Je préfère la légèreté, c’est plus simple, ça me permet de ne pas trop lui mentir, de ne pas être le sujet numéro un, de me mettre volontairement de côté. Et puis parler de son histoire d’amour, c’est quand même beaucoup plus gai. Inutile de tergiverser sur les affres et déboires de ce passé qui n’a de cesse de me hanter. Alors les pieds dans le plat, dès que nous sommes arrivées, c’est derechef que je les mets. "Hmm ?" Mais Carmella préfère hésiter, poser une condition avant de se lancer. "Passe-le et je répondrai à toutes les questions que tu voudras." Comme si je risquais réellement de mourir de froid. Cela dit, je lui souris, récupère son manteau et accepte de le poser sur mon dos.

Tandis qu’on s’installe, elle gagne encore du temps, "Tu as faim ?" ça me fait soupirer, amusée. J’en viens presque à songer qu’elle est gênée. L’amour, le vrai, ça fait cet effet. « Un café, c’est suffisant. » que je lui réponds sereinement, si je suis affamée, ce n’est que par les détails de son histoire, je me dois de l’avouer. Et après quelques secondes, elle commence à s’épancher. "Nous en sommes à être en couple." Elle hoche le visage face à la clarté de la nature de leur relation, au moins, elle n’a pas à se poser des tas de questions, "Je crois qu'il sait que je l'aime. " si elle le croit, j’en dédis qu’elle ne lui a pas encore dit de vive voix. "Je lui dis très souvent qu'il me manque. " ça me fait arquer les lèvres, encore une fois. "Je me sens vulnérable à cause de mes sentiments." J’imagine que c’est normal, même si je ne peux pas comparer à ce que j’ai vécu, ce que j’ai connu. Tout ce que je sais, c’est qu’aimer, c’est accepter de se noyer, de se perdre sans jamais pouvoir réellement se retrouver. La vulnérabilité, ça va de pair avec l’affection. Jusqu’à en oublier la raison. « Tu ne lui as pas encore dit alors ? » que j’interroge, les commissures amusées, « que tu l’aimes. » et puis ajouter, « vulnérable c’est bien. » c’est positif dans son cas, je n’en doute pas, « enfin, s’il te traite correctement. » à l’inverse de mon ancien amant.

à Carson Beach avec @Ellie Thatcher
warning :: relation avec emprise évoquée - abandon de sa petite fille
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Carmella est pensive. Beaucoup trop de pensées se bousculent dans son esprit qui s'embrume. Bohème se trouve évidemment omniprésent, mais il y a également son travail, ses enquêtes et puis les personnes qu'elle chérit, notamment sa petite fille. Son cœur se serre alors qu'elle songe à elle durant un instant et elle se perd forcément. Est-ce qu'elle lui ressemble davantage avec le temps, où tient-elle les traits de son père ? Est-elle seulement heureuse sans mère ? Ces interrogations l'angoisse et elle sent son cœur s'emballer. Elle sait, qu'elle devrait en parler avec une tierce personne, mais la flic ne sait pas comment s'y prendre sans se dévoiler entièrement. Sans souffrir et se laisser aller à pleurer. Alors, elle ravale avec peine sa salive et tend son manteau à sa chère amie qu'elle apprécie tant. Elle aussi, elle souhaite en prendre soin et comme elle n'est pas couverte pour la saison, qu'elles ont passé du temps dehors, elle désire qu'elle se réchauffe ne serait-ce que le temps qu'elle savoure leur boisson respective. Ayant un petit creux, Carme se perd dans la contemplation de ce qui est proposé et elle adorerait prendre un menu complet. Mais en même temps, Ellie ne souhaite qu'un café, alors elle réfrène l'ogresse présente en elle et se contente de deux viennoiseries ainsi que d'une boisson : encore un moka qu'elle demande frapper. C'est plus fort qu'elle, l'enquêtrice ne les aime qu'ainsi et c'est ce qu'elle préfère boire à longueur de journée, sauf lorsqu'elle se retrouve enfermer au bureau. C'est du jus de chaussette qu'elle doit avaler, un rictus déformant son visage chaque fois qu'elle porte le gobelet de café à ses lèvres. Mais ce n'est pas de cela que souhaite parler son amie, alors, elle se lance sur sa relation avec Bohème et la belle reconnait qu'elle l'aime, qu'ils sont en couple et qu'il lui manque énormément. C'est à cause de leur travail à tous les deux qui les occupent les trois quarts de leur journée. Parfois, ils n'ont même pas le temps de se voir, alors ils s'appellent le soir et discutent plus d'une heure. "Heu…" Elle se pince les lèvres et s'empourpre. "Non." Ce n'est pas évident pour Carmella de poser des mots concrets sur ce qu'elle ressent, bien que ce soit présent en elle. "Je ne sais pas si c'est bien." Qu'elle rétorque instinctivement, mais c'est à cause de son histoire passée, avec son ancien époux. Leur relation était plus que compliquée ainsi que très déséquilibré. "Il me traite bien, mais…" Elle baisse le regard et le pose sur ses mains. "On ne sait jamais, certains hommes changent." Elle a peur que ça lui arrive de nouveau. Bohème n'est certes pas celui avec qui elle a vécu avant, mais elle ne peut s'empêcher d'avoir des craintes, puisqu'elle s'est retrouvée sous sa coupe, dans l'impossibilité de faire ses propres choix, et cela, des années durant. "Je… J'ai connu un homme durant des années. C'était le premier que j'ai aimé. Le premier avec qui je suis sortie et… Notre relation s'est dégradée." Elle n'en parle jamais, ne l'évoque pas, mais elle a ce sincère besoin d'être honnête avec Ellie et de tout partager. "J'ai été mariée avec lui, tu sais et… Tout a finalement basculé. Il a pris le contrôle sur mon existence et j'ai été incapable de l'en empêcher." Elle ne peut s'empêcher de mordre sa lèvre inférieure en repensant à tout cela. Une vague de peine l'accable, ainsi que de regrets, notamment en lui ayant laissé leur fille, sans se battre pour l'avoir à ses côtés.

Je suis probablement la plus mal placée pour être conseillère en relations, encore plus lorsque c’est d’amour dont il est question. Je ne suis même pas certaine de savoir ce que ça fait … de réellement aimer. Ou plutôt de le faire de la bonne façon. Alors ça me va bien de lui demander si elle lui a déjà soufflé ces mots si compliqués. "Heu…" derechef, je sais ce qu’elle va me dire, et étrangement, pudique, ça me fait sourire. "Non." Par la positive, je hoche le visage, l’envie sur le bord des lèvres de lui confier que ce n’est pas très grave. "Je ne sais pas si c'est bien." Parfois on n’a pas besoin paroles pour prouver qu’on tient à quelqu’un. Les gestes, les attentions sont de suffisantes caresses. « C’est bien si c’est comme ça que t’as envie de faire. » Il n’y a pas de règles après tout, tant qu’elle est heureuse et lui aussi.

Alors j’en viens à préciser que ce qui compte dans le fond, c’est qu’il la considère comme une femme et non pour un objet. "Il me traite bien, mais…" A son mais, je fronce les sourcils, craintive quant à ce qui pourrait suivre. "On ne sait jamais, certains hommes changent." Certes… Mais toutes les pommes ne sont pas pourries. "Je… J'ai connu un homme durant des années. C'était le premier que j'ai aimé. Le premier avec qui je suis sortie et… Notre relation s'est dégradée." J’en baisse les paupières, touchée qu’elle se confie de cette manière-là, et je n’ose deviner ce qu’il se cache derrière les silences, ce que je parviens à lire entre les lignes de son existence. "J'ai été mariée avec lui, tu sais et… Tout a finalement basculé. Il a pris le contrôle sur mon existence et j'ai été incapable de l'en empêcher." Empathique, j’éprouve de la compassion pour elle, je ressens de la tristesse et je m’autorise à quelques secondes de mutisme dans le seul espoir de ne pas dire d’idiotes. Un rien qui pourrait la blesser, la renvoyer à ce qu’elle a vécu, gagné et perdu. « Tous les hommes ne sont pas les mêmes, tu le sais. » Je ne lui apprends pas grand-chose en articulant une telle banalité, mais elle n’en est que plus vraie. « Le schéma ne va pas obligatoirement se répéter. » Dit celle qui prend peur parfois lorsque certains hommes s’approchent de moi.