Que m’avait-il pris de lui dire ça ? Qu’est-ce que cela pouvait bien le lui faire ? C’est moi qui lui avais fait du mal, alors pourquoi devrait-elle se montrer compatissante envers ma personne ? Fixant le lampadaire de l’autre côté de la rue, je ne m’attendais pas à ce qu’elle me réponde. « Et tu ne veux pas de cet enfant ? » Sa question avait tranché l’air d’un coup sec, me plongeant un long silence. Il est vrai, que j’avais été contre l’idée d’avoir un enfant. Notamment à cause de mon avenir et son imprévisibilité. J’allais être archéologue et parcourir les routes seraient mon métier comme durant mon année sabbatique. Je ne pouvais pas prévoir à l’avance, ce qu’il se passerait dans ma relation amoureuse. Peut-être se lasserait-elle de moi, peut-être finirais-je par lui faire du mal ou alors, peut-être que mon métier nous séparerait. Il y avait tant de peut-être et pas assez de bien sûr. Pourtant, c’était mon enfant qu’elle portait, alors comment pourrais-je ignorer se fait ? Ce n’était qu’un petit fœtus, mais à notre stade, c’était bien plus. A présent, cela faisait plus de trois mois et il était trop tard pour reculer. Elle portait la vie, une vie qui portait une part de mon ADN. Je ne pouvais pas ignorer cela. C’est en le voyant sur l’échographie que j’avais réalisé ce que tout cela m’incombait. « J’aurais été injuste… » disais-je sans vraiment répondre à sa question. « Comment peut-on baser son avenir sur des suppositions ? » Enfin, je tournais mon regard dans le siens et pour la première fois depuis cette été, je ne voyais aucune animosité dans celui-ci. « Comment est-ce que tu as fait ? » Comment avait-elle fait, pour ne plus se sentir coupable ?

« J’aurais été injuste… » Certes, peut-être, tu ne connaissais pas ses raisons et tu ne connaissais pas les raisons de Torrey. Ce n’était pas tes affaires, mais tu savais que pour garder un enfant, il y avait beaucoup d’arguments qui se mettaient en jeu et la question argent en était un. Tu ne voulais pas t’en mêler alors tu ne préférais ne plus en parler. Puis fallait être honnête, parler avec Wyatt de la grossesse de sa copine avec qui il t’avait trompé ? Très peu pour toi. « Comment peut-on baser son avenir sur des suppositions ? » Aaaaaah la fameuse question. Tu te l’étais déjà posé et tu l’avais posé à Alex aussi lors de votre sortie en groupe – avant que ça ne se dégrade à nouveau. C’était une question presque fatidique comme si on s’attendait à ce qu’on le te réponde que oui tu pouvais et que tu devais baser ta vie sur ça et ça. Mais tu ne le voyais pas ainsi. On ne pouvait baser sa vie sur des suppositions, c’était impossible. Il suffisait de te voir. Tu aurais pu finir princesse d’Italie mais Elios t’avais abandonné et maintenant, tu continuais ta vie en oubliant ce passage. Tu t’apprêtais à répondre quand Wyatt tournait la tête en ta direction et vos regards se croisèrent. Ca faisait bizarre. Il n’avait pas changé, ne serait-ce que pour ses traits de visage qui semblaient plus tiré. On voyait que quelque chose le bouffait de l’intérieure. . « Comment est-ce que tu as fait ? » Hein quoi. C’était quoi cette question. Tu le regardais d’un air complexe, ne comprenant pas sa question. « Comment j’ai fait quoi ? Ne pas baser ma vie sur des suppositions ou ? »  

« Comment j’ai fait quoi ? Ne pas baser ma vie sur des suppositions ou ? »   Ma question semblait être logique, mais peut-être paraissait-elle trop vague pour en comprendre le but. « Je voulais dire, avec tes enfants » Comment réussissait-elle à élever deux enfants sans paniquer. A l’entendre, j’avais l’impression que cela était devenu simple. Chose que l’on ne pourrait pas penser, vu l’état dans lequel, elle se trouvait durant sa grossesse. « Enfin, bref » Après ce moment d’égarement, je me ressaisissais, trouvant mon comportement stupide et déplacé. « Ton cavalier va se demander où tu es passé » disais-je un sourire aux coins des lèvres. Surement n’apprécierait-il pas de la voir discuter avec un autre. Surtout qu’elle avait peut-être dû lui parler de moi et de ce que je lui avais fait. Allez savoir !

Peut-être que sa question avait été évidente, mais pour toi elle ne l'avait pas été. Il avait tellement de choses que tu avais réussi à faire. Passer par dessus la trahison de deux hommes que tu avais aimé, un que tu aimais toujours. Survivre un séisme, un accouchement douloureux, un arrête cardiaque. Réussir à être une mère. C'est pour cela que t'avais un besoin de comprendre la direction de sa question. « Je voulais dire, avec tes enfants » Tu déviais le regard sur tes mains, regardant ton téléphone qui s'y trouvait. Tu haussais les épaules. "J'sais pas. Tu sais parfois, j'crois que j'y arrive pas et que j'vais pas y arriver. Surtout que j'suis toute seule maintenant qu'Elios est parti. J'sais pas si il va revenir ou quoi alors parfois j'crois que j'vais perdre la raison, que j'aurai pas du les garder. Mais après, quand je les vois entrain de sourire, de rire, de jouer ensemble, j'crois que ce sentiment est indescriptible. Ils m'ont donné la force de continuer quand j'ai cru que mon monde s'effondrait. Je peux pas expliquer. J'crois que tu devrais voir de toi-même ce qu'un enfant peut nous faire. Même si c'est pas facile tout les jours." Finis-tu. Tu n'avais jamais dis à quelqu'un que tes enfants t'avait sauvé. Ce n'était pas leur affaire et tu ne voulais pas en parler. C'était ta vie privée et tu n'en parlais pas trop. Tu te tournais alors vers Wyatt pour le regarder dans les yeux. "Mais sache qu'importe ce qui se passera dans 5 ans, 10 ans, 20 ans, que tu sois encore avec Torrey ou pas, cet enfant, c'est le tien et c'est la seule chose qui compte. Ne te gâche pas la vie à trop réfléchir, tu finiras par t'en rendre malade." Tu voulais que Wyatt soit heureux, parce que tout le monde le méritait et lui aussi, malgré ce qu'il avait pu faire. Le président Winthrop changeait alors de sujet. « Ton cavalier va se demander où tu es passé » Tu ne pus t'empêcher de laisser échapper un petit rire. Ton cavalier, tu ne savais même pas où il était, ni si il était arrivé ou pas. "Il n'est pas encore là. Je lui ai dis que j'étais dehors si jamais il me cherchait." Seth que faisait-il? Tu te demandais bien. Tu espérais qu'il ne te foute pas un lapin parce que bon, tu faisais un effort pour lui quand même.   

Feldt me disait que ses enfants lui avaient donnés la force de continuer et je voulais bien la croire. Un enfant, devait changer notre vision de voir les choses. Ses yeux rencontrèrent les miens, alors qu’elle me disait quelques mots : "Mais sache qu'importe ce qui se passera dans 5 ans, 10 ans, 20 ans, que tu sois encore avec Torrey ou pas, cet enfant, c'est le tien et c'est la seule chose qui compte. Ne te gâche pas la vie à trop réfléchir, tu finiras par t'en rendre malade." Je savais qu’elle avait raison, seulement, c’était plus fort que moi. Posant ma main sur celle de Feldt qui se trouvait sur ma cuisse, je murmurais quelques mots : « T’as raison, il faut juste que je m’habitue à cette idée.. » Je tentais un vain sourire, alors que je changeais déjà de sujet. "Il n'est pas encore là. Je lui ai dis que j'étais dehors si jamais il me cherchait." Le mec était en retard comme moi. Je risquais de me faire taper sur les doigts par Torrey, mais je n’étais vraiment pas prêt à rentrer. Un jour ou l’autre, j’allais devoir affronter l’atmosphère lourde de la salle. « C’est qui qui t’as invité ? » demandais-je avec curiosité.

Tu ne savais pas trop pourquoi tu avais dit cela à Wyatt. Pour le rassurer surement, parce qu’il semblait si perdu. Il ne devait plus savoir quoi faire et tu espérais avec ce que tu lui disais, il arrête de se bouffer pour une histoire qui au fond avait une merveilleuse fin. Soudain, Wyatt vient poser sa main sur la tienne et tu ne pus t’empêcher de sursauter un peu au contact. Tu ne t’étais pas attendu à cela. Tu pouvais sentir ton cœur s’accélérer. Cela ne voulait rien dire. Tu n’avais juste plus senti sa peau contre la tienne depuis des mois et c’était bizarre comme sensation. Bizarre, mais bien. « T’as raison, il faut juste que je m’habitue à cette idée.. » Tu lui répondis avec un petit sourire et en caressant sa main de ton pouce pour le rassurer. « Ça prendra du temps, mais tu verras, au final, c’est un bon sentiment. » Vous changiez alors de sujet. Surement parce que tu ne savais plus quoi dire et que Wyatt non plus. « C’est qui qui t’as invité ? » Ah oui c’est vrai que ton cavalier c’était le grand mystère pour tout le monde, surtout pour les gens à ta table. Seth, tu ne sais même pas pourquoi t’avais accepté au final. Surement parce que t’avais envie de lui donner une chance à ce type. « Seth Llywelyn. Un winhtrop. Un peu connard sur les bords. J’sais pas si tu vois de qui je parle. » Bon tu ne connaissais pas grand-chose de lui outre son numéro de téléphone et à nouveau ce que tu avais pu trouver dans son dossier universitaire. C’était une manie à toi de hacker le système universitaire, surtout parce que tu aimais savoir ce genre de choses. Tu trouvais que cela en disait beaucoup sur une personne, son dossier. Enfin, bref, donc oui, ton cavalier est en retard et tu sentais déjà les piques qui allaient s’envoyer quand ou si il arrivait.   

« Ça prendra du temps, mais tu verras, au final, c’est un bon sentiment. » Son pouce caressait le dos de ma main. Il n’y avait rien de déplacer dans ce geste, juste un subtil soutient. Je lui étais reconnaissant de ne pas m’avoir repoussé. Même si, j’étais d’ordinaire tactile, ce geste me surprenait autant qu’elle, car cela faisait longtemps que l’on ne s’était pas touché. « J’espère que tu as raison » disais-je avec un fin sourire. Par la suite, nous en étions venus à parler de son cavalier, qui n’était toujours pas arrivé. Je lui avais alors demandé, qui c’était. Seth Llywelyn. Un winhtrop. Un peu connard sur les bords. J’sais pas si tu vois de qui je parle. » En effet, c’était un bizut de la Winthrop, mais je ne le connaissais pas plus que ça. « Je vois qui sait. Je serais un président ingrat sinon » disais-je en riant doucement. « Pourquoi connard ? Pauvre petit, il est venu au bal avec une lionne (a) »

Vous décidiez alors de parler d'autres choses. Tu n'avais pas non plus envie de parler indéfiniment de Torrey et de sa grossesse, cela te mettait un peu mal à l'aise. A vrai dire, tu avais vu Seth il y a peu de temps avant que Wyatt n'arrive, et la discussion ne s'était pas bien passé. De toute façon, tu aurais du t'attendre à cela. Apres tout, il s'agissait de Seth là et ça partait toujours en live quand tu te retrouvais avec lui. Alors tu préférais prétendre que tu ne l'avais pas encore vu et que tu le verrais plus tard. « Pourquoi connard ? Pauvre petit, il est venu au bal avec une lionne (a) » Tu ris à la remarque de Wyatt. C'est vrai que ce n'était pas très gentille, et que tu n'étais pas très gentille avec lui en général. "Mais je ressemble à une lionne avec ma belle chevelure rousse." Dis-tu en riant. C'était bizarre de rire en présence de Wyatt mais cela faisait aussi du bien d'avoir un air plus joyeux à cette horrible soirée. "Disons qu'on s'envoie souvent des piques, et il peut être vraiment chiant parfois." Ajoutais-tu alors parlant de ton cavalier.   

"Mais je ressemble à une lionne avec ma belle chevelure rousse." La voir rire était bon signe, non ? Cela voulait dire que notre relation s’arrangeait, non ? Je riais à sa suite, alors qu’elle continuait : "Disons qu'on s'envoie souvent des piques, et il peut être vraiment chiant parfois." Il me semblait avoir déjà connu cela avec elle. Après, toute histoire était différente, mais il était difficile de rester calme avec Feldt. Elle pouvait être blessante, parfois. « Tiens ça me rappelle quelque chose. Il te fallait quelqu’un à ta hauteur » disais-je en ricanant faiblement. Au moins, elle ne s’ennuierait pas avec un type trop gentil pour elle. Je ne disais pas qu’elle méritait d’avoir un type comme ça, mais elle-même risquerait de s’ennuyer, non ? Elle pourrait le mordre en deux secondes. « Tant que tu es heureuse, c’est le principal »

Tu ne riais pas souvent et cela devenait quasiment rare de te voir sourire en ce moment ou du moins en publique. Tu gardais une certaine neutralité sur ton visage. Tu ne montrais rien, sauf peut-être un petit sourire pour montrer que tu n'étais pas complètement sans sentiments. Bizarrement, Wyatt avait réussi à te faire rire. Cela devait être un bon signe pour toi et votre relation. « Tiens ça me rappelle quelque chose. Il te fallait quelqu’un à ta hauteur » Un autre sourire s'affichait sur ton visage. "On ne change pas les mauvaises habitudes." Dis-tu en rigolant aussi. C'est vrai que cela était difficile. Tu avais toujours été comme cela, de lancer des piques et tu avais du mal à te défaire de ce défaut. « Tant que tu es heureuse, c’est le principal » Tu détournais le regard, retirant alors ta main de la sienne. Heureuse, n'était pas un mot pour te définir, il ne l'avait jamais été. "Le bonheur n'est pas quelque chose qui me connait." Dis-tu en murmurant.