la blessure sur sa pommette encore visible, la capuche sur la tête et la clope coincée entre les lèvres. l'observateur a les yeux fixés sur le groupe, léger sourire mesquin qui tend ses lippes quand il reconnaît le visage du nouveau. le corbeau s'envole de son mur, ses pas le guident vers l'entrée, s'apprête à rejoindre la joyeuse troupe de mercenaires. les bottes de sécurité résonnent dans l'entrepôt alors que la chaussure claque contre une flaque d'eau. — c'est la journée des traîtres, aujourd'hui ? arque un sourcil, visage qui se tourne vers son ancien partenaire, lueur provocatrice dans le fond de ses iris.  puis sans détourner le regard du visage, s'adresse aux collaborateurs. — si vous lui vendez quoique ce soit, je m'occupe de chacun de vous personnellement.

le corbeau croque dans sa lèvre, sourire amusé qui tord son visage. ce n'était pas prévu mais il aime le piment, il aime cette petite dose d'adrénaline qui se déverse dans ses veines en avançant vers le fantôme. — ouais, t'aurais du v'nir m'achever dans mon sommeil. c'est ta spécialité d'faire les trucs en douce, non ? rancoeur dans la poitrine, violence dans l'poing qui se serre et forme les croissants de lune dans sa paume. il pardonne pas aux traîtres qui quittent les gangs, qui lâchent les potes. il pardonne pas aux gens qui tournent le dos. il pardonne pas aux ombres de son père, ceux qui ne restent pas. mais il parle pas quand le fantôme congédie les autres hommes, se contente de lâcher un petit rire. — un patron qui s'entoure aussi mal ça fait flipper personne, tu l'sais ça ? il plonge ses mains dans ses poches, pousse la caillasse du bout de sa chaussure. — j'viens récupérer l'argent qu'ils tardent à donner. ton patron peut récupérer mes restes, il excelle dans ça, faudra que j'le rencontre.

De toutes les personnes que je pensais pouvoir effleurer de mon regard ce soir, les prunelles bien plus sombres qu’en temps normal. Ce temps où je me perds dans les bras d’inconnus, où je profite d’une poudre que je ne paye pas et qu’enchaine des pilules magiques. Ce temps où je me sens bien, où tout va bien. Sauf que, là, je faisais face à un fantôme du passé, au fantôme du passé. Celui qui ne serait certainement pas assez clément avec moi pour pouvoir apprécier des retrouvailles en bon et dû forme. Si le sérieux reste présent, un rire quitte ses lèvres avant qu’il ne reprenne la parole. — Tu te souviens encore de ma manière de faire, bébé ? J’pensais que tu étais du genre à oublier les relations douloureuses, je suis satisfait de voir que tu m’as pas oublié. Je me permets de jouer, de provoquer, sachant qu’on pourrait aussi bien en venir aux mains que ne rien faire. Donnant des ordres, menaçant les hommes qui les fournissent, jusque’à ce que ces derniers acceptent enfin de les laisser tranquille dans cet entrepôt. Les bras croisés maintenant sur le torse, le regard posé sérieusement sur Narcisse, il l’écoute avant de lever les yeux au ciel. — On pourrait presque croire que je te manque, beau gosse. Mais ce n’était pas le cas et ils le savaient tous les deux. — Mais tu peux te dire que c’est la dernière fois que tu reçois de l’argent de leur part, ils vont bosser pour mon patron à partir de maintenant et pour moi, surtout. Parce que je compte bien récupérer les fournisseurs rien que pour moi, leur permettre de ne bosser avec personne d’autre que moi et mon supérieur. — Puis depuis quand c’est toi qui te déplaces pour ce genre de cas ? T’as pas un larbin qui pourrait s’occuper de ça ? Cela me dépassait de te voir t’en occuper directement tant j’étais persuadé que d’autres pourraient le faire à ta place.