Ses bras se nouent autour de mes épaules et ses lèvres viennent se poser sur mon front comme instinctivement. Sa mémoire lui joue peut être des tours mais le reste de son corps se souvient de moi, de notre relation, de tout ce qu'on a pu partager ensemble. Ca me tire un petit sourire qui disparait aussi vite que je me raisonne en me disant que je me fais surement des films, qu'il n'y a aucun souvenir là dedans juste de l'affection pour une pauvre nana paumée, c'est ce que je dois avoir l'air. « Tu vois que je n'aurais rien dû dire, ta vie est assez compliquée avec ta perte de mémoire, oublier tout ce qu'il s'est passé et qui te relie à moi c'était peut être un cadeau pour toi. » Parce que cela n'a pas été simple de se reprendre, de reprendre notre amitié en n'y laissant plus que de l'amitié, garder une amitié avec des sentiments, ce n'est jamais simple, je le sais trop bien pour le vivre encore avec Priape actuellement. « Tu me manques, tout ce truc compliqué autour de nous me manque, c'est le bordel dans ma vie, mais ça l'est moins quand t'es là même si... » Même si ce truc inexplicable entre amour et amitié est toujours là ne rendant pas les choses faciles.

Relâchant mon étreinte, je plongeais mon regard dans le sien alors qu'elle affichait un bref sourire, elle était tellement magnifique lorsqu'elle souriait que je ne pouvais pas nier que tout ce qu'elle disait était totalement faux, il est évidemment que j'aurais pu nourrir d'autres sentiments qu'amicaux à son égard. Chutttt ! J'suis assez grand pour affronter tout cela ... j'veux dire maintenant que je sais, les souvenirs vont peut être revenir .... des flashs pas agréables mais au moins je sais qui je suis, aussi mauvais que je sois ! Oui elle avait beau me dire que j'avais toujours été là pour elle, ce n'était pas réellement ce que je retenais dans l'histoire mais plutôt les conneries que j'avais pu être amené à faire, brisant son couple et tous ses repères. Ses quelques mots me firent comprendre à quel point je pouvais compter pour elle, même si pour moi tout était un peu abstrait, je ne savais pas comment réagir mais ça faisait du baume au coeur de savoir que l'on comptait pour quelqu'un surtout que certaines avaient disparues de la circulation. Lui relevant la tête de mon doigt, je la regardais avec un sourire timide. J'suis là ... j'suis pas le même, mais j'te laisserais pas de toute évidence ! Même si quoi ?

Cette discussion est beaucoup trop sérieuse pour l'endroit dans lequel nous sommes, on est en train de fêter halloween, un truc où on est censé rire de la peur des gens et tout, et non Priape nous a balancé sur un sujet des plus sérieux. Alors quand je trouve une faille pour blaguer, le charier, je m'y engouffre sans aucun doute en le frappant légèrement au torse puisqu'il est tout près de moi. « Je te remercie, je te permets pas de dire que ta coucherie avec moi n'était pas agréable. » Je rigole doucement puis je le laisse relever mon menton pour planter son regard brun dans le mien. Trop compliqué de répondre à la question du même si les yeux dans les yeux, dangereux aussi d'être comme ça si proche l'un de l'autre, autrefois, il en profitait pour m'embrasser, heureusement qu'il avait perdu la mémoire. Je ferme les yeux, et je réponds alors à sa question. « Même si quand t'es là tout est de suite plus compliqué parce qu'il y avait toujours ce truc entre nous qui était plus que de l'amitié et qu'on refoulait. » Voilà c'est dit et maintenant je n'ose pas rouvrir les yeux et voir sa tête.

Le sourire a repris le dessus tout comme le second degré, comme une trêve dans les explications qui semblaient être encore qu'infimes dans toute la relation que nous avions mais finalement s'en était peut être assez pour aujourd'hui, sa petite tape sur mon torse, je fronçais doucement les sourcils avant de la regarder. Tu t'es pétée la main avoue avec mes abdos en béton ! En tout cas je t'ai laissé des bons souvenirs .... dis je en laissant la phrase en suspens, me mordant tout de suite la lèvre trop débile de sortir ce genre de phrase, comme si la situation n'était pas déjà assez compliquée. J'crois qu'en réalité, j'comprendais jamais tout ce qui pouvait me lier à Talya et je n'étais même pas certain qu'avec les souvenirs en plus tout serait plus facile ou du moins totalement clair dans ma tête. Car oui même inconsciemment j'avais cette envie de la protéger, alors que je la connaissais à peine, comme si entre nous tout était naturel et que je ne me forçais pas à le faire, surtout que là je ne me rendais même pas compte de ce que je faisais. Refouler, devais je en comprendre qu'à cet instant précis elle essayait de se contrôler de quelque chose, tout autant que j'essayais de ne pas goûter à ses lèvres parce qu'il était préférable de ne pas retourner sur cette pente toute aussi tentante soit elle par que d'un j'me souvenais plus de tout et c'était mieux ainsi même si elle m'attirait plus que de raison, et que de deux : nous étions meilleurs amis et ce n'était tout simplement pas possible de franchir cette limite car apparemment cela avait déjà été un bordel sans nom et que je me répugnais rien qu'à l'idée de l'avoir fait. Et ce petit truc il en est où aujourd'hui ? Et je préfère que tu m'avoues qu'il se passe plus ou qu'il y a toujours ce truc totalement déraisonnable, juste pour savoir hein ... Oui savoir où elle en était après tout j'pouvais pas deviner en elle.

« J'ai vanté tes mérites devant toute l'assemblée le jour du bal quand j'ai reçu le prix de l'infidélité, c'est bien dommage que t'aies oublié ça ! » Je ne savais tellement pas quoi dire que ça avait été plus simple de sortir une connerie, un truc léger, mais je n'avais pas calculé à l'époque que Priape ne le prendrait pas comme tel et que ça le blesserait, parce que c'était belle et bien ce qu'il s'était passé. Mais c'était un petit détail qu'il devait connaitre, le premier d'une super longue liste. Je finis par lui avouer ce qui suit le même si et quand il me répond, je prends mon courage à deux mains pour rouvrir les yeux. « J'en sais rien où il en est, je sais juste que ça fait un moment que t'as pas essayé de m'embrasser, qu'on a dormi dans le même lit au summer camp sans rien faire, mais que les sous entendus étaient toujours bien présents. »

Quoi elle avait vraiment fait cela ? A croire que maintenant tout le monde connaissait notre moment torride, s'en était totalement ahurissant, je ne me baladerais plus jamais dans la rue de la même façon et lorsque les femmes me regarderont .... non vision d'horreur quoi ! C'est une blague tu as pas vraiment fait ça ?! Prix de l'infidélité ? T'as couché avec tout le campus ou quoi ? Oh j'étais tout de même pas le meilleur ami d'une nymphomane, non elle ne semblait pas réellement avoir ce genre de comportement, mais il fallait toujours se méfier des apparences après tout. Elle avait relevé la tête, nos regards plongés l'un dans l'autre, s'en était presque perturbant, peut être plus pour moi qui ne me souvenais de rien, mais elle ne semblait pas super à l'aise non plus ... Puis elle vanta nos dernières entrevues, à croire que cela étaient des exploits même si en soit entre meilleurs amis cela devraient être normal, on était vraiment des cas tous les deux .... Et ça te manque ? Après tout si elle le mentionnait c'est bien qu'elle avait plus ou moins aimé ... puis je posais ma main sur sa joue avant de la faire glisser à sa nuque, c'était comme plus fort que moi, comme si ma tête et mon corps étaient totalement désordonnés, déposant ensuite mes lèvres sur les siennes, d'un baiser langoureux ...

« J'ai une tête à coucher avec tout Harvard ? » Matthéo a juste été l'un des rares hommes avec qui je me suis laissée aller cette année et c'est pour dire à quel point c'était spécial puisqu'avant cette année je n'avais partagé de moment intime qu'avec mon mari. « Je dois te rappeler que j'étais mariée avant d'arriver ici et que je n'avais connu que mon mari ? Donc je pense que ça te donne une petite idée du peu d'homme avec qui j'ai partagé ce genre de moment. » Depuis mon arrivée ils étaient trois en fait : Noa avec qui j'avais couché en septembre l'année dernière mais je n'étais pas prête, Priape avec qui j'avais eu une histoire d'amour et Matthéo pour qui j'avais eu des sentiments. C'était tout. « Donc voilà, non je n'ai pas couché avec tout le campus, notre moment à tous les deux a juste fait pas mal de bruit et j'en ai payé les pots cassés. » Je me suis retrouvée célibataire, chose parfaitement normale que je comprends mais je me suis aussi retrouvée affichée devant tout le monde. Bref, passons. Oui passons parce que je le vois se rapprocher dangereussement de moi déposant sa main sur mon visage et la glissant dans mon cou son visage se rapprochant du mien et ses lèvres trouvant les miennes. Mauvaise idée Matthéo Silver, pourtant je ne recule pas, mes yeux se ferment et quand le baiser touche à sa fin, je lui souffle tout bas encore presque contre ses lèvres : « Ne recommence jamais ça. »

Non ... mais tu as pas une tête non plus à tout ce que tu m'as raconté alors je préfère demander ... Oui fallait bien avouer que j'avais du mal à voir en Talya qui se trouvait moi et avec tout ce qu'elle avait pu narrer quelques minutes auparavant, oui c'était un peu comme deux personnes totalement différentes, aussi attirante l'une que l'autre il fallait bien le dire. Et j'avais bien du mal à me dire que j'avais pu en convenir de rester pour toujours uniquement son meilleur ami, mais passons, c'était peut être préférable comme cela après tout et il ne fallait juste pas qu'on s'égare. J'vois bienvenue à Harvard ou l'endroit où tout le monde se mêle de tout ! Oui c'était réellement ça le problème, surtout que les comères n'étaient jamais bien loin et que nos moindres faits et gestes étaient réellement épiés, comme quoi nos vies étaient certainement plus intéressantes que les leurs. Le baiser tendre et langoureux s'acheva, lorsqu'elle murmura de ne pas recommencer, j'arcquais un instant le sourcils avant de lui répondre tout aussi bas. C'est si horrible que cela ?... Ou pour le bien de la communauté ?! Après tout je ne savais rien, et pour le coup j'avais bien envi que cela me facilite un peu la vie, pour une fois que ça pourrait servir à quelque chose.

J'hausse les sourcils de surprise face à ce qu'il me dit, je suis choquée : « Eh ! Me juge pas ! » Ce Matthéo ne se souvenait plus de tout, ne comprenait pas tout alors c'est pour cela qu'il pouvait être choqué par ce que j'avais pu faire, ce qu'on avait pu faire ensemble et ce qu'on refaisait là, enfin plutôt ce qu'il s'était tenté de faire. M'embrasser comme ça de la sorte alors que plusieurs personnes pourraient nous voir, ce n'était pas sérieux, on allait au delà des emmerdes encore et encore même si le contact de ses lèvres avaient affaibli mes jambes les rendant en coton. « Si la communauté se limite à toi et moi alors c'est pour le bien de la communauté. D'une Priape a un très bon coup du droit, l'ancien toi s'en souvient, de deux, il est très jaloux et c'est trop compliqué quand ça te concerne de le raisonner... Mais c'était... » Je rentre ma tête dans les épaules avec un sourire et le rouge qui monte aux joues. En même temps si c'était nul je me serais écartée bien avant non ? Et surtout je ne serais pas restée si près de lui peut être pour en avoir un deuxième. Ou pas. Il ne faut pas jouer avec le feu.

Je ne savais pas réellement si d'avoir accroché ses lèvres avaient la meilleur idée que j'avais pu avoir de la journée, non surement que cela avait été une erreur au combien exquise, de toute évidence je crois tout simplement que je n'aurais pas du mettre les pieds dans cette forêt qui avait commencé à complexifier ma vie, m'envoyant mes vérités en face. J'ai jamais eu peur de Priape ... mauvais argument, mais je ne voudrais pas mettre le bordel dans votre relation, plus que je ne l'ai déjà fait du moins d'après ce qu'il m'a raconté ... J''le referais pas ...si votre relation n'est pas plus claire que cela et qu'il guette tes faits et gestes, mais si c'est pas l'envie qui manque de recommencer ... C'était certainement un jeu dangereux, et au vu de ce qu'elle m'avait rencontré, poursuivre dans cette voie serait retomber dans cette relation complexe qui nous liait par le passé, mais en réalité j'avais juste envie de profiter et faire ce qui me plaisait, et à cet instant présent cela avait été la seule chose qui me fallait. Rougis pas ... j'vais croire que tu aimerais que ça se poursuive malgré tout ...