« Ne pouvoir se passer de Paris, marque de bêtise ; ne plus l'aimer signe de décadence. »

Je suis en retard, je suis en retard, et encore en retard. Non, en fait je suis en avance, mais je suis en retard dans l'avance que j'avais prévue. Valise en main, je traversais les allées dans l'aéroport, inquiète. Mais ou se trouve donc Jude ? Téléphone en main, je le harcelais de sms auxquels il ne répondait pas. Mais à quoi jouait-il? J'ai regardé le tableau des destinations en posant ma valise, passant nerveusement une main dans mes cheveux blonds. Bon, tant pis, j'allais me rendre malgré tout devant l'endroit ou on embarque, histoire d'au moins enregistrer les bagages. J'ai vérifié dans mon sac à main si je n'avais rien oublié : Porte monnaie, passeport, papiers d'identité ... Tout y était! Légèrement rassurée, je me suis mise en marche d'un pas rapide, le coeur battant à l'idée de quitter pour la première fois de ma vie les Etats Unis, et qui plus est en compagnie de Jude.

Arrivée sur les lieux, je fis une mine décomposée en voyant Jude qui m'attendait tranquillement, assis sur un siège, valise enregistrée, sourire aux lèvres. Je crois qu'il est même plus impatient que moi, ce qui me fis sourire instantanément. Lorsqu'il se redressa, je me suis dirigée vers lui en courant, avant de lâcher ma valise pour lui sauter dans les bras, décollant carrément du sol à cause de ma petite taille. Je déposais alors mes lèvres sur les siennes, avant de murmurer, un sourire malin sur le visage : « On va à Paris ! »

Je n’avais presque pas dormi de la nuit : impossible de fermer l’œil en pensant que d’ici quelques heures, moins de vingt-quatre, je serais dans un avion avec Roxanna, en direction de Paris. J’avais tellement rêvé d’y aller, depuis toujours, depuis que j’étudiais le Français en fait. J’avais fini de faire ma valise la veille, ajoutant les derniers objets comme ma brosse à dent, ma mousse à raser et tout ça en dernière minute. J’adressais un message à mes amis, leur disait – conseillant, plutôt – de ne pas m’envoyer de texto jusqu’à mardi, si ils ne voulaient pas faire du hors-forfait. Nous avions décidés de nous retrouver à l’aéroport, et pour ne pas être gêné avec ma voiture sans savoir où la stationner, j’avais pris un taxi qui me mena là-bas. J’étais en avance, peut-être même trop en avance, mais j’avais entendu dire qu’il fallait arriver assez tôt, pour enregistrer les bagages et tout le tralala. Une fois arrivé là-bas, j’allais directement faire la queue : au moins, j’avais mes bagages en moins avec moi. Je vérifias tout de même avoir tout pris : mes papiers, mon argent. Enfin… « mon » argent, c’était plutôt celui de mon oncle : celui-ci m’avait prêter – enfin, donner – pas mal d’argent, j’étais un peu à découvert et je ne voulais pas aller là-bas sans un sous, il en était hors de question. J’avais acheté un magazine, ça pourrait aussi pas mal m’occuper, dans l’avion. Je m’étais donc assis, sans trop faire attention à mon téléphone ou à l’heure. J’avais pensé à acheter un magasine médical, histoire de ne pas avoir mauvaise conscience que je partais en vacances alors que je devrais peut-être travailler un peu plus mes cours. Pas grave, je l’aurais fait en rentrant, de toute façon.

Je commençais à m’inquiéter, voyant l’heure lorsque je vis la petite blondinette venir d’un pas rapide, elle devait sûrement être paniquée d’être un peu en retard. Un immense sourire se dessina sur mon visage et je fermais mon magazine, le rangeant dans mon sac à dos alors que la jeune femme se dirigea vers moi. Lâchant ses bagages, elle sauta dans mes bras et je la serrais fort, la faisant décoller du sol alors qu’elle vint poser ses lèvres sur les miennes, avec ce petit sourire sur le visage, « On va à Paris ! » Je ris et je la reposais à terre, la gardant cependant contre moi en hochant la tête, le sourire également aux lèvres : elle avait l’air d’avoir hâte, et j’avais autant hâte qu’elle d’y être. Non seulement parce que c’était Paris, mais la perspective de passer 4 jours avec elle, loin d’ici, coupés du quotidien, était tout aussi tentant et irrésistible. « Ça va être génial, tu vas voir tu vas t’en rappeler toute ta vie », ajoutais-je en souriant avant de glisser sa main dans la mienne, mettant mon sac à dos, « Faut aller enregistrer tes bagages maintenant si on veut pas louper cet avion ! »

« Ne pouvoir se passer de Paris, marque de bêtise ; ne plus l'aimer signe de décadence. »

Le sourire que j'avais sur le visage semblait indélébile, inoxydable. La perspective d'aller en France me rendait folle de joie, totalement euphorique. Paris, la ville incarnation de l'amour, du grand romantisme, de l'art et des "croissants" ! Par ailleurs, avec mon petit dictionnaire, j'avais travaillé la phonétique de ce mot pendant une majeure partie de la nuit, histoire d'avoir l'espoir de pouvoir commander le petit déjeuner un jour sans l'aide de Jude. Alors que je le serrais contre moi, ce dernier fit de même, souriant également. « Ça va être génial, tu vas voir tu vas t’en rappeler toute ta vie » me dit-il, agrandissant mon sourire bien que je pensais que c'était impossible de sourire d'avantage. Je hochais la tête de haut en bas, approuvant ses paroles. Je ne doutais absolument pas du fait que nous allions passer un séjour extraordinaire : Juste lui et moi, durant quatre jours, à Paris. Que demander de plus ? « Je n'en doute pas un seul instant, j'ai tellement hâte ! » Répondis-je en me détachant de ses bras pour récupérer ma valise, ou du moins l'espèce de sac qui me faisait office de valise, car pour quatre jours je n'avais pas eu besoin d'emmener grand chose. Jude glissa sa main dans la mienne, et je fis un grand sourire tandis qu'il m'entraînait pour aller enregistrer mon sac : « Faut aller enregistrer tes bagages maintenant si on veut pas louper cet avion ! » J'accélérais le pas, pressée de m'occuper de ce détail avant d'embarquer. Pour rien au monde je ne louperais cet avion, ça non ! « Allons y tant qu'il n'y a pas trop de monde ! »

Il me fallu quelques minutes pour m'occuper de cela, et une fois débarrassée de ma valise, je me sentais déjà plus légère. L'avion n'allait pas tarder à embarquer les passagers, Jude et moi sommes donc allés tranquillement en direction de la salle d'embarquement, guettant de l'oreille la petite voix dans le microphone qui nous annoncerait quand il serait temps de monter. Collée contre la vitre de l'aéroport, je regardais bouche bée les immenses engins qui allaient nous transporter loin du continent. C'est toujours plus impressionnant vu de près que lorsqu'ils sont dans le ciel. Jude me lança un regard amusé devant ma bouille enfantine, et je haussait les épaules, un sourire malin sur le visage. Lorsqu'on annonça l'embarquement, je lui attrapais la main en courant vers la salle pour embarquer dans l'avion. Premiers arrivés premiers servis, non ? Et hors de question que je fasse le voyage séparée de Jude !

Bien sûr, qu’elle avait hâte, même si jusqu’à maintenant, j’avais très souvent, vu le sourire sur le visage de ma petite amie. J’avais hâte aussi, d’être là-bas et de pouvoir me la péter en lui montrant à quel point je savais bien parler Français. J’avais hâte de la voir tenter aussi quelques phrases, surtout qu’elle m’avait dit qu’elle s’était achetée un dictionnaire, j’imaginais déjà son petit accent que les Français, eux-mêmes, adoraient, parait-il. « Allons y tant qu'il n'y a pas trop de monde ! » J’hochais la tête, prenant sa valise pour aller faire la queue avec elle afin de l’enregistrer, gardant sa main dans la mienne, qui ne tenait pas sa valise. Je repensais tout à coup à ce qu’elle m’avait dit, l’autre jour à propos des filles de son cours de danse qui étaient jalouses d’elle en me voyant venir la chercher. Et aussi au fait que je pourrais être tenter d’aller voir ailleurs, vu les belles filles qui me faisaient les beaux yeux en permanence ; j’espérais vraiment qu’elle arrive bientôt à me faire confiance, à ce niveau-là. Je ne me voyais vraiment pas la tromper…oh ça non.

Nous avions enregistré ses bagages et nous sommes restés quelque temps devant la porte d’embarcation. Il y avait pas mal de monde, et je reconnaissais des gens de mon cours de Français, qui devaient eux aussi, profiter des vacances pour pouvoir partir en France et pratiquer un peu la langue. Roxanna était carrément bouche bée devant la grande vitre, regardant les avions et moi, je la regardais avec un petit sourire aux lèvres, elle avait vraiment une bouille de petite fille quand elle avait cet air ébahit comme ça. Quelques minutes plus tard, l’embarquement fut annoncé et à ma plus grande surprise, la jeune femme m’attrapa la main pour se dépêcher de se diriger vers l’hôtesse de l’air, qui nous laissa passer après présentation de nos billets et passeports. J’augmentais mon allure de marche alors que nous nos dirigions à l’intérieur de l’engin. « Tu veux être à côté du hublot ? », lui demandais-je en souriant alors que je prenais son sac et le mien pour les placer dans les petits rangements au-dessus des rangées de sièges. Une hôtesse de l’air passa, nous salua alors que je prenais place sur mon siège, attrapant la main de Roxanna avec un petit sourire aux lèvres, « Bon, après une nuit d’entrainement, tu sais finalement le dire « croissant » ? », demandais-je, en me retenant de rire.

« Ne pouvoir se passer de Paris, marque de bêtise ; ne plus l'aimer signe de décadence. »

J'avançais dans l'avion sans lâcher la main de Jude, cherchant la place parfaite pour le voyage. Une fois arrivés devant deux sièges vides, le jeune homme attrapa mon sac pour le ranger avec le sien, au dessus des sièges, dans des sortes de casiers destinés aux sacs encombrants. « Tu veux être à côté du hublot ? » me demanda-t-il avec le sourire, alors que je hochais la tête avec une petite moue surexcitée. Je me dirigeais vers mon siège, jetant un rapide coup d'oeil par le hublot : Des employés de l'aéroport chargeaient les valises dans l'engin, accentuant mon excitation. Le départ était proche ! Une hôtesse de l'air nous salua tous les deux, et je lui rendis un signe de la tête en guise de bonjour, alors que Jude prenait ma main dans la sienne. « Si tu veux on pourra échanger les places à un moment hein, si tu veux voir par le hublot ! Je suppose que c'est possible, non ?  » Après tout, lui aussi c'était la première fois qu'il prenait l'avion, j'avais été un peu égoïste de prendre la place près du hublot. « Bon, après une nuit d’entrainement, tu sais finalement le dire « croissant » ? » Me demanda alors Jude avec un sourire amusé, retenant un éclat de rire. Je grimaçais, passant une main dans mes cheveux d'un air gêné, puis pinçais mes lèvres en répondant d'un air bougon :« Tout le monde n'est pas un pro du français comme toi ! Bon, je me suis entraînée, et ... Je sais plutôt bien prononcer, ou du moins ça ressemble à quelque chose, "Bonjour", "merci", "baguette", "croissant", mais j'ai beaucoup de mal avec "s'il vous plait", et le plus important : "Combien ça coute?" » J'avais prononcé ces derniers mots avec beaucoup de mal, et je rougit, sachant parfaitement que Jude se débrouillais bien mieux que moi de ce côté là. Mais j'étais bien décidée à savoir dire s'il vous plait d'ici la fin de mon séjour comme une vraie française !

Des hôtesses vinrent alors nous donner des indications, pendant que je bouclais ma ceinture, plus excitée qu'une puce. Je repris la main de Jude dans la mienne une fois que nous fûmes attachés, et on annonça le décollage d'ici peu. Je collais alors mon visage au hublot, attendant de voir l'avion décoller, mais je laissais également suffisamment de place pour que Jude puisse voir également. « Ça bouge ! » Et en effet, l'avion s'était mit à avancer, accélérant de plus en plus. Je serrais alors la main de Jude dans la mienne lorsque je sentis l'appareil décoller du sol pour prendre de la hauteur. Nous étions enfin en route pour Paris !

J’avais hâte, de pouvoir dire à la rentrée, lors de mes cours de Français, que MOI, j’avais été en France pendant les vacances. Que j’avais parlé Français, que j’avais mangé Français, que j’avais été visiter la cathédrale Notre Dame de Paris, que j’avais vu la Tour Effel, que j’avais bu du vin Français. Oui, j’allais vraiment être très fier de pouvoir en parler, et puis, c’était l’occasion de pouvoir passer un moment seul avec Roxanna, ce qui était assez impossible à Cambridge puisque nous avions les cours, et tous les étudiants pour nous déranger vingt-quatre heures sur vingt-quatre. « Tout le monde n'est pas un pro du français comme toi ! Bon, je me suis entraînée, et ... Je sais plutôt bien prononcer, ou du moins ça ressemble à quelque chose, "Bonjour", "merci", "baguette", "croissant", mais j'ai beaucoup de mal avec "s'il vous plait", et le plus important : "Combien ça coute?" » Je ris, en la regardant prononcer tout ça avec un petit sourire sur les lèvres, légèrement amusé même si, elle avait raison, elle avait quand même fait des progrès ! Comme quoi, cette langue n’était pas si compliquée qu’elle pouvait paraitre.

« Ça bouge ! » J’hochais la tête alors que je tournais mon regard vers le hublot, l’avion commençait à avancer, de plus en plus vite sur la piste et je serais sa main dans la mienne alors que l’avion décolla, un sourire se dessina sur mon visage : ça y était, nous y allions, nous allions vraiment en France, tous les deux. Les hôtesses de l’air se placèrent devant nous, au milieu de la rangée pour expliquer les règles de sécurité. Je les écoutaient et, une fois finis, je tournais mon regard vers Roxanna en souriant et je déposais un baiser sur sa joue. Au bout d’une petite heure de vol, Roxanna s’endormie, la tête sur mon épaule et je la suivais un peu plus tard, pour me réveiller quelques heures après, alors que l’avion était proche de l’atterrissage. Je redressais ma tête, qui était posée sur celle de Roxanna qui elle, était sur mon épaule et je la réveillais doucement. « Rox…réveille-toi, on va arriver… », murmurais-je en déposant un baiser sur sa joue, la regardant se réveiller petit à petit en souriant.

« Ne pouvoir se passer de Paris, marque de bêtise ; ne plus l'aimer signe de décadence. »

J'avais encore du mal à réaliser que d'ici quelques heures, nous serions à Paris. Du regard, je suivais l'avion qui s'avançait sur la piste de décollage et s'élever progressivement dans les airs. J'étais littéralement fascinée, telle une gamine de cinq ans qui découvrait les avions pour la première fois. Assez paradoxal, lorsque l'on sait qu'à la fin de l'année j'allais être majeure. Une fois le décollage terminé, Jude déposa un baiser sur ma joue, et j'appuyais calmement ma tête sur son épaule en fermant les yeux, me laissant bercer par l'avion. Rapidement, je me suis endormie, épuisée par cette dernière journée de cours avant les vacances. Plongée dans ma rêverie, je n'ai pas vu le temps, les heures, défiler. Ce ne fut que lorsque Jude me secoua doucement que je pris conscience du fait que j'avais dormi un bon moment. « Rox…réveille-toi, on va arriver… » Me murmura-t-il doucement en déposant un baiser sur ma joue. Je me frottais les yeux, passant une main sur mon visage pour me réveiller totalement. « Quoi, déjà ? » Je jetais un oeil à ma montre, et ouvrit deux grands yeux ronds : Quoi, je dormais déjà depuis six heures ? Le vol durant pas loin de sept heures, logique que nous soyons sur le point d'atterrir. Il était deux heures du matin à Boston, j'en déduis donc qu'à Paris, il était seulement vingt heures. Parfait, même si j'étais vraiment épuisée comme si on venait de me réveiller en pleine nuit. Au moins, j'avais rattrapé en dormant un peu dans l'avion.

L'appareil se posa, et ce coup ci, je ne fit pas l'enfant devant le hublot. Néanmoins, je ne put m'empêcher de regarder l'aéroport de Paris qui se dessinait au loin. Nous nous en rapprochions de plus en plus, jusqu'à l'atterrissage et l'arrêt complet de l'avion. Une fois qu'il fut permis de se lever, Jude me passa mon sac et prit le sien avant que nous ne quittions l'avion, main dans la main. La suite fut simple, nous avons récupéré nos valises, et cherché la sortie de l'aéroport. Bon, et maintenant ? Aucune idée, je savais juste qu'il fallait trouver un moyen de transport pour se rendre à Paris. « Hum ... Tu connais le français mieux que moi, tu pourrais trouver quel bus se rend à Paris ? L'hôtel est dans le huitième arrondissement. » Dis-je en arrivant en dehors de l'aéroport, arrivant face à une multitude de bus affichant des destinations que je ne reconnaissais absolument pas. Prions pour ne pas nous perdre !

Je pensais que le temps serait long, dans l’avion. Je m’étais renseigné, et le vol durait à peu près sept heures, ce qui pourrait être relativement long, dans un avion à ne rien pouvoir faire. Mais au final, c’était passé plutôt vite : en fait, comme j’avais dormis une bonne partie du trajet, je ne m’étais pas tellement rendu compte du temps qui passait. Roxanna avait l’air de dormir comme un bébé, avec ce petit sourire sur les lèvres, petit sourire qu’elle avait assez souvent, quand nous étions ensemble. « Quoi, déjà ? », murmura-t-elle alors que je lui souris en hochant la tête. Je n’avais pas eu trop de mal à la réveiller, même si elle avait l’air encore un peu fatiguée mais bon, nous étions arrivés. Je regardais par le hublot, on commençait à voir les lumières de la ville se dessiner petit à petit alors que l’avion perdait de son altitude, s’approchant de l’aéroport de Paris. Une fois à terre, je rendais le sac à ma petite amie et je pris le mien, pour sortir de l’avion. Je suivais les gens, gardant sa main dans la mienne pour que nous allions chercher nos bagages. C’est vrai qu’on a toujours une petite appréhension que l’on perde nos bagages, mais ça va, nous avons finalement récupéré nos bagages sains et saufs !

Il faisait plutôt frais dehors et assez humide, il avait dû pleuvoir un peu plus tôt dans l’après-midi. Je regardais autour de moi, il y avait du monde, vraiment beaucoup de monde, des taxis un peu partout des pleins de lignes de bus, aussi. « Hum ... Tu connais le français mieux que moi, tu pourrais trouver quel bus se rend à Paris ? L'hôtel est dans le huitième arrondissement. » J’hochais la tête, passant une main sur mon visage, j’étais un peu fatigué, de « remonter le temps » de six heures comme ça et de tout à coup, être en début de soirée alors que dans ma tête, il était minuit passé, c’était vraiment bizarre. Gardant la main de la demoiselle dans la mienne, je me dirigeais vers un couple qui attendait à un arrêt de bus, je me raclais la gorge avant de leur demander, en Français, bien sûr, « Excusez-moi, nous devons aller dans le 8ème arrondissement de Paris, savez-vous quel bus nous devons prendre ? » La jeune femme souris à l’entente de mon accent et c’est son compagnon qui me répondit que nous avions le choix : le bus numéro 12 ou le numéro 15, sachant que le bus numéro 12 était plus rapide car il prenait moins de détour. Je les remerciais et je me tournais vers Roxanna, « Il faut prendre le 12 », annonçais-je en lui souriant. Le bus n’était pas encore là, il devait arriver d’ici quelques minutes. Je lâchais ma valise pour enrouler mes bras autour de la taille de la demoiselle, en lui souriant, « Pas trop fatiguée ? »

« Ne pouvoir se passer de Paris, marque de bêtise ; ne plus l'aimer signe de décadence. »

Moi qui voulais faire preuve d'un minimum d'assurance, j'étais complètement perdue. Les panneaux ne représentaient que du charabia pour moi, et pour l'instant, mon dictionnaire se trouvait au fin fond de ma valise, soit totalement inaccessible. Et puis, je me voyais mal passer une heure à traduire chaque mot de chaque panneau directionnel, sinon, avec Jude, nous étions bons à passer le week end à l'aéroport. Fort heureusement, j'avais un traducteur vivant en guise de petit ami. Lorsque je lui ai demandé par quel bus fallait-il passer pour se rendre à Paris, il se dirigea vers des passants français, leur demandant dans leur langue, me laissant bouche bée: « Excusez-moi, nous devons aller dans le 8ème arrondissement de Paris, savez-vous quel bus nous devons prendre ? » Je n'avais absolument rien compris à part le mot bus, identique à notre mot, mais à la prononciation différente. La femme fit un sourire, sans doute avait-elle entendu à l'accent de Jude que nous étions étrangers, et l'homme lui donna une succession d'indications, dont je ne compris pas un traître mot. Une fois que Jude les eut remercié, il se tourna vers moi, visiblement fier de sa prouesse : « Il faut prendre le 12 » J'hochais la tête avant de me diriger vers le panneau qui indiquait le bus 12. Au moins, les chiffres n'étaient pas différents, je pouvais me repérer de ce côté là.

Le bus devait arriver d'ici quelques minutes. Je posais mon sac histoire de me libérer un peu les bras, et Jude fit de même. Il glissa ses bras autour de ma taille, et je fis un sourire. « Pas trop fatiguée ? » me demanda-t-il avec un sourire. Ça se voyait donc tant que ça ? A vraie dire, j'étais complètement à plat, mais dans un autre sens, la perspective de me trouver dans la capitale de la France me tenait bien éveillée. Je glissais mes mains derrière la nuque de Jude, avant de répondre en souriant toujours « Dans un sens oui, et dans l'autre non. Je suis vraiment pressée de voir Paris en fait, ça me tiens réveillée, et rien que l'aéroport et toutes ces lumières, j'ai les yeux grands ouverts! » Je fis un léger rire et posait mes lèvres sur les siennes délicatement. Un bruit nous tira de notre rêverie : Le bus arrivait. Vu le monde qui l'attendait, je fis signe à Jude de vite prendre son sac, pour que nous puissions avoir une place assise. Malheureusement, il y avait tellement de monde qu'il ne restait plus qu'une place. Je dis à Jude de s'assoir, et avec un sourire malin, me posait sur ses genoux en calant mon sac sur le sol. Heureusement qu'on était pas venu pour un mois, nos valises auraient été trop encombrantes ! « Ca va, je t'écrase pas trop ? »Dis-je avec un petit sourire en regardant Jude. Le bus démarra, maintenant, il ne restait plus qu'à attendre d'atteindre la ville.

Elle avait de petits yeux, et j’avais bien vu dans l’avion qu’elle était surprise d’être déjà arrivé, comme si elle n’avait pas assez dormie. Je pouvais la comprendre, j’étais, moi aussi vraiment fatigué alors qu’il était vachement tôt. Nous irions certainement manger un petit quelque chose à l’hôtel avant de faire un gros dodo avant la première grande expédition dans la ville demain, lorsque le décalage horaire se ferait moins sentir et que nous aurions eu une bonne nuit de sommeil derrière nous. Mais la jeune femme ne perdait pas le sourire, et c’était une des raisons pour laquelle je l’aimais : c’est vrai, avoir en face de vous quelqu’un de toujours de bonne humeur et souriant, ça force, non seulement à l’être aussi, mais aussi à se sentir un peu plus de bonne humeur, dans n’importe quelle situation. « Dans un sens oui, et dans l'autre non. Je suis vraiment pressée de voir Paris en fait, ça me tiens réveillée, et rien que l'aéroport et toutes ces lumières, j'ai les yeux grands ouverts! », dit la jeune femme après avoir enrouler ses bras autour de mon cou. Je souris, heureusement, qu’elle avait les yeux grands ouverts ! Elle s’approcha pour déposer un baiser sur mes lèvres et je me laissais faire, profitant simplement du moment alors qu’un bruit de bus devenait de plus en plus audible, nous faisant penser que le bus devait être arrivé à notre arrêt.

Il y avait du monde, et Roxanna nous emmena à l’intérieur au plus vite, mais malheureusement, il ne restait plus qu’une seule place assise : le bus était assez étroit, et avec tous les gens et leurs valises – certaines étaient vraiment énormes ! – prenaient beaucoup de place ! La jeune femme me fit signe de m’assoir et j’exécutais sans trop contester, ayant une petite idée de ce qu’elle voudrait faire. Et comme je l’avais deviné, elle s’asseyait sur mes genoux, un petit sourire aux lèvres. J’enroulais mes bras autour de sa taille, comme pour faire mine de la tenir en la regardant. « Ca va, je t'écrase pas trop ? » Je ris et j’hochais la tête négativement alors que le bus se mis en route, cependant, je ne quittais pas ma petite amie du regard, resserrant un peu mes bras autour de sa taille, « Oh si chérie t’es loooooourde, faudrait que tu perdes du poids ! », annonçais-je sur un ton moqueur, alors que, bien entendu, je rigolais. Je me redressais légèrement pour l’embrasser tendrement et je lui souris, « Ta faim ? On pourrait se commander un truc une fois dans la chambre, j’me vois pas jouer les expéditeurs ce soir… »