, c'est moi qui ai les cartes en mains, j'suis libre de dire oui ou non. Je finis par sortir mon téléphone de ma poche pour l'agiter devant le brun. « Deal. Mon téléphone ne me quitte jamais. » Je me laisse pas démonter devant son sourire. Nope, je lui ai déjà largement donné la satisfaction de mon état tout à l'heure. « Je suis pratiquement sûre que d'ici demain t'auras oublié. Les hommes ont la mémoire courte. » Moi, me cacher derrière des piques? Jamais.

Etre prudent. On ne pouvait pas réellement dire que je connaissais cela, je n'avais pas tellement de limites. Du moins, là, rien ne me venait en tête. Mais on était différents alors que je savais que j'allais devoir faire en fonction de ses limites à elle. D'où mon besoin de réfléchir pour trouver un compromis, un souhait qui irait autant à l'un qu'à l'autre. « Je suis d'accord avec toi, c'est raisonnable. Mais je ne suis pas un mec raisonnable. » répondais-je en riant. Il fallait dire la vérité et j'pense qu'elle l'avait compris de toute façon. Mais bon, il fallait bien que je continue de l'embêter. Cela m'amusait de me dire que pendant plusieurs jours, elle allait chercher ce que j'allais bien pouvoir lui demander par rapport aux indices lançaient pendant notre discussion. « Je sais contrôler mes paroles, mais pas mon regard et mes idées. » rétorquais-je simplement. Mais bon, au final, je pouvais réfléchir à autant de choses que je le voulais, c'était elle qui déciderait. Et je savais d'avance qu'elle ne se priverait pas pour dire non si jamais mes idées ne lui plaisaient pas. Je souriais quand elle me montrait son téléphone, à tout moment, elle pourrait recevoir un message de moi. Disons dès que j'aurais une idée ou plutôt, envie de la revoir. J'arquais un sourcil à ses paroles, l'air surpris. « Oh, vraiment, tu crois ça ? » Je n'oublierais jamais. Ca allait hanter mes pensées jusqu'à temps que le souhait soit réalisé, je le savais, c'était une évidence. « Puis, je dois t'avouer un truc.. » commençais-je l'air mystérieux, avant de plonger mon regard dans le sien, un sourire idiot au coin des lèvres. « Rien n'est court chez moi. » Et hop, une petite allusion pour la rendre mal à l'aise.

Issue d'une famille on ne peut plus idyllique et sage, ouais, j'ai toujours appris à faire preuve de prudence en toute circonstance. Chose que j'appliquais à la lettre jusqu'à récemment, mais malgré mon "audace" nouvelle, je reste sur la réserve, et je me dis que c'est pas plus mal vu ce que me dit Adriel. Lui, n'a aucune limite, n'est pas raisonnable. « Pourquoi ça ne m'étonne pas ? » Dis-je alors en riant, finissant par m'adosser au poteau le plus proche de nous pour l'écouter les bras croisés. Allez, et c'est reparti, une remarque en plus. « Ouais, je suis au courant qu'un homme ne sait pas faire plusieurs choses à la fois, alors contrôler regard, paroles et idées... » Je laisse ma phrase en suspens, offrant au brun un regard subjectif avant de sourire. Puis, j'en rajoute une couche, et je balance que je suis à peu près certaine qu'il aura oublié cette histoire de souhait d'ici la fin de la semaine. Voir même demain. «Yup. » Une lueur de défi dans le regard, je ne lâche pas mon sourire, cherchant à le taquiner autant que lui prend plaisir à le faire. Et franchement, ça fait du bien de plus rester silencieuse, là, je la vois, la différence en deux ans. Il commence une nouvelle phrase, plongeant son regard dans le mien, et je le fixe, cherchant à savoir où il veut en venir. Putain, arrête de me fixer comme ça, c'est déroutant. Et la phrase m'achève. Immédiatement, je place mes mains sur mon visage en secouant la tête, consternée et hilare. « Mais quel vantard! » Nouveau coup d'épaule alors que je passe une main sur mes joues que je sens rouge écarlates. « Ceux qui disent ça en général c'est qu'ils ont quelque chose à prouver. » Ouais, te laisse pas faire, Margot.

Parfois, je me disais que je devrais être plus prudent et raisonnable. Que je devrais me mettre certaines limites, comme elle. Mais c'était compliqué et je ne pensais pas tenir si je faisais cela de toute façon, ce n'était pas pour moi. Je riais quand elle disait que ça ne l'étonnait pas, c'était évidemment. On savait que j'étais comme ça, je ne le cachais pas, ce n'était pas un secret. « Les clichés sur les hommes sont vraiment idiots. » rétorquais-je en levant les yeux au ciel. Mais elle avait bien répondue, j'aimais le fait qu'elle ait quand même plus de répondant qu'avant. Sinon, j'aurais dû faire la conversation tout seul et ça aurait été plus ennuyeux. Quoique, peut-être plus amusant tout de même. Mais là, je n'avais plus qu'une seule chose en tête : ce souhait. Je n'arrêtais pas d'y réfléchir, ça allait occuper mes pensées pendant plusieurs jours, c'était clair. Je ne risquais pas d'oublier, sinon, je serais vraiment idiot de louper une opportunité comme celle-ci. Je décidais de la taquiner de nouveau et en voyant ses joues rouges, j'étais fier de moi. Mais elle me donnait un nouveau coup d'épaule. « T'es devenu violente en fait ! » lâchais-je en me reculant légèrement d'elle comme pour me protéger. Bon, vu sa force, autant dire qu'elle ne me faisait pas de mal. C'était comme si une enfant de 10 ans essayait de me faire mal. « C'est ce qu'on dit. » En tout cas, c'était souvent cette phrase que l'on répondait et ce n'était pas la première fois qu'on me la sortait. « Mais moi, je suis prêt à te le prouver quand tu veux. » rajoutais-je accompagné d'un clin d'oeil.

« Et pourtant, vous ne vous privez pas pour en avoir sur les femmes. » Ah non, j'allais pas me laisser faire, loin de là, et d'ailleurs, je m'amuse bien de voir ce "retour à l'envoyeur" qu'on se fait avec Adriel depuis tout à l'heure, ça doit bien le changer de la douce époque ou j'étais muette comme une carpe. Bon, ceci étant, il parvient à me faire à nouveau changer de couleur avec ses allusions salaces, s'attirant un coup de ma part. « Tu me force à devenir violente, j'ai pas d'autre moyen de défense! » Que je proteste. Puis bon, c'est pas comme si je risquais vraiment de lui faire mal, hein, avec ma force de mouche et mes deux têtes de moins que lui. Puis, je prend la peine de lui renvoyer la balle, dans un dernier élan de courage. « C'est ce qu'on dit. Mais moi, je suis prêt à te le prouver quand tu veux. » Il est pas sérieux. Il peut pas être sérieux, c'est pas possible d'être sérieux en disant ça, si ? Je pâlis, rougis, baisse les yeux en pinçant les lèvres. « Dis pas de bêtises, idiot. » Que je sors simplement avec un rire gêné, vaincue. Ouais, je peux lutter contre Adriel, mais là, c'est le sujet délicat, parce que bon.. Il est canon, garçon. Change de sujeeet, Margot. « Bon! Ben .. Heu.. J'vais peut-être te laisser vagabonder et emmerder d'autres pauvres rouquines innocentes ? » Fuite, fuite, fuite. Lâche.

Bim. Elle avait raison et je devais l'avouer, j'étais le roi pour sortir des clichés sur les femmes. Mais bon, ce n'était pas une raison pour en sortir sur les hommes. « Belle répartie, je suis vaincu. » Vaincu à ce sujet-là en tout cas, parce que j'avais plus d'un tour dans mon sac et je comptais pas me laisser faire. Ce que je trouvais très amusant et intéressant. Au final, c'était mieux maintenant qu'elle avait plus de répondant, j'en étais certain. « Tu es quand même consciente que tu ne me fais pas mal ? » lâchais-je en riant. Mais alors vraiment pas mal, ça ne me faisait ni chaud ni froid. Alors je lâchais ma dernière belle phrase salace et elle avait l'effet voulu, même plus que ce que je pensais. Elle n'osait même plus me regarder et j'avais l'impression qu'elle était encore plus rouge que tout à l'heure. « C'est pas des bêtises ! » disais-je en levant les yeux au ciel. Pour une fois, c'était la vérité. Après tout, elle était canon et si on y réfléchissait bien, cela faisait depuis 2014 que j'essayais de la mettre dans mon lit. Et je me disais que j'avais peut-être plus de chance d'y arriver maintenant. « Tu es la seule rouquine innocente que j'aime emmerder dans ma vie. » rétorquais-je en souriant, avant de reprendre. « Mais je vais te laisser, il va falloir que je cherche mon souhait. » Oh que oui, je dois le trouver et vite.

Si je dois me défendre contre Adriel, c'est clair et net que ce sera avec des mots et non pas des gestes. Niveau self defense, si j'ai pris des cours, en matière de force je reste une mouche. Et mon objectif n'est pas de casser le poignet du beau brun, de toutes manières, j'ai tellement suivi les cours que j'en serais même pas capable. « Parce que tu veux que je te fasse mal? Je te savais pas masochiste. » Et bim. Je ris doucement, jusqu'à ce qu'il m'achève de son côté. Décidément, c'est une vraie partie de ping pong verbale depuis tout à l'heure, et ma seule répartie réside au final dans un "dis pas de bêtises", parce que pour moi, c'est tout ce que ça peut être. Adriel, c'est le genre de gars qui va s'amuser de son influence sur une femme, mais de là à ce que je lui plaise vraiment ? Lol. « Ouais ouais ouais. » Que je marmonne en évitant le sujet tandis qu'il maintient que c'est vrai. Allez, tentative d'échappatoire, et quand il dit que je suis la seule rouquine qu'il aime emmerder, je lève les yeux au ciel, sans réprimer ce petit sourire en coin que la phrase m'apporte quand même. J'reste une jeune fille, duh. « Brune blonde, châtain, chauve, qu'importe sa couleur de cheveux! » Je fronce le nez, et cette fois, c'est lui qui capitule, prétextant devoir s'occuper de son souhait. Err. « C'est cela oui. » Que je sors en balayant l'air de ma main comme si je ne m'inquiétais pas le moins du monde. Vaut mieux faire ça que lui montrer vraiment comment cette histoire de souhait commence à me faire regretter d'avoir dit une telle connerie. Je recule alors d'un pas, remettant bien mon sac sur mon épaule pour commencer à m'éloigner. « Au fait... » Je me tourne finalement à nouveau vers lui, lèvres pincées, l'air malin, pour préciser: « Dans une semaine, y a sept jours, pour info. Dépasse pas. » Dernier pic à Adriel Rhodes, preuve que je ne me laisse pas démonter devant toi. S'il était le seul à "jouer" y a deux ans, maintenant, il a trouvé une adversaire plus ou moins de taille. Et sur ces mots je pivote pour aller prendre ce fameux café qui était mon premier objectif.