J'avais besoin de revoir Andy. Rapidement. Parce que j'sentais qu'entre nous.. c'tait tendu. Pas forcément à cause de ce qui s'était passé au mariage, où il avait joué avec mon coeur (j'parle d'arrêts cardiaques là hein huhu) mais plutôt par rapport à notre avenir. Il m'avait fait peur ce soir là, j'avais cru ne plus jamais le revoir.. et c'bien connu. C'est dans la souffrance qu'on s'rend compte de l'importance des gens qu'on aime, right ? J'aimais tellement fort Andy que j'en avais mal. Vous avez déjà connu ça ? Ce genre d'amour passionnel ? J'sais pas si on peut dire que j'ai d'la chance de vivre ça. Car la séparation ne sera que plus dure. Elle semble inévitable avec la rentrée et les histoires de confréries qui vont reprendre. Pourtant.. chuis sûre qu'on est plus forts que tout ça. On a traversé bien des choses, c'pas des maisons qui vont nous séparer hein.. ? Dites moi que oui.. Dans tous les cas, j'avais invité Andy à venir dans mon nouveau chez moi, pour combler le vide dans mon coeur qu'avait causé son absence. J'avais pris un appart avec Feldt -enfin, son tuteur nous a payé cet appart- dans Inman Square et j'voulais absolument l'montrer à l'Eliot. Car c'est ptete ici qu'on s'verra le plus, en espérant que ma meilleure amie accepte sa présence. Restait pu qu'à attendre qu'il vienne toquer. Perso, j'étais prête, j'avais hâte, j'en pouvais pu t'attendre. Andy, i love u but.. hurry up.

J'étais perdu ces derniers temps. Mais pas dans le même sens que ça avait pu être le cas les mois précédents... Non. J'voulais me secouer, reprendre ma vie en main, éjecter tout ce qui me faisait du mal pour ne garder que l'essentiel, emmerder les jugements des autres et montrer au monde qu'Andy McDougall était toujours bien là. Devant le miroir et à peine sorti de la douche, je regardais mon nouveau tatouage sur mon épaule, pensivement, le frôlant du bout des doigts en réfléchissant, perdu dans mes pensées mais je ne tardai pas à en être tiré par la sonnerie de mon téléphone. La serviette autour de la taille, je traversai ma chambre pour aller le récupérer pour constater que c'était un sms de Briony qui me demandait de venir à son nouvel appart. Aw... On s'était pas revus depuis le jour du mariage. Je baissai les yeux à nouveau vers mon tatouage et lui répondis un bref "j'arrive" avant de retourner dans la salle de bain pour m'habiller. J'ignorais comment réagir étrangement, j'avais hâte, mais d'un autre côté je repensais malgré moi aux paroles d'Aaron. "Si en plus elle a pas quitté Hendrix..." alors que moi je n'étais plus avec Apple, j'l'avais poussée pour rompre. Et si on allait dans l'mur ? Fin prêt, habillé sobrement avec marcel et short, je ressortis de ma chambre puis de l'appartement en fourrant les clés dans ma poche, direction l'appartement de Briony à quelques pas d'ici. On était presque voisins désormais, c'était bizarre. Arrivé devant chez elle, je fixai un moment la porte avant de lever le bras et toquer. J'savais pas vraiment à quoi m'attendre.

Deux semaines sans l'voir. A force, j'aurai dû m'y habituer. Après tout, cet été on s'était vus deux ou trois fois, pas plus, à cause de ses voyages d'affaire. Mais nion, ca m'torturait toujours d'être loin de lui, d'pas être dans ses bras. C'était pas forcément de la jalousie ou bien de la possessivité. Non. C'tait un besoin. J'suis dépendante de lui. Il m'avait écrit dans un mot qu'il voulait devenir ma drogue.. bah c'est réussi, faut m'croire. Fallait qu'on parle tous les deux. Vraiment. Par rapport à notre avenir et j'tenais pas à avoir cette discussion quand les problèmes seront bien autour de nous. La présidence Eliot va rapidement s'jouer et les disputes s'enchaîneront forcément par la suite. Autant éviter ça et tuer l'soucis dans l'oeuf quoi. Est-ce qu'il croyait en nous ? J'lui en voulais pas d'vouloir être président, après tout j'restais bien mather vous m'direz. C'est pas à moi de l'enchaîner. Mais on était au courant tous les deux que la situation de nos confréries respectives allait occasionner forcément des frictions. C'est de ça que j'avais peur. Est-ce qu'on allait être assez forts ? Est-ce qu'il voulait nous préserver surtout ? Quand j'entendis -enfin- toquer à la porte, mon coeur s'accéléra jusqu'à trouver le rythme normal qu'il avait quand j'étais en la présence d'Andy, c't'à dire bien plus rapidement que dans ma vie quotidienne. Lorsque j'lui ouvris et que j'le vis, toujours aussi craquant, un sourire se dessina sur mes lèvres aussitôt. Sérieux, si on s'retrouvait dans la situation où on est à nouveau que des ennemis, suite à une nouvelle rupture, j'sais pas du tout comment j'pourrais réagir en sa présence. Bonjour.. Il avait été là plutôt rapidement et ça m'faisait bizarre. On était quasi voisins maintenant. Est-ce qu'on allait en profiter ou pas ? J'en sais rien. J'me demande si Feldt aurait un problème par rapport à Andy, qu'il squatte ici ahem. Parce qu'il est hors de question que j'aille chez Anya et Kenny. J'tiens à ma vie. Je pris la main de l'Eliot pour l'attirer doucement dans l'appart. Feldt n'est pas là. Donc on allait vraiment pouvoir parler, sans être dérangés. Bienvenue chez moi. lui dis-je en souriant avant de montrer la salle principale par un ample mouvement du bas, comme pour présenter, avant de rire. T'as vu, ça rend bien ? Et bim, c't'un repaire de Mathers mais pourtant c'classe. J'attirai Andy près d'moi pour déposer un baiser furtif sur ses lèvres avant de l'entraîner avec moi vers un canapé où on pouvait s’asseoir. Comment tu vas ? C't'une question sincère Andy, pas juste de politesse.

Les battements de mon coeur accélérait quand j'entendis du mouvement dans l'appartement, détournant les yeux de la porte pour regarder autour de moi. Y avait pas un chat dans l'immeuble. No stress, elle voulait juste me montrer son nouveau chez elle. C'était pas un mal d'ailleurs qu'elle ait pris un appartement, elle y serait toujours mieux qu'à la mather house. La porte s'ouvrit et je reportai mon attention sur elle, mon cœur loupant un battement comme à chaque fois que je la voyais. Hello... Elle me prit la main et me fit entrer dans l'appartement alors que de ma main libre je refermai la porte d'entrée derrière moi. Feldt est pas là et d'un côté, tant mieux... on était mieux seuls tous les deux. Je balayai le salon du regard quand elle me le montra, esquissant un sourire en serrant doucement sa main dans la mienne. Tu vas être bien ici. M'avançant un peu dans la pièce pour être bien dans l'ambiance du salon, je me tournai ensuite vers Briony en la sentant me tirer doucement pour me voler un furtif baiser qui me fit sourire. Elle m'avait drôlement manqué, mine de rien. Je la suivis sur le canapé, m'y étalant sans gêne et jouant avec les doigts de Briony en entendant sa question, restant un moment silencieux. J'saurais pas trop te dire... Caressant doucement sa main et ses doigts avec les miens, pensivement, je reportai mon attention sur l'intérieur de mon poignet pour y voir un de mes deux nouveaux tatouages, la phrase en hawaïen. J'me sens mieux, je pense. Mais j'ai vraiment envie de passer ma vie au karcher.

J'étais pu la même Briony en la présence d'Andy, j'saurais pas vraiment vous expliquer ce qui changeait en moi. Disons que j'étais.. je me sentais mieux, entière, amoureuse. Ca faisait que quelques secondes que j'avais le jeune homme près d'moi et j'avais déjà des papillons dans l'ventre. On avait traversé tellement d'choses touts les deux, mes sentiments n'avaient fait que de se renforcer avec le temps. Omg. Tu vas être bien ici. Oh oui, c'est vrai. Il avait tout à fait raison. On était bien ici, ce n'était pas du tout la même ambiance qu'à la mather house et passer du temps avec ma meilleure amie allait m'faire le plus grand bien. Souffler un coup, lâcher la pression, profiter un peu de ma jeunesse sans pour autant me la bousiller. On s'installa tous les deux sur le canapé, nos mains toujours jointes. Pour rien au monde, je ne voulais cesser ce contact. J'saurais pas trop te dire... Il avait mis du temps à répondre, il était pensif. Mais beaucoup moins inquiétant que la dernière fois, où mon coeur avait failli lâcher pour lui, en ayant peur pour sa vie. J'dirais pas qu'il a l'air d'aller mieux.. mais ptete que le deuil commence ? J'en sais rien du tout.. Je me mordis la lèvre, baissant mon regard vers nos doigts entremêlés, remarquant ensuite son nouveau tatouage. Pardon ? Andy ? Qui fait ça ? Je fronçais légèrement des sourcils. Il m'avait pas dit qu'il était contre ce genre de choses, que l'autre était synonyme de conneries d'adolescent en rébellion. J'me sens mieux, je pense. Mais j'ai vraiment envie de passer ma vie au karcher. Au karcher ? Il pense à toi là ? Tout ce qu'il a pu faire jusqu'à présent ? Recommencer tout à zéro ? Enfin abandonner la pression familiale et être un vrai jeune adulte ? J'en sais rien. Je resserrai la main d'Andy dans la mienne, relevant le regard vers lui. C'est à dire ?

Comme une envie de passer ma vie au karcher... ouep. Y avait tellement de choses qui avaient changé dans mon existence dernièrement que j'étais fatigué de courir après n'importe qui et n'importe quoi. J'avais juste envie de dire "Qui m'aime me suive !" et puis qui vivra verra. Arrêter de me poser toujours un milliard de questions, arrêter de trop réfléchir et penser, ça me bouffer et me rendait plus insomniaque que je ne l'étais déjà. J'avais passé une année pourrie, j'avais fait pas mal d'erreurs et ma dépression ne m'avait certainement pas facilité la tâche. Mais je voulais revenir sur le devant de la scène, en pleine forme, abandonner ce qui m'épuisait inutilement et garder l'essentiel. Est-ce que Briony était dans cet essentiel ? J'avalai difficilement ma salive en sentant son regard posé sur moi. Arrêter de me prendre la tête pour des gens qui n'en valent pas la peine. J'ai pas suffisamment profité de Keanu pendant qu'il était encore là parce que j'étais trop occupé à pester sur ceux qui me faisaient chier, trop occupé à m'rendre responsable de tous les malheurs du monde. Qu'est-ce que j'avais pu en bouffer des reproches, cette année-là. Mais j'me retrouvais davantage maintenant que j'avais remis les pieds sur terre. J'les emmerde. J'vais juste recommencer à penser à ma gueule avant de penser à celle des autres. Je relevai à mon tour les yeux vers Briony en me mordant les lèvres, la dévisageant un moment, appuyé contre les coussins du canapé. J'arrive pas à savoir c'qu'on est, tous les deux, concrètement.

Andy m'avait déjà parlé de ses dépressions, de ses traitements. J'avais vu en direct ses envies suicidaires, par deux fois, et ma question était du coup super importante. Il m'répondait honnêtement et ça m'faisait plaisir qu'il m'fasse confiance en quelques sortes. J'voulais pas le laisser tomber. Pas maintenant. Jamais. Mais est-ce qu'on y arriverait ? Y a une différence entre vouloir et pouvoir. Arrêter de me prendre la tête pour des gens qui n'en valent pas la peine. J'ai pas suffisamment profité de Keanu pendant qu'il était encore là parce que j'étais trop occupé à pester sur ceux qui me faisaient chier, trop occupé à m'rendre responsable de tous les malheurs du monde. Hm, passer le karcher de cette manière. Pourquoi pas après tout, le temps qui retombe pas dans la spirale infernale des traitements psychiatriques sans fin, le temps qu'il aille mieux surtout. Faut pas qu'il culpabilise de ne pas avir passé assez de temps avec son meilleur ami, sinon.. il allait le regretter éternellement, en se remuant sans cesse les neurones là dessus. M'enfin, il avait l'air d'avoir la niac de redevenir un eliot vraiment égoïste donc bon. Est-ce que j'aurai de la place dans son présent ? J'en sais rien. Est-ce qu'il enlevait Apple de sa vie ? J'arrive pas à savoir c'qu'on est, tous les deux, concrètement. Nos regardes se croisèrent pour la première fois depuis qu'on était assis sur le canapé. Ce qu'on était ? J'en sais rien non plus. J'l'avais présenté comme mon petit ami à un occasion, j'avais tout risqué pour lui, perdu beaucoup d'choses également et mes sentiments n'arrêtaient pas d'évoluer. Montres à tout l'monde qui est Andy McDougall. lui répondis-je tout d'abord, un sourire en coin, avant d'finalement baisser le regard, d'un coup plus pensive. Ce qu'on est ? J'en sais rien du tout.. J'espère en tout cas que j'fais pas partie de la catégorie des personnes avec qui tu t'es pris la tête et qui sont inutiles. Ptete y a un an mais pas forcément maintenant.

Montrer à tout le monde qui est Andy McDougall... J'eus un léger sourire à ses paroles, pensif. J'allais être Andy McDougall sans Esteban Bridgestone maintenant... c'était de loin mon principal regret. On était arrivé à Harvard en même temps, on s'était fait notre réputation en même temps. Et j'allais devoir continuer sans lui... c'était vraiment bizarre et je peinais encore à y croire pour tout avouer, c'était difficile à accepter et Anya misérait au moins autant que moi, pour le temps qu'elle passait sur son violon à se scier les doigts en souvenir de Ken qui aimait l'écouter jouer. Ils vont souffrir, répondis-je dans un léger rire. Tous. Est-ce que ça allait nous éloigner, Bri et moi... ? Sans doute, oui... Parce que si c'était nécessaire, ses proches prendraient aussi dans la poire. Je repensais à sa réponse sur ce qu'on était, et elle n'avait pas franchement l'air d'être plus avancée que moi... On était deux personnes qui s'aiment et ont fait des sacrifices l'une pour l'autre, mais restent cacher. L'un s'est séparé de sa femme, l'autre est encore avec son mec cocufié. Aaron me soutenait personnellement, mais pas forcément ma relation avec Briony... Je n'arrivais pas à savoir si il avait raison ou pas. Je détournai les yeux et secouai négativement la tête avec un sourire. Non, t'as dépassé ce stade je pense. Je soupirai et me passai une main dans les cheveux. Et... T'as conscience qu'on va dans l'mur ? Qu'on a perdu Hendrix et Apple pour une relation éphémère ? Mmh... Oui, ptêtre bien que je voyais les choses sous cet angle désormais. Enfin, Hendrix était peut-être pas aussi perdu qu'on pouvait le croire.

Vous savez, j'en étais à un stade où j'souhaitais qu'Andy redevienne le vrai caïd d'Harvard,  uniquement pour qu'il puisse oublier un peu la mort récente de son meilleur ami ? Ils vont souffrir. Et j'me faisais pas du tout d'illusions sur l'identité de ses futures victimes, croyez moi. Ptete qu'il allait attaquer des Dunsters, des Quincys, voire même des Lowells pour passer le temps.. mais c'était clair et net que les Mathers vont en pâtir en priorité. Mes proches. Ma famille. Moi. Parce qu'officiellement, on se hait. Est-ce que pour préserver les apparences, il allait me chercher en public ? Bonne question. Quelle serait ma réaction face à ça ? J'devrais rentrer dans mon rôle d'ancienne présidente mather, j'suppose. Non, t'as dépassé ce stade je pense. Ce n'était que quelques mots dits avec un sourire en coin mais ils me rassurèrent un peu. J'étais pas "personne" pour lui. Et... T'as conscience qu'on va dans l'mur ? Mon coeur cessa de battre à l'entente de ses mots. Ca c'est cash. Boum. J't'interdis de dire ça. lui lançais-je avant de planter mon regard dans le sien, gardant le silence un instant. T'as pas l'droit de dire qu'on va droit dans l'mur après tout ce qui s'est passé. T'as pas l'droit le dire au nom des sacrifices qu'il y a eu, de tout ce qu'on a perdu. Comme nos couples. Oui, le sien était vraiment détruit. Mais le mien l'était tout autant crois-moi. On avait pu rien d'un couple, c'est juste de la figuration.

J'crois que j'venais de l'assommer avec une massue en l'espace de sept petits misérables mots. Elle avait réagit immédiatement, avait répondu rapidement qu'elle m'interdisait de dire ça. Mmh. Elle pouvait ne pas l'vouloir, me l'interdire allait être un peu plus compliqué. Je relevai les yeux vers elle et soutins son regard sans trop savoir sur quel pied danser maintenant que j'avais lâché la bombe. C'vrai, on avait perdu beaucoup. J'avais failli perdre Anya, j'avais perdu Apple, ma relation avec Ken s'était terminé sur un éloignement parce qu'il n'approuvait pas, j'm'étais fait engueuler par Dexter et j'en passe... On a sacrifié beaucoup c'est vrai... Mais c'est pas dit qu'ça marche pour autant. On a aucune garantie. J'suis ptêtre même tout simplement pas fait pour être en couple ? La fidélité m'va mal, comme disait Aaron. Parce que ouais... La notion de couple était celle qui se rapprochait le plus de ma relation avec Briony à bien y réfléchir. Te méprend pas, c'est pas c'que j'veux... Je me mordis la lèvre, balayant le salon du regard en cherchant mes mots avant de reporter une nouvelle fois mon attention sur Briony en caressant de nouveau sa main dans la mienne. J'ai juste beaucoup d'mal à imaginer un happy ending, pour être honnête. C'vrai, on avait rien en commun. On avait sacrifié beaucoup, beaucoup souffert mais si tant est qu'il y ait une chance pour que nos chemins se séparent pas, on n'en avait pas fini de suer comme des bœufs tous les deux. C'était beau et horrible à la fois.