« Ouais je sais, mes fesses sont parfaites ! » Et je ne rigolais pas en disant cela. J’aimais mes fesses, je les trouvais jolies. Bien formées. Alors cela ne m’étonnerait pas qu’elle puisse vouloir le revoir. Voir les voir sans tissu dessus. Est-ce que c’était le fait d’avoir les yeux bandés qui nous rendait comme ça ? Peut-être bien. Je ne voyais pas les gens autour de moi, je ne voyais pas leurs réactions, ou même visage. Alors, oui, je me lâchais un peu plus facilement. Tout en l’écoutant, je me mis de côté, et avec mes mains je mimais en même temps un crabe. Je me mettais dans le rôle à fond. Il ne nous restait plus qu’un chapeau, et je n’aurais plus qu’à mettre le tout sur le bonhomme de neige. On y était, j’y croyais ! Je n’avais pas encore entendu des gens crier, ce qui voulait dire que personne n’avait encore réussi.

dé réussi : il met le chapeau, et court partout avec avant de se calmer et demander où se trouve le bonhomme de neige.

échec : il demande de faire un autre animal, disant que le crabe est nul.

Je ne peux m’empêcher de rire toute en levant les yeux au ciel. On aura tout vu. Enfin, tout entendu parce que son cul, je ne l’ai justement pas (encore ?) vu. De ma place, j’essaye de le guider aussi bien que je le peux tout en essayant d’avoir autant d’idées pour le faire se déplacer dans la neige sans tomber ou s’éloigner du butin. On ne se connait pas assez pour finir les phrases l’un de l’autre ni avoir le même système de réflexion mais jusque là, on s’en sort plutôt pas mal. Si le crabe ne te plait pas… Sautille comme un lapin. Hop, hop, hop, ça va peut-être le faire cette fois-ci ! Deux sauts de lapin ça peut le faire ! J’ai dis lapin, pas kangourou ni un saut digne de LeBron James. Allez Carlos, allez Carlos, alleeeeeez Que je commence à chantonner pour le motivé. Je sais que ça va le faire !

(hj - pas de dé pour moi, c'est à toi de le gagner )

Je joue le jeu à fond. Pas seulement la chasse aux accessoires, mais ce petit jeu qui s’est instauré naturellement entre ma coéquipière et moi-même. A défaut d’être dans le noir, je m’imagine faire le con et ça me fait rire tout seul. Même si j’entends quelques autres rires à côté. Evidemment je ne sais pas s’ils sont pour moi ou pas. Ayant raté le dernier accessoire en faisant le crabe, je lui demandais alors de faire un autre animal. « Un lapin ? » Elle choisit bien ses animaux elle. Le fait-elle exprès ? « Mais un lapin nain ou un lapin normal ? » Non parce que sinon les sauts ne sont pas les mêmes. Alors je me tentais de faire des sauts de lapin de taille normale. Espérant que j’y arrive.

dé réussi : il met le chapeau et fait une révérence face à sa réussite
dé echec : il tape du pied en disant que les animaux c'est terminé, qu'il préfère revenir aux maths.

Un lapin bélier ! Ils ont l’air menaçant quand tu les regardes mais pas du tout en fait. Un peu comme lui quoi. Nous avions une bonne connexion et communication jusque là mais il semblerait que tout soit en train de disparaître. Les indications que je lui donne sont pourtant claires mais il n’y arrive pas et la frustration dont il témoigne me fait comprendre que je dois changer de méthodes, ce qu’il demande. Ok Rocky, calmes toi. Que je souffle en me déplaçant un peu vers la droite et la gauche pour tenter de trouver des mesures qui pourrait lui convenir. Fais un grand pas en avant. Genre quatre-vingt centimètres. Je mesure la chose avec mes mains et ça devrait le faire. Et après ça, quatre vingt degrés sur ta droite. En espérant que ça suffise pour le dernier accessoire.

« Un lapin bélier ? » me demandais-je. Est-ce que ça existe vraiment ça ? J’imagine que oui, sinon elle ne l’aurait pas sorti. Mais du coup ça me perturba car je ne savais pas si je devais faire de grands sauts ou pas. Et apparemment, je n’avais pas bien saisi, car le chapeau n’était toujours pas là. Agacé, je lui demandais alors si elle pouvait revenir aux mathématiques. Au moins, ça ne change pas ça. Un nombre reste le même, selon toutes personnes. « OK… Attends. J’me concentre. » Je tentais de compter au mieux. Fini les bêtises.

réussi : il enlève son bandeau tellement il est heureux.
échec : il crie et s'énerve contre Louise, parce que c'est de sa faute, evidemment.

Eh, tu te calmes ! C’est pas ma faute si tu ne sais pas faire des pas d’un mètre hein ! La souplesse est à revoir. Que je réponds rapidement. Je n’ai absolument aucune envie de perdre et une autre équipe commence sacrément à nous rattraper. Je regarde ses pieds et essaye de mesurer la longueur entre l’endroit où il se trouve et le chapeau. Je ferme un oeil - comme si ça allait m’aider - et souffle Ok alors il faut que tu fasses neuf pas tout droit. Et quand je dis des pas, il faut qu’à chacun d’entre eux, ton talon soit collé aux orteils de l’autre pied. Le pas, c’est la longueur de ton pied. Là, je ne peux pas faire plus pour lui…

« Bien sur que c’est de ta faute… » Murmurais-je. Si on perdait, je n’allais pas prendre la responsabilité de notre échec. Elle est mes yeux. C’est à elle de bien me guider. Je suis simplement son pantin, sa petite marionnette, son Pinocchio. J’écoutais alors ses nouvelles indications, mais c’était compliqué avec les autres qui gueulaient à côté aussi. « J’entends rien. J’entends rien. Mais taisez-vous ! » Criais-je alors aux autres, comme s’ils allaient m’entendre. Puis je me mis à faire ce que je pensais avoir entendu. Et j’espérais qu’aucune indication ne se soit perdu en chemin.

réussi : il fait la danse de la joie
échec : il est prêt à abandonner