When I say "You and I are forever", I know I'm right.

J'avais l'impression de ressentir à nouveau cette sensation de vide, ce mélange de tristesse et de colère que j'avais ressenti un peu plus d'un mois plus tôt, les semaines suivant notre agression avec Billie. Je frissonnais, mes yeux me brûlaient dès que je tentais de contenir - et ce en vain - la moindre larme. Je détestais cette impression désagréable, et je savais que j'allais devoir m'y faire pour un petit moment dès aujourd'hui. Mais, si c'était le prix à payer là pour pouvoir enfin être tranquilles plus tard... Soit. J'essuyais une nouvelle fois les larmes qui bordaient mes yeux, m'excusant auprès de Jude. Je savais qu'il ne supportait pas de me voir pleurer, et j'étais totalement effondrée à cet instant précis. Néanmoins, il secoua la tête de gauche à droite, sourcils froncés. « Mais non...t’excuse pas… » Murmura Jude avec un léger sourire. Timidement, je me décidais à lui demander si je pouvais rester dormir ici. Je ne me sentais vraiment pas le courage de le laisser seul ce soir, ni même de rester seule moi même. Alors autant passer la nuit ensemble. J'avais cruellement besoin de sa présence. « Comme-ci ça me gênerai…j’veux que tu restes bien sur… » souffla mon petit ami en essuyant une énième fois les larmes qui inondaient mes joues et mes yeux. Je hochais doucement la tête, hoquetant déjà beaucoup moins. Je relâchais ma prise autour de lui pour le laisser se lever et aller se déshabiller, et je m'asseyais correctement au bord du lit, sans le quitter pour autant du regard. « Si t’a besoin de quelque chose pour dormir…hésite pas à te servir hein.. » Je hochais une nouvelle fois la tête, alors que Jude s'éloignait pour aller dans sa salle de bain. Retirant mon jean et mon tee shirt, j'attrapais rapidement dans son armoire un de ses tee shirts que j'enfilais, comme je le faisais à chaque fois que je venais dormir ici. Je m’imprégnais alors doucement de son odeur, séchant mes dernières larmes silencieusement avant de tirer mes cheveux blonds en arrière. Jude revint dans la chambre, et je le remplaçais le temps d'arroser mon visage un coup. Le rejoignant une nouvelle fois, il se trouvait déjà sous ses draps, m'attendant. En quelques enjambées je le rejoignais, me glissant à mon tour sous la couverture pour me caler au creux de ses bras. Il avait le corps bouillant, à tel point qu'un frisson me parcourut. « Tu sais que je t'aime.. Hein? » Soufflais-je alors tout bas, entrelaçant doucement nos doigts après avoir attrapé sa main. Je remontais la couette sur nous, tendant le bras pour éteindre la lumière de la lampe de chevet. Mais dans l'obscurité, je devinais les traits de Jude. A l'aveuglette, je laissais mes doigts se promener sur sa joue. Ce genre de nuits, calmes, ou nous ne faisions rien d'autre qu'être dans les bras l'un de l'autre, me rappelaient des souvenirs qui semblaient déjà terriblement loin. « J'ai l'impression de passer une de ces nuits comme lors de nos premiers moments ensemble ... Tu te souviens, cette nuit après la salle de danse .. Mon cauchemar .. tout ça? » Murmurais-je alors avec un fin sourire, avant d'aller loger mon visage dans le creux du cou de Jude après m'être entièrement collée à lui.

JUDANNA

And there's so many things that I want you to know.
I won't give up 'til it's over.

C’est drôle, je m’étais fait à l’idée de mourir, déjà plusieurs fois dans ma vie. D’abord, à six ans. Je ne comprenais pas exactement ce qui se passait, et au départ, je n’avais pas tout de suite pigé que j’étais en danger de mort. Mais à force d’aller mal, de passer sa vie à l’hôpital et de voir sa mère pleurer tous les jours, on comprend. J’avais compris, que peut-être jamais, je ne pourrais avoir un avenir et vivre comme tous les enfants de mon âge. Ensuite, il y avait eu cette période, après le décès de ma mère, et celui de Kyle. Jamais je ne m’étais senti aussi dévasté, malheureux, perdu même. Me réfugier dans la drogue avait été la pire idée que j’ai pu avoir, car aujourd’hui, j’avais eu beaucoup de mal à me séparer de cette addiction qui m’avait pourri la vie et qui avait faillis mettre ma relation avec Roxanna en péril. Durant cette période, j’avais pensé au suicide. A la mort. Alors bien sûr, je m’y étais préparé, puisqu’Apple m’avait présentée Roxanna alors que j’étais sur les bords de mettre en exécution mon « plan ». La dose de morphine mortelle que j’avais dans ma chambre, et que je comptais m’injecter. Et aujourd’hui, alors que je risquais la mort, je ne me sentais absolument pas prêt à cette idée. Je ne voulais pas partir, et la principale cause était Roxanna. Je ne voulais pas la laisser toute seule, je ne voulais pas la laisser à un autre. Je ne voulais pas être ‘’Jude, le garçon qu’elle aura aimé à la fac mais qui est partie trop tôt’’ et de qui elle parlera à tous ses petits amis, jusqu’à ce que un, gentil, attentionné, comprendra et voudra l’épouser, ne faisant plus que de moi et de tous nos moments passés ensemble, un vaste souvenir qui aura compté certes, mais qui sera passé. Je ne voulais pas être le passé de Roxanna. Je voulais être son passé, son présent et surtout, surtout…je voulais être son futur.

J’avais proposé à la jeune femme de prendre mes affaires pour dormir, qu’elle fasse comme si elle était chez elle. Mais elle avait l’habitude, car à part lorsque nous étions d’humeur câlines, Roxanna n’emmenait jamais rien pour dormir ici, se contentant de prendre un t-shirt, ou une chemise, trop large pour elle. Un sourire se dessina sur mon visage quand je la croisais alors que j’allais me coucher, et qu’elle allait se mettre de l’eau sur le visage à son tour, dans mon grand t-shirt. Je couvrais mon corps des draps, j’avais froid, mais je sentais que mon corps tout entier était bouillant. C’était…déroutant. Ma petite amie revint sur le lit, pour se blottir dans mes bras. Je l’observais doucement, elle avait toujours les yeux gonflés et les joues rougies par les pleurs. Je m’en voulais tellement, de lui faire subir tout ça. « Tu sais que je t'aime.. Hein? » Je me pinçais la lèvre et je reculais un peu mon visage pour la regarder. Si je le savais ? Le fait qu’elle soit là, avec moi, malgré tout ce que nous avions traversés, malgré le fait que je lui mène, involontairement la vie dure, me prouvait déjà à quel point elle m’aimait. Mais aussi, à quel point elle sera dévastée, si il m’arrive quelque chose. « Bien sûr que j’le sais… », soufflais-je calmement, esquissant un sourire. « Et je t’aime aussi…plus que tout… ». Je pris une grande inspiration alors qu’elle entrelaçait ses doigts entre les miens, prenant ma main. Je fermais les yeux alors que la jeune femme éteignait la lampe de chevet, pour se remettre contre moi. Frissonnant, ses doigts se baladaient sur ma joue, faisant accélérer les battements de mon cœur. « J'ai l'impression de passer une de ces nuits comme lors de nos premiers moments ensemble ... Tu te souviens, cette nuit après la salle de danse .. Mon cauchemar .. tout ça? » Je ris légèrement, passant mes bras autour d’elle alors que Roxanna enfouit son visage dans mon cou. Mon cœur battait tellement vite, que j’avais peur qu’elle l’entende de là où elle était, qu’elle le sente battre si fort. « Oh oui je m’en souviens…j’me souviens de cette nuit comme si c’était hier… » Je reculais un peu mon visage pour pouvoir la regarder, même si dans le noir, je ne la voyais pas, j’arrivais à deviner chacune de ses expressions. Je déposais un léger baiser sur son front, et murmurais, « Dès que j’ai vu que j’arrivais à te calmer après ton cauchemar…j’ai…j’ai tout de suite su qu’on était fait pour être ensemble…tu me donnais envie d’être quelqu’un de bien et…j’arrivais à te faire sentir en sécurité… » Je ris légèrement, soudainement, moi aussi j’avais l’impression que tout ça, c’était loin derrière nous, comme si le futur était destiné à être sombre et plein de peine. Fronçant légèrement les sourcils, je me pinçais la lèvre et baissais mon regard, prenant une inspiration. « Roxanna…promet moi que…si il m’arrive quelque chose…promet moi d’être heureuse et de jamais m’oublier… »

When I say "You and I are forever", I know I'm right.

Il y a quelques mois encore, nous avions tous les deux des futurs parfaitement distincts. D'un côté, l'élève Eliot, danseuse affirmée et inatteignable, je faisais en sorte de ne jamais me laisser toucher par aucun homme. De l'autre, Jude qui, selon les dires d'Apple à l'époque, et même selon les propres paroles de mon petit ami, était au plus bas, au bord de mettre fin à ses jours, dévasté par le départ trop précoce de ses parents, son fils, sa petite amie. Comment alors est ce que, en quelques mois, nous avions pu en arriver à là ? Un couple élu plus beau couple d'Harvard à notre grande surprise, mais surtout amoureux, et ce malgré toutes les épreuves que nous avions pu traverser. Mais, dans le fond, je n'arrivais pas à m'arrêter de penser négativement au plus profond de mon être. Et si cette épreuve ci, celle de la maladie, demeurait plus forte que notre propre volonté ? Après tout, nous ne pouvons pas lutter contre la nature ... A moins de trouver cette fichue greffe bien sur. Et je savais à l'avance, que si ce cancer m'arrachait Jude, je ne m'en remettrais pas. Il avait su me comprendre d'une manière si naturelle et spontanée, que j'ai immédiatement su que je pouvais lui faire confiance. L'un des rares hommes qui a appris toute mon histoire si vite. Et je voulais qu'il reste le seul. Je ne me voyais pas du tout reconstruire ma vie avec un autre, s'il venait à disparaître. Après tout, nous avions vécu tellement de choses en quelques mois à peine, que si là, demain, il me demandait de quitter Harvard pour aller vivre sur une île avec lui, je ne prendrais même pas le temps de faire une valise. Mais malgré tout, je ressentais toujours ce besoin de lui confier mes sentiments. De lui répéter, combien je l'aime, combien je tiens à lui... Combien j'ai peur de le perdre.. Lorsque je lui dis une énième fois que je l'aimais, Jude recula légèrement son visage pour me regarder, et mes doigts contre sa peau m'indiquèrent qu'il souriait. Faiblement, puisque j'ai à peine senti la peau de sa joue se tendre, mais je le sentais. Il souffla à mon adresse, doucement : « Bien sûr que j’le sais… Et je t’aime aussi…plus que tout… » Je hochais doucement la tête, avant de me détacher de lui un court instant, le temps de nous plonger dans l'obscurité la plus totale. Un sentiment de sécurité me prit encore en sentant ses bras se nouer autour de moi, et je me blottis contre lui, lui remémorant nos premières nuits ensemble ... Et surtout la première, celle ou, au beau milieu de la nuit, il m'avait suivie dans ma folie, jusqu'à cette petite salle de danse dont j'avais encore les clés. « Oh oui je m’en souviens…j’me souviens de cette nuit comme si c’était hier… » Me répondit Jude, agrandissant mon sourire. Je me demandais si c'était mon propre coeur que je sentais battre dans ma poitrine, ou les échos du sien. Jude recula le temps de déposer un baiser sur mon front, et je fermais les yeux doucement. « Dès que j’ai vu que j’arrivais à te calmer après ton cauchemar…j’ai…j’ai tout de suite su qu’on était fait pour être ensemble…tu me donnais envie d’être quelqu’un de bien et…j’arrivais à te faire sentir en sécurité… » Je souris, nostalgique, songeant à nouveau à la simplicité avec laquelle nous nous étions tous les deux compris. Il ne connaissait pas que Roxy l'Eliot à l'époque déjà, mais également cette petite Alice que je fus il y a des années, et que je garde terrée au plus profond de ma mémoire. Je soupirais doucement, riant à peine. Je sentis Jude devenir soudain très silencieux. Je fronçais les sourcils, resserrant mes doigts autour des siens. « Roxanna…promet moi que…si il m’arrive quelque chose…promet moi d’être heureuse et de jamais m’oublier… » Mon souffle se coupa à l'entente de ses mots; je secouais déjà la tête de gauche à droite alors qu'il venait à peine de terminer sa phrase. « J'peux pas ... Je sais que je pourrais jamais t'oublier, mais .. Être heureuse... » Je fermais les yeux, et déglutis. « Et puis ... me parle pas de t'oublier.. Y aura pas de raison pour ... On va s'en sortir .. » Je secouais à nouveau la tête, énergiquement, comme pour me convaincre moi même que les chances étaient minces de le perdre. Hélas, je savais qu'au contraire, j'avais beaucoup de chance de ne plus l'avoir auprès de moi, et ça ne faisait que renforcer ce sentiment d'impuissance qui me prenait. Je soufflais, de façon presque inaudible. « Sans toi j'pourrais jamais... Jamais être heureuse.. C'est toi qui m'a apporté ce sentiment Jude.. »

JUDANNA

And there's so many things that I want you to know.
I won't give up 'til it's over.

Beaucoup de gens, trouvaient ça étrange que je fasse des études de médecine, sachant que j’avais un cancer. Parce que la première chose qu’on apprend en fac de médecine sur les cancer, c’est qu’ils ne sont jamais entièrement guéris. On risque sans arrêt des récidives, et une personne qui a un cancer, a beaucoup plus de chance d’avoir une espérance de vie moins longue qu’une personne saine. Devoir côtoyer tous les jours des gens malades, à la limite de la mort, ça n’était pas une simple affaire. Il fallait avoir un moral d’acier et surtout, ne pas s’attacher aux patient. En fac de médecine, on nous donne beaucoup de cours de psychologie, que ça soit la psychologie du patient, ou de la famille du patient, mais aussi notre propre psychologique, en tant que médecin. Mais c’était aussi le fait d’avoir été à la place du patient, pendant des années et d’avoir pu constater à quel point la médecine était bien faite, à quel point les hôpitaux manquaient de personnel, ce qui pénalisait pas mal les patients, qui m’avait donné envie d’être médecin. Envie d’être cancérologue même. Le cancer était aujourd’hui une des principales causes de décès dans les grands pays, j’avais vu mon père en mourir, et j’étais moi-même menacé par cette maladie au quotidien, aujourd’hui plus que jamais. Je savais que tout n’était pas perdu, mais la vie avait déjà été trop dure avec moi. L’année entière passée à l’hôpital lors de la découverte de ma leucémie, et aussi la tonne de médicaments que j’avais dû prendre jusqu’ici : les médicaments anti-rejets après la greffe de moelle osseuse que j’avais subit alors que j’avais six ans, médicaments que je n’avais franchement pas intérêt à oublier de prendre. C’est vrai que notre rencontre s’était faite tellement naturellement, dans le sens où je n’avais même pas eu besoin d’être un gros lourdaud qui se mettrait à la draguer, et elle n’avait pas eu à me faire les yeux doux pour me plaire. Dès que j’avais vu ses cicatrices, j’ai su. Et elle avait aussi ce petit truc, dans ses yeux, cette lueur, que je pouvais retrouver dans les yeux de toutes les personnes qui avaient vécus des choses horribles dans leur vie. Je ne voulais pas l’inquiéter, ni lui dire que c’était certain que je ne m’en sortirais pas. Mais je ne pouvais pas m’empêcher de repasser dans ma tête quand elle avait dit qu’elle ne vivrait pas sans moi, comme si c’était une menace de mettre fin à ses jours. Je ne savais pas si elle en était capable, mais ça me faisait tout de même peur, et je voulais vraiment qu’elle sache que tout ce que je voulais, c’était son bonheur. Avec, ou sans moi. Je sentais tout de suite de la résistance lorsque je lui ai dit que je voulais qu’elle soit heureuse et qu’elle ne m’oublie pas, la sentant s’agiter comme pour me contredire immédiatement. « J'peux pas ... Je sais que je pourrais jamais t'oublier, mais .. Être heureuse... » je fronçais les sourcils, j’étais bien placé pour savoir ce qu’on pouvait ressentir à la perte de quelqu’un qu’on aime, mais Roxanna m’avait prouvée que malgré la peine, on peut toujours rencontrer quelqu’un qui pourra tout changer. « Et puis ... me parle pas de t'oublier.. Y aura pas de raison pour ... On va s'en sortir .. » Je déglutis, je ne savais pas quoi lui dire. Je n’avais pas envie de la contredire, mais je voulais être certain que le message passerait bien et qu’elle ne ferait pas n’importe quoi si quelque chose venait à m’arriver. Le fait qu’elle dise « on va s’en sortir », au lieu de « tu vas t’en sortir », en disait déjà long sur sa pensée. Comme si elle aussi, était confrontée à la menace de la mort alors que, théoriquement, j’étais le seul menacé. « Sans toi j'pourrais jamais... Jamais être heureuse.. C'est toi qui m'a apporté ce sentiment Jude.. » Je glissais ma main sur sa joue, et j’approchais mon visage du sien pour poser mon front contre celui de Roxanna, la regardant attentivement malgré le peu de lumière dans la pièce. Je soupirais légèrement et j’haussais les épaules, murmurant à mon tour, « Je veux juste….que tu sois heureuse et… » Je baissais les yeux, continuant de caresser sa joue avec mon pouce, ajoutant, « …j’veux pas que tu fasses une connerie si jamais quelque chose m’arrivait… au début…tu vas croire que ta vie s’arrête, que jamais tu ne pourras oublier la douleur mais…tu rencontreras quelqu’un qui te fera sourire et petit à petit, cette personne te rendra heureuse et tu oublieras petit à petit à quel point ça fait mal… » Je me pinçais la lèvre, c’était exactement ce qui c’était passé pour moi. J’étais dévasté, et Roxanna est arrivée dans ma vie, changeant toute la donne. « Dis-toi que…si je fini par partir…je serais toujours là avec toi pour veiller sur toi…je vivrais toujours là… » Je pris sa main dans la mienne et je la posais doucement au milieu de sa poitrine, au niveau de son cœur. Ce n’était pas joyeux ce que je lui disais là, mais il fallait que je lui dise et que je la prépare au pire.

When I say "You and I are forever", I know I'm right.

Jude ne pouvait pas décemment me demander d'être heureuse sans lui. Je venais de passer quatre mois exclusivement avec lui. La plupart de mes sourires, je les lui adressais. Entre Paris, Cancun, nos soirées ensemble... Rien que l'idée de me dire que tout cela deviendrait ... Lointain, pour moi, me déchirait. Et je m'y refusais, tout simplement. Parce que nous allions trouver cette fichue greffe, Jude n'allait pas me laisser, et nous allions vivre heureux et tranquillement l'an prochain, une fois tout cela derrière nous. Mais je sentais dans sa façon de me parler, qu'il voulait me confronter à une réalité annexe, dans le cas ou les choses ne se passeraient pas comme prévu. Et je m'obstinais à ne pas vouloir l'écouter. A mes yeux, c'était avec lui, ou sans rien. Deux ans plus tôt déjà, j'avais perdu la seule personne importante à mes yeux : Ma meilleure amie, celle qui m'avait sortie de la misère de Boston pour m'aider à venir ici, intégrer Harvard, devenir une fille droite, sérieuse, calme, ayant son passé derrière elle. Lorsqu'elle est partie, décédée d'une overdose, j'ai cru que c'était mon monde entier qui s'écroulait. Je me rappelais encore de cette voiture que j'avais conduit jusqu'à rentrer dans un arbre. Je m'étais laissée sombrer dans l'inconscience sans même tenter de quitter la voiture. Je voulais juste ... Partir. Et si Soliman n'avait pas été présent pour me sauver ce jour là, j'y serais restée. Mais si Jude devait venir à m'abandonner... Qui sera là pour me rattraper au bord du gouffre ? Je doutais que quelqu'un en soit capable.

Mon front entra à nouveau en contact avec celui de Jude, quand celui ci glissa sa main sur ma joue pour se rapprocher de moi. Je frissonnais, encore perturbée par ses paroles. Il soupira. « Je veux juste….que tu sois heureuse et …j’veux pas que tu fasses une connerie si jamais quelque chose m’arrivait… au début…tu vas croire que ta vie s’arrête, que jamais tu ne pourras oublier la douleur mais…tu rencontreras quelqu’un qui te fera sourire et petit à petit, cette personne te rendra heureuse et tu oublieras petit à petit à quel point ça fait mal… » Je secouais à nouveau la tête de gauche à droite, négativement. « Je pourrais pas... » Soufflais-je alors, non sans mal, sentant mes yeux me brûler de nouveau. Mais je contenais la moindre larme.Je sentais toute sa détermination à m'empêcher de plonger s'il devait partir, mais pour moi, c'était vain. « C'est trop me demander Jude... » - « Dis-toi que…si je fini par partir…je serais toujours là avec toi pour veiller sur toi…je vivrais toujours là… » Il attrapa ma main, me coupant dans mon élan, pour la poser au niveau de mon coeur. Je sentias les larmes qui bordaient de nouveau mes yeux, et je savais que j'allais exploser d'une minute à l'autre. Mais, hélas, je savais également que tant que je n'obtempérais pas, il ne lâcherais pas l'affaire. Une larme roula silencieusement le long de ma joue, et je hochais la tête, murmurant la gorge serrée : « Oui ... » tout simplement. J'attrapais son menton de ma main libre pour approcher nos lèvres doucement, effleurant les siennes avant d'y déposer un baiser tendre. « Je t'aime .. Et je suis malgré tout convaincue que .. tout ira bien ... » Je caressais son nez du bout du mien, esquissant un sourire à peine perceptible, si faible que j'étais sure qu'il ne l'avait pas vue.

JUDANNA

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Je savais qu’elle ne voulait pas parler de ça, de l’éventualité que je pourrais partir du jour au lendemain. Pourtant, c’était la vérité, et je voulais la préparer à ça, histoire que la chute soit moins grande et douloureuse. Je savais qu’elle avait des amis qui seraient là pour elle, au cas où. Il y avait Billie, et Julian aussi. C’était surtout sur eux que je comptais en fait car ils s’étaient révélés faire partie des amis sur lesquels je pouvais compter, même si je ne les connaissaient pas depuis très très longtemps. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle me dise « okay promis je ferais tout pour être heureuse sans toi », non, pas du tout. Je connaissais Roxanna et je commençais à comprendre qu’elle était pire que têtue. Mais il fallait qu’on en parle, c’était important de parler de toutes les éventualités d’avenir qui pourrait s’imposer à nous. Je n’avais pas envie qu’elle m’oublie et aussi égoïste cela pouvait-il paraitre, je n’avais pas non plus envie qu’elle soit heureuse sans moi mais si je venais à ne pas avoir cette greffe, je voulais juste qu’elle ne foute pas sa vie en l’air par ma faute. Je finissais à peine de parler, que je sentais déjà son geste de contradiction, « Je pourrais pas... C'est trop me demander Jude... » Sa voix semblait tremblante, et je ne voulais pas la faire pleurer à nouveau. Qu’est-ce que je détestais ça, quand elle pleurait. J’avais l’impression que depuis que mon cancer était revenu, à chaque fois que nous nous voyons, elle se mettait à fondre en larmes, comme si c’était la dernière fois que nous passions du temps ensemble. Prenant sa main pour la poser sur son cœur, je lui dis alors que si je venais à partir, je serais toujours là pour veiller sur elle, et que j’étais sûr que je continuerais à vivre grâce à elle, dans son cœur. Ça paraissait con, mais c’était exactement ce que mon père m’avait dit, avant qu’il ne meurt de son cancer. Il m’avait dit de sécher mes larmes, et de penser que quoi qu’il puisse lui arriver, je pouvais le faire vivre grâce à nos souvenirs. « Oui ... » Je me pinçais la lèvre, sentant des nouvelles larmes couler sur ses joues. Je fronçais les sourcils, alors que ma petite amie attrapa mon menton pour relever mon visage vers elle, me faisant frissonner en sentant ses lèvres se poser sur les miennes, doucement. « Je t'aime .. Et je suis malgré tout convaincue que .. tout ira bien ... » Je souris, gardant mon visage tout près du sien en caressant doucement son bras. Je me rapprochais un peu plus d’elle pour coller mon corps au sien, gardant les yeux fermés. C’est dingue comme un rien, pouvait faire autant de bien. « Oui…tout ira bien… » Je souris et j’approchais à nouveau mes lèvres des siennes, l’embrassant avec moins de retenue que tout à l’heure : après tout, je n’étais pas en sucre, elle ne risquait pas de me tuer en m’embrassant un peu trop. Je finis par cesser le baiser doucement, c’était comme une bouffée d’oxygène. Inspirant un grand coup, je murmurais.. « J’aurais ma greffe et…après ça ira mieux, on va aller au Summer Camp…si j’ai réussi mes examens j’serais interne à l’hôpital donc j’gagnerais de l’argent, et quand t’auras fini tes études de danse, on se trouvera un petit appartement en centre-ville jusqu’à ce que j’finisse médecine, et on ira vivre à New-York…et là-bas, j’t’achéterais une belle bague pour te demander de devenir madame Montgomery et on fera… » Je me stoppais d’un coup, fronçant les sourcils, « Tu veux combien d’enfants ? » Je ris légèrement, « J’ferais n’importe quoi pour te rendre heureuse.. »

When I say "You and I are forever", I know I'm right.

Je ne sais pas si en disant que tout irait bien, je tentais plus de rassurer Jude, ou moi-même. La vérité c'est que je ne m'étais jamais confronté à ce genre de situation, et ça me faisait peur. Les maladies peuvent être si imprévisibles après tout... Même si nous étions 'jeunes et pleins de vie', un rien pouvait nous arracher à ce monde, et en ce moment, Jude était concerné par cette affirmation... Et je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir peur. Peur que, à même pas vingt et un ans, on m'arrache l'homme que j'aime sans que je ne puisse rien y faire. J'essayais cependant de garder mon calme, de sécher mes larmes, de paraître rassurante... Pour lui. Après tout, je ne suis que la petite amie, et le plus touché dans l'histoire est le malade lui même. Je voulais surtout que Jude, garde le sourire coute que coute, et qu'il ne pense jamais être responsable d'une de mes réactions. S'il devait culpabiliser, je ne me le pardonnerais pas, et je me dis alors, qu'il fallait que je montre l'image d'une fille forte. Mes larmes essuyées, je lui dis alors, avec un air plus que convaincu, que tout irait bien. Et je voulais le penser, vraiment. Le sourire de Jude me rassura, et il se rapprocha de moi, sa main caressant doucement mon avant bras. J'esquissais à mon tour un sourire léger, mon visage à quelques millimètres du sien. « Oui…tout ira bien… » Je hochais la tête, m'arrêtant néanmoins lorsque Jude déposa ses lèvres sur les miennes avec beaucoup plus d'ardeur que précédemment. Loin de me déplaire, je glissais ma main derrière sa nuque pour approfondir notre échange un moment, me délectant du moindre contact entre nos lèvres, nos souffles, ou nos corps. J'inspirais profondément lorsque nous finîmes par nous séparer, manquant d'air à force d'avoir coupé mon souffle en l'embrassant. Ma main glissa de sa nuque à sa joue, que je caressais doucement alors que mon petit ami murmura. « J’aurais ma greffe et…après ça ira mieux, on va aller au Summer Camp…si j’ai réussi mes examens j’serais interne à l’hôpital donc j’gagnerais de l’argent, et quand t’auras fini tes études de danse, on se trouvera un petit appartement en centre-ville jusqu’à ce que j’finisse médecine, et on ira vivre à New-York…et là-bas, j’t’achéterais une belle bague pour te demander de devenir madame Montgomery et on fera… » Il s'arrêta un court instant, devant mon air ahuri et mon sourire niais : « Tu veux combien d’enfants ? » J'éclatais de rire, rougissant légèrement à l'idée de ce futur idyllique dont il venait de nous peindre le tableau. « Autant que tu en voudras.. » murmurais-je avec un sourire léger, collant doucement mon front contre le sien pour soutenir son regard que je devinais dans l'obscurité. Rien qu'en me parlant ainsi, il venait de balayer toute trace de mal être chez moi, je me sentais tellement ... Mieux. Je souris à nouveau, calmement, sans arrêter de caresser sa joue du bout du pouce. « J’ferais n’importe quoi pour te rendre heureuse.. » Je fronçais légèrement les sourcils, reprenant la main de Jude dans la mienne doucement. « Moi aussi mon amour ... Je ferais n'importe quoi .. » Et j'étais on ne peut plus sincère dans ces paroles. La preuve, dès demain j'appelais l'hosto pour prendre rendez vous pour faire le test de compatibilité.. Logique non? Après un moment de silence, je l'embrassais à nouveau, avant de dire avec un petit rire. « Après réflexion ... Peut-être pas autant que tu en voudras. Si tu veux me faire une équipe de foot je suis pas sure que mon ventre supporte ... » Je ris légèrement de ma propre bêtise.

JUDANNA

And there's so many things that I want you to know.
I won't give up 'til it's over.

Je n’avais jamais pensé au mariage. Tout comme je n’avais jamais pensé avoir des enfants avant, ou même et encore moins après Kyle. Des enfants voulus, je veux dire. Je ne savais pas si c’était la menace de la mort qui pesait sur mes épaules qui me faisait penser à tout ça. Au futur que j’aurais pu, ou que je pourrais avoir avec Roxanna. Parce que je n’envisageais pas vivre tout ça, sans elle. Elle m’avait redonnée le goût à la vie et elle était par conséquent la seule, avec qui je voulais partager ma vie. Comme je l’avais dit sur mon formspring, je ne pensais pas avoir besoin du mariage pour prouver à quelqu’un, pour prouver à Roxanna que je l’aimais, mais si elle en avait envie, alors je n’hésiterai pas du tout à le faire. Lui acheter une belle blague de fiançailles, enfiler un beau costume, mettre mon genoux droit à terre pour lui demander sa main, préparer un beau mariage, la voir s’avancer vers moi dans une robe blanche magnifique. Plus j’y pensais, plus je trouvais l’idée…séduisante ? Qu’elle m’annonce qu’elle est enceinte, voir son ventre s’arrondir, sentir les coups du bébé, débattre sur le prénom, faire des paris avec Billie et Julian quant au sexe du bébé, les choisir comme parrain et marraine. Peut-être que si je n’avais pas pensé à tout ça auparavant, c’était parce que je n’avais pas trouvé la femme de ma vie, tout simplement ? Penser à tout ça était peut-être une torture, au fond, car j’avais cinquante pourcent de chance de ne pas connaître ce futur. « Autant que tu en voudras.. » Sa réponse me dit sourire et je cru apercevoir un sourire se dessiner également sur le sien. Je sentais son regard plongé dans le mien alors qu’elle collait son front contre le mien. Tout était devenu calme tout à coup, comparé à la crise de larmes que l’annonce de la défaillance de ma chimio avait provoquée. Je pris une grande inspiration alors qu’elle prenait ma main à nouveau, entrelaçant nos doigts doucement. « Moi aussi mon amour ... Je ferais n'importe quoi .. » Je souris à nouveau, fermant les yeux quelques instants pour profiter du calme et du silence qui venait de s’installer. Je frissonnais alors que je sentais ses lèvres s’approcher des miennes doucement, les plaquant tendrement pour y déposer un doux baiser, fin, délicieux. « Après réflexion ... Peut-être pas autant que tu en voudras. Si tu veux me faire une équipe de foot je suis pas sure que mon ventre supporte ... » J’éclatais de rire et j’ouvrais les yeux. Sans trop expliquer ce qui a pu me prendre, je glissais ma main libre sur son ventre et après l’avoir regardé quelques secondes, je relevais les yeux vers la jeune femme et un faible sourire se dessina sur mes lèvres. « T’inquiète j’veux pas d’équipe le foot…juste une équipe de baseball ! » Je ris légèrement à ma bêtise et j’haussais les épaules, « J’déconne… » Je souris un peu et je l’embrassais doucement du bout des lèvres, lâchant son ventre pour caresser sa joue. Je fermais les yeux et me pinçais la lèvre, continuant mes caresses du bout des doigts, « Bon…demain, on va faire un truc tous les deux en dehors de cette chambre, comme si j’étais en bonne santé, d’accord ? On pourrait aller au cinéma, ou à la plage… »

When I say "You and I are forever", I know I'm right.

Je ne vais pas vous mentir, je suis une fille, et encore pire, une fille ayant cruellement manqué d'affection par le passé. Alors forcément, j'ai rêvé en regardant ces films romantiques guimauve et gnan gnan dans lesquels le couple finit par se marier et par avoir plein d'enfants. Bon, certes, pour moi le mariage n'était pas indispensable même si, honnêtement, quelle fille n'a jamais rêvé de porter la fameuse robe blanche ? Mais en revanche, même si la dernière fois que j'en avais parlé avec Jude complètement bourrée, j'espérais un jour avoir le ventre qui se mette à s'arrondir. Pour pouvoir me faire appeler maman, avoir une vraie famille, pas comme celle que j'avais eue durant toute mon enfance. Mais bon, évidemment, je ne me voyais pas trop parler sérieusement de famille maintenant avec Jude, alors que nous n'étions ensemble que depuis quelques mois ... Jusqu'à ce que j'apprenne sa leucémie. Peut-être ais-je mesuré alors le fait que, du jour au lendemain, nous pouvions tout perdre avant même d'avoir véritablement commencé à vivre. Alors que, après mure réflexion, je fis remarquer à Jude que je ne voulais pas accoucher d'une équipe de foot, celui ci éclata de rire, provoquant immédiatement mon rire à son tour. Tout à coup, sans prévenir, je sentis l'autre main de Jude venir se glisser sur mon ventre, que je contractais instantanément. Ce contact me surpris tellement que je suis certaine que mes joues étaient rouges. Fort heureusement, nous étions dans le noir, et Jude devait à peine pouvoir me discerner. Avec un sourire idiot, je posais également ma main sur celle de Jude. « T’inquiète j’veux pas d’équipe le foot…juste une équipe de baseball ! » Je pris un air faussement horrifié avant d'éclater de rire. « Tu veux que je devienne difforme, c'est ça ? » - « J’déconne… » Je fis une moue boudeuse avant de sourire, répondant à son baiser alors que Jude glissais sa main de mon ventre à ma joue. J'attrapais sa lèvre inférieure entre les miennes avec un sourire léger, me délectant du contact de ses doigts sur ma joue. « Bon…demain, on va faire un truc tous les deux en dehors de cette chambre, comme si j’étais en bonne santé, d’accord ? On pourrait aller au cinéma, ou à la plage… » Je me remis à caresser sa main du bout du pouce, en hochant faiblement la tête. « L'air marin ça pourrait pas faire de mal ... Je connais une petite plage pas trop bondée en plus, on pourrait y aller ? » Je caressais le nez de Jude avec le mien, un fin sourire sur les lèvres. « Ca va il fait pas encore trop chaud, pas de risque d'attraper des coups de soleil ... Et au pire je pourrais toujours m'occuper de te mettre la crème solaire.. » Ajoutais-je avec un petit sourire. S'il voulait faire comme s'il n'était pas malade, au moins je serais aux petits soins pour lui.

JUDANNA

And there's so many things that I want you to know.
I won't give up 'til it's over.

Faire des projets, des plans, c’était censé être normal pour un couple, non ? Ayant déjà fait pas mal de stages à l’hôpital, j’avais vu défilé tellement de cas de malades, qui se croyaient condamnés et qui, du coup, avaient fait des choses folles. Une fois, des ado d’à peine dix-huit ans s’étaient enfuis de chez eux pour faire du stop à travers tout le pays afin de pouvoir se marier à Las Vegas. Le patient était atteint d’un cancer en phase terminale et nous lui donnions pas plus d’année à vivre. Et cette année, il avait voulu la vivre à fond. Parfois, je me demandais ce que je ferais, si on m’avançait qu’il ne me resterait qu’un an à vivre. Je ne pense pas que j’aurais fait comme ce jeune couple, je crois que j’aurais tout de suite mis fin à ma relation avec Roxanna, parce que je ne voulais pas qu’elle me regarde mourir. Et si je ne l’avais pas fait aujourd’hui, c’était parce que dans mon cas, même si les chances n’étaient pas immenses, elles existaient, et nous pourrions peut-être vivre tout ça. Je ne voulais pas lui faire peur en parlant d’avenir tout à coup, alors que quelques minutes plus tard, j’essayais de la préparer au fait que je pourrais peut-être ne jamais sortir vivant de cette épreuve. Non, je voulais simplement arrêter les idées pessimistes, et commencer à être un peu optimiste. Et le seul moyen que j’avais trouvé pour être optimiste, c’était de lui parler d’avenir. Fini les pleurs, fini les inquiétudes, je n’avais envie que d’une chose : que l’on passe une journée normale, le plus vite possible, tant que je le pouvais encore. Car si mon état venait à s’empirait, je serais bientôt cloué dans un lit à attendre désespérément une greffe de moelle osseuse qui pourrait me sauver. La jeune femme avait l’air ravie de ma proposition, ce qui me fit plaisir. Je fermais les yeux en sentant ses caresses sur ma main, « L'air marin ça pourrait pas faire de mal ... Je connais une petite plage pas trop bondée en plus, on pourrait y aller ? » J’hochais la tête doucement, me pinçant la lèvre en ouvrant les yeux, souriant alors qu’elle caressait son nez avec le mien. C’était une excellente idée, la plage, surtout qu’il faisait plutôt beau depuis quelques jours. « Oui…c’est une super idée… », murmurais-je calmement. J’avais déjà hâte de m’endormir pour être le lendemain et pouvoir y aller. Rester dans cette chambre, me rendait plus que dingue. Même si je me sentais fatigué et pas au mieux de ma forme, je tenais encore sur mes jambes un minimum et je devais en profiter. Car je ne savais pas dans quel état je serais d’ici quelques mois, quelques semaines voir même, quelques jours. « Ça va il fait pas encore trop chaud, pas de risque d'attraper des coups de soleil ... Et au pire je pourrais toujours m'occuper de te mettre la crème solaire.. » Je ris un peu et j’enfouis mon visage dans son cou, sentant doucement son parfum en posant une main sur sa hanche afin de garder mon corps contre le sien le plus possible. Là, tout de suite, je me fichais des risques que j’encourais à vouloir aller à la plage. Je voulais juste que nous sortions comme un couple normal. « Et moi je m’occuperais à te mettre de la crème solaire…faudrait pas abimer ta belle peau … » Je souris, même si c’était moi qui était malade aujourd’hui, je ne voulais pas qu’elle chope un cancer de la peau, les UV, c’est terrible pour la peau, et les gens n’en ont pas assez conscience. « Peut-être même que quand j’irais mieux…on pourra faire un petit câlin sur la plage ? » Je ris un peu, gardant mon visage dans son cou. Parce qu’avec la chimio, et l’annonce de la revenue de mon cancer, nous n’avions pas tellement eu le temps ou l’envie d’être un peu plus intimes. Et leucémique ou pas, je restais un homme. Surtout que depuis que nous avions passé le cap avec Roxanna, j’avais l’impression d’être encore plus accroc qu’avant.