Début d'année loin d'être évident pour tout le monde. Le manque se fait ressentir à chaque seconde. L'appel de l'alcool était présent et je luttais pendant mes heures de service pour ne pas céder. Seulement, chaque jour devient de plus en plus compliqué. Personne n'était au courant encore et je voulais que ça reste comme ça. L'idée de passer par les AA était tentante, mais expliquer pourquoi j'ai replongé... c'était pas possible. Ma famille était en danger et je ne voulais pas qu'ils s'inquiètent davantage pour moi. On a assez de la matriarche qui s'entiche d'un profiteur. Mais là, ce qui m'amène devant ta porte, c'est pas ma famille, mais plutôt la tienne. Ton père cette fois, se retrouvait en cellule de dégrisement avec quelques accusations à son encontre. J'avais hésité à venir te voir en face mais c'était plus simple que par sms, va savoir. Poing qui cogne la porte à trois reprises, puis j'attends.

Premiers jours de l'année que tu avais passé à lambiner chez toi. Depuis ton retour à Boston, tu n'avais pas mis les pieds au domicile familial, histoire de faire comme si tu avais une vie normale encore quelques temps. Ta soeur t'avais pourtant prévenu de l'état de Dennis et surtout de la maison. Tu préférais fermer les yeux, pour une fois, peut-être que quelqu'un d'autre agirait. Et puis toi et ton père, ça avait toujours été explosif. Il n'y avait qu'avec ta mère que tu prenais plus de pincette, allez savoir pourquoi. Affalée dans ton canapé, le sachet de chips entre les mains et la bière posée sur le sol, tu profitais d'un samedi à te détendre lorsque quelqu'un tapa à ta porte. Tu râles, forcément, trainant des pieds pour te lever et aller ouvrir. Surprise de découvrir le visage de Kaze, ton expression faciale en dis loin. — t'as pas trouvé meilleur plan que sur boston ou quoi ? tu lèves les yeux au ciel en soufflant. ton corps s'appuie le long de la porte, restant dans le passage pour ne pas l'inviter à entrer.

Peut-être que tu m'as manqué. Mais te le dire, te l'avouer, fallait pas rêver. Surtout que la culpabilité refaisait surface à chaque fois que je pensais à toi. Riley n'était pas sortie de ma tête et encore moins de mon cœur. Te fréquenter, t'apprécier... non, je pouvais pas, j'avais pas le droit. Alors je réprimais tout ça, quitte à te repousser. Pourquoi toi ? Pourquoi t'es toujours là quand les autres sont juste de passage ? Un soupir qui s'échappe avant que je ne vienne frapper à la porte de chez toi. Toujours le même endroit. La porte s'ouvre et je te découvre surprise par ma présence sur ton pallier. Normal. « très drôle. » Non. Un court instant me suffit pour analyser ton langage corporel, m'indiquant que le passage m'était interdit. Il était préférable de ne pas demander à entrer donc. « c'est ton père » finissais-je par dire. Peut-être un peu trop dramatique pour le coup, on dirait que je vais t'annoncer la pire des nouvelles. Non, mais c'était pas loin malgré tout. « je peux entrer ? » Oui, j'ai malgré tout tenté.

Petit à petit, les choses rentrent dans l'ordre. Le simple fait de revenir en terre connue est rassurant. C'est anodin mais tu n'aurais jamais cru que Boston aurait été ta source de stabilité. Les vieilles habitudes reviennent comme si tu n'étais jamais partie. Ne rien faire, profiter d'un moment de calme et de solitude. C'était rare dans ta vie à mille à l'heure. Sûrement l'une des raison qui t'ont poussées à ne pas annoncer ton retour de suite. Bruit qui retentit contre ta porte et tu râles en allant ouvrir, la surprise de le voir dresser derrière celle-ci. Tu ne peux t'empêcher de le piquer. C'est votre petit-jeu non? Rares sont les personnes aussi désagréable que toi que tu as croisé dans ta vie. Souvent, tu gagnes haut la main à ce jeu. c'est ton père, ces mots qui sonnent étrangement entre ses lèvres. Les sourcils se froncent, ont peu aisément y lire l'incompréhension dans ton regard. — très drôle répètes-tu. Qu'est ce que Dennis a encore fait pour se faire remarquer par les flics. — Ok, j'ai compris c'est pas une blague.. laisses passer quelques secondes avant de te décaler pour le laisser entrer. Tu ne comptes pas afficher ta vie aux voisins qui doivent déjà être l'oreille collée contre leurs portes d'entrées. Tu claques bruyamment ta porte derrière Kaze. — S'il est juste complètement torché, dis à tes collègues de le laisser décuver en cellule et ça ira mieux demain ! l'envie d'ajouter un j'suis pas sa mère est présente mais tu t'abstiens car tu es tout comme.

J'avais aucune envie de rigoler. Oui, c'était vis-à-vis de ton père et c'était un sujet sérieux. Malgré ta première réaction, tu captais assez vite que c'était pas drôle et tu me laissais entrer chez toi. Sûrement pour éviter que les voisins captent quoi que ce soit concernant ta vie de famille. Ce que je peux comprendre, c'était bien pour ça que j'avais demandé. Pénétrant dans les lieux quand tu m'en laissais l'occasion, la porte finissait par claquer. « il a plusieurs chefs d'accusation contre lui, notamment refus d'obtempérer et agression sur un officier de police » glissais-je alors que je soupirais, faisant une moue. « un bar a appelé le poste de police, incapable de le mettre dehors. quand nos gars sont arrivés, il s'est montré violent et a blessé plusieurs personnes avec une bouteille de bière brisée » En d'autres mots, ton père est dans de beaux draps et pas sûr qu'il puisse s'en sortir facilement cette fois. « je voulais juste te prévenir, il risque de t'appeler et dire n'importe quoi »

ton visage affiche une mine blasée. t'aurais préféré qu'il vienne te voir pour que vous partagiez un moment intime plutôt qu'il t'annonce venir pour te parler de ton père. tes yeux ne cessent de se lever au ciel et de rouler dans leurs orbites. plus tu l'écoute et plus tu es agacée. — pourquoi il m'appellerait s'il est en taule ? tu hausses les épaules. la réponse est simple: parce que c'est tout le temps ce qu'il fait, depuis que tu es toute jeune. tu te laisses tomber dans le canapé, attrapant ta bière au passage pour la porter à tes lèvres. il te faut bien un peu de courage au goût d'alcool. —bon et alors quoi ? c'est quoi la suite de cette histoire? non parce que tu comptes pas le sortir de prison et en même temps tu sais bien que si kara l'apprends, elle risque de te souler pour que vous fassiez quelque chose. chacun ses démons, le sien c'est dennis et toi teresa. sauf que vos âmes de sauveuses s'arrêtent lorsque la loi intervient dans l'équation. — gardez le, j'm'en fou. ça m'fera même des vacances dis-tu dans un ton déterminé et surtout très sérieux. pas entendre parler de ton paternel pendant quelques temps, ça ne peut être qu'appréciable non?

Je hausse les épaules, ne sachant pas quoi répondre à tout ça. C'était pour te prévenir, pas pour te faire un argumentaire sur ce qu'il va faire, le pourquoi du comment et la façon dont tu dois réagir. Ça partait d'une bonne intention mais visiblement, j'm'étais fourré le doigt dans l'œil, comme à chaque fois avec toi. Imprévisible, tu semblais t'en foutre de tout, comme si rien ne t'atteignait. T'as le droit de faire des conneries mais on a pas le droit de t'en vouloir pour ça. « qu'est-ce que j'en sais ? j'suis pas voyant » Et encore moi associé à cette affaire. Elle était dans un autre service et j'en avais entendu parler au détour de la machine à café de l'étage inférieur. Le nom Gardner résonnant encore dans mon oreille à l'heure où je me suis planté devant ta porte. « fais ce que tu veux, je suis que le messager » Ni plus, ni moins. « sur ce, j'te laisse tranquille »

tu soupires, non pas parce que tu es agacée contre lui mais parce que ton paternel te fatigue. il a toujours eu le don pour se fourrer dans des histoires sordides. plus d'une fois, kara et toi l'avez sorti de la merde et ne parlons pas des histoires de votre mère. rôles inversés que tu n'as eu le choix que d'assumer. — ok.. merci de m'avoir prévenu.. la moindre des choses, la formule de politesse. on se demande bien qui te l'a apprise celle là, sûrement pas dennis. le regard que tu poses sur lui, ramenant tes cheveux vers l'arrière par un geste rapide de ta main. — t'es venu juste pour ça? un sourcil se hausse. tes traits s'adoucissent et on peut presque y percevoir un sourire se dessiner. — allez, reste faulkner invitation lancée de rester à tes côtés pour faire perdurer la soirée. elle n'est pas passionnante mais peut être qu'à deux, elle le deviendra.

« pas de souci » Sourire léger et l'envie de me casser loin d'ici pour arrêter ce moment gênant entre nous. J'étais encore un peu trop agacé par ta façon de faire, de ne pas te préoccuper des autres qui, potentiellement, tiennent à toi. Perdu dans tout ce que je pouvais ressentir depuis des semaines, je savais juste que la colère montait à chaque fois que je repensais à ton départ fait en vitesse, sans prévenir qui que ce soit. « tu proposes quoi gardner ? » Je reste pas si c'est pour une soirée plan-plan et j'espère que tu pourras bien assez vite relever le niveau. « non pas que tu sois pas sexy dans ce jogging mais j'pense que je te préfère sans » Plus simple de se conforter dans la nature de notre relation, échanges charnels, plutôt que sur le reste.

tu te vois mal le laisser repartir à peine arrivé. il était tout de même venu t'apporter une information de manière bienveillante et même si tu n'en n'avais que faire, c'était gentil de sa part. tu l'invites à rester, sans savoir si il va accepter ou tout simplement tourner les talons parce que tu l'as soulé. ce serait compréhensible, depuis ton retour, vos relations sont plus compliqués. t'as du mal à comprendre sa rancoeur, l'empathie n'est pas ta qualité première. sourire malicieux sur ton visage. — une bière? dis-tu en te dirigeant vers le réfrigérateur pour lui sortir une bouteille fraiche. t'avais pas mille choses à lui proposer de toute façon. — quoi, t'aimes pas ma tenue? un sourcil se fronce en le regardant, tu t'apprêtais à lui envoyer la bouteille en verre mais tu captais que ce n'étais peut-être pas l'idée du siècle. tu te revoyais crier sur tes frères et soeurs lorsqu'ils se lançaient des objets dans la maison familiale. — on fait comment du coup ? ça va t'empêcher de rester? disais-tu en t'approchant pour lui donner la bière en main propre, le regard éveillé de curiosité à sa réponse.