« Oups, pardon » Dis-je directement. Au cas où s’il s’agissait d’une femme. Qu’elle ne pense pas que je voulais la peloter. Là n’était pas mon but. Je continuais donc mon chemin, toujours les mains devant moi. A l’entendre, il devait s’agir d’un énorme bonhomme de neige s’il faisait ma taille. « Pourquoi je le trouve pas s’il est grand que ça ? » Ca commençait à m’agacer, d’autant plus que je commençais autour de moi d’autres participants qui cherchaient maintenant leur bonhomme de neige, à leur tour. On perdait notre avance et le stress faisait que je faisais n’importe quoi.  Mélangeant ma droite de la gauche. « J’en ai maaaaaarre. » Commençais-je à râler.

réussi : il se dépeche à habiller son bonhomme de neige
échec : reste planté là où il est, attendant que le temps passe.

J’ai l’impression qu’à chaque fois qu’il fête une réussite, il repart au fin fond de la concentration, ce qui m’agace tout particulièrement. Moi aussi j’en ai marre mais je suis pas quelqu’un qui laisse tout tomber alors tu vas te bouger le popotin et nous remporter cette épreuve sur le champ ! Je pourrais lui donner le même genre de discours que ton coach à l’époque mais je ne le connais pas assez pour cela, je n’ai absolument pas envie qu’il se mette à pleurer devant moi. Allez Carlos, je suis sûre que tu peux le faire ! Que je lance, confiante comme jamais. Non, je ne suis pas sûre, je le sais ! On affirme les choses, on arrête de mettre des nuances. Je le regarde et croise les doigts pour qu’il trouve le bonhomme de neige qui n’est plus très loin de lui.

J’ai l’impression qu’on se fout de moi, et qu’en fait il n’y a pas de bonhomme de neige. Qu’on me fait marcher dans le vide, que c’est une caméra cachée et que les gens se retiennent de rire en me regardant. Ce n’est pas possible d’être aussi nul. Mauvais joueur, je ne voulais pas perdre. Mais surtout je ne voulais pas faire perdre ma partenaire. Elle semblait tout aussi mauvaise joueuse que moi. Si on venait à perdre, on terminerait surement par s’entretuer en mettant la faute sur l’autre. Et ce n’était pas ce que je souhaitais car elle avait l’air plutôt cool. « Bon ok. J’y vais Loulou ! » Et je répétais en tête ces dernières indications. Lentement, pas besoin de se précipiter.

échec : se laisse tomber par terre.
réussi : embrasse le bonhomme de neige et l'enroule de ses bras pour lui faire un énorme câlin

J’ai l’impression de jouer ma vie pendant ce petit jeu organisé par la ville. C’est quelque chose de bon enfant mais ma compétitivité me fait juste élever la voix. Je soupire fortement quand je vois les ratés continuels de Carlos et m’interdit de lui hurler dessus parce qu’il n’y peut rien. C’est un jeu d’équipe - quelque chose que l’on pourrait grave faire en termes de team building - et s’il n’y arrive pas, c’est probablement de ma faute aussi. Mais qu’est-ce que tu faiiiiiiis ? Que je crie, m’égosillant quand je le vois se laisser tomber par terre. Lèves toi aller ! On est loin de la communication parfaite mais n’abandonnes pas ou je viens te faire la peau ! Je ne fais pas forcément très peur mais bordel, je refuse de perdre. T’as besoin de quoi pour te motiver ? Je peux t’offrir ce que tu veux. Surtout si c’est sexuel, ça sera le plus facile.

J’ai l’impression que je n’y arriverais jamais, et j’étais dégouté d’être celui à qui on avait bandé les yeux. J’aurais surement été meilleur pour guider. Le fait de m’énerver ne m’aidait clairement pas. Je n’étais plus concentré et plus du tout motivé. Je m’assis dans la neige. Prêt à abandonner. De toute façon, on ne gagne rien à la fin, si ? Je ne savais même plus. « C’est moooort Loulou. J’en ai marre. En plus j’ai les pieds gelés. » Et les fesses aussi au passage. Je me relevais d’un coup, me les essuyant. Je devais avoir deux belles marques sur mon pantalon. « Bon, c’est la dernière fois ! » Et je rigolais pas. Je n’allais pas passer plus de temps à chercher un foutu bonhomme de neige. Sérieusement, j’ai réussi à trouver tous les accessoires, mais je suis incapable de trouver notre ami en neige. Quel nul.

réussi : il se dépeche vite à l'habiller.
échec : il lanche tout par terre et enlève le bandeau, il abandonne.

Quand je l’entends me dire que c’est mort, je soupire fortement. On ne baisse pas les bras si proche du but putain ! C’est la première des dernières fois oui ! Que je lance pour tenter de le motiver. Seulement, ça ne marche pas. Il n’avance pas dans la direction indiquée et finis par abandonner en lançant tout au sol et enlevant son bandeau. Non mais Carlos, c’est pas sérieux ! Tu vas nous disqualifier ! Et ça ne rate pas. Avec un large sourire sur le visage, l’organisateur nous disqualifie et moi, je grogne intérieurement. T’as les pieds gelés, t’as les pieds gelés, t’as cru que j’étais aux Bahamas ou quoi ? Je m’approche de lui et râle. Il est là le putain de bonhomme de neige, tu le vois maintenant ? Ronchon est de sortie, attention à vous !