Wyatt prit une gorgée de sa bière et je le considérai un moment, me demandant s’il avait bu beaucoup ce soir. Est-ce qu’il buvait pour se donner une contenance? Pour se donner du courage face à cette situation? « Pas vraiment » Peut-être. Dans tous les cas, il devrait y penser et vite. Nous n’avions plus beaucoup de temps avant la… date l’imite pour l’avortement. Aussi égoïste que cela puisse paraitre, j’espérais presque qu’il refuse d’aborder la question jusque-là. Au moins, je n’aurais pas eu à le forcer de refuser que j’avorte puisqu’il serait trop tard. « Je veux toujours que tu avortes, mais je ne sais pas…Quelque chose cloche… » Hein? Est-ce que j’avais bien compris la fin de sa phrase ou bien..? Non parce que j’ai un moment cru qu’il avait mis un mais après « je veux que tu avortes » Je plongeai mon regard dans le sien, cherchant des réponses à mes questions silencieuses. Qu’est-ce qu’il entendait par là? Qu’est-ce qui clochait? Ses amis l’avait-il convaincu de garder l’enfant? Avait-il réalisé tout le mal que ça pourrait me faire? Je n’osais poser les questions à voix haute. Aussi décidai-je plutôt de m’ouvrir à mon tour. « Je n’ai toujours pas envie d’avorter… mais je crois que tu avais raison… c’est très hâtif comme décision et on est encore si jeunes… » Voilà qui était dit. J’espérais seulement ne pas l’encourager dans le vice, lui montrant que la porte était ouverte s’il voulait me convaincre d’abandonner cet enfant. Là n’était pas vraiment la question.

« Je n’ai toujours pas envie d’avorter… mais je crois que tu avais raison… c’est très hâtif comme décision et on est encore si jeunes… » Elle n’avait donc pas changé d’avis et cela ne m’étonnait pas. Elle ne l’avait pas fait la première fois avec Cadence, alors pourquoi le faire maintenant ? A présent, je n’étais même plus en colère contre elle, cela ne nous menait à rien. Néanmoins, elle avait bien dit que c’était hâtif comme décision. Peut-être qu’elle avait envisagé l’après comme par exemple, le fait que je voyage souvent à cause de mon futur travail ou le futur de notre couple. Après tout, on n’était jamais sûr de rien avec l’avenir. « Tu te sens vraiment prête à avoir un second enfant ? Tu ne trouves pas que ça fait trop avec tes études ?... » Comment allait-elle pouvoir se concentrer avec deux enfants à sa charge. Surtout que ses parents ne vivaient pas à côté et moi, vous m’imaginez père ? Je repensais à cette petite chose que l’on avait vu sur l’échographie et cela me faisait une drôle de sensation. Em’ n’était pas d’accord avec l’avortement, il m’avait même parlé de l’adoption, mais cette seconde option était impensable pour moi. Si Torrey devait avoir cet enfant, je ne voulais pas qu’il grandisse dans une famille que je ne connaissais pas. De plus, je n’accepterais pas qu’un enfant qui porte mon sang, soit éparpillé dans la nature.

Wyatt me regarda pendant un moment et je me demandai ce qui lui traversait l’esprit. À quoi pensait-il et qu’est-ce qu’il avait bien pu dire à ses amis. Qu’est-ce qu’eux lui avait dit en retour aussi? « Tu te sens vraiment prête à avoir un second enfant ? Tu ne trouves pas que ça fait trop avec tes études ?... » Je le considérai à nouveau, cette question était la plus crucial quant à mon avenir. Est-ce que je pourrais élever deux enfants alors qu’il me restait encore quelques années d’études à compléter?! « Je ne sais pas si je suis prête Wyatt… pas du tout même. Contrairement à ce que tu peux croire, ça me fou la trouille et ce n’est pas exactement ce dont je rêvais. » Je fis une pause, me redressant un peu sur la chaise. « Mais je t’aime Wyatt. Tellement… Et avoir un enfant avec toi signifie pour moi qu’ensemble, on pourra tout traverser. » Et je n’aurais pas pu aussi bien décrire ce que je ressentais, parce que c’était totalement ça. J’avais peur, terriblement peur. Mais si ensemble nous pouvions arriver à élever un enfant alors nous pourrions faire n’importe quoi. J’avais eu peur qu’il décide de me laisser, de m’abandonner à mon sort, mais au fond, je savais qu’il m’aimait et pour moi, il était tout mon monde.

Allongé posément, je lui demandais ce qu’elle comptait faire et si elle se voyait élever un second enfant avec ses études. C’était une question important qui méritait d’être prise en compte. Je ne voulais pas être vu comme étant le mec qui a ruiné ses études. Je ne voulais pas être responsable de cela, car je ne m’en remettrais surement pas. « Je ne sais pas si je suis prête Wyatt… pas du tout même. Contrairement à ce que tu peux croire, ça me fou la trouille et ce n’est pas exactement ce dont je rêvais. » Cela se voyait qu’elle était complètement peur, mais à aucun moment, je m’étais dit qu’elle avait autant peur que moi. Peut-être avais-je été trop égoïste et penché sur mon malheur. Continuant de la regarder, je la vis se relever légèrement, ses mains protectrices sur son ventre. Elle portait en moi le fruit de notre amour et maintenant que je m’en rendais compte, cela me faisait encore plus peur. « Mais je t’aime Wyatt. Tellement… Et avoir un enfant avec toi signifie pour moi qu’ensemble, on pourra tout traverser. » Torrey continuait de parler. Ce qu’elle venait de dire, était la plus belle déclaration que j’avais reçus de sa part. Je n’étais pas un fan de ce genre romantique, mais Torrey m’avait complètement changé. Huit ans après notre rencontre, nous en étions là. Est-ce la providence qui avait décidée de ce destin ? Inspirant un bon coup, je prenais la parole. « Je t’aime aussi, mais je ne veux pas être responsable de ton échec. Un bébé c’est tellement sérieux et ça me fait peur…mais, je sais que tu n’avorteras pas. Tu dis que tu ne sais pas, mais au fond de toi, je sais que tu veux garder cette enfant. » Je repensais à ce que Leyna m’avait dit, quelques heures plus tôt. « Je ne veux pas te forcer à avorter et à t’infliger cette douleur. » Marquand une pause, je reprenais mon souffle, me préparant à dire mes derniers mots. « Il est clair que j’aurais préféré que tu avorte pour que les choses redeviennent comme avant. Seulement, ce ne sera pas le cas. Je sais que si je te fais ça, tu ne me le pardonneras jamais et surement, que je ne m’en remettrais pas. Je ne veux pas te voir malheureuse et… tu portes…notre enfant… Alors, que vont changer quelques années de plus ou de moins… » 

M’ouvrir ainsi à Wyatt était facile, parce que c’était une chose qui me venait tout naturellement. Par contre, j’avais peur. Peur de sa réaction, peur qu’il ne soit plus sur la même longueur d’onde que moi. Peur qu’au fond, il ne partage pas mes sentiments. Mais au fond, tout au fond de moi, là où les papillons se formaient toujours à la simple pensée de son prénom, là, je savais que tout irait bien et qu’il m’aimait autant sinon plus que je ne l’aimais. « Je t’aime aussi, mais je ne veux pas être responsable de ton échec. Un bébé c’est tellement sérieux et ça me fait peur…mais, je sais que tu n’avorteras pas. Tu dis que tu ne sais pas, mais au fond de toi, je sais que tu veux garder cette enfant. » Il avait raison. Quoi que j’en pense, quoi que les gens en disent, cet enfant n’était pas là pour rien. C’était un signe et c’est tout. Il ne faisait jamais les choses à moitié. J’hochai lentement la tête, juste assez pour qu’il voie que j’étais d’accord avec ses paroles, il avait raison. « Je ne veux pas te forcer à avorter et à t’infliger cette douleur. » Douleur? Lui, il avait parlé avec Leyna, c’est certain. Je savais qu’elle allait lui parler, je ne savais simplement pas quand. Ni comment ça se passerait. Apparemment, ça avait eu son effet.. Wyatt inspira un coup et je plantai mon regard dans le sien. J’avais envie de lui prendre la main ne serait-ce que pour l’encourager à parler. « Il est clair que j’aurais préféré que tu avorte pour que les choses redeviennent comme avant. Seulement, ce ne sera pas le cas. Je sais que si je te fais ça, tu ne me le pardonneras jamais et surement, que je ne m’en remettrais pas. Je ne veux pas te voir malheureuse et… tu portes…notre enfant… Alors, que vont changer quelques années de plus ou de moins… » Oh… Wyatt. Il était sérieux là? Je le fixais toujours comme incertaine. Est-ce que j’avais bien compris? Je ne voulais pas m’emporter trop rapidement.. mais ce qu’il venait de dire oh! Ma main glissa de mon ventre pour attraper la sienne que je serai fort avant de m’approcher de lui et de l’embrasser tendrement. J’eu l’impression que j’allais exploser. C’était si doux, si bon et il me semble que la dernière fois remontait à il y a si longtemps. Doucement, j’attirai sa main vers mon ventre où je la posai simplement sans ajouter quoi que ce soit, mes lèvres toujours contre les siennes.

Je venais vraiment de lui dire tout ça ? J’avais vraiment dit de garder l’enfant ? Intimidé, je n’osais pas croiser son regard, de peur d’y voir du soulagement. Un soulagement, que je n’étais pas prêt à regarder en face. Baissant le visage, je sentis sa main touché l’une des miennes, suivis d’une légère pression annonçant le rapprochement de la jeune femme. Laissant choir le gobelet vide que je tenais en main, je me laissais guider par Torrey. Ses lèvres touchèrent les miennes, me gratifiant d’un léger courant électrique. En mémoire, des flashbacks refaisaient surface, me rappelant nos retrouvailles magiques. Depuis tout ce temps, je l’avais aimé et aucune fille ne lui arrivait à la hauteur. L’amour que j’avais pour elle était inconditionnelle et terrifiant à la fois. Pourtant, la peur s’emparait de mon être sans que je puisse la freiner. Seulement, cette peur n’était pas aussi forte que celle de la perdre. Sa main amenait la mienne vers son ventre et ce simple contact me coupait le souffle. On pouvait sentir un petit renflement, signe percutant de sa grossesse. En elle, se trouvait notre enfant, un petit bout de moi et elle. Quelque chose d’éternelle en mémoire à notre histoire. Ma main tremblait un petit peu et je ne m’attardais pas sur son ventre. Aussi, je posais mes deux mains sur ses hanches et la faisais pivoter sur moi. La tenant contre moi, j’enfouissais mon visage dans ses cheveux, humant l’odeur de son parfum, me perdant dans notre étreinte. Ce que je venais d’accepter était un pas décisif, aucun retour en arrière ne sera possible, mais avec elle, je pouvais tout affronter. Peut-être que j’exagérais, mais au fond de moi, elle était mon coup de cœur, la seule femme capable de me rendre totalement heureux. Sans elle à mes côtés, je ne me vois pas joyeux. Chaque fois qu’elle s’éloigne de moi, il me manque quelque chose. Alors, la perdre, me causerait un vide que je ne pourrais jamais remplir.

La main de Wyatt ne resta pas bien longtemps sur mon ventre, mais je crois que ça avait tout de même eu son effet. Il ne pouvait plus nier ni revenir en arrière maintenant. Tout était là et il avait accepté de continuer d’avancer avec moi. Je ne le laisserais pas à lui-même s’il promettait de me soutenir en retour. Ensemble, nous serions une équipe forte et magnifiquement soudée. Ses mains se posèrent sur mes hanches et il m’attira sur lui, collant son corps au mieux. Je ne résistai pas alors que mon corps se lovait contre le sien, parfaitement conçu pour être là. Il enfouit son visage dans mes cheveux alors que je passais mes bras autour de son cou, tenant fermement sa tête contre moi et humant son odeur de déodorant, d’alcool et de sueur. Il était si parfait que ça m’en pinçait le cœur. Cet enfant aurait définitivement le meilleur père au monde –quoi que ce dernier puisse en penser. De longues minutes s’écoulèrent sans qu’aucune parole ne soit prononcée. Finalement, c’est moi qui brisai le silence. « Wyatt… tout ira bien. » fis-je simplement. Je ne disais pas ça rien que pour le rassurer –ou même me convaincre moi-même. Mais plutôt parce que je le savais. Parce qu’ensemble, nous y arriverions. Je ne disais pas que ce serait facile tous les jours, au contraire. Mais plutôt que nous serions là l’un pour l’autre.

Elle passait ses bras autours de mon cou et je ne fis que resserrer notre étreinte. J’avais besoin de son contact pour me sentir complet. « Wyatt… tout ira bien. » Comment pouvait-elle en être si sûre ? Elle avait tellement foi en nous, que cela en devenait déconcertant. Je ne décidais de rien répondre, attendant quelques secondes. Puis, je me décollais légèrement, gardant mes bras autours de sa taille fine. Autour de nous, je pouvais sentir la brise chaude, caresser notre corps. J’étais sur une île paradisiaque avec la fille la plus aphrodisiaque de la terre et elle était avec moi. « On verra ça, mais on va faire comment quand t’auras une montgolfière à la place du ventre ? » J’esquissais un sourire narquois. Certes, ma plaisanterie n’était pas aussi amusante que je le pensais, mais elle avait l’effet de dissiper toute la tension qui nous entourait. D’ailleurs, c’est vrai, comment on allait faire ? Au début ça irait, mais après ? Déjà que je veux rien faire quand un bébé est dans la pièce, mais alors là, ça sera carrément pire.

Wyatt ne releva pas mon commentaire, restant dans mes bras encore un moment avant de se reculer un peu. La brise faisait danser ses cheveux devant ses yeux et les miens par la même occasion. Il était si beau, fort et pourtant si fragile à l’intérieur. Comment ne pas craquer pour lui? « On verra ça, mais on va faire comment quand t’auras une montgolfière à la place du ventre ? » J’esquissai un sourire, ne pouvant retenir un léger rire alors que je posais brièvement les yeux sur mon ventre pour ensuite revenir à Wyatt. Il est vrai que durant ma grossesse avec Cadence, je n’avais pas été.. enfin, vous voyez ce que je veux dire. Pas très active disons simplement. Alors qu’avec Wyatt, c’était très important, plus fort que nous même. Je songeai un instant à nos possibilités et souris finalement. « On devra le faire comme cette fois sous la douche.. » Une lueur dansait dans mes yeux alors que je frissonnais intérieurement, repensant à cette fameuse soirée. Voilà, il n’aurait qu’à.. me prendre par derrière.

Ma question était peut-être un peu déplacée, mais quand même, un futur père avait le droit de s’informer ce genre de chose. On allait faire comment quand, sachant qu’elle risquait d’avoir un sacré bidou et je ne me voyais pas survivre à cette attaque. Le son cristallin de son rire était agréable à écouter et me faisait sourire. J’aimais la voir heureuse. « On devra le faire comme cette fois sous la douche.. » Une lueur naissait dans mes yeux, mes sens aux aguets, je me souvenais de notre nuit de réconciliation et de la façon dont elle c’était abandonnée à moi sous la douche. Allongeant ses jambes autours de moi, je posais une main sur chacune de ses cuisses. Mes pouces faisaient des mouvements circulaires, alors que je rapprochais mon visage d’elle, effleurant ses lèvres au passage. « T’as aimé cette fois-là, hein. » J’esquissais un sourire. « On fera comme ça, mais je ne veux pas te faire mal » Cette fois-ci, elle était enceinte et je devrais y aller plus doucement. C’est mon enfant qu’elle portait.