Il pourrait te flinguer sur place que l'effet serait le même. Ses mots qui te pèsent, son intonation qui te martele à coup de marteau sur la tête. Est ce qu'il t'en veut ? Est ce qu'il te déteste ? Le pas qui se rapproche de lui, timidement, revers de la main qui essuie une nouvelle fois ta joue. Tu m'en veux ?.. Ta main qui tente de prendre la sienne, les phalanges qui s'aventurent vers les siennes. Myocarde qui bat trop fort, prêt à exploser. Le corps qui s'abaisse pour trouver place que le tabouret à côté de lui, te retrouver à sa hauteur. Retrouver son regard, difficilement. Mélanger vos billes ensemble, capter ses émotions. Parles moi s'il te plaît. Tu veux crier.

j’ai aimé jusqu’à atteindre la folie. ce que certains appellent folie, mais ce qui est pour moi, la seule façon d’aimer.

F L A T L I N E

life out of control,  how could you pull the plug and let me flatline? ;;

Tu as besoin de lui, probablement comme jamais encore. Tu es venue pour lui annoncer que vos corps mélangés, ceux qui s'épousent parfaitement, ont réussis à créer la vie. Encore inconsciente de la démarche parfaite de l'univers, de vous unir plus que de raison. Toi, tu fais partie de ceux qui y croient, au destin, que rien n'arrive au hasard. Peut être que cette flamme dans le creux de tes entrailles quand ses mains touchaient ton corps étaient simplement le fruit de l'union parfaite qui se signe par un positif. Ta main dans la sienne que tu finis par relâcher pour fouiller la poche de ton short, récupérer ce papier plié sur lui même plus que nécessaire. Regardes. Les doigts aux ongles noirs qui pointent la ligne au taux qui s'envole. La dame du labo m'a expliqué que en gros selon les médecins et leurs calculs incompréhensibles ça je suis enceinte de 8 semaines. Quand le papier lui est donné, ta main retrouve sa peau, son poignet. Le pouce qui caresse le derme pour te rassurer toi, en vérité. Une nouvelle perle salée qui s'écoule quand ton regard cherche le sien. Ici c'est jusqu'à 24 semaines pour avorter. Tu ne sais même pas si il faut en parler maintenant ou pas.

j’ai aimé jusqu’à atteindre la folie. ce que certains appellent folie, mais ce qui est pour moi, la seule façon d’aimer.

F L A T L I N E

life out of control,  how could you pull the plug and let me flatline? ;;

Regard qui croise le sien quand les billes se redressent vers toi. Le sang qui ne fait qu’un tour à ses mots. Pourquoi est ce qu’il se montre si choqué de tes paroles ? Pourtant simple vérité. Vos études, tous les deux, vos vies, si différente maintenant. Evidemment que l’option avortement s’est glissé dans l’esprit. Visage statique, un instant, le temps de comprendre. Savoir quoi répondre. Corps qui se redresse sur ton siège, minois agrippé à ses traits. Heu. Parce que ça l’est pas ? T’avances à tâtons, le pas léger, les œufs sous tes pieds. Les azurs qui tentent de décrypter son visage si parfait, bourreau de tes émotions instables. Le torse qui se dresse, une nouvelle fois, plus proche de lui, les épaules qui s’oriente en face. Tu veux comprendre. Tu veux être sûre. Simon, j’veux être sûre de ce que je comprends : tu voudrais le garder, toi ? Perdue, tu nages. Le néant comme océan de perdition.

j’ai aimé jusqu’à atteindre la folie. ce que certains appellent folie, mais ce qui est pour moi, la seule façon d’aimer.