Alejandro était de retour aux États-Unis depuis peu de temps et il avait appris une nouvelle particulièrement intéressante. Dante, ce cher Dante, était maintenant hospitalisé suite à un accident dont l'Espagnol ignorait encore les détails. Par contre, la rumeur voulait que l'Italien ait quelques soucis de mémoire désormais. Puisqu'il n'avait pas vraiment rien de mieux à faire aujourd'hui et parce que la curiosité est une force qui occupe l'esprit, Alejandro avait décidé de rendre une petite visite à son vieil ami.

Habillé simplement d'un shirt polo et d'une jolie paire de pantalon, avec la ceinture en cuir espagnol, Alejandro transpirait sans doute, comme d'habitude, la classe qu'il incarne. Cela devrait faire un bon contraste avec l'Italien couché dans son lit d'hôpital! Une fois dans l'édifice, demander gentiment à une infirmière où se trouvait son vieil ami ne fut pas difficile. Celle-ci lui confia même qu'en dehors d'une grande blonde, il n'avait pas reçu beaucoup de visite le Dante. À cette confidence, l'Espagnol eut un fin sourire qui cachait mal la malice qui l'habitait.

Arrivé à la chambre de Dante, Alejandro pouvait entendre les commentateurs du football américain. L'infirmière entra d'abord, comme pour vérifier que son patient se portait bien, puis annonça l'arrivée d'un invité, comme heureuse d'être la porteuse de la bonne nouvelle. Sourire en coin, l'Espagnol entra alors dans la chambre et porta son regard sur son vieil ami.

-Hola Dante. Je suis désolé de ne pas avoir pu passer plus tôt, mais dès que j'ai su, je me suis dit: je dois aller voir mon pote Dante.

Alejandro avait avec lui le sac qu'il utilise quand il va à l'université, en bandoulière et tout. Il le pose sur une chaise, qu'il rapproche du lit, portant peu d'attention au regard sans doute intrigué ou questionnant du patient dans la pièce. Redressant la tête, l'Espagnol prit une mine étonné.

-Quoi? Tu ne me reconnais pas? Mais voyons, c'est moi, Alejandro. Tu dois bien te souvenir des vacances en Toscane quand même?

Dante l'accueillait, non sans un certain étonnement. Aussitôt, Alejandro sut que les rumeurs disaient vraies, que son "ami" avait perdu la mémoire, ou du moins, une bonne partie de celle-ci. Le jeune homme avait espéré qu'ils se souviennent de leur amitié, moins du fait qu'il avait cessé de donner des nouvelles, trahissant en quelque sorte l'amitié que l'Espagnol avait envers l'Italien.

Son ancien ami le regardait donc comme s'il était un parfait étranger, quoique, pas tout à fait. À l'intérieur de ce crâne et derrière ce regard, il n'y avait pas que de la noirceur, mais il n'y avait plus d'assurance. Le jeune homme lui avouait donc ne pas se souvenir de lui, dû à son amnésie. Posant son sac au pied de la chaise qu'il venait de déplacer près du lit, Alejandro vint s'y asseoir, un air attristé sur le visage.

-Si, je comprends. L'infirmière à dit que parler et ressasser des souvenirs est une bonne chose pour t'aider à retrouver la mémoire. Alors, je vais commencer par me présenter... Je m'appelle Alejandro Ortega. Toi et moi, on se connait depuis bien des années. Nous partageons beaucoup de traits communs, même si je suis plus subtil que toi. Nous sommes amis, Dante.

C'était quand même beaucoup d'info. Bien sûr, intérieurement, Alejandro s'amuse comme un petit fou en ce moment.

-Si tu ne te souviens pas de ce qui s'est passé il y a longtemps, peut-être que des événements plus récents sont plus frais à ta mémoire. Nous étudions tous les deux à Harvard, tous deux en droit et on appartient à la même maison: la Eliot. Je te l'ai dit, nous avons beaucoup de points communs...

Est-ce que cela écartait quelques nuages de soucis? Il n'en sait rien. Tandis que son ami lui répondait sans doute, Alejandro se penchait pour ouvrir son sac et en sortir deux petits verres et une bouteille de porto.

-Je nous ai apporté un petit quelque chose. Je me suis dit que ça te ferait du bien.

Dante l'écoutait attentivement. Il avait beau avoir perdu la mémoire, il n'était pas devenu un idiot naïf pour autant et Alejandro sentait qu'il devait rester tout de même prudent. De toute façon, rien que de voir l'Italien dans cet état, c'est déjà grisant en soi. L'air détendu, il écoutait à son tour son ami, inquiet et soucieux d'en savoir plus sur ses parents.

-Je comprends ton questionnement. Comme te dire ça...

Alejandro se passait la main derrière la nuque.

-Je connais que vaguement ta mère, je n'ai pas vraiment eu l'occasion de connaître ton père et en fait, tu ne m'en as jamais vraiment parlé. Je ne sais même pas s'il vit encore. Ta mère si par contre, mais vous vous ne vous êtes pas laissés en très bon terme, d'après ce que j'ai pu comprendre. Tu sais, tu es plutôt du genre loup solitaire et bon à te faire des ennemis.

Est, était. Alejandro apprenait donc que le pauvre bougre, le loser en chef, n'avait même pas eu la visite de ses parents. C'est ce qui arrive quand on passe sa vie à faire chier tout son entourage. Trêve de bavardages, L'Espagnol sortait le porto et pas de la petite qualité, on s'en doute. À la remarque de l'Italien, il haussa les sourcils.

-Et depuis quand est ce que Dante Massarelli suit les règles? Détends toi amigo, c'est juste un petit remontant et à voir la tête que tu fais, tu en as bien de besoin.

Sans vraiment attendre l'approbation du nouveau Dante, Alejandro servait un verre qu'il tendait à son ami, puis s'en servait un pour lui, avant de déposer la bouteille sur la table de chevet.

-Salud!

Et hop, un verre de porto d'enfilé.

Le Dante amnésique était bien tranquille, bien patient. Il en connait un qui aurait ragé d'être cloué dans un lit d'hôpital, celui-ci semblait faire avec. En tout cas, l'Espagnol lui expliquait pourquoi, selon lui ses parents n'étaient pas venus le voir. Dante l'avait écouté avec attention, réalisant sans doute quel genre de personne il était avant l'accident. À voir sa mine triste, cela ne lui faisait pas plaisir, tandis qu'intérieurement, Alejandro se tapait dans les mains. On dirait bien que le sort commençait à se venger sur l'Italien.

L'Espagnol avait sorti du porto, pour boire, mais Dante insista pour ne pas en prendre, malgré le fait qu'Alejandro mentionnait que le vieux "lui", pour ainsi dire, n'aurait pas hésiter à en prendre et qu'entraver des règles n'était pas quelque chose qu'il hésitait à faire. Malgré tout, il refusait toujours de prendre de l'alcool à cause des médicaments et blablabla.

-Bon, muy bien, si jamais tu changes d'avis, tu me le dis.

Après quoi, il buvait son porto et Dante demeurait silencieux, un doux silence s'installant dans la pièce. Alejandro se servit un autre verre, qu'il comptait boire tranquillement cette fois.

-Alors, qu'est-ce que les médecins t'ont dit? Tu vas pouvoir sortir de l'hôpital bientôt?

Il demanda cela à tout hasard.

Dante allait donc pouvoir sortir d'ici deux ou trois jours de l'hôpital. Oh oh, attention, il va falloir mettre en garde tout Cambridge! Alejandro était quand même content que le jeune homme puisse retourner à la vie "normale". En quelque sorte, il y sera peut-être même plus... vulnérable. Il donnait, en effet, l'impression d'être plus vulnérable que jamais. Lorsque Dante conclut en parlant de rentrer chez lui, Alejandro, qui est aussi lucide qu'attentif, sentit la perdition de son ancien ami, qui ne devait plus être très certain de ce que cela signifiait: chez lui. C'est pour cela qu'il concluait en disant qu'il s'installerait dans un hôtel, pour commencer.

-De bonnes nouvelles, tu seras bientôt remis sur pieds. Après l'hôtel, tu pourrais toujours récupérer une chambre dans la maison eliot. Tu te souviens des Eliots? C'est la maison que nous avons rejoint à Harvard, l'université où tu vas.

Fallait-il vraiment tout lui rappeler? L'Espagnol se sentait cette patience, si cela pouvait servir ses intérêts. Après une petite gorgée de porto, il ajoutait, histoire de jouer son rôle en entier:

-Si jamais tu as besoin d'aide, n'hésites surtout pas à m'appeler. Il n'y a pas plus terrible pour le moral que de sortir d'un hôpital et de se retrouver seul chez soi.

Puis, Dante posait un peu plus de question sur l'état de leur lien pour ainsi dire, à savoir, comment ils s'étaient connus et tout. Alejandro fit un fin sourire et se lança dans le récit.

-Nous nous sommes connus assez jeunes, au collège. Nous nous sommes rencontrés dans le cadre d'une sorte d'échange étudiant. Nous passions une semaine en Italie, on avait des cours dans votre école et puis plus tard, c'est vous qui veniez. Nous étions jumelés tous les deux et bon sang ce qu'on s'est amusé, parfois aux dépens de certains, mais bon. Tu étais celui avec les plus vilaines idées, je tiens à te le dire. On formait un beau duo, beau, intelligent, riche, on n'avait tout pour nous. Après, on a toujours gardé contact. J'allais te voir, on se revoyait ailleurs, on se croisait durant des événements. Nous avons entretenu notre amitié quoi. Nous sommes arrivés à Harvard presque en même temps, on a rejoint la même maison. Notre duo d'enfer a pu recommencer ici. Puis, arriva ce qui devait arriver... Dante, tu as fait le con et avec la mauvaise fille. D'ailleurs, je suis prêt à parier qu'elle t'as rendu visite: Evanna Xander, une belle grande blonde.

Voilà pour la petite histoire, avec un petit passage modifié vers la fin. Alejandro faisait fi de la rupture de contact qu'ils ont eu et du fait qu'une fois qu'ils se sont croisés à Harvard, il a plutôt montré à son ancien ami qu'il était loin de le considérer comme tel, mais bon, c'est que l'Espagnol a d'autres idées et que dire la vérité ne servirait pas ses idées.