J'm'en voulais de n'avoir pensé qu'à moi dans cette histoire, de pas être allée voir comment Andy allait, comment il supportait le deuil de son meilleur ami. Ce n'est pas parce que j'avais perdu ma famille que tout le monde devait s'intéresser à moi, que personne d'autre ne souffrait. J'voulais pas qu'Andy aille mal, c'tait quelque chose que j'refusais tout simplement. Il était mon oxygène, l'une de mes raisons de vivre à l'heure actuelle, celui qui m'faisait le plus vibrer, qui m'retenait à la vie véritablement. J'ne souhaitais que son bonheur qu'importe ce que les autres pensent comme Anastasiya. Non, je ne sortais pas avec Andy dans le but de blesser Apple ou d'autres, je ne sortais pas avec lui parce qu'il avait du fric, parce qu'il a de l'influence, parce que c'est un vice-président. J'sors avec lui parce que je l'aime et par définition, j'ferai tout pour le rendre heureux. Quitte à l'faire pleurer pour qu'il puisse bien extérioriser. Tout le monde a besoin de laisser couler quelques larmes en thérapie, contre un mal-être. J'avais du mal moi aussi à m'laisser aller. Après tout, j'avais mis une semaine à pleurer la mort de ma famille. C'est long. Mais ça avait été nécessaire, fallait que j'assimile la nouvelle.. au final, c'est Hendrix qui m'avait vu plus bas que terre. Anyway. Andy m'embrassa une nouvelle fois, plaquant ses lèvres contre les miennes avec fougue et passion. Bon dieu, pourquoi, même après cinq mois, il me faisait toujours autant cet effet ? En fait, j'voulais même pas que ça s'arrête, ces battements de coeur qui failaient, ces fourmillements dans mes doigts qui ne voulaient surtout pas que j'lâche Andy, ces papillons dans mon ventre. Tout définissait ma relation avec le jeune homme et j'voulais pas que ça change. J'voulais pas qu'on perde cet aspect incroyable de notre relation, cette puissance. J'ai pas besoin de pleurer pour m'sentir mieux avec toi Bri. J'avala ma salive avec difficulté, prise de court par ce qu'il venait de me dire, cette magnifique déclaration. J'lui faisais du bien. Ptete autant que lui m'apaisait. J'en sais rien. J'savais juste que j'tais bien, ici, au milieu du parc de Yale à ses côtés, dans ses bras. Est-ce que ma présence suffisait à lui faire un peu oublier tous ses malheurs ? Est-ce qu'il m'en voulait de ne pas être assez là pour lui ? Tu dis pas ça pour m'rassurer.. ? Dis moi la vérité s'il te plaît. J'caressa son bras doucement, ne quittant en aucun cas son regard. J't'aime Andy. J'te le dirai jamais assez j'crois.

J'avais pas besoin d'extérioriser pour aller mieux, il me suffisait d'être avec elle. C'est comme ça que j'savais à quel point je l'aimais, au-delà de tout ce contre quoi on devait se battre pour rester ensemble, au-delà de tous les efforts et sacrifices qu'on pouvait faire l'un pour l'autre, en dehors de nos moments privilégiés où on recherchait cette adrénaline qui faisait battre notre cœur à cent à l'heure... J'savais que notre relation était intense, profonde et réelle, parce que j'pouvais passer la pire journée de ma vie, il suffisait qu'elle soit là pour que ça aille mieux, qu'elle me sourit pour que j'pense à de bons souvenirs et qu'elle me serre contre elle pour que je ne sois plus seul. Non, j'le pense vraiment. Caressant sa joue d'une main, j'admirai son visage un moment avant de vivement tourner la tête vers un bruit qui avait attiré mon attention. On se cachait pas vraiment, on était loin d'Harvard et on se sentait plus libre, mais ça n'empêchait pas que des Harvardiens étaient aussi à Yale. Y compris Apple et Hendrix, par exemple. Je pinçai les lèvres puis rebaissai les yeux vers la lettre que Briony m'avait rédigée avant d'esquisser un léger sourire. J'vais la garder. Ca m'fera probablement du bien de la relire de temps en temps. Puis sait-on jamais, si demain on était séparés... il me resterait une déclaration d'amour écrite, au moins. Je me relevai doucement, époussetant mon short et lui tendant les mains pour l'aider à se relever. On devrait rentrer, il commence à faire bien nuit et j'te cache pas que j'me les pèle un peu habillé comme ça, dis-je en baissant les yeux vers ma tenue de basket, short et débardeur, ahem. Même si au fond, j'étais pas si pressé de partir que ça.

Andy allait mal. Andy souffrait. Andy avait deux côtés. Celui que tout le monde connait et celui que quelques rares personnes peuvent apercevoir, l'Andy qui avait mal, qui n'arrivait pas vraiment à gérer tout ce qui lui tombait dessus. Enfin, si, apparemment, il était censé réussir à tout bien synchroniser, à garder sa peine en lui, à s'contrôler.. Mais après ses confidences, j'savais qu'il se sentait seul. Malgré tous ses amis, malgré Apple, malgré moi. J'espérais vraiment que j'lui faisais du bien, que j'arrivais à lui faire penser à autre chose, à le détendre quand on s'voyait. Parce que c'est le pouvoir qu'il avait sur moi, réussir à m'changer les idées, rien qu'en me regardant, en effleurant ma peau de ses doigts, en m'embrassant. Il était ma bouffée d'oxygène dans ce monde, sur le campus, dans ma vie. J'tais dépendante de lui, j'tais ptete en sevrage avec la drogue dure, mais avec Andy, jamais je le serais, croyez-moi. J'pourrais jamais l'oublier. Il signifiait trop pour moi. Non, j'le pense vraiment. J'souris doucement, baissant le regard vers ses lèvres qui m'appelaient encore et encore, alors qu'Andy me caressait la joue avec tendresse. Okay. Alors dans c'cas, j'vais tout faire pour passer le plus de temps possible à ses côtés. Pour qu'il puisse respirer et cicatriser au fur et à mesure, à son rythme. Un bruit attira l'attention de l'eliot et par réflexe, j'regarda dans la même direction que lui, sans pour autant rien voir. Mmh. Nous voilà rattraper par la réalité. Celle qu'on pouvait nous observer à tout moment. Mais j'en avais juste rien à foutre là. Qu'ils s'ramènent tous, ça changerait rien au fait que j'resterai aussi près d'Andy. J'vais la garder. Ca m'fera probablement du bien de la relire de temps en temps. Ca sera une preuve d'amour sur le long terme, t'auras toujours une lettre de moi, que j'aurai écrite avec mon coeur pour que t'ailles mieux. Dans trente ans, tu la reliras ptete en te rappelant de tout c'qu'on a vécu, en souriant pendant que tu te rappelleras nos escapades, Paris, l'adrénaline.. tout ça, nous quoi. Dans trente ans, qu'est-ce qu'on sera tous les deux, hein ? J'aimerai vraiment bien l'savoir. Ou pas. Nan, en fait, j'préfère vivre dans le présent, profiter. On devrait rentrer, il commence à faire bien nuit et j'te cache pas que j'me les pèle un peu habillé comme ça, Andy était déjà debout et me tendait les mains pour que je le rejoigne. Mmh. Mais j'ai pas envie de partir loin d'ici moi. Puis, ça veut dire qu'on va s'quitter vu qu'on habitait pas au même endroit. Arf. Par moment, je hais vraiment être en couple de manière clandestine vous l'savez ça ? Dans tous les cas, on s'reverra à un autre moment ? T'façon, avec la rencontre avec les yaliens, on allait forcément se recroiser. Depuis ma rupture avec Hendrix, j'ressentais encore plus le besoin d'voir Andy et j'allais pas me contrôler. T'auras pas eu ton massage finalement. lui dis-je alors qu'on s'remettait en route vers le campus même de Yale.

C'était pas correct. La logique aurait voulu qu'Apple soit la seule à avoir cet effet de fou sur moi... Pourtant non, elles étaient deux. Deux femmes que j'aimais profondément, deux femmes que j'avais dans la peau, toutes deux radicalement différentes l'une de l'autre mais qui avaient un gros point commun : toutes deux me permettaient de me sentir mieux. L'espace d'un instant, j'avais craint que quelqu'un puisse nous voir, mais je ne vis rien et n'entendis rien de supplémentaire. Me relevant et relevant doucement Briony en prenant ses mains, je demandai à rentrer, quand bien même ça me fendait le coeur qu'on doive se séparer déjà. Mais on avait pas vraiment le choix pour cette fois, les règles étaient plus strictes qu'à Harvard pour les Harvardiens puisque nous n'étions pas chez nous, mais bon ça à la limite... On avait du mal avec la notion de règles, de politiquement correct et de raisonnable, Briony et moi. Mais j'avais froid aussi. Il commençait à faire nuit et nous ne devions toujours pas être vus ensemble. J'acquiesçai à sa question, un léger sourire aux lèvres puis me rapprochai d'elle pour l'embrasser longuement, la serrant dans mes bras. C'était certainement pas devant les portes de battements de Yale remplis d'Harvardiens que j'allais faire ça, alors autant lui dire au revoir tout de suite pour le faire comme il se devait. Et le plus tôt sera le mieux. Je repris la marche avec elle en direction des bâtiments de logements, haussant les épaules à sa remarque. C'est pas annulé. Seulement reporté. N'oublie pas ça. J'eus un léger rire et peu de temps après, on était arrivés. Vint le moment des séparations. On se sms ? Passe une bonne nuit. Et... merci, encore. D'être là pour moi, d'avoir pris le temps d'écrire cette lettre. Je lui adressai un nouveau sourire et, à contrecœur, je tournai les talons pour rejoindre ma chambre, le cœur battant, s'affolant, protestant d'être ainsi séparé de Briony. On s'retrouverait, et vite.