What if i told you...
@Jaysaël S-Castellan & @Oliver Matthew Davis
TW : stress, malnutrition, épuisement, problèmes juridiques, etc.
17 novembre 2023
Harvard University -> Massachusett's General Hospital

Sunlight, falls heavy
Can't hide, you're awake already
Long night, you're unsteady
You don't even wanna be here, do you?
It's funny how a word might save your life
And I'm saying a lot right now
…

Casque de moto dans une main, café dans l'autre, je remercie mentalement Dafoe pour m'avoir coller en évaluation papier toute la journée. Je suis certain que Cesar, le buste en céramique, sera plus efficace que moi aujourd'hui pour animer les classes. J'ai encore la tête dans le brouillard après tout ce qui s'est passé et je ne suis pas certain que j'arriverai à me concentrer pour de longues périodes. Qui plus est, j'ai l'impression que je n’ai pas eu une nuit de sommeil correcte depuis des mois. J’ai incroyablement bien dormi pour celle qui vient de passer, même si je me suis effondré sur mon canap, sous l’oeil vigilant de Sam qui a décidé qu'il squattait, mais la nuit était réellement trop courte! Si j’avais bien de l’énergie au réveil, elle s'est vite évanouie, comme si j'avais eu un moment d'adrénaline temporaire. J'en reste avec juste assez pour fonctionner un temps soit peu normallement. Je ne suis plus certain que de venir travailler en moto était d'ailleurs une si bonne idée… J'aviserai ce soir si je fais le chemin en sens inverse de la même manière ou non, quitte à prendre un taxi si je le sens pas. Pas envie de me tuer, non plus, je viens tout juste de me faire garantir un trois ans de sursis!

Un doux sourire s'imprimant automatiquement sur mes lèvres à cette pensée, je pénètre dans la salle des employés, me dirigeant vers mon bureau. Déposant casque et sac messager dessous, je retire mon manteau et le hoodie que j'avais enfiler contre le temps frais, devant replacer mon t-shirt qui s'est relevé avec l'autre tissus, sans pour autant réaliser que la vue pourrait présentement en choquer plus d'un. Trop habitué à mes fluctuations, ça ne me passe pas toujours par la tête que je peux paraitre limite squelettique pour d'autres et que ça peut les inquiéter tout autant que la tête de zombie que j'ai présentement, les yeux cernées comme pas possible, les joues un peu plus creuses que y'a un mois ou deux, le teint moins coloré également… Bref, je fais probablement peur sans faire exprès.

…
• Lyrics : Can't help me now - Rob Thomas

Commentaire qui arrive à mes oreille, chuchotement qui m'est adressé par la prof installé sur le bureau à côté de moi. Je soupire et relève la tête pour tenter ce comprendre de quoi elle peut bien me parler. Je fronce légèrement les sourcils en captant que le commentaire concerne mon ex qui vient de débarquer dans la pièce, le teint livide. J'hausse les épaules, je sais que je ne devrais pas réagir mais je ne peux m'empêcher de me redresser sur ma chaise et planter mon regard dans celui de la femme à mes côtés. "A choisir je préfère la dégaine de zombie que celle de pute trop maquillée." Je ne mâche pas mes mots et mon regard reste bien rivé sur elle, sur son visage et ses lèvres avec se rouge bien trop marqué, trop criard à mon sens. Ma sœur ainé doit probablement avoir le même dans sa trousse de maquillage et c'est clairement loin d'être un compliment. Je me lève d'ailleurs de ma chaise ensuite, pour m'approcher du blond et me mettre devant lui. "Halloween c'est passé, tu ferais mieux de rentrer chez toi si tu veux pas faire flipper des étudiants." Petite touche d'humour, peut-être mal placée, mais en même temps, j'ai toujours manqué de tact, il le sait... Et appelons un chat un chat, il va faire croire à plusieurs étudiants totalement barjo qu'une nouvelle maladie vient de débuter et que nous sommes au début d'une invasion de zombie et je ne dis pas cela parce que j'attends avec impatience la suite de the last of us. "Mon doc peut te faire un certificat." Les bons plans, les bons contact, je les ai toujours eu même si je n'ai jamais été trop du genre à faire l'école bussinière.

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Sunlight, falls heavy
Can't hide, you're awake already
Long night, you're unsteady
You don't even wanna be here, do you?
It's funny how a word might save your life
And I'm saying a lot right now
…

Café sur un coin du bureau, casque de moto dessous, mon cul bien posé sur la chaise, je récupère ce qui me sera utile pour faire les évaluations qui m'attendent déjà. Quelques crayons d'un côté, ma grille d'annotation et… fouillant mes poches en palpant ici et là, je me penche à nouveau vers mon sac messager laisser au sol pour récupérer un élastique à cheveux, me redressant plus rapidement que prévu en entendant parler tout près de moi, me faisant sursauter au passage. Levant la tête vers la silhouette se trouvant tout près, je mets une seconde à capter ce qu'il vient de me dire, mon cerveau fonctionnant au ralenti, m'offrant un léger tourni pour compenser le ralentissement, avant que Jaysaël ne me propose que son médecin me fournisse un billet.

- Oh… Heu… C'est gentil, mais je peux pas, indiquais-je avec un léger sourire, appréciant sincèrement son offre, bien que je doive plisser un peu les yeux un instant, la lumière me semblant un peu trop intense. J'aurais dû mettre mes lunettes, pas mes verres de contact. Je… commençais-je pour ajouter, captant un mouvement plus loin, me faisant réaliser qu'on est pas seuls, je choisis donc la version abrégée : Je viens de revenir en ville, je peux pas m'absenter plus, expliquais-je vaguement. Mais t'en fais pas, je suis en évaluation aujourd'hui, je devrais terrorisé personne, mentionnais-je avec un signe du pouce vers la pile assez élevée de projets étudiants.

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• Lyrics : Can't help me now - Rob Thomas

"Tu ne peux pas ou tu ne veux pas ?" Le questionnais-je alors suite à sa réponse. Il argumente d'ailleurs rapidement, précisant qu'il vient de revenir en ville après je ne sais quelle absence, ni même raison. Peut-être du temps avec son nouveau mec ou son autre ex ? A-t-il quitté le pays pour aller le voir ? Possible vu sa tête, je ne serais pas surpris qu'il souffre d'un jetlag. "Personne excepté tes collègues et ceux que tu as croisé en venant et ceux que tu vas croiser en repartant." J'argumente, après tout, il sait parfaitement que je suis de ceux qui aime avoir le dernier mot, surtout quand je sais que j'ai raison... Là c'est pour la bonne cause, c'est pour sa santé... Bien que je ne devrais pas m'en soucier, après tout je ne suis plus rien pour lui, juste un ex parmi d'autre, un collègue rien de plus. Faut que je me fasse une raison ! Puis merde, j'ai le droit de m'inquiété pour un collègue aussi non ? Si il choppe ne saloperie et me la refile et qu'après ça touche Elena ? C'est une bonne raison non ? Putain pourquoi est-ce que je me cherche toujours des excuses à la con quand ça le concerne. J'en ai marre, je peux pas juste vivre en l'ignorant, en l'oubliant une bonne fois pour toute ? Pourquoi diable est-ce qu'il m'attire toujours alors qu'il m'a fait tant de mal ? Pourquoi je peux pas juste tirer une croix définitive sur lui ? Merde quoi ! Lui il a bien réussi cela alors pourquoi moi j'en suis plus qu'incapable ? Fait chier ! "Rentre chez toi." Répétais je alors.

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Can't hide, you're awake already
Long night, you're unsteady
You don't even wanna be here, do you?
It's funny how a word might save your life
And I'm saying a lot right now
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Une seconde pour réaliser ce qu'il me demande, clignant des yeux comme si ça aiderait la connexion avec les mots.

- Peux, confirmais-je finalement. J'ai dû me rendre à Montréal, ajoutais-je avant de lui laisser savoir que je suis rentré depuis peu. La présence d'une autre personne me fait taire les raisons. Je pourrais probablement les dire à Jaysaël, après tout, je ne peux plus réellement tomber plus bas dans son estime, je crois, mais je n'ai pas envie d'en entendre parler pendant des jours ou des semaines pendant que ça circule dans le cercle professoral ou même dans tout l'université.

Essayant de le rassurer sur le fait que je ne traumatiser aucun élève aujourd'hui, risquant d'être coller à mon bureau toute la journée, j'en aurais presque oublié que je gagne rarement un argument terre à terre avec lui. Il a toujours le dernier mot. Cherche toujours à l'avoir ou presque. Et c'est une bataille que je ne souhaite pas toujours. Mais surtout, il est plus logique et pratique que je ne peux l'être, improvisant la plupart de mes pas dans la vie. Ne trouvant rien à redire à ses argumentations, je baisse simplement la tête un faible instant, la redressant rapidement lorsqu'il me donne un ordre. Et si je suis surpris de l'entendre me dicter quoique ce soit, mon expression ne doit pas l'exprimer clairement puisque je dois plutôt me concentrer pour casser le vertige qui me prend. Je vais devoir surveiller mes mouvements aujourd'hui apparemment…

- Je peux pas, soufflais-je tout de même à Jaysaël, lui offrant un faible sourire en tentant de me redresser sur mes pieds, devant m'appuyer d'une main sur mon bureau pour rester droit. Un peu d'eau au visage et tout sera nickel. Pourtant, je ne fais bien que deux pas que je me sens faiblir. Oh non…

- Help… Marmonnais-je faiblement avant de sentir l'abysse noire m'emporter et toute force me quitter.

***

Pris en charge rapidement à son arrivée à l'hôpital, de rapides examens de même qu'une consultation au dossier du blond l'amène en moins d'une heure dans une chambre plus calme, à éclairage moins prononcé, que le brouhaha des urgences afin de faciliter sa supervision et un retour à la surface en douceur. État stable, on signale à celui qui l'accompagne - presque forcé de le suivre par le personnel ambulancier - qu'il n'y a pas à s'en faire de le perdre, mais qu'il risque de rester endormi pour un petit moment encore. On en déduit un surmenage, rien de bien inquiétant si ce n'est que son corps affiche de larges signes de stress, de manque de sommeil et de carences en tous sens. Une perfusion apportant un liquide vitaminique est donc reliée à son bras gauche afin de combattre plusieurs manques et lui faire retrouver des forces. La suite ne pourra être qu'évaluer à son réveil, mais il est assuré qu'il restera sous surveillance pour les prochaines vingt-quatre heures, sinon plus en fonction de ses réactions lorsqu'il reprendra contact avec la réalité. L'infirmière de garde, après une dernière vérification, explique où se trouve le bouton d'alarme s'il y a quoi que ce soit, assurant une nouvelle fois que tout ira bien, avant de quitter, laissant le duo dans un pseudo silence.

***

Éveil du corps, sensations qui reviennent peu à peu, un faible gémissement trahit mon réveil avant que mes paupières papillonnent. Lumière douce des plafonniers, j'en mets tout de même quelques battements de cils à m'habituer. Essayant de me redresser comme je pourrais le faire dans mon propre lit, j'étouffe une plainte. Ok, on bouge pas… déduis-je mentalement - ou à voix haute, je sais plus - en me laissant retomber sur les oreillers. Observant autour, reconnectant avec la réalité, je replace m'être évanoui, déduit que je suis à l'hôpital …ou même à l'infirmerie de l'uni, qui sait. Accrochant une silhouette du regard, je ne le reconnais que trop facilement.

- Je pensais pas, qu'un jour, je pourrais à nouveau te voir directement au réveil, arrivais-je à articuler bien que j'aie la gorge un peu sèche, tentant l'humour, ne pouvant cependant empêcher mes traits de s'adoucir à son égard.

…
• Lyrics : Can't help me now - Rob Thomas

Je lèves les yeux aux ciels quand j'entends sa réponse. Il ne peut pas. "Il te suffit de prendre la permission." Je ne sais même pas qui lui interdit, probablement pas le recteur, mais lui-même et la pression qu'il se fout tout seul ? Ou bien une tierce personne ? Son professeur référent peut-être ? Non, j'en doute, de ce que j'ai pu constater il ne sera pas du genre à être un tortionnaire ou exploiter une âme en peine comme Oliver semble l'être actuellement. Il me donne d'ailleurs des informations sur le pourquoi du comment. Un tour à Montréal, mais pas plus de justification, chose que je trouve étrange, non pas qu'il ai des comptes à me rendre, il fait ce qu'il veut avec qui il veut et quand il veut... Après tout il n'est plus sensé représenter quelque chose de spécial pour moi et l'inverse est clairement le cas. Juste collègue, faut que je me fasse à ça, que j'accepte juste ce rôle même si putain, c'est pénible avec toutes les pensées parasites que je peux avoir... Après tout, je n'espères plus rien d'un lien entre lui et moi... Pour qu'il me plante encore une fois ? Qu'il m'achève ? Sans façon, j'ai déjà donné la dedans et pourtant, je suis bien incapable de pas en avoir envie. Je suis vraiment trop con. A croire que j'ai rien appris, qu'il faut me refaire la leçon sur comment morflé dans une relation amoureuse.

J'insiste alors sur le fait qu'il rentre chez lui, mon argumentation est bonne et lui, il n'a pas de vrai argument pour rester... Et pourtant, il s'entête... Il sait pourtant qu'avec moi, il a aucune chance d'arriver à ses fins, je suis bien plus têtu que lui et je peux faire preuve de patience dans ce genre de cas. Il faut dire que mon frangin m'a plutôt bien apprit à prendre soin d'une autre personne et avec Elena, comment dire que je suis obligé de le faire maintenant. Devenir père du jour au lendemain, ça a clairement pas été facile, mais maintenant, avec les années qui sont passées, je pense pouvoir dire que je gère bien mieux qu'au début.

Je l'observe, les bras croisés, le regard montrant quand même un agacement face à son entêtement, mais... Quand il vacille, demande de l'aide tout en s'écroulant, je le rattrape de justesse avant qu'il ne tombe par terre et se cogne quelque part. Je pourrais lâcher une connerie, du genre c'est pas de cette façon que tu dois tomber dans mes bras... Mais de un la situation ne permet pas d'humour car je réalise bien son manque de réaction et de deux, je ne peux décemment pas dire ce genre de réplique, cela serait me flinguer moi-même. Je ne peux clairement pas lui dire qu'il me plait encore, que je pense encore à lui et que je m'inquiète pour lui... Comme à cet instant précis ou je me retrouve à pas savoir quoi faire alors qu'il est inconscient dans mes bras. J'ai pourtant appris les premiers secours, j'ai pourtant de bonne notions la dedans, avec tout ce que j'ai pu vivre... C'est ma collègue qui réagit, appelant une ambulance et me donnant des ordres que je fais, incapable de réfléchir parce que la haut, c'est la panique. Il me rend vraiment incapable de rien quand il est dans les parages.

---   ---

Je ne sais même pas comment je me suis retrouvé là pourquoi mon cul est posé sur cette chaise à attendre, pourquoi je me retrouve autant impliqué alors que je suis sensé n'être qu'un collègue maintenant. L'angoisse. Je me demande d'ailleurs quand Jayson va rappliquer, si il rapplique et surtout quelle tête l'ainé du blond pourrait bien faire en me voyant là. Le résultat des analyses tombent et étrangement, cela me soulage quand même... Je devrais être insensible, ne plus penser à lui, ne plus me soucier de lui. Je devrais juste passer mon chemin, tracer ma route et cesser de remuer le couteau dans la plaie. C'est douloureux, désagréable et je suis le seul à morfler.

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Le poing fermé, ma joue collée dessus alors que mon coude repose sur l'accoudoir de la chaise. Je ne sais pas pourquoi je suis encore là, je devrais rentrer, aller m'occuper de ma fille au lieu de rester au chevet de mon ex qui n'en a plus rien à faire de ma tête. Je l'observe, en silence, il ne me vient pas à l'idée de jouer de confession alors qu'il est inconscient, surtout que sa famille peut venir à n'importe quel moment. C'est mieux que je me tiennes loin de lui, que je me taise. Je devrais partir, mais j'ai ce besoin de le voir ouvrir les yeux, de voir qu'il a repris conscience sinon, je me connais, je vais cogiter toute la nuit et demain, c'est moi qui ressemblerait à un zombie. Je me perds dans mes pensées et ne réalise même pas ses mouvements, c'est sa voix qui me tire de mes réflexions... Et ce n'est pas plus mal. Mon regard se pose alors sur son visage, je reste sur ma chaise, parce que je ne veux pas montrer à quel point je suis soulagé de le voir conscient. J'esquisse juste un sourire, comme si c'était là un échange des plus banals et qu'il ne venait pas, quelques temps plus tôt, de s'effondrer dans mes bras. "Tout comme je ne pensais pas que tu tomberais encore dans mes bras." J'aurais fini par la placer cette phrase à la con... Tais toi Jay, c'est mieux pour toi ! Arrête de t'enfoncer dans tes conneries, parce que là tu sais que tu vas juste te retrouver dans un merdier sans nom et qu'encore une fois, il n'y aura pas grand monde pour t'aider à te relever quand Oliver t'aura encore plus réduit en miette.

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Sensation de lourdeur, abysse noire qui m'enveloppe et me laissant difficilement émerger. Retour à la réalité qui se fait somme toute en douceur, sans être pris dans une quelconque douleur pour rappeler que le corps a subi un ou plusieurs chocs à la chute, même si l'esprit reste englué un moment après avoir ouvert les yeux.

Je remets quelques secondes ou minutes même à reconnecter, le cerveau tournant quelque peu au ralenti, bien que j'arrive à comprendre que je suis à l'hopital - ou l'infirmerie? - parce que j'ai perdu connaissance. Le vertige trop connu en me levant de mon bureau… Je discutais… avec qui déjà? Comme pour me donner la réponse, mes yeux se posent sur Jaysaël. Vision agréable et que je ne pensais plus avoir en ouvrant les yeux. Le lui mentionnant, sa réponse provoque un rire qui secoue mes épaules, franchit mes lèvres, léger malgré les circonstances. Pas aussi énergique qu'à mon habitude parce que j'en manque justement, mais tout de même amusé. Touché

- J'aurais préféré rester conscient pour ça, indiquais-je, amusé et peut-être un peu trop franc sans m'en rendre compte, alors que je tente à nouveau de me redresser quelque peu.

Forçant sur ma main droite, j'essaie cependant de ne pas plier le bras gauche puisqu'il est relié aux tubules. J'aime pas le voir, le sang me dérange pas, mais j'aime pas voir un truc planté dans mon bras, alors encore moins sentir qu'il est là. Arrivant à me placer un peu mieux, je tourne à nouveau mon regard sur Jaysaël. Dans mon état, je n'arrive pas à focus sur plus d'une chose à la fois, mais stupidement mon cerveau peut se lancer sur trente-deux tangeantes à la fois, ce qui fait que mes discours ne font pas toujours de sens, passant d'une idée à une autre.

- Je suis désolé de t'avoir inquiété ou de t'avoir fait peur en m'effondrant, m'excusais-je, sincère, avec mes paroles. Y'a bien des gens que ça rend mal après tout. Je dois probablement te remercier aussi si j'ai pas mal partout, admis-je avec nouveau sourire. Si j'ai vraiment tomber dans ses bras, il m'a assurément éviter de m'éclater la tête sur un coin de bureau ou sur le sol. Ça fait un moment que je suis là à ronfler devant toi? Le questionnais-je, me voulant léger, même si je me demande sincèrement depuis combien de temps je lui bousille sa journée. Mon regard glissant un peu sur les alentours, ma pensée passe directement mes lèvres lorsque je songe : Le doc a dû passer déjà… Il repassera probablement plus tard, même si, en soi, je connais assez bien le verdict, faute que ce soit plus ou moins répétitif mon truc. Laisses-moi deviner… Épuisement physique et psychologique dû au stress et aux manques de différentes vitamines et autres machins dont je me souviens jamais des noms, proposais-je à Jaysaël, puisque c'est probablement à lui que le responsable a donné le bilan. Faible sourire pour laisser savoir au brun que je connais la routine qui vient avec, qu'il a pas à s'inquiéter pour ça. Je suis habitué... soufflais-je.

…
• Lyrics : Can't help me now - Rob Thomas

Réplique que je n'aurais pas du prononcer de vive voix, surtout quand la réponse se manifeste. Il aurait préféré être conscient pour cela. Je le fixe, interdit, parce que je ne sais pas si il dit cela sur le ton de la plaisanterie ou autre chose... Je ne sais même pas si j'espère cette autre chose parce que ça ferait trop mal sinon. Je tente alors de me convaincre tout seul que si il désirait resté conscient pour ça, c'était uniquement pour avoir le loisir de me repousser, c'est le plus plausible, c'est ce que je veux croire parce que je ne peux plus me permettre de nourrir les sentiments que j'ai pour lui. C'est bien trop douloureux. Je ne dis rien de plus, préférant ne pas remuer le couteau dans la plaie mal cicatrisée qu'il m'a fait. Je l'observes, le laisse se redresser tant bien que mal en restant sur ma chaise, un peu perdu dans mes pensées à cause de tout cela. Nous sommes sensé être quoi exactement ? C'est quoi notre relation maintenant ? On est pas pote, on devrait juste être collègue, mais un collègue reste pas au chevet comme ça, je me suis bien planté. Il est peut-être encore temps pour moi de mettre les voiles, de prendre la tangente en trouvant je ne sais quelles excuses pour ne pas rester plus longtemps ici à flirter avec l'impossible et l'impensable.

Il se met alors à me débiter une succession de phrase l'une derrière l'autre sans pour autant me laisser le temps de répondre. A croire qu'il a un train à prendre et qu'il est obligé de dire tout le fil de ses pensées instantanément. Je lèves un peu la main, l'agitant doucement de haut en bas pour lui signifier de ralentir le rythme. "Et tu t'en vantes en plus ?" Je le fixe ou bien peut-être devrais je dire que je le dévisage en vue des propos qu'il vient de me tenir, banalisant ça santé. On a toujours été des opposé sur ça, moi toujours à maintenir la forme et lui à ignorer les signes de son corps, quitte à se laisser mourir de faim en pensant que boire du café ou autre liquide suffit à faire tourner toute la machine. J'en soupire, agacé. "Si tu sais que ça t'arrives souvent tu devrais prendre davantage soin de toi au lieu de banaliser ça." Je secoues la tête de droite à gauche pas du tout d'accord avec sa façon de pensée. "T'as vraiment pas changé en fait." Sur ce point là, reproche qui franchit mes lèvres, mais qui au final s'avère être l'énonciation d'un fait.  Un moyen peut-être aussi d'encore une fois de me signaler que si je me rapproches encore de lui, il serait susceptible de s'enfuir à nouveau et de m'abandonner encore comme un malpropre, piqure de rappel au final pour me faire bien comprendre que les gens ne changent pas...

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Voyant son mouvement de la main, j'ai une moue d'excuses. Les trente-deux tangeantes sont de retour… Fronçant cependant les sourcils, j'essaie de comprendre de quoi il parle lorsqu'il dit que je me vante. L'observant, j'attends qu'il éclaire ma lanterne, puisqu'elle est des plus brouillardeuses en ce moment et que je ne captes pas ce qu'il veut dire. Je ne crois pas m'être vanter de quoi que ce soit. Si? Non? Je ne sais plus…

Sa voix à nouveau me reconcentre sur le présent et ses reproches me font me taire un instant. Si normalement, ça me plongerait dans une spirale de pensées parce que je ne voudrais peut-être pas prendre la chance de montrer au front face à lui, me doutant que m'expliquer ne servirait à rien, dans mon état actuel, celles-ci s'écoulent tout simplement de mes lèvres.

- J'essaie de changer, lui laissais-je savoir doucement, comme une confession de mon esprit avant que je ne retrouve toutes mes capacités et ne décide d'enmurer mes ressentis une nouvelle fois. Je m'en tirais pas trop mal depuis un moment. ...Depuis trois ans, en fait, indiquais-je avec un pauvre rire en fixant la pointe de mes pieds sous les couvertures. Mais chaque fois qu'il revient dans les parages, je plonge …et j'en ai marre. Il a encore trop de pouvoir sur moi et ça me rend dingue. Je déteste avoir peur qu'il puisse rappliquer à tout moment parce qu'il est assez cinglé pour le faire, avouais-je en soupirant. Du moins, c'est le caractère que je lui porte. Après tout, il faisait la route Montréal-Boston, juste pour me pourrir la vie, pour avoir encore ce pouvoir… Je suis retourné à Montréal pour renouveler une injonction d'éloignement contre le paternel. J'ai pas dit tantôt parce que… heum… j'hésite un instant, relevant les yeux vers Jaysaël. Y'avait une de tes collègues dans la salle, non? Le questionnais-je en fronçant les sourcils. Mémoire trop floue pendant un moment lorsque je perds connaissance, mais il me semble que j'ai vu une femme du coin de l'oeil et que je me suis tut pour ça. Attendant un hochement de tête de sa part ou une faible sylable pour confirmer, je finis par terminer : Les autres documents se sont réglés pour tout le monde, mais les injonctions qui nous éloignent lui et moi, ça a traîné pendant des semaines et ça s'est compliqué …par sa faute probablement. J'ai dû me pointer en cour. Entre-temps, le stress a pris le dessus et les mauvaises habitudes aussi, indiquais-je avec une nouvelle moue d'excuse. Je fais normalement des efforts pour prendre soin de moi. Le Sergent est d'une grande aide aussi. Mais ses dernières semaines, c'est partie en vrille.

…
• Lyrics : Can't help me now - Rob Thomas

Un aveu de sa part, peut-être pour me faire comprendre de la fermer, que mes propos ne vont aucunement l'aider, mais il sait comment je suis, manquant cruellement de tact. Je peux être tout aussi tendre que venimeux dans mes propos en fonction de la situation et lui, il connait bien ces deux opposés chez moi, ayant eu la chance de partager ma vie sentimentale pendant un long moment, mais depuis son retour, depuis janvier, c'est plus que compliqué et même si dernièrement je suis moins virulent dans mes propos et mon attitude, tendant de faire table rase du passé, ça reste compliqué pour moi. Coeur meurtri.

Je l'écoute alors, ne comprenant pas de qui il parle au début, sourcil froncé j'attend de pouvoir lui poser la question, mais la réponse vient avec la mention de son père. Relation que j'ai toujours connue problématique entre eux, paternel trop à cheval, trop coincé. Je peux me plaindre du mien, mais le sien est bien des niveaux au dessus. Violent et tout simplement con, je ne vais pas macher mes mots... Je baisse un peu le regard à ses paroles, à tout ce qu'il m'avoue là sur tout ce qu'il subit et au final, ce qui l'a conduit ici dans ce lit d'hôpital. Je suis sensé dire quoi moi maintenant ? Je suis désolée d'apprendre tout cela ? Pas sûr que ça change quelque chose, surtout qu'il le sait que je ne suis pas un adepte de ce genre de parole, les excuses très peu pour moi, surtout quand elles sont bancales comme ça... "Je comprends." Finis-je par dire, parce que je peux imaginer plus ou moins tout cela, si avec mon père nos rapport sont tendu, nous nous ignorons la plus part du temps, c'est pas sain, mais ça le reste bien plus que ce que le blond, il vit.  "C'est quand même pas une raison pour te laisser dépérir, sauf si tu veux lui laisser avoir raison de toi." Soufflais-je alors, ne sachant pas réellement quoi dire pour l'encourager ou simplement pour poursuivre la conversation. C'est compliqué de rebondir après ça, changer de sujet pourrait faire genre que je m'en fiche, alors que ce n'est pas le cas, mais je suis certain que je ne suis pas la personne avec qui il désire réellement parlé de tout cela, après tout, nous ne sommes que des collègues lui et moi. J'étais juste là au mauvais moment pour lui sinon pour sûr que je ne serais pas dans la confidence de ses drames familiaux actuels. Tout comme lui ne sait plus rien des miens.