When I say "You and I are forever", I know I'm right.

23h00 - Un sms a suffit pour me tirer de ma torpeur. J'avais eu une journée plutôt éreintante, ayant passé ma journée à faire du sport. J'avais également du faire quelques courses, mon frigo manquant cruellement d'ingrédients. Un peu plus et mes petits déjeuners allaient se résumer à une céréale par jour, ou un oeuf sans bacon. La mort quoi. J'ai aussi été rendre visite à Billie histoire de l'embêter un peu, et, en fin de soirée, après un repos bien mérité, je suis allée de nouveau chez moi prendre une bonne douche et me glisser sous mes draps. Prête à m'endormir, ce ne fut qu'éphémère puisque mon téléphone s'est mis à vibrer sur ma table de chevet. Jude répondait-il à mon message envoyé quelques heures plus tôt ? Il ne m'avait plus donné de nouvelles depuis hier, et ne répondais pas à mes sms. Un sourire illumina mon visage lorsque je vis son prénom apparaître sur l'écran de mon smartphone. Hélas, ce sourire fut de courte durée puisque le message était tout sauf joyeux : Un simple « Hey chérie...tu pourrais venir me voir quand t'a un peu de temps ? Faudrait que j'te parle d'un truc  » Qui m'a immédiatement fait sortir du lit d'un coup sec. Je répondis que je m'habillais avant de le rejoindre, inquiète à l'avance. Rien que dans son sms, je sentais que quelque chose n'allait pas. Que quoi qu'il veuille me dire, cela n'avait rien de joyeux. Hors de question qu'il vienne chez les Cabot, j'ai donc foncé jusqu'à mon armoire, à la recherche d'un sweat shirt à enfiler, ainsi qu'un bas de survet. j'attrapais mes clés et sortais en trombes de ma chambre, avec en main seulement mon portable.

23h15 - Après avoir du me battre pour accéder sans l'aide de Jude à l'entrée du bâtiment de chez les Mathers, j'escaladais les marches pour mener à l'étage deux par deux, par grandes enjambées. J'ai traversé le couloir sans faire attention aux autres étudiants qui étaient là, me regardant débarquer à cette heure ci pour voir le président de leur maison comme si j'étais une extra terrestre. Au bout de quelques mètres, j'arrivais enfin à la porte de la chambre de Jude. Je levais une main tremblante, frappant contre le bois en disant au travers : « C'est moi mon coeur.. » J'avais un mauvais pressentiment, et des centaines de scénarios en tête, me demandant bien pourquoi il voulait me parler à cette heure ci.

JUDANNA

And there's so many things that I want you to know.
I won't give up 'til it's over.

Les premiers résultats de ma chimio, n’étaient vraiment pas bons. Ce n’étaient que des estimations, mais la plus forte chimio que j’avais pu avoir, semblait totalement inefficace. Et aujourd’hui, en plus de ressembler à un zombie doublé d’un vampire, qui claque toujours des dents tellement il a toujours froid, j’avais des nausées horribles et des maux de tête, et tout ça : pour rien. La chimio était inefficace. Cette vérité, maintenant évidente, n’arrêtait pas de tourmenter mon esprit. Cela faisait deux jours que j’avais eu les résultats. D’après les médecins, la chimio aurait déjà dû faire de l’effet, et comme il y a quinze ans, celle-ci ne semblait pas marcher. Le pire dans tout ça, c’est que je ne préoccupais pas de ce que je pouvais ressentir face à cette nouvelle. Non. Je n’arrêtais juste pas de me demander comment j’allais annoncer ça à mes amis. Comment j’allais annoncer ça à Roxanna. Quand je lui avait dit que ma leucémie récidivait, celle-ci avait fondue en larmes et il lui avait fallu plusieurs jours avant de réussir à venir me voir sans avoir les joues rougies par les larmes. Alors aujourd’hui, je devais lui dire, que la chimio, ne marchait pas, et que j’allais devoir avoir une greffe de moelle osseuse ? Tout en sachant très bien qu’il fallait qu’un de mes proches soit compatible, et que ça n’était pas une affaire très simple. Le problème, c’était qu’avec ce foutu cancer, je pouvais choper rien qu’un rhume, et en mourir. Mes défenses immunitaires étaient au plus bas, et à part pour faire ma prise de sang, je n’avais pas pointé le bout de mon nez dehors depuis le bal de la fac pour éviter que je chope quoi que ce soit. Mais ce soir, je devais lui dire. J’en avais parlé à Billie, pour qu’elle puisse faire attention à Roxanna, car je n’osais même pas imaginer la réaction de la jeune femme et je ne savais même pas comment lui dire ça. A peine un quart d’heure après que j’ai envoyé un sms à Roxanna, j’entendais quelqu’un monter les escaliers assez rapidement, et je compris tout de suite que c’était elle. Je me redressais dans mon lit où j’étais couché, vacillant un peu, j’avais passé une bonne partie de ma journée couché à ne rien faire. C’était un peu le bordel dans ma chambre, et on devinait très vite que je n’étais pas sorti d’ici depuis longtemps. « C'est moi mon coeur.. » Je me levais, vacillant à nouveau en me rattrapant en trouvant un appuie sur le mur le plus proche près de la porte d’entrée de ma chambre que j’ouvrais de suite à ma petite amie. Je voyais rien qu’à son visage qu’elle était inquiète. J’esquissais un léger sourire et je me reculais pour la laisser entrer dans ma chambre, fermant la porte derrière elle. « Comment ça va chérie ? », murmurais-je avant de me tourner vers elle. Mon dieu, je devais vraiment être dans un piteux état. Je retournais m’asseoir sur mon lit et je lui fis signe de me rejoindre. « T’as passée une bonne journée ? » J’esquivais le sujet, je ne savais toujours pas comment lui présenter les choses.

When I say "You and I are forever", I know I'm right.

J'étais en train de me faire tous les scénarios possibles dans ma tête, attendant avec impatience que Jude vienne m'ouvrir la porte. Quelque chose me disait dans le fond que je savais déjà quel serait le sujet de ce qu'il voulait me dire. Après le bal, j'avais clairement remarqué qu'il ne donnait plus de signe de vie, et qu'il semblait relativement faible. Mais, néanmoins, je gardais espoir. Et si ce n'était rien de grave, du genre "Samara part vivre au Zimbabwe et je vais devoir garder le bébé", ou je ne sais quoi d'autre. On peut toujours rêver. Je torturais, du bout des doigts, une des mèches blondes se trouvant au devant de mon visage. J'entendis remuer dans la chambre de Jude, redressant mon regard vers la porte qui s'ouvrit, dévoilant le visage de mon petit ami qui m'invita vite à entrer. Il avait beau sourire, je lus rapidement dans son regard que quelque chose ne tournait pas rond. J'avançais d'un pas, puis deux, m'enfonçant dans la pièce alors que Jude refermait la porte derrière moi calmement. « Comment ça va chérie ? » Demanda-t-il tout bas, se tournant pour me faire face. « Ça peut aller.. » Répondis-je doucement, l'observant sans parvenir à quitter cet air inquiet. Il semblait si ... Épuisé. Je ne l'avais jamais vu si pâle et mal en point, même lors de ses périodes de rechute lorsqu'il a voulu arrêter la drogue. De larges cernes soulignaient ses grands yeux bruns, mais je ne laissais apparaître sur mon visage aucune expression trahissant mes pensées vis à vis de son état physique. Je savais qu'il ne supportait pas la pitié. Jude retourna s'asseoir sur son lit, me faisant un signe pour que je le rejoigne, chose que je fis après avoir retiré mon sweat pour le poser sur son bureau, restant en tee shirt. Je m'installais alors juste à côté de lui, silencieuse. « T’as passé une bonne journée ? » Je sentais clairement qu'il tournait autour du pot, m'inquiétant d'avantage. Je croisais les bras sur ma poitrine, plongeant mon regard bleu dans le sien. « Journée calme... Sport, courses et visite à Bill.. Un mercredi quoi. » Je rattrapais entre mes doigts la même mèche que tout à l'heure, baissant la tête un instant. Je ne pouvais pas tenir, pas faire semblant, je voulais juste enfin savoir ce qu'il avait de si important à me dire ... Tellement important qu'il ne pouvait pas par sms... Je déglutis, redressant un court instant mon visage vers lui. « Jude... Qu'est ce que tu voulais me dire ? » Murmurais-je doucement, nerveuse, relâchant ma mèche pour laisser retomber mes mains le long de mon corps de façon grossière.

JUDANNA

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I won't give up 'til it's over.

Elle était là, devant moi et je ne pouvais plus revenir en arrière. Billie m’avait proposée de lui dire à ma place, mais je savais que c’était mal de faire ça. C’était à moi de lui dire, et à personne d’autre. C’est fou, comme tout l’espoir que j’avais eu, c’était envolé en l’espace de quelques secondes, le temps de lire ses foutus résultats de prise de sang. L’espoir d’avoir un futur, était complètement remis en doute. Je pouvais à tout moment faire une infection grave, ou choper quelque chose de normalement inoffensif. Nous avions déjà parlé de pouvoir un jour vivre ensemble, certainement quand nous aurions finis nos études, parlés d’avoir une famille, rien qu’à nous. Aujourd’hui, j’avais l’impression que tous ses rêves s’étaient écroulés. Je n’arrêtais pas d’imaginer Roxanna, les yeux rougis par la tristesse, debout, habillée de noir devant ce qui pouvait être ma tombe, peut-être au cimetière à côté de mes parents et de mon fils. Roxanna m’avait appris à être optimiste, à regarder le futur et pas le passé, mais aujourd’hui, j’avais l’impression qu’aucun futur n’était possible pour moi. Aucun futur n’était possible pour nous. Un peu comme si j’étais un vaux qui s’en allait à l’abattoir. Je ne croyais pas en la greffe. Et même si j’en avais une, cela voulait dire des tonnes de médicaments anti-rejets à prendre toute ma vie, et le risque que peut-être un jour, le cancer revienne encore une fois. Ma petite amie était nerveuse, elle n’avait même pas besoin de me le dire, même pas besoin de le montrer explicitement. Je le voyais, dans son regard. J’avais l’impression qu’à tout moment, elle était prête à fondre en larmes. Qu’un seul mot de ma part, la ferait chavirer. Elle avait beau dire que ça allait, je savais que c’était faux. Je la regardais retirer son sweat-shirt, lui demandant comment avait été sa journée. Bien sûr, que je tournais autour du pot, mais je n’allais pas lui balancer ça comme ça, n’est-ce pas ? « Journée calme... Sport, courses et visite à Bill.. Un mercredi quoi. » J’hochais la tête, haussant un peu les sourcils en la voyant jouer nerveusement avec sa mèche de cheveux. Elle ne tenait pas en place. Elle voulait savoir, j’en étais sûr. « Jude... Qu'est-ce que tu voulais me dire ? » Je fermais les yeux quelques secondes et je pris une grande inspiration. Bon. C’était maintenant, ou jamais. Je n’avais qu’une seule envie : me lever et partir en courant, mais c’était trop tard. Je m’approchais un peu d’elle et j’attrapais ses deux mains dans les miennes, la regardant dans les yeux. Mon cœur battait à mille à l’heure, et même si je savais que je serais soulagé après lui avoir dit, je savais aussi, que j’allais faire de sa vie un enfer. Et je m’en voulais tellement pour ça… « J’ai fait une prise de sang samedi matin et…j’ai eu les résultats il y a deux jours… » Je me pinçais la lèvre et je baissais la tête. J’étais faible, j’avais l’impression que jamais je n’arriverais à lui dire ça. Je ne voulais pas briser ses espoirs, briser ses rêves. Je voulais juste qu’elle soit heureuse, et ça n’était pas avec moi qu’elle arriverait à l’être. Je l’avais toujours dit. Je resserrais un peu plus ses mains dans les miennes, prenant mon courage à deux mains pour remonter mon regard vers la jeune femme, continuant le plus calmement possible. « …la chimio…ne marche pas comme les médecins l’auraient souhaités…je…je vais la continuer, histoire de ne pas rester là à rien faire mais…la seule chose qui me sauvera…c’est…une greffe… »

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Je le sentais tourner autour du pot : Me demander comment j'allais, comment s'était passée ma journée... Cela ne faisait qu'accroître mon inquiétude et le mauvais pressentiment que j'avais à propos de ce qu'il avait à me dire. Jude semblait clairement hésitant vis à vis de la façon dont j'allais réagir s'il se décidait enfin à me parler. Mais de mon côté je n'y tenais plus, c'était comme si on me tenait en haleine pour les résultats d'un examen important. Incapable de tenir d'avantage, je finis par être directe : Je devais savoir ce qu'il me cachait, maintenant. Jude pris une grande inspiration, et je me sentis trembler aussitôt, de moins en moins rassurée. Il attrapa mes mains dans les siennes, mais elles ne cessaient pas de trembler pour autant. Après quelques secondes d'hésitation, je finis par lever la tête, plongeant mon regard apeuré dans celui de mon petit ami. « J’ai fait une prise de sang samedi matin et…j’ai eu les résultats il y a deux jours… » Je déglutis, rien qu'en entendant le mot "prise de sang". Mes mains resserrèrent leur prise autour des doigts de Jude, je savais déjà ce qu'il s'apprêtait à me dire. Il ne faut pas être devin pour savoir les résultats de cette prise de sang, ça se lisait d'avance sur son visage. Je demeurais silencieuse, sentant déjà un rideau de larmes se former devant mon regard. Jude poursuivit : « …la chimio…ne marche pas comme les médecins l’auraient souhaités…je…je vais la continuer, histoire de ne pas rester là à rien faire mais…la seule chose qui me sauvera…c’est…une greffe… » Mon souffle se coupa, et je hoquetais sous le choc de l'annonce. Même si je m'y attendais, l'entendre de vive voix de la part de mon petit ami me scotcha sur place. « Oh mon dieu .. » Soufflais-je d'une voix presque inaudible, étouffée. Je lâchais les mains de Jude, m'appuyant sur le matelas pour me redresser d'un coup sec. Je faisais les cent pas dans la chambre de Jude, passant nerveusement une main dans mes cheveux. La voix saccadée par les larmes qui montaient, je balbutiais, m'arrêtant de marcher pour faire face à Jude : « On .. On va te trouver une greffe et vite .. » Je retournais sur le lit, attrapant les mains de Jude dans les miennes, répétant à nouveau, une larmes perlant au coin de l'un de mes yeux : « On va trouver ... » Dans ma tête de toutes manières, les choses étaient déjà on ne peut plus claires : Demain matin, j'allais courir à l'hôpital de la ville pour faire le test adéquat et savoir si j'étais compatible. Hors de question que je laisse mon petit ami courir le risque d'attraper un simple rhume et d'en mourir. J'étais néanmoins, totalement paniquée. Jamais je ne m'étais retrouvée dans une telle situation.

JUDANNA

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C’est drôle, comme je pouvais avoir plus peur pour elle, que pour moi. Et les propos de Roxanna, ne faisaient que me montrer de jour en jour, qu’elle tenait énormément à moi. Bien sûr, je n’avais pas eu à attendre de tomber malade pour le savoir. Elle avait su me le prouver, bien avant tout ça, comme à Cancun par exemple, en décidant de faire l’amour avec moi pour la première fois. J’avais l’impression qu’elle avait déjà compris ce que je m’apprêtais de lui dire. Ce qui était bien entre Roxanna, c’était que plus nous apprenions à nous connaître, plus les mois passaient, plus nous n’avions même plus besoin de parler, pour nous comprendre. Un seul regard suffisait. Et au fond, ça avait toujours été un peu comme ça. Je me rappelais encore, de la première fois que j’avais rencontré la jeune femme : elle n’avait pas eu besoin de me dire qu’elle avait vécue des choses dures, ça se lisait dans son regard, et mon esprit observateur avait tout de suite remarqué les cicatrices qu’elle avait gardée sur le bras du temps où elle n’allait vraiment pas bien. J’avais à peine dit le mot « prise de sang », que ses yeux s’humidifièrent immédiatement, me faisant paniquer intérieurement. Mais comme je l’avais déjà dit : il était trop tard pour faire machine arrière à présent. Première étape : le choc. « Oh mon dieu .. », souffla-t-elle tellement bas, que j’avais presque cru l’avoir rêvé. Elle me lâcha immédiatement les mains pour se lever, et je la regardais faire, les sourcils fronçais. Elle faisait les cent pas dans ma chambre, et sa réaction m’étonna un peu. Je pensais qu’elle allait fondre en larmes et être complètement inconsolable. Mais au lieu de ça, elle s’était levée un bon pour marcher encore et encore, à une vitesse incroyable. On aurait presque dit qu’elle était tout simplement en colère. Elle finit par s’arrêter enfin pour me regarder, ses yeux étant définitivement bien voilés d’un rideaux de larmes. « On .. On va te trouver une greffe et vite .. » Je me pinçais la lèvre. Peut-être qu’elle était déjà dans l’étape du déni ? C’était les différentes étapes par lesquels une personne passe en apprenant une mauvaise nouvelle. C’était quelque chose que j’avais appris à la fac, car en tant que futur médecin, on devait pouvoir anticiper la réaction de la famille du patient, si on devait leur porter une mauvaise nouvelle. Elle retourna s’asseoir près de moi, et je restais mué. « On va trouver ... » Je ne voulais pas brouiller tous ses espoirs, du moins, pas ce soir, je ne devais pas être pessimiste devant elle, sinon, ça n’arrangerait rien du tout. J’attrapais ses mains à nouveau, ne sachant pas quoi dire de plus. Comment la rassurer, alors que j’étais moi-même, complètement mort de trouille ? « Souffle un bon coup… », murmurais-je en lâchant ses mains pour poser les miennes sur chacune de ses joues, la regardant dans les yeux. Je passais mes pouces sous ses yeux et je lui lançais un léger sourire, qui se voulait au départ, rassurant. Je m’avançais pour me rapprocher d’elle, et je passais mes bras autour de sa taille pour la serrer dans mes bras, fermant les yeux. « Je…je suis désolé mon amour… » Je caressais son dos, restant contre elle et je continuais, essayant de la rassurer du mieux que je le pouvais, même si j’avais du mal à y croire moi-même.. « Y’a encore…un petit espoir…tout n’est pas perdu… »

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Déboussolée, perturbée par la situation, j'ai dans un premier temps eu un choc tel que les pensées s'embrouillaient dans mon esprit. Jamais je n'avais réfléchi à l'éventualité que la chimio ne fonctionne pas ... Du moins, pas plus que ça. Je m'étais en revanche dit une chose avec certitude : Que je ferais tout ce qui était en mon pouvoir pour le sauver, à commencer par ce test pour savoir si je serais compatible pour une greffe. Hors de question que je le perde également en restant impuissante. S'il le fallait, j'allais faire tourner une recherche dans tout Harvard, tout Cambridge même, offrir une récompense, s'il le fallait même, j'irais jusque vider mon compte en banque. Tout ce que je voulais c'était lui ... Ne pas le perdre. Je n'avais besoin que de Jude, et voilà que la santé voulait me l'arracher ? No way ! Hors de question. Je tournais en rond dans sa chambre, oscillant entre devant son lit et près de sa fenêtre. Ma respiration s'était accentuée d'un coup sec, si bien que je crus un instant m'évanouir sous le choc. Et dire que j'ai été diagnostiquée fragile émotionnellement... En quatre mois j'aurais eu la totale. Après un court moment de folie, je retournais auprès de Jude, m'asseyant sur le lit face à lui en repliant mes genoux sous mon corps. Je me sentais prête à craquer d'un moment à l'autre, répétant avec obstination qu'on allait lui trouver une greffe. Je me le jurais intérieurement, quand mon petit ami attrapa mes mains dans les siennes, silencieusement. Je m'arrêtais de parler immédiatement, sentant les larmes prêtes à rouler sous mes yeux. « Souffle un bon coup… » murmura Jude, encadrant mon visage de ses mains pour plonger son regard dans les miens. Je n'osais pas fermer les yeux, consciente que si je le faisais, j'allais immédiatement me mettre à pleurer. Ma respiration était bruyante, saccadée par les sanglots que je contenais. Alors qu'il passait ses pouces sous mes yeux gorgés d'eau, je m'attardais sur ses traits fatigués. Dire que d'un rien je pouvais le perdre ... Que peut-être que, n'importe quand, on pourrait m'appeler avec une mauvaise nouvelle... Lorsqu'il m'enlaça au niveau de la taille pour m'étreindre, je me jetais doucement dans ses bras, nichant mon visage dans son cou. C'en était trop, je fondais immédiatement en larmes. J'étais frustrée que cette putain de chimio n'ait fait aucun effet, dévastée par l'idée qu'il faille une greffe ... Dire que samedi, nous étions élu couple de l'année, et que maintenant je pouvais le perdre à tout moment... « Je…je suis désolé mon amour… » J'essayais de taire mes sanglots, pleurant en silence dans ses bras. Il avait beau tenter de se montrer réconfortant, j'étais tétanisée. « Y’a encore…un petit espoir…tout n’est pas perdu… » dit-il en passant sa main dans mon dos doucement. Je hoquetais, plongeant d'avantage mon visage contre lui. « J'peux pas te perdre ... Pas toi aussi.. » dis-je d'une voix étouffée, ma main s'agrippant à son haut. Je me sentais terriblement mal, comme si on m'annonçait qu'on allait peut-être couper la dernière ficelle me retenant sur cette planète. Je reculais mon visage pour le regarder, des larmes inondant mes joues pâles. « On va se battre Jude.. Et on va gagner.. On se débarrassera de ce fichu cancer et on aura tout ça vite derrière nous compris? » Je voulais qu'il me promette de ne jamais abandonner. Je refusais qu'il me laisse. Jamais. Je posais mon front contre le sien. « On trouvera cette greffe, et .. On vivra heureux.. On l'a dit, on vivra ensemble, on se mariera, on fera plein de bébés .. Je continuerais de t'appeler ivre pour t'en réclamer toutes les semaines .. » J'essayais de conserver mon calme ... Tant bien que mal, de sortir des mots rassurants, parce que je savais que pour lui aussi ça devait être très dur.

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Elle se retenait. Elle se retenait de pleurer, je le voyais bien. Ses yeux brillaient et elle était au bord de fondre en larmes. C’est vrai que je lui avais toujours dire de ne pas pleurer pour ça, ou du moins, que je n’avais pas envie de la voir pleurer. Mais je m’étais préparé, depuis deux jours, à devoir la calmer, je m’étais préparer à tout : à ce qu’elle ait un accès de colère et qu’elle jette un quelconque objet contre le mur, je m’étais attendu à ce qu’elle se mette à pleurer directement, j’avais imaginé, des milliers et des milliers de scénarios possibles, mais je ne pensais pas, qu’elle tiendrait aussi longtemps. Ma petite amie, resserra directement mon étreinte lorsque je la pris dans mes bras, et je la sentais s’agripper à moi, comme si elle avait peur que je finisse par partir. Je fermais les yeux, essayant de la convaincre que tout se passerait bien, pour la rassurer, car elle s’était très vite mise à pleurer alors que je la gardais contre moi, caressant le plus calmement possible son dos. Elle avait beau essayer de garder le silence, de pleurer sans trop faire de bruit, je sentais les larmes qui coulaient sur ses joues, venant humidifier la peau de mon cou alors qu’elle y avait nichée son visage. Ca me fendait le cœur, de l’entendre pleurer comme ça, et surtout, de savoir qu’elle pleurait pour moi, qu’elle pleurait à cause de moi. Je savais que je ne l’avais pas choisi, d’être malade de nouveau, mais j’étais fatigué de toujours la faire pleurer, de lui faire du mal. Elle avait dû supporter mes nombreuses crises de manque dû à la drogue, elle avait dû supporter ma rechute, et aujourd’hui, elle devait supporter mon cancer ? Je ne voulais pas qu’elle vive avec une épée de Damoclès sur la tête, sursautant à chaque coup de fils en ayant peur que ça soit une mauvaise nouvelle me concernant. Et si j’avais été fort, si j’avais été courageux, je savais que j’aurais dû la quitter dès que la maladie aurait récidivée, pour elle, pour son bonheur. « J'peux pas te perdre ... Pas toi aussi.. » Je fronçais un peu les sourcils et j’hochais la tête négativement. Roxanna, elle qui avait toujours été extrêmement optimiste, se montrait immédiatement pessimiste quant à ma maladie. Mais je la comprenais, elle avait peur, et ça aurait été mentir de dire que je n’avais pas peur, moi non plus. « On va se battre Jude.. Et on va gagner.. On se débarrassera de ce fichu cancer et on aura tout ça vite derrière nous compris? » Je reculais un peu mon visage pour al regarder, alors que la jeune femme posa son front contre le mien. Je la regardais dans les yeux, passant à nouveau mes pouces sur ses joues pour sécher les larmes qui coulaient à flots sur son beau visage. « On trouvera cette greffe, et .. On vivra heureux.. On l'a dit, on vivra ensemble, on se mariera, on fera plein de bébés .. Je continuerais de t'appeler ivre pour t'en réclamer toutes les semaines .. » Je me pinçais la lèvre et j’esquissais un léger sourire, étouffant même un petit rire en l’entendant parler de m’appeler toutes les semaines pour me réclamer un bébé. Je fermais quelques secondes mes yeux, sentant des larmes me monter à celles-ci. Jamais je n’avais pleuré face à elle. Peut-être un peu, lorsque je l’avais amené au cimetière pour lui « présenter » mes parents et Kyle. Mais cette fois, c’était différent. A l’entendre parler de futur, d’avenir, ça me donnait une grande claque, et ça me faisait clairement prendre conscience, que je pouvais mourir, et ne plus jamais la revoir. J’approchais doucement mes lèvres des siennes, et je murmurais tout bas, gardant mes yeux fermement clos, « Pitié, ne te saoule plus jamais ! » Je souris tristement, caressant toujours ses joues avec mes pouces. « Mais oui…promis…je te rendrais heureuse…j’t’épouserais et on ira vivre à New-York… » Je posais à nouveau mon front contre le sien, plongeant mon regard dans celui de Roxanna avant de continuer doucement, « Arrête pleurer maintenant, j’t’en prie… »

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Je lui avais promis déjà quelques semaines plus tôt, de ne pas pleurer, et au bout d'un certain temps à m'entraîner, j'avais réussi à rester relativement calme à ses côtés. Mais comment vouliez vous que je reste impassible alors que Jude venait de, clairement, m'annoncer qu'il avait une chance de mourir à cause de cette putain de chimio qui ne fonctionnait pas ? A peine avait-il commencé à aborder le sujet que j'avais commencé à sentir mes larmes monter. Et j'ai tout de suite deviné que je serais totalement impuissante, incapable de les retenir s'il devait me prendre dans ses bras... Chose qu'il fit. M'accrochant désespérément à mon petit ami, je fondais immédiatement en larmes, hoquetant en tentant de me contraindre à rester silencieuse. Je sentais les larmes quitter mes yeux les unes après les autres pour rouler le long de ma joue et venir s'écraser contre la peau de Jude. Un frisson me parcourut, alors que j'étouffais un nouveau sanglot. A partir de maintenant, ça allait être l'horreur pour lui comme pour moi... Tant que nous n'aurions pas trouvé de donneur potentiel pour une greffe, je ne trouverais pas le repos. Jamais. J'étais littéralement tétanisée, et il me fallu un long moment avant de me décider à reculer mon visage pour faire face à Jude, posant doucement mon front contre le sien. soutenant son regard, je fermais les yeux un court instant lorsque ses pouces passèrent à nouveau sur mes joues. Mais, hélas, dès qu'il essuyait une larme, une autre venait remplacer son prédécesseur. Je n'avais pas pu m'empêcher d'essayer de le faire sourire en parlant de la semaine dernière, quand je l'ai appelé ivre en lui demandant un bébé. Et ça a marché un court instant : J'ai discerné sur son visage l'ombre d'un sourire avant qu'il ne fasse un rire léger, étouffé. « Pitié, ne te saoule plus jamais ! » Me dit-il alors, approchant ses lèvres des miennes. J'ouvris les yeux, esquissant un sourire à peine perceptible, et teinté de tristesse. Tout ce que je venais d'énumérer... J'avais tellement peur que ça n'arrive jamais.. « Mais oui…promis…je te rendrais heureuse…j’t’épouserais et on ira vivre à New-York… » J'inspirais un grand coup, tentant de contenir un nouveau flot de larmes, et je hochais faiblement la tête. Je voulais y croire ... Je devais y croire, et surtout ne pas baisser les bras. « Arrête pleurer maintenant, j’t’en prie… » Me demanda Jude, alors que j'avais toujours autant de mal à arrêter de pleurer. Je passais mon index sous mes yeux pour essuyer les larmes encore présentes, hochant vivement la tête. « Oui... Pardon... » Je balbutiais, alignant deux mots l'un devant l'autre avec grande difficulté. Après avoir longuement regardé Jude, j'approchais à nouveau mon visage du sien pour effleurer ses lèvres, reprenant ses mains dans les miennes. Baissant la tête, je murmurais alors : « Tu m'en veux si ... Si je reste cette nuit ? » Je ne me voyais vraiment pas retourner seule chez les Cabots tout de suite, après tout, la dernière fois j'avais terminé en larmes sur le toit de mon bâtiment, sous la pluie. Mauvaise initiative certes vu que j'ai attrapé un bon rhume, mais je n'avais pas vraiment réfléchi. Reportant mon regard sur mon petit ami, je me pinçais la lèvre timidement, avant d'essuyer à nouveau le bord de mes yeux gorgés d'eau.

JUDANNA

And there's so many things that I want you to know.
I won't give up 'til it's over.

Les jours qui allaient suivre, les mois même, risqueraient d’être très difficiles à vivre. Très vite, j’allais certainement devoir me faire hospitalisé, parce que rester seul, ça n’était pas possible ou envisageable : j’allais être très faible, et j’allais surtout, devoir être exposé le moins possible aux microbes pour ne pas choper quoi que ce soit qui ne pourrait que faire empirer mon état de santé. Je ne voulais pas que Roxanna ait à faire des aller-retour permanents entre l’hôpital et chez les Cabots, même si cet été il y aurait le Summer Camp. Si les choses se dégradaient, je risquais de ne même pas pourquoi participer, moi qui avait hâte d’y être pour pouvoir me retrouver avec Roxanna. Et pire : je n’avais pas envie qu’elle renonce au Summer Camp uniquement pour rester avec moi, il en était hors de questions. C’est drôle, mais jamais je n’avais vu dans le regard de Roxanna, autant de désespoir, mêlait à de l’espoir. Je voyais bien, qu’elle avait envie de se battre, de ne pas baisser les bras et se dire que nous n’avions aucun avenir ensemble, que je n’avais aucun avenir. Elle avait l’air d’en avoir tellement envie, de tout ça…New-York, les enfants…le mariage même ? Et j’en avais aussi terriblement envie. Tout ce que je voulais, c’était la voir heureuse, peu importe ce qu’elle me demanderait de faire pour ça. J’aurais fait n’importe quoi pour ses beaux yeux. N’importe quoi. Je lui demandais cependant d’arrêter de pleurer, je détestais la voir dans cet état. Je savais que ça aurait fini comme ça, qu’elle aurait fondue en larmes, c’était évident et totalement prévisible. Mais maintenant qu’elle avait pleuré un bon coup, je voulais la voir me sourire et rester ma principale envie de me battre. Je voulais vaincre ce cancer pour elle, et pour pouvoir la rendre heureuse jusqu’à la fin de notre vie. Quand on passe pas très loin de la mort, on réfléchit beaucoup à ce qui est important dans notre vie, et ce qui ne l’était pas. Et ce qui était sûr, c’était que Roxanna était importante. Elle était la chose la plus importante dans ma vie. Ma petite amie sécha ses larmes en hochant la tête, « Oui... Pardon... » Je fronçais les sourcils et j’hochais la tête de droite à gauche, murmurant, « Mais non...t’excuse pas… » Je souris un peu, alors qu’elle approchait son visage du mien à nouveau, effleurant ses douces lèvres contre les miennes. Je fermais les yeux, mes paupières étaient lourdes, et je sentais ma tête tourner encore et encore. « Tu m'en veux si ... Si je reste cette nuit ? » J’ouvrais les yeux pour la regarder, elle avait encore des larmes pleins les yeux, malgré son insistance à s’essuyer les joues toutes les deux secondes. Elle semblait tellement…fragile, sur le moment. Et ça me faisait peur, l’idée que je puisse la laisser ici, toute seule. « Comme-ci ça me gênerai…j’veux que tu restes bien sur… », soufflais-je en essuyant moi-même ses yeux, espérant qu’elle s’arrêterait de pleurer un jour, ou du moins, très vite. Je me détachais d’elle pour me déshabiller et j’ouvrais un tiroir de mon armoire, « Si t’a besoin de quelque chose pour dormir…hésite pas à te servir hein.. » Je me pinçais la lèvre et j’allais rapidement dans la salle de bain pour me passer de l’eau sur le visage. Je grimaçais en voyant mon reflet dans le miroir, j’étais vraiment très pâle, et je savais que c’était une source d’inquiétude supplémentaire pour ma petite amie. Revenant dans la chambre, je m’allongeais sous les couvertures en regardant Roxanna, attendant qu’elle vienne me rejoindre..