Ma tête tournait, la pièce tournait, tout tournait ici. Je voyais pas clair, du moins, j'avais du mal à discerner les formes mais je pouvais presque remarquer qu'en face de moi, était accroché au mur une affiche préventive sur les rapports sexuels. Du moins, je le supposais. En fait, je reconnais cette affiche, que j'avais vu maintes fois à.. l'infirmerie. Quoi, j'étais à l'infirmerie ? Je me redressais doucement, ouais, j'étais bien à l'infirmerie d'Harvard. Qu'est-ce que je foutais là ? Quoi, j'avais encore pas eu assez de problèmes ? Je reprenais doucement mes esprits, quand un gars se mit à me parler, à me dire de ne pas me lever. Hein, c'était qui lui ? J'avais rien le temps de dire qu'il me disait qu'il allait chercher quelque chose. Ok.. ça ne me dit toujours pas ce que je fais ici. Mais j'ai aucune envie d'y être. Difficilement, je me relève, m'adossant au mur. J'attends quelques secondes, le temps de reprendre un peu des forces. J'avais probablement du faire un malaise. Mais ça allait maintenant, enfin je le pensais. Je décidais de quitter les lieux malgré l'avertissement de l'inconnu. Sur le chemin, je marchais normalement, un peu lentement tout de même. Au fil des pas, ma vue se brouillait à nouveau, et je ressentais une envie de vomir. Quel bordel, j'allais pas m'évanouir encore une fois quand même.

Il y a quelques jours, Alejandro avait eu un léger accident au gym qui avait mené à une foulure de son poignet. Question de faire cette histoire courte, il était à nouveau de passage au service hospitalier de Harvard pour se faire examiner le poignet, peut-être même se faire enlever cette espèce de ganse qu'il lui avait mis autour du poignet et de la main. Pour conduire, ce n'était pas vraiment l'idéal d'ailleurs. Pour prendre des notes, bien heureusement qu'il est droitier!

Quand l'Espagnol sortit de sa rencontre avec l'interne, puis l'infirmière de garde, il marchait, le poignet à nouveau à l'air libre, un sourire satisfait sur les lèvres. Il croisa alors un visage familier, celui de Jeisa, n'y prêta guère d'attention, même si la demoiselle était pâle. En revanche, quand il entendit le bruit sourd et une exclamation d'une passante paniquée, il se retourna, pour découvrir la Quincy étendue sur le plancher.

Bon, ici, il faut savoir qu'il n'a jamais beaucoup porté cette hippie dans son cœur, qui de toute façon, le prend visiblement pour un riche snob antipathique. Du coup, il avait deux choix. La laisser à son sort, ou l'aider. Après une brève hésitation et un petit soupir, Alejandro décida de jouer le rôle du preux chevalier. Il se précipita vers Jeisa, tandis que la première personne qui l'avait vu, toujours accroupi près d'elle à l'interpeler, donnait la nette impression de ne pas savoir quoi.

-Aller chercher l'infirmière de garde, dites-lui que c'est urgent.

Une main sur l'épaule de la dame, le contact visuel, elle reprit contenance et partit aussitôt. Bon, maintenant, fallait s'occuper de Jeisa. La demoiselle semblait dans un état semi-conscient.

-Allez mademoiselle, vous ne voulez quand même pas rester dans ce corridor?

Passant un bras de la jeune femme autour de ses épaules, il se levait doucement ensuite, dans l'espoir de la faire marcher jusqu'au bureau de l'infirmière, la salle d'examen, peu importait. Si la pauvre ne semblait même plus capable de se tenir à lui, alors il pouvait facilement la prendre dans ses bras. De un, présumons que Jeisa ne pèse pas une tonne et de deux, Alejandro est quand même en bonne condition vous savez! Une fois que la cavalerie arrive, c'est à dire l'infirmière, l'Espagnol la laisse entre de bonnes mains et attendit patiemment dans le corridor. Oui, il n'avait pas fait tout cela juste pour partir après. Il considère qu'il mérite au moins un merci et un beau sourire de reconnaissance. On verra bien ce qu'il dégote finalement.

Tenue:

J'étais la fille la plus stupide du monde si je pensais cinq minutes pouvoir repartir tranquillement de mon côté après avoir fait un malaise. Visiblement, c'était le cas. Et comme prévu, je n'avais même pas réussi à faire dix pas que je m'étais à nouveau retrouvé au sol, complètement faible. Ma tête tournait encore plus, et j'avais des vertiges. J'étais clairement pas dans mon assiette, ma forme physique me rappelait à l'ordre comme un genre de "tu as voulu faire la maligne à conduire ivre, voilà ce que tu y gagnes". Merci, j'avais compris, et je ne le ferais certainement plus. Je toucherais plus une seule goutte d'alcool de ma vie. J'entendais des voix, mais j'étais pas capable de parler, j'en avais pas la force. J'étais clairement au bout du rouleau quand je sentais quelqu'un me soulever, et que je distinguais à peine cette personne.. Quelques minutes plus tard, je reprenais connaissance, doucement. J'ouvrais péniblement les yeux, j'avais l'impression d'avoir fais un bad trip là. Ma tête tapait, et j'essayais de retrouver mes esprits quand l'infirmière s'approcha de moi pour me parler. Elle était au courant de mon accident, elle allait me passer un savon. Les médecins m'avaient bien dit de rester chez moi quelques temps, même si j'étais sortie de l'hôpital, je n'étais pas pour autant en super forme. Mais rester chez moi, à ne rien faire et penser à Jacey, c'était juste épuisant. Alors j'étais retournée en cours, et évidemment, je n'avais pas supporter. Après un bon bout de temps, l'infirmière me laissa finalement quitter les lieux, me disant que j'étais de toute manière accompagnée. Accompagnée ? Non je ne l'étais pas. Quoi que.. qui m'avait amené là ? Je sortais de son cabinet, pour me retrouver dans le couloir et y trouver mon "sauveur", attendant à côté. J'étais surprise de voir Alejandro là et je demandais vraiment si c'était lui qui m'avait ramené là. « C'est toi qui m'a amené ici ? » lui demandai-je, un peu surprise et douteuse. Alejandro n'était pas mon ami, je ne le supportais pas vraiment même si au fond je ne savais rien de lui. Mais j'en avais fais mon idée.

Alejandro ignorait bien sûr que Jeisa avait été victime récemment d'un accident de voiture. Il ne portait même pas la Quincy dans sa cœur, pour le peu qu'il la connaissait. Mais laisser une demoiselle en difficulté et visiblement en mauvaise posture à elle-même, il ne pouvait pas le faire. Pas si mal pour un mec qui a remporté le trophée de l'être le plus narcissique de Harvard.

Une fois Jeisa entre les mains des professionnels, Alejandro put s'asseoir et relaxer un peu, poussant un léger soupir. La Quincy resta assez longtemps dans la salle d'examen et le beau brun ne prêta pas oreille pour entendre ce qui s'y disait, mais il a bien perçu à un moment donné que le ton montait. Pour autant, il ne se montrait pas plus curieux et se levait quand Jeisa réapparu, moins blanche, capable de marcher et visiblement surprise de le voir. Le beau brun fit un léger sourire et acquiesça.

-Si, c'est moi. Surprise?

Elle semblait l'être en tout cas. Se passant une main derrière la nuque, il demandait ensuite:

-Je ne sais pas si tu me reconnais. Je m'appelle Alejandro, nous nous sommes déjà croisés, c'était à une soirée mondaine à New-York je crois.

Le genre d'invitation qui ne se refuse pas. Le jeune homme examinait ensuite un peu plus attentivement la belle brune.

-Ça va, tu te sens mieux? Je ne crois pas que tu aurais aimé voir ta tête dans le corridor tout à l'heure...

C'était plutôt inquiétant.

Je quittais aussi rapidement que possible le cabinet de l'infirmière, qui venait de me passer un bon savon car j'étais déjà revenue ici et que je faisais trop de choses. Ca va, je crois avoir bien compris que je devais rester au calme. Même si je n'en avais aucunement l'envie. En sortant, je fus surprise d'y trouver Alejandro, d'autant plus qu'il m'affirmait m'avoir emmené ici. « Euh.. ouais. » dis-je en fronçant les sourcils. Je pourrais parier que beaucoup de personnes comme lui m'aurait laissé par terre s'ils avaient été à sa place, alors dans un sens, je n'aurais pas pensé qu'il le fasse. « Oui, je te reconnais. Même si je m'en souviens pas forcément d'où, je me souviens de toi. » J'aurai pu rajouter, pas en bien, mais je me tais, il vient de me sortir de la merde en quelque sorte, alors je ne pense pas que mon sarcasme soit mérité ici. Je fronce les sourcils quand il évoque mon malaise. Génial, il avait du me voir dans un état, c'était splendide. « Ouais, ça va. Désolé, c'est.. courant ces temps-ci on va dire. » J'avais pas tellement envie de citer mon accident, j'avais plus envie d'en entendre parler même si ce malaise me le rappelait clairement encore une fois. « Merci, de m'avoir amené ici. Ca a du te faire perdre du temps, t'avais sûrement mieux à faire ! » déclarai-je, me massant la tempe. J'avais mal à la tête, mais ça allait passer. J'espère.

Jeisa admit d'emblée que ouais, elle était surprise, ce qui fit doucement rire Alejandro, qui n'en était guère étonné et qui se présentait ensuite, histoire de rappeler à la jeune femme qu'ils s'étaient déjà rencontrés en d'autres circonstances. Elle semblait s'en rappeler, enfin, plus ou moins.

-Tu t'appelles Jeisa, n'est-ce pas? Je me souviens de ton père, un homme sérieux.

Ou bien était-ce son beau-père? Enfin, peu importe. Après, le beau brun demandait à la Brésilienne si elle se sentait mieux. Apparemment, elle avait quelques soucis de santé. Il ne comptait pas se montrer davantage curieux à ce sujet, ce serait indiscret.

-Je vois, ce n'est pas très commode.

La Quincy se montrait un brin reconnaissante et le remercie. Le beau brun hocha de la tête.

-En fait, je suis venu me faire enlever une ganse de protection au poignet. Je me le suis fouler à l'entraînement l'autre jour. J'ai fait ce que n'importe qui aurait fait en te voyant dans le corridor.

Puis, Alejandro décidait de proposer, histoire de rétablir son image et de peut-être remonter ne serait-ce qu'un brin dans l'estime de Jeisa, qui ne semblait pas se sentir encore parfaitement bien.

-Je te raccompagne si tu veux? De cette façon, si tu fais un autre malaise, tu pourras tomber une fois encore dans les bras du prince charmant... ou pas.

Complétait-il avec un léger rire.

Alejandro lâchait un petit rire au fait que cela me surprenne, et ça me semblait légitime peut être. Enfin non, je n'en sais rien. Je ne le connais pas, si ce n'est que de vue. J'arquais un sourcil lorsqu'il parlait de mon père, comme un "homme sérieux". Ouais, tout le contraire de sa fille quoi. « Je m'appelle bien Jeisa. » Je ne relevais pas la remarque sur mon père, autant ne pas me lancer sur le sujet. Même si j'avais évité beaucoup de soucis liés à l'accident grâce à lui, ça ne changeait rien. Je me disais finalement qu'il avait du perdre du temps à m'emmener ici et aussi à attendre que je sois sortie. C'était sympa de sa part d'avoir attendu, encore un truc qui venait de me surprendre au final. « Oh ! Je vois. Quel sport ? » demandai-je en esquissant un sourire. Ca se voyait qu'il était sportif, mine de rien. Il était pas mal, on devait se le dire. « Oui, enfin je pense pas que tout le monde aurait attendu.. » dis-je en haussant les épaules. Il était assez modeste, alors que j'aurai parier le contraire. Il me proposait ensuite de me raccompagner, ouais mais où ? En cours ? Non l'infirmière m'avait bien dit de rentrer chez moi, sauf que non, je voulais pas y mettre les pieds. Leo ne serait probablement pas là, alors non j'avais pas envie d'être seule. Je riais doucement à sa remarque. « C'est sympa de ta part, mais t'as peut être mieux à faire non ? » Je pense que oui. Qu'il me demande ça uniquement pour ne pas se le reprocher après si je refais un malaise. « Mais si c'est pas le cas, je veux bien que tu m'accompagnes trouver un truc à manger, je vais tomber dans les pommes sinon. » dis-je avec un clin d'oeil. Bon, il ne m'avait pas l'air aussi chiant que je ne le pensais, alors autant rester avec lui que rester seule.

Il s'agissait bel et bien de Jeisa, mais Alejandro était confiant qu'il ne se trompait pas. Il avait une bonne mémoire des visages et des noms et puis, quand ils sont jolis... Du reste, la famille Batista est plutôt connue dans certains cercles. Si le beau brun n'a pas été victime d'un malaise, il se remettait tout de même d'une légère blessure. La belle brune était curieuse d'en savoir plus.

-C'était juste une séance au gym, pour me garder en forme. Pour tout te dire, ce sont des push-ups qui ont mal tourné.

Question de faire d'une longue histoire une version courte. Toujours est-il que l'Espagnol restait modeste sur ce qu'il avait fait, mais Jeisa pensait que peu de gens ce seraient donnés la peine de rester, même après l'avoir remise entre les mains de l'infirmière.

-Et ne pas avoir droit à un beau sourire plein de reconnaissance? Je ne pouvais pas manquer une telle occasion.

D'ailleurs, il se proposait même d'accompagner Jeisa jusque chez elle, en ville ou ailleurs, peu importait. D'abord, elle ne peut sûrement pas conduire et puis il y avait toujours le risque qu'elle perde à nouveau connaissance. Avait-il mieux à faire? Hey bien...

-Mis à part acheter quelques livres à la librairie pour la session, pas vraiment. Je ne me sens pas si pressé de refaire tout le trajet jusqu'à Boston.

Donc non, ce n'était pas le cas. D'ailleurs, il ajoutait ensuite, toujours avec un air amusé et loin de dramatiser:

-Ça me va. Par contre, essaies de me prévenir avant de tomber dans les pommes, si possible, cela me faciliterait la tâche.

Là-dessus, ce duo improbable quitta sans doute le Health Service pour rejoindre la cafétéria ou un endroit semblable.

Je m'intéressais tout de même à ce qui lui était arrivé pour qu'il ai récolté une blessure, et visiblement c'était à cause du sport. J'hochais la tête quand il disait que c'était la faute à la gym, en attendant, le sport ça ne pardonne pas parfois. C'est pour ça que je n'en fais pas des masses, haha. Ce qu'il me dit par la suite me fit sourire, c'est vrai qu'il n'avait pas tord, être remercier était important quand même surtout avec un sourire en plus. « Bien j'espère que tu n'es pas déçu du sourire ? » déclarai-je en souriant. Alejandro avait plutôt l'air sympathique en fin de compte, et ce n'était pas plus mal pour moi d'être tombé sur lui. Il me disait finalement qu'il n'avait pas envie de retourner jusqu'à Boston pour le moment et que donc, il était d'accord pour m'accompagner. Cool. « Ah ! Je peux pas la prévoir ! Allez, un peu d'adrénaline, ça fait de mal à personne voyons ! » dis-je en pouffant. C'est moi qui dit ça, tiens. Enfin bon, nous voilà parti pour la cafétéria, où je prenais une pomme et un muffin, super contradictoire tout de même, mais ça me faisait envie. Puis après un malaise, le meilleur, c'est de manger du sucre non ? « Alors comme ça, tu vis à Boston hm ? » demandai-je au jeune homme, mordant dans ma pomme.

Sourire en coin, quand Jeisa disait espérer qu'il ne soit pas déçu du sourire, il ajoutait, avec un petit air innocent, haussant un brin des épaules:

-Un peu en fait, mais si un bisou vient avec, cela peut compenser.

Tandis qu'ils quittaient la clinique en marchant dans les corridors, la belle brune sur qui il veillait l'avertissait que contrairement à ce qu'il souhaitait, elle ne pourrait pas le prévenir et ce qu'elle ajoutait sur l'adrénaline le fit de nouveau rire. C'est qu'elle avait un certain sens de l'humour. Certains s'apitoieraient plus facilement sur leur sort.

-Je suppose que tu as raison senorita.

Une fois à la cafétéria, la Brésilienne se prenait quelques aliments, de quoi se reconstruire un peu et Alejandro allait s'asseoir à une table pour deux et sortait son téléphone, juste le temps de lire et de répondre à un texto avant de le ranger et de répondre à une question de la Quincy.

-Si, du côté du port, il y a de belles tours à appartements, la vue sur la mer et tout, c'est l'idéal. Et toi?