Une nuit, c'était tout ce que je demandais. Une nuit loin de tout et de tout le monde. Solitaire parfois, il me fallait un peu de temps pour moi pour recharger les batteries. Surtout après une semaine en famille qui a bouffé toute mon énergie. Si Riven était plutôt dans le fayotage, je préférais être le je-m'en-foutiste. Dans le conflit en permanent, j'avais décidé d'adopter un angle différent cette année. Peu importe les remarques qu'on me fait, je laissais glisser. Ma vie m'appartenait et personne n'avait un droit de décision dessus, encore moins mes parents. Donc, voilà pourquoi cette bulle. Arrivé dans ma chambre réservée pour l'occasion, je commençais déjà à déballer mes affaires. La trousse de toilettes dans la salle de bains, la veste sur un cintre et surtout mon chargeur de téléphone branché sur la table de chevet. J'étais en train de choper un gilet en laine dans ma valise quand j'entendais la porte s'ouvrir. L'air suspicieux, je lançais un « j'ai pas demandé de room service ! » Mais la porte se refermait et c'était un autre homme dans l'entrée que je découvrais, avec sa valise. « la chambre est déjà prise » que j'lançais à l'intéressé, pour qu'il se barre. Pas le temps pour les politesses.

Un besoin soudain de fuir la ville m’avait pris. Une pulsion, un caprice même, celui de quitter mes quatre murs pour m’aérer l’esprit quelque part où je ne connaissais personne et où personne ne me connaissait. Depuis toujours pour moi, réunion de famille rimait avec challenge. Celui d’être à la hauteur, de rendre fier le paternel et de briller à ses yeux. En ces périodes de fêtes, j’étais servi. Et épuisé aussi. Mon esprit ne cessait de tourner à mille à l’heure entre mon père... et Brinley. Brinley à qui je n’arrêtai pas de penser malgré moi, et plus j’essayai de l’ignorer, plus je m’enfonçai. J’avais plus que besoin de ce break.
J’arrivais sur place pile au moment où la météo commençait sérieusement à se gâter, à deux doigts de finir congelé. Ma valise derrière moi, je poussais la porte de la chambre que j’avais réservée… avant de m’arrêter net en découvrant que quelqu’un était déjà en train de s’installer. Fronçant les sourcils je laissais la porte se refermer, dévisageant l’inconnu. La chambre est déjà prise ? Il se prenait pour qui lui ? « En effet, par moi » répondis-je avec un sourire cynique. « C’est ce qui est inscrit sur ma réservation, mais bon, je suppose que lire trois lignes peut s’avérer compliqué pour certains ». Aller, casse-toi maintenant.

Du calme, du repos, de la solitude. C'était tout ce que j'appréciais pour le coup pour les fins d'année. Décantant un peu tout ce qui s'était dit en famille à Séoul, je m'étais isolé pour pouvoir y réfléchir sans être pollué par les gens de la Dudley, ou pire encore, Riven. Je le vois bien à me juger, à me dire de respecter la volonté de notre père, blablabla. Bref, j'avais pas besoin de ça. Et du coup, cette chambre tombait à pique. Et forcément, un bonheur ne vient jamais sans son lot de malheur. Tu entrais dans la chambre, comme si elle t'appartenait. Room service ? Non, pire, un inconnu. Sourire en coin à ses mots. « parle pour toi, je pense que t'as confondu la date. ma réservation est bien pour cette chambre, à cette date, à MON nom. tu peux faire demi-tour pour aller te plaindre auprès de l'hôtesse d'accueil, c'est pas mon problème » Avec le petit signe de la main pour te dire au revoir, avant de reprendre mon activité précédente : défaire mes affaires et me mettre à l'aise, dans MA chambre.

Honnêtement, j'avais pas la patience de jouer les bon samaritain et d'essayer de trouver une solution pour que tout le monde soit content. J'étais fatigué par le trajet, par ces fêtes de fin d'année qui n'avaient fait que me retourner le cerveau et je n'avais qu'une envie, c'était me poser et me détendre jusqu'au lendemain pour être d'attaque pour le nouvel an. Et ce même si mon karma semblait en avoir décidé autrement. Je soupirai face à son petit discours, l'air désabusé, le prenant clairement de haut. « Puisque tu ne me laisses pas le choix » commentai-je tout en sortant mon téléphone, composant le numéro de l'accueil. « Oui, Marcus von Habsburg. C'est ça. Envoyez moi la sécurité, j'ai un type qui prend ma chambre pour la sienne et qui refuse de s'en aller » dis-je, glacial, dévisageant l'inconnu. « Chambre 203 » répondis-je en commençant à m'impatienter. « Comment ça une erreur ? » m'exclamai-je soudain, ahuri, commençant à faire les cent pas. Ils étaient sérieux ces cons ?! « J'espère pour vous que c'est une blague. Vous savez à qui vous vous adressez ? » continuai-je les dents serrées. Jcrois qu'ils avaient pas bien compris, non. L'hôtesse se répandait en excuses inutiles, ce qui avait le don de m'agacer encore plus. « J'en ai rien à faire de vos exuses. Trouvez-moi une solution ou vous n'avez pas fini d'entendre parler de moi » menaçai-je avant de lui raccrocher au nez.

On était loin du week-end de repos pour le coup, avec toi qui cherche à me dégager de ma chambre. En aucun cas je ne me laisserai faire, au contraire. Je sais que je suis dans mon droit, que j'ai payé cette chambre dûment méritée avec ce début d'année scolaire loin d'être de tout repos. Mais bon, j'aimerais quand même être seul donc il allait falloir que tu te casses tôt ou tard. « oh mais je t'en prie, fais donc » que je disais sans que tu m'écoutes vraiment, bien trop occupé à vouloir utiliser ce ton supérieur qui t'est propre avec les employés de l'hôtel. Me retournant dos à toi, je continuais de défaire ma valise - puisque je suis dans ma chambre - écoutant d'une oreille attentive ce qui pouvait se passer à travers le combiné. « ça va les chevilles ? » que j'finis par dire en me retournant de nouveau. « “vous savez à qui vous vous adressez” » imitais-je alors, sûrement très mal. « ils vont te trouver une nouvelle chambre ? parfait, tu peux partir du coup, monsieur "vous allez entendre parler de moi" » Sourire purement provoquant, dans le seul but de te dégager d'ici le plus vite possible.

Maintenant j'étais vraiment sur les nerfs, parfait. L'opposé exact de ce que j'avais prévu pour ce soir. C'était typiquement le genre de truc que je ne supportais pas, tout comme ce mec qui semblait être déterminé à vouloir me faire chier. J'haussais en sourcil en l'entendant m'imiter, se couvrant de ridicule au passage. Il était sérieux lui ? « Excuse-moi, t'es qui toi au juste ? » demandai-je avec condescendance. Histoire que je sache à qui j'ai affaire, au moins. Je lâchais un long soupir, déjà épuisé par cette conversation, et me laissais tomber avec lassitude dans le fauteuil club en cuir qui trônait dans la chambre. Tandis qu'il me déblatérait ses conneries, je me servais un verre de gin dans le mini bar. « Il n'y a PAS, d'autres chambre, c'est bien ça le problème Einstein. Sinon crois moi que tu ne serais déjà plus là » dis-je, désabusé, avant d'avaler une longue gorgée d'alcool.

Ceux qui pètent plus haut que leur cul, c'était sûrement les pires. J'suis quasi certain que mon frère s'entendrait bien avec toi pour le coup. Deux de la même graine, à pas se prendre pour de la merde. « quelqu'un qui a les pieds sur terre » Rien de plus, rien de moi. Quelqu'un qui connait la réalité de la vie, pas qui vit dans son château, qui méprise les gens en les regardant de haut comme tu venais si bien de le faire par le téléphone de la chambre. Tu t'installais sur le fauteuil en cuir présent à côté du bar et je soupirais en écoutant tes excuses. « quel dommage. et bien, premier arrivé, premier servi. tu peux aller te mettre dans le couloir maintenant. j'ai payé pour cette chambre et je suis pas contre un peu d'intimité. » Rien à foutre, j'allais pas partager ma chambre avec un mec comme toi.

Je lâchais un léger rire en entendant sa réponse, sarcastique. Le mec a les pieds sur terre ? Woaw. Génial. S'il savait ce que j'en avais à foutre. Fataliste, je me laissais tomber dans un fauteuil pendant qu'Einstein continuait de ranger ses affaires, apparemment aussi têtu que moi. A bien le regarder, je lui trouvais un air familier, sans parvenir à vraiment à comprendre d'où ça venait. Je m'en souviendrais si j'étais tombé sur une plaie pareille. « Je ne sais pas dans quel délire tu es, mais je crois que tu n'as pas bien compris: j'en ai rien à faire que tu sois arrivé avant moi, c'est ma chambre. Et je compte bien y rester, seul. » Dès qu'il se sera décidé à débarrasser le plancher. « Je te paie même une chambre dans un autre hôtel si tu veux ». Autant dire que l'argent n'était pas un problème.

roulette rp n°24
30.12.2023 | @Marcus von Habsburg — De toute évidence, on était dans une impasse puisqu'aucun de nous deux voulait laisser tomber cette chambre pour l'autre. Étant arrivé en premier, je considérais que c'était MA chambre et non la tienne. Mais faut croire que tu semblais pas penser la même chose. Têtu comme un âne, tu persistais à dire que c'était la tienne, ce qui était totalement faux dans le postulat actuel. « tu n'as qu'à te payer une autre chambre dans un autre hôtel. je quitterai pas cette chambre » Si tu cherchais vraiment la tranquillité et la paix, tu n'avais qu'à bouger ton cul parce que moi, je bougerai pas d'un iota. En plus cet air condescendant, je m'en passerai bien.