Cher Journal,

Il ne doit pas être loin de minuit et mes yeux sont encore grands ouverts dans ma chambre de Harvard. Je repense à ma courte vie et à mon long parcours du combattant. Ceci est mon histoire. Tout commence un certain 31 décembre 2002 où je vois le jour pour la première fois. A la base, je ne devais pas naître, car je suis un bébé surprise qu’Ella ma génitrice et maman a eu à l’âge de vingt ans. Je suis le fruit d’une attirance dans laquelle elle a succombé après quelques mois de « viens vers moi et je te fuis » et vice-versa. En-tout-cas, je ne me suis pas manifestée tout de suite, car c’est le jour de l’accouchement que j’ai décidé de me montrer en donnant des douleurs atroces au ventre de maman. À croire que j’avais déjà envie de faire chier le monde avec mon fort caractère. C’est à après un déni de grossesse qu’elle est devenue maman et adulte en même temps.
Mon père ? Je ne l’ai jamais connu. J’ai essayé de retirer des informations concernant cet homme, mais rien à faire, elle reste muette comme une carpe hormis qu’elle a aimé cet homme et cette relation qui a duré près d’un an. J’ai eu l’idée de vouloir mettre un visage, un nom sur cette personne, mais tu n’as jamais osé aller plus loin par peur. Peur d’être rejetée, une nouvelle fois et surtout déçue. Déçue qu’il ne veuille pas me connaître davantage.

Et puis vous allez me dire comment s’est passée mon enfance ? Elle était assez compliquée dans le sens où tu as vu plusieurs hommes défilés à la maison tandis que ta maman essayait de gérer les années universités, et les petits boulots pour subvenir à tes besoins sans aucune l’aide, car ses parents l’avaient renié. Cette dernière l’avait reniée et mise à la porte la considérant comme le diable en personne venant d’une famille très catholique et religieuse. Autant dire qu’un jour sa santé mentale et physique en a pris un coup surtout lorsqu’elle s’est mise avec un homme qui la battait ainsi que moi. Tu l’as vu un nombre de fois se faire frapper, hurler dessus sans qu’elle ne puisse rien faire jusqu’à oublier ces douleurs dans l’alcool. Saloperie addiction. Et là, j’ai vu un autre visage, elle n’arrêtait pas de me hurler dessus en disant que « si je n’étais pas née, elle ne serait pas dans cette situation de merde » jusqu’à commettre l’irréparable, me mettre à me frapper et à me tirer les cheveux afin de me traîner dans une autre pièce. Je n'oublierais jamais ce moment où elle l’a fait pour la première fois. J’ai hurlé de toutes mes cordes vocales, alertant les voisins qui sont venus directement frapper chez nous. Lorsqu’ils ont vu dans l’état où j’étais, c’est-à-dire, ouverte de bleus, ils ont alerté la police. J'étais alors âgée de huit printemps.
C’est suite à une décision de justice qu’on lui a retirée la garde à maman, lui ordonnant de suivre une cure afin d’être sobre et d’avoir revenu stable. De ce fait, je suis allée dans un foyer pour être loin de toute cette violence qui se répétait chaque soir et que ma maman puisse avoir un salaire décent et stable pour qu’elle puisse t’élever dans de bonnes conditions. Ma safe place était l’école où j’avais soif d’apprendre et pouvait me sentir en sécurité.Ce passage de ma vie a laissé quelques traumatismes comme le fait d’être froide, tout le temps sur la défensive, de ne pas supporter les cris ainsi que la violence. Tu ne cries jamais victoire avant d’avoir des résultats finals. Lorsque je vois les gens se frapper dessus, hurler dessus, je commence à devenir paralysée, à trembler, à mordre les peaux autour des doigts jusqu’au sang. En gros, je ne suis pas bien et je n’ai qu’une seule envie. M’enfuir.

J’ai passé mon adolescence dans un foyer où j'étais accompagnée par un éducateur référent où il y avait des règles de vie et où il y avait un cadre de vie, une routine à suivre. C’est grâce à lui que je me suis intéressé à la mécanique. Cet homme qu’il m’a vue grandir et je porte un lien tout particulier avec lui. C’est autour d’une réparation d’une voiture ou d’une moto, qu’on faisait le point sur ma vie, ce qui me tracassait. Il m’a transmis tout ce qu’il savait sur la mécanique, comment savoir réparer une moto, une roue de voiture lorsqu’elle était crevée. À l’école primaire ainsi qu’au collège, j’étais une bonne élève, mais je l’avoues que je me contentais du strict minimum au collège, car je pensais plus à danser, chanter, écrire des chansons et travailler pour m’offrir des plaisirs. À côté de cela, j’avais gardé contact avec ma maman qui voyait enfin le bout du tunnel en étant complètement sobre avec un travail fixe que je voyais de plus en dehors du foyer grâce aux décisions de justice qui devenaient de plus en plus positifs et concrètes. Mais j'ai préféré rester au foyer par peur. peur que ma maman pète une nouvelle fois un câble.

Comment est venue l’idée d’étudier la médecine vétérinaire ? Tout simplement que chaque matin, je passais devant une maison où une chienne n’arrêtait pas d’aboyer très tôt le matin, signe que ses maîtres partaient très tôt au boulot et qu’à chaque fois que je passais devant chez elle, elle n’arrêtait pas de pleurer et de faire des allers-retours en bougeant la queue signe qu’elle voulait venir avec toi. J’arrivais même à la caresser à travers le portail. La chienne arrivait à passer la tête sous le portail pour que je lui caresse le haut du crâne. Je n’étais pas insensible à la détresse de cet animal. Mais le coup de cœur arrive lorsqu’un des éducateurs arrive à obtenir un stage dans un cabinet vétérinaire. Là, ce fut le coup de coeur pour moi, je me sentais à ma place en compagnie des animaux que des humains. C’est à ce moment que vient le déclic. Je commence à travailler d’arrache-pied au lycée pour avoir les meilleures notes au lycée pour entrer dans les meilleures universités et quitter mon pays natal où tu as toujours vécue, l’Angleterre.

New-York, ville du cinéma, de la musique. Je voulais prendre un nouveau départ, laisser mon enfance douloureuse derrière moi. Connaître un nouveau pays, une nouvelle manière de vivre. Bien que j’ai échoué une fois à l’admission d’Harvard en 2022, je retente pour l’année 2023-2024 avec plus de détermination que jamais et quel plaisir de voir que tu as été admise. Sauf qu’un bonheur n’arrive jamais seul, car tu viens d’apprendre que tu as été repérée par une agence de label pour enregistrer un cd lorsque j’aurais atteint la majorité. Cela a été possible par le biais d’une soirée piano / bar. J’hésite à accepter, car j’ai peur. Peur de plus savoir donner de la tête entre mes études à Harvard, mon boulot de mécanicienne à côté. Et s’il s’agissait simplement d’organisation ? C’est beaucoup pour une jeune femme âgée seulement de vingt ans.