J'ai l'impression de flotter, patins en main, en courant jusqu'au village enchanté de Noël. Clive m'a proposé de faire du patin à glace, sa main dans la mienne. Mon cœur bondit dans ma poitrine alors que je presse le pas, craignant d'être à la bourre. Une urgence m'a retenue à l'hôpital, mais par chance, un autre interne a accepté de me remplacer à la dernière minute. Je crois que j'aurais pu absolument tout planter sans aucun état d'âme si cela me permettait d'être plus rapidement à ce rendez-vous romantique. Il est là. Sur un banc, à enfiler ses propres patins, et malgré ma course qui rappelle ma toux à mon bon souvenir, je le contemple quelques secondes, un sourire probablement niais aux lèvres. J'espère que ta partenaire n'est pas trop à la bourre, beau patineur... Je viens de parcourir les quelques mètres qui nous séparaient pour m'asseoir à ses côtés et placer ma tête contre son épaule. Tu m'as... manqué...

Le village où Clive m’a donné rendez-vous qui se trouve en plein enchantement. Mes iris émeraudes virevoltent comme si je me retrouvais subitement dans la peau d’une gamine un matin de Noël. Autant dire que les bras accueillants de cet homme qui fait naître des papillons dans mon cœur sont autant de délices pour mon âme. Tu crois ou tu as un semblant de certitude ? que j’ose dans un élan qui ne surprend personne certainement, le culot étant une vraie seconde nature chez moi. Mais faut-il que cet endroit magique soit le lieu de toutes les belles surprises, car la question de l’ancien juge me prends d’abord au dépourvu, offrant une expression quasi sonnée aux prunelles de ce dernier, avant qu’un sourire aussi adorable que radieux ne se mêle à l’équation. Dis-moi quelque chose de beau... que je souffle contre ses lèvres, leur offrant une caresse à l’aide des miennes, comme si je voulais que les mots s’échappant de cet homme ne puisse être entendus que par moi. Peut-être que tu auras droit à une surprise également... Curieusement, maintenant que je me retrouve entre ses bras, le monde pourrait bien s’écrouler que je n’en n’aurais cure. Mieux encore, ma toux a eu la bonne idée de me foutre la paix – pour l’heure.

Mon coeur bondit telle une gazelle dans la savane alors que le monde peut bien tourner, se retourner même, nous nous trouvons dans notre bulle. Cette bulle que personne n’a jamais réussi à percer, et surtout pas son ex-femme. Je ronronne presque de bonheur alors qu’il énonce des mots que je ne pensais jamais entendre un jour. Mes iris de jade s’humidifient sous l’effet de l’émotion, me donnant force et l’impression de pouvoir soulever des montagnes. Nous... que je répète avec une douceur que peu me connaissent, liant son front au mien alors que je n’ai pas lâché une seconde sa main. Ma surprise rejoint la sienne, d’une certaine façon, mais je laisse quelques secondes de paix et de béatitude nous entourer avant de murmurer, d’une voix assurée : je t’aime. J’avoue avoir réfléchi un moment avant de me décider sur la façon de le dire. Finalement, j’en suis arrivée à ne pas en faire trois tonnes. Être juste sincère et amoureuse. Tu ne vas pas détaler sur tes patins maintenant que je l’ai dit, hein ? Je laisse échapper un rire, bien décidée à le rattraper si jamais il ose. Tu patineras pas assez vite je te rattraperai avant que t’aies pu faire ouf...