Le moment de vérité ! Après avoir passé une plombe à essayer trente-six tenues histoire de lui plaire, testé un nombre incalculable de makeup pour finalement opter pour quelque chose de discret mais joli, j'ai pris ma moto afin de ne pas me foutre en prime en retard. Armée d'une tenue d'une simple veste de cuir cachant juste ce qu'il faut de ma poitrine, d'un short en cuir et de jolies cuissardes mettant en avant la longueur et le charme de mes jambes, autant dire que j'ai décidé de frapper fort. Faut-il qu'il commence à faire frisquet le soir pour que j'opte en prime pour une veste de moto, suffisamment chaude pour me protéger du vent, mais pas assez longue pour recouvrir mes cuisses. En un rien de temps, je quitte la quiétude de ma caravane, placée sur les hauteurs sauvages et naturelles de Boston où mon train de vie ne dérange personne, pour me lancer dans les grandes artères de la ville direction Back Bay. Je crois que cela fait un lustre et demi que je n'ai pas foulé le bitume de cet endroit, mais l'adrénaline du moment ne m'offre guère le temps d'apprécier la chose. Après avoir garé ma moto juste en face de la tanière de mon animal indomptable, j’ôte mon casque et range soigneusement ma veste dans le case avant de placer l'antivol qui va avec. Puis, d'une démarche qui s'apparente davantage à celle d'une tigresse que d'un chaton, je laisse mes bottes me porter jusqu'à sa porte. Mon palpitant s'emballe. Maintenant que je me retrouve ici, il me faut de longues inspirations pour ne pas défunter. Poing légèrement serré, je frappe une fois, puis deux. L'attente me paraît interminable jusqu'à ce que la porte s'ouvre et que je dévoile tout le charme dont je suis capable. Bonsoir beau gosse, vous avez commandé une masseuse pro qui sait faire la popote ? Un grand sourire étire mes lèvres et dévoile mes dents blanches, parfaitement alignée. La donne éclaire aussitôt mon visage, faisant fi de la pâleur dont je suis victime, malgré tout le mal que je me suis donné à mettre de la prairie en boîte. Ce que je ne peux prédire, c'est ce que mon humour lors de nos échanges textos va provoquer dans la seconde qui suit. Si j'avais su avant, probablement aurais-je coupé court à l'imagination débordante de la jalousie. A croire qu'il me reste finalement tout à apprendre de lui, et à mesurer mes propos avant envoi...

Sentir le regard de Clive sur ma tenue on ne peut plus sexy me fait limite ronronner. Le regard des mecs m'indiffère ou m'agace en règle générale, mais je me sens pousser des ailes dès que ses prunelles d'acier se posent sur moi. Un orage gronde dans mon esprit et je n'avance que d'une démarche féline et calculée, jusqu'à poser un index sur son torse. Tu aurais préféré que je ne vienne pas ce soir ? que je cabotine joyeusement avant de m'avancer jusqu'à la cuisine. Après tout, nous nous étions promis de mettre les petits plats dans les grands ensemble... et je suis à des années lumières de repenser au questionnement de l'ancien juge sur l'occupation de mes soirées. La seule envie qui traverse mon esprit, c'est lui plaire. Paraître aussi unique qu'il peut l'être à mes yeux. Je l'ai choisie pour toi, surtout. Dois-je comprendre que je te plais ? Désormais derrière l'un des îlots de la cuisine, je place mes mains sur le plan de travail alors que mon regard émeraudes, lui, se transforme en brasier. Tu m'en voies rassurée dans ce cas ! Démarche provocatrice, je me rapproche une nouvelle fois de Clive, m'arrêtant à quelques millimètres à peine de son visage, sans pour autant le toucher. Ça veut dire que je ne te déranges pas et que tu n'es pas en colère... Probablement n'aurais-je pas choisi cette phrase avec le recul. Mais face à lui, je n'ai plus aucun filtre, comme à nu sous ses iris insondables.

Mais il faisait sombre, j'étais à moto donc je doute que quelqu'un ait eu la plus petite occasion de se rincer l'oeil... que je reprends dans un élan de culot tout à fait caractéristique de ma personne. Mentir ne fait pas partie de mes gènes, à un point tel que l'on pourrait m'en croire allergique. Peut-être que j'ai tout bonnement besoin de te l'entendre dire... Tout mon être vibre et chavire à chaque geste, chaque intonation, chaque œillade de ses pupilles d'acier sur moi. J'ose un premier sourire, mélange agréable de tendresse et de désir profond, tandis que mes pas me rapprochent de cet homme pour qui je braverai chaque interdit sur ma route. Et qui te dis que je ne suis pas dans le même état ? La même... faim... La peau de mes joues se teintent d'une jolie couleur rosée que ponctue un soupir. Mes parents m'ont enfermée dans une cage aseptisée depuis mon enfance. Tout m'interdire afin que je ne chope aucun microbe... résultat, je suis un pied dans la tombe et je n'ai réellement commencé à vivre que très récemment. Je me contrefous de ton âge, de ta femme, de tous les parpaings que l'on peut dresser sur notre route parce qu'on se rentre pas dans un moule ou une putain de case. Clive... tu pourrais me demander de sauter du haut d'une falaise que je le ferais. Je me languis de ses caresses, de sentir sa peau contre la mienne, de goûter à nouveau ses lèvres. Clive applique cependant une condition à cette saveur si proche et si lointaine d'un même temps. J'avoue, je confesse, sa question posée est restée jusqu'ici sans réponse. Un petit rire outrepasse la barrière de mes lippes et j'ose avancer mon visage tout près du sien, l'âme joueuse, l'humeur l'étant plus encore. Je te dois une réponse, c'est vrai... que je reprends alors que chaque pore de ma peau esquisse des frissons absolument délicieux. Personne ne m'a jamais touchée, si c'est ce que tu veux savoir. Je ne voulais pas qu'on me touche. Tout simplement parce que les autres... ne sont pas toi. Sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit, mes mains tremblent doucement alors que Clive maintient toujours mes poignets. L'envie de me dégager ne m'effleure même pas l'esprit tant son corps contre le mien me donne l'impression de ne plus être juste une nana lambda sans intérêt. Comment j'occupe mes soirées... la majeure partie, je cumule les gardes afin d'apprendre tout ce que je peux avant que mon corps ne m'abandonne. Sinon, je crée tous les vêtements que je porte, de la lingerie aux robes, tenues de tous les jours et de soirée. J'entraîne aussi pas mal de jeunes au club de boxe près du terrain où se trouve ma caravane. Et quand je ne fais pas tout ça... c'est que mon corps m'oblige à faire quelque chose que je déteste : me reposer. Le ton sérieux employé ne devrait pas permettre à cet homme fabuleux de douter, mais sait-on jamais. À moins que tu ne sois toujours jaloux de Wilfried... je t'appartiens, Clive. Je te renvoie la même phrase : ne l'as-tu toujours pas compris ?

Plutôt que de m'effrayer, ses propos caressent mon âme, me donnant une seule envie : fondre dans ses bras et ne plus jamais en partir. Ils ont quoi, mes arguments ? que je reprends, faussement choquée, avant qu'un délicieux rire ne prenne place de l'atmosphère sonore autour de nous. Si je cesse brusquement de rire, c'est parce que ses propos m'ont surprise, au moins autant que le fait qu'il se saisisse de mes poignets sans autre forme de procès. Surprise, mais également conquise... jusqu'à lors, on craignait de me toucher de peur que je ne me brise telle une poupée de porcelaine, ou bien parce que mon tempérament et mon côté rentre-dedans faisait peur aux hommes. Tu m'as dit que tu me dirais les choses. Alors oui, je veux connaître tout ce qu'il faut que je fasse pour te plaire... comment il sonne pour toi, cet argument ? J'ai rapproché mon visage du sien au maximum, des flammes de défi dans le fond de mes iris émeraudes. Mon expression est devenue sérieuse, provocante même. Sans doute que j'essaie, non sans maladresse, de faire tomber les quelques murs se trouvant encore détestablement entre nous. Je veux que ces derniers disparaissent, qu'ils n'aient même jamais existé. Son rire est telle une musique fabuleuse à mes oreilles, et mon sourire prends possession de mon expression une nouvelle fois, alors que mes prunelles brillent comme jamais, et de désir, et d'un autre sentiment qui m'effraie tant il est absolu et sans appel. Alors on balance aux oubliettes mes parents et... le fait de sauter d'une falaise que je reprends en me penchant à son oreille à la fin de notre baiser, essayant de laisser mon corps me guider, mes envies également. Je crois que je m'en fous de n'être qu'une pauvre cruche inexpérimentée, Clive me donne envie d'oser. Quitte à me brûler les ailes, je plonge dans la magie de l'instant en déposant un florilège de baisers contre la peau de son cou, remontant contre sa mâchoire avant de frôler ses lèvres des miennes, taquine et joueuse. Alors ne sois pas sage... je suis à toi... Mes mots deviennent murmures alors que je me colle encore davantage à lui, mon corps épousant le sien et ma respiration, très légèrement accélérée, trahissant le désir qui m'anime pour l'homme qui fait battre mon cœur.

Moi qui suis facilement une petite bouche doublée d’une grande gueule, je me retrouve muette face aux propos de Clive. Il peut se targuer d’être le seul à me couper la chique, car c’est exactement ce qui vient de se produire à l’instant. Mon expression s’est presque faite sérieuse l’espace de quelques secondes tant il m’a surprise dans tous les sens du terme. Tu veux que je ne grimpe plus sur ma bécane, si je lis entre les lignes ? Ici, il n’est plus question de liste de choses que je veux faire avant de mourir. Mon coeur fait déjà un tel vol plané dans ma poitrine que j’en viens à trouver mon souffle atrocement court. Il me faudra un chauffeur si je n’ai plus mon fidèle destrier... que je plaisante doucement alors que mon sourire réapparaît, taquin certes, mais sur fond de sérieux. Je souhaite qu’il ne doute pas une seconde de ma sincérité et du désir que j’éprouve à ne pas l’inquiéter. Nous avons d’ors et déjà une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes, inutile de foncer tête baissée vers le danger. Quoique… tous les dangers ne sont pas insurmontables. J’adore le « beauté inqualifiable »… j’avais besoin de t’entendre dire ça, Clive. Tu as déjà eu une vie, une femme, des femmes même. Moi je me sens un peu comme une pièce rapportée. Alors… si tu es conquis autant que je suis conquise, je voudrais que tu me le montres. Je tâche d’allumer le même feu que cet homme a fait naître en moi, alors que j’entoure bientôt sa taille de mes jambes tandis qu’il me soulève direction sa chambre. Chaque passage de ses lèvres sur ma peau laisse comme de la lave en fusion qui déferle. Jusqu’à lors chaton, je deviens tigresse alors que je déboutonne chaque bouton de sa chemise, la rendant semblable à un lointain souvenir. Mes lippes sont fougueuses et partent à la conquête de ce corps que je désire bien au-delà des mots. Je le veux, lui et personne d’autre.