En retard ! J’étais en retard, le genre de retard qui allait me valoir une bonne engueulade de la part du médecin du campus. Oui, je sais, je sais, c’est moi qui ai pris des engagements pour pouvoir faire des heures en plus de celles que j’avais à l’hôpital mais je n’avais pas droit au manque de pratique. Puis bosser tous le temps m’empêchais de penser à autres choses qu’à mes études. J’arrivais rapidement dans le centre médical avant de saluer la secrétaire en trombe de prendre une blouse sans vraiment regarder les personnes qui patientaient déjà et d’attacher mes cheveux pour entrer dans le cabinet ou m’attendais le médecin du campus. Après m’être excusé maintes fois et après avoir promis une fois de plus de faire des heures supplémentaires, que bien sur je ne pourrais jamais caser, le médecin me salua pour enfin prendre sa pause. Je me lavai les mains avant de regarder un coup d’œil rapide aux patients que j’avais aujourd’hui. Une liste longue et interminable, je n’avais dormi que 3h cette nuit, étant donné que j’étais de garde et à la vue de cette liste je n’allais pas pouvoir fermer l’œil de sitôt. La secrétaire annonça le premier étudiant qui allait passer, et étrangement c’était un nom que je connaissais. Alejandro, un ami d'enfance, nous avons passé une partie de notre enfance ensemble, j’allais en vacance chez sa famille en étant enfant et c’était une bouffée d’air à chaque fois que j’y allais. Ce qui me permettait par ailleurs d’échapper à mon père. C’est d’ailleurs grâce à lui que je parle couramment l’espagnol maintenant. Il faut dire que je n’ai pas vraiment eu de le voir très longuement depuis que je suis à Harvard, il faut dire aussi que je ne voyais personne très longuement depuis que je suis ici. Oui, je vis en Hermite et je tente de me soigner et alors ? Enfin, il entra dans la pièce et je lui souris légèrement avant de lui dire dans sa langue natale Hey ! c'est une surprise de te voir ici.

J'étais surprise mais aussi contente de voir Alejandro, il s'avança pour déposer un baiser sur ma joue, ce qui me fit sourire légèrement intimidée. Bah ouais, nous n'avions plus 7 ans et si nous avions été proche étant enfant nous avions prit des chemins différents depuis. Je suis contente de te voir ... enfin je veux dire pas contente de te voir ici parce que enfin ... c'est pas l'endroit idéal ou se trouver, mais je ne veux pas dire que je ne suis pas contente de retrouver ici ... voilà, voilà que je m’emmêlais encore les pinceaux encore, comme à mon habitude, je racontais tout et n'importe quo et d'ailleurs je commençais presque à rougir. La communication et moi c'était de pire en pire, fallait vraiment que je sorte un peu plus. Je poussai un léger soupire avant de me reprendre Enfin ... ça me fait plaisir de te voir Alejandro. lui dis je en lui souriant légèrement avant de secouer légèrement la tête Vas y installe toi ici, je vais jeter un coup d’œil Je lui montrait la table d'examen non loin de nous pour qu'il puisse s'y asseoir. Il s'est passé quoi en fait ? Lui dis je en regardant son poignet qui avait d'ailleurs déjà commencé à enfler. Je le pris doucement pour le manipuler avec précaution et m'assurer qu'il n'y avait rien de plus grave qu'il n'y paraissait Tu as pris quelque chose ou mit quelque chose dessus avant d'arriver ? Ca me faisait bizarre d'examiner mon ami mais je tentais le plus que possible, comme à mon habitude, de ne pas le montrer et de rester la plus calme et neutre que possible. Tellement que mon air sérieux était presque surjoué.

Il m'expliqua ce qui c'était passé pendant l’entrainement, je hochai doucement la tête, la mine toujours aussi sérieuse. Il me parlait de push up et d'impulsion ... je ne voyais absolument pas de quoi il voulait parler, je ne suis pas une grande sportive, déjà j'en ai pas le temps et ensuite ... j'ai horreur des douleurs, des tiraillements des courbatures et autre traitement de ce genre. D'accord, je vois. Il me disait qu'il n'avait mit que de la glace jusqu'à maintenant, ce qui avait été un bon réflexe, au moins son poignet n'avait pas enfler plus que ça. Tu as eu le bon réflexe, ça aurait du être beaucoup plus enflé que ça. Je jetai un coup d’œil à nouveau avant d'ajouter Ce n'est rien de grave, on dirait juste une foulure, tu feras une radio par précaution mais je te donnerait une bande de compression et quelques anti douleurs si jamais tu en as besoin. Je sentais son regard et son amusement aussi et j'avais beau avoir les yeux baisser sur sa blessure, je me retenais de sourire, un sourire amusé, complice mais aussi gêné Je te vois sourire Alejandro ... j'essayai de garder mon sérieux sans pouvoir y arriver et je me mis à sourire largement avant de rigoler légèrement essayant de me contrôler. Tu as le même sourire qu'avant, le même que lorsque j'essayais de te bouder quand nous étions enfant. Oui j'ai toujours été une grande boudeuse, il ne m'en faut pas beaucoup à vrai dire, enfin, j'avais le souvenir de ce petit sourire en coin.

Il me disait que c'est parce que j'étais sérieuse en rire qu'il avait se sourire, je ne pu m'empecher de sourire légèrement à sa remarque, c'est vrai que j'avais un peu accentué la chose. C'est que ça me faisait étrange de me retrouver devant lui et d'avoir à le soigner en plus. C'était surement du au fait que pendant cette année je ne l'avais pas vu très souvent ... comme un peu tout le monde en fait. Il se souvenait bien de notre enfance et du petit sourire qu'il me faisait lorsque je boudais, il a toujours été un charmeur aussi loin que je puisse remonter dans mes souvenirs. Alors qu'il me faisait cette remarque, je lui souris doucement en levant les yeux vers lui C'est vrai que je boudais assez souvent et que tu avais ta méthode pour essayer de me faire sourire ... ça marchait tellement bien que c'était presque de la tricherie. Parler de ça avec lui était bénéfique, ça me rappelait l'époque ou j'étais un minimum épanouie et ou je savais sourire et m'amuser en étant insouciante. Il prit ensuite une mine sérieuse en me demandant de lui placer la bande de compression et je pu deviner sans peine qu'il essayait de m'imiter. J'affichais une mine faussement boudeuse en me redressant, ayant finit d'examiner sa main avant de me mordre la lèvre pour me retenir de rire, bah oui je devais sauver ma réputation de boudeuse, pour finir par me laisser aller à un rire aussi franc que sincère. Tu vois tu y arrives encore ... tricheur. lui dis je en rigolant Je ne peux pas avoir cette tête là ce n'est pas possible. Je me calmai doucement avant de lui offrir un sourire sincère et de lui dire Aller je te mets ça J'ouvris une des armoir avant de sortir une bande, un gel et une paire de ciseau. Ca a été pour toi l'année précédente ? je n'ai pas vraiment eu l'occasion de te voir et de parler avec toi. Lui dis je en posant une chaise devant lui pour m'y installer et commencer à placer la bande.

A sa mine scandalisée je me contentais d'un sourire entendu, l'air de dire "mais oui on y croit tous". Je n'étais pas aussi à l'aise avec tout le monde, bien au contraire, la plupart du temps les gens évitaient de m'aborder parce que je n'étais pas très chaleureuse, ce n'était pas quelque chose voulu de ma part, juste que ... j'avais perdu l'habitude de côtoyer du monde et de savoir sourire de façon sincère.  Il me faisait ensuite un clin d’œil, il avait l'air ... d'hésiter, je le regardais d'un oeil accusateur avant de lui sourire et de lui dire sur un ton réprobateur mais amusé Alejandro ! c'est le moment ou tu es censé dire Je m’éclaircis la voix pour prendre une voix plus grave essayant d'imiter la sienne Mais non bien sur que non ... ta mine est absolument magnifique je rigolais. Puis je lui souris prenant le gel avant de le passer doucement sur son poignet, avec précaution. C'était froid mais c'était le but, ça servait d'anesthésiant et en même temps ça l’empêcherait de gonfler Tu me dis si je te martyrise hein ... lui dis je doucement alors que finissait de passer le gel. Je levai les yeux vers lui furtivement en ajoutant d'un air complice Mais comme je suis d'une douceur extrême et que j'ai une pratique et des mains absolument parfaites ....  Il me disait ensuite qu'il avait eu une année mouvementé il a tenté de se faire élire à la tête des Eliots et visiblement ça s'était soldé par un échec. Je ne me tenais pas au courant des potins du campus parce que ... parce que j'étais déconnectée et ensuite parce que ... je n'avais absolument pas le temps. Oui je sas la vérité c'est que je n'avais de vie mais c'était plus rassurant de me dire ça. Je ... n'en ai pas entendu parlé, désolée de l'apprendre. Lui dis je doucement. Je commençais à lui mettre la bande en la serrant comme il faut mais en faisant attention Tu veux en parler ?