J'hochais la tête en écoutant le mini discours du jeune homme. Il avait totalement raison, et je ne pouvais que lui sourire en réponse. J'étais du même avis que coller une étiquette à une personne c'était mal, et forcément faux. Même si je le fais moi même, je ne suis pas d'accord avec ça et j'y travaille pourtant. « Très bonne réponse ! » dis-je en applaudissant pour rire. Non mais sérieux, j'étais bien contente de ce "renouveau" de pensée sur lui, je n'aurai jamais imaginer Alejandro comme ça et c'est surprenant. « Sérieusement, je suis carrément d'accord avec toi. » dis-je plus posément. Finalement, je terminais ma pomme quand le jeune homme me demandait quels étaient mes plans. « Honnêtement, je n'en sais rien. Et toi? » demandai-je, curieuse.

Après son monologue un brin philosophique qui aurait pu s'intituler "ce que je ne suis pas", mais qui révélait plutôt ce qu'il est, Jeisa applaudit avec un certain amusement, avant de dire que sa réponse était très bonne, ce qui fit doucement sourire Alejandro, toujours un brin mystérieux.

-Gracias.

Puis, la belle brune ajoutait avec un peu plus de sérieux qu'elle était bien d'accord avec lui. Le jeune homme hocha de la tête avec une mine satisfaite.

-Et toi, qu'est-ce que tu n'es pas?

Question un peu paradoxale, il l'avoue, mais c'était dans le même thème. Elle n'était pas seulement une droguée en tout cas, et une fêtarde aussi. Jeisa finit sa pomme peu après et mine de rien, ils discutaient depuis un bout de temps maintenant. Que comptait-elle faire maintenant? Jeisa ne savait pas.

-Je pense que je vais rentrer à mon appart' à Boston. Je ne sais pas si c'est parce que c'est le début de la session et si j'ai perdu l'habitude, mais il me semble que j'ai une tonne de lecture à faire, c'est fou.

Je ne cachais pas que j'étais d'accord avec ses derniers propos, ce serait bête de juger les gens sur une pauvre impression. Même si la première impression est souvent la plus importante, on n'a pas la chance de faire deux fois une bonne première impression. Or, je découvrais une facette du jeune homme que je n'aurais pas soupçonné aujourd'hui. Je souriais à sa question, faisant mine de réfléchir. « Je ne suis pas la fille qui serait aussi inconsciente et débauchée qu'on pourrait le penser. Même si c'est dur à croire, je suis loin d'être ce genre de fille là. » dis-je en lâchant un mince sourire. Du moins, je ne me percevais pas comme ça, mais honnêtement ce que les autres pensent je m'en tape, enfin pas mes proches.  « Je vois ! T'as raison, j'ai assez empiété sur ton temps de libre. » dis-je en riant. Le pauvre, j'devais le souler avec mes histoires.

Ce fut au tour de Jeisa d'affirmer qu'elle n'était pas qu'une débauchée fêtarde et tout, si on exclut bien sûr le fait qu'elle a justement eu un accident parce qu'elle et ses amis ont abusé de certaines substances... Commentaire qu'Alejandro gardera pour lui, il n'avait pas envie de défaire tout ce qu'il venait de bâtir avec un commentaire mal placé.

-D'où la grande question: qui sommes-nous si nous ne sommes pas quelque chose?

Alejandro se mit à rire, il se trouvait drôle à philosopher de cette façon et à bien y penser, sa remarque tenait plus de la blague que de la question existentielle, quoique. Puis, après ce segment de conversation, le beau brun parlait de ses intentions pour la suite, somme toute assez simple, mais vient un temps où il faut rentrer chez soi.

-Je peux te reconduire à la Quincy si tu veux? Ma voiture n'est garée loin et puis cela t'évitera de tout marcher. Puis, il faut que je t'avoue que je ne suis jamais même rentré dans la Quincy, j'ai toujours juste passé devant.

Pour une raison ou une autre, Alejandro ne connaissait personne ou presque de cette maison, ni y avait tissé de liens. Peut-être que cela changera avec Jeisa? En tout cas, si elle est d'accord avec son plan, il se levait, prêt à marcher et à sortir dehors, au campus, pour gagner le parking où il garé sa décapotable.