tes couleurs s'imposent H O F I A @Horace Dawson & @Sofia Dunn-Aguera

Sort de l'endroit complètement saoule, et pas que. La drogue coulait aussi dans les veines, parce qu'il fallait au moins ça pour mettre à plat les angoisses, les mauvaises petites voix et autres pensées qui tournent en boucle dans la tête. Sofia n'est pas assez, Sofia ne l'a jamais été. Sofia ne sera jamais aimée, même sa propre mère l'a rejetée. La femme objet qui ne représente qu'un intérêt sexuel. Celle qu'on veut se faire, celle qu'on aime taire, pas celle qu'on garde à vie, ni celle à qui on dit "promis". Pas de ça, rien de ça. Alors elle sort, titube, rigole quand elle glisse sur le trottoir et qu'elle manque de tomber. Prends son téléphone et envoie un message qui dit "Taxi - Nehpilmi - [localisation]" et attends que son taxi arrive. Peut-être qu'elle ne l'a pas envoyé à la compagnie de taxi, peut-être qu'elle l'a envoyé à Horace, sans faire attention. La vue est troublée, l'humaine aussi.

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Je mêlerai pas l'instinct à ça, si quand je reçois ce message, j'fais glisser immédiatement mon pouce sur l'écran pour le faire apparaître. Plutôt un reste de raison, dû à l'alcool pas encore ingéré. Un soir loin du Sidh, dans un bar on ne peut plus normal ; presque chiant. Puisque si tu m'envoies un message, c'est qu'il y a une raison. Nous sommes devenus de ces gens là, qui s'écrivent avec des raisons. Qui ne se demandent plus si l'autre est à poil, ni n'investigent pour connaître l'auteur du vol de reste de pizza dans le frigo. Nous sommes de ceux qui se font la guerre, par messages interposés. Qui n'ont pas réussi à se réconcilier. Les bubble tea surcotés, pas foutu de nous rapprocher. Alors, un message. J'ai oublié une robe, un tee-shirt, un peu de dignité ? Un taxi, visiblement. Message que je relis, deux-trois fois. Une erreur, hein ? Puisque dans la liste de tes taxis, t'aurais pas fais appel à moi. Principalement parce que j'arrive, mais en vélo. Idiot sans permis. Ca prend quinze bonnes minutes pour que ma tignasse s'approche, les joues légèrement rougies par l'effort. Parce que les lettres qui se mélangent je connais, et j'avais peur de ta silhouette évanouie, à cause de mes jambes pas assez rapides. « SOFIA ! » J'arrive à lever le bras, même les deux, gymnaste de l'extrême. J'ai cru voir un pas de l'autre-côté, alors j'espère t'interrompre. Face à toi, vélo arrêté sèchement, et il faut deux-trois respirations fortes pour que j'arrive à en replacer une. « J'suis là. » Comme si tu l'voyais pas. Mais, j'suis là. Qu'importe le pourquoi. J'suis celui qui foire, mais aussi celui qui est là. Vois mes couleurs dans le sombre de tes orbes brillantes.

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Termine par s'asseoir contre le mur, riant des gens, se moquant de ceux qui s'aiment, ceux qui s'aident. Plus personne pour moi. Se relève bêtement, s'aidant du mur, quand elle voit un taxi passer, pensant naïvement qu'il est pour elle, mais il ne fait que passer. "MAIS OH !" que je hurle dans la rue, pensant qu'il m'avait oublié. Même un taxi veut pas de moi. Même un taxi que je réserve ne veut pas de moi. De pire en pire, cette soirée. « SOFIA ! » tourne la tête, cherche à gauche, puis à droite. Je l'ai entendu mais je sais pas d'où il vient, ni de qui il vient. « J'suis là. » plisse les yeux en regardant Horace. "Euh bah ouais t'es là." constat simple. Tu es là. "Cool, cool." hoche la tête, regarde derrière lui, à la recherche du taxi. Horace, c'est bien que tu sois là, mais c'est pas pour moi, alors qu'est-ce que ça peut me faire ? "Mais euh tu vas gêner j'crois parce que j'attends un taxi et j'espère qu'il va venir avec à manger parce que je meeeeuuuurs de faim" imagine un burger, double le, triple le, c'est ce qui me fait envie. "Faim graaaand comme ça, tu vois ?" et tends les bras, pour exprimer la taille de la faim.

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On inverse les rôles, tu seras la bancale et je serais le type qui essaye d’être fiable. Mes détracteuses te diront que ça me va pas tant que ça. Déjà parce que ça m’fait marrer autant que ça m’inquiète, ton état. Probablement même davantage le premier verbe. J’arrive pas à dégager ce sourire amusé de ma bouche. « C’est tout ? » J’me redresse pour libérer le siège de mon vélo. La bouche qui se pince, la malice qui s’invite. « Parce que si t’avais vraaaaaaiment aussi faim que ca, tu montrais sur mon vélo et je pourrais t’emmener manger tout ce que tu veux. » Une mauvaise idée et j’ai même pas d’excuse. Mais laisse-moi le droit de profiter de cette insouciance que tu m’offres. « Ou alors t’attends ton taxi qui sera sûrement moustachu et sans bouffe. » Je prends jamais de taxi. J’ai pas une très bonne image des chauffeurs je crois. « Et qui viendra jamais en plus, parce que c’est moi que t’as commandé. » J’agite mon téléphone en illustration, puis remet déjà un pied sur une pédale. « Allez viens ça va être froid ! » La bouffe qui nous fait respirer un peu, à nouveau, l’histoire serait belle.

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« C’est tout ? » Les sourcils penchent vers un mécontentement, la bouche fait une moue. Comme ça, c'est tout ? C'est énorme déjà ! « Parce que si t’avais vraaaaaaiment aussi faim que ca, tu montrais sur mon vélo et je pourrais t’emmener manger tout ce que tu veux. » regarde le vélo, un peu dans le jugement. Ton carrosse, c'est pas le meilleur que j'ai vu, même si t'as des allures de prince. « Ou alors t’attends ton taxi qui sera sûrement moustachu et sans bouffe. » grimace à l'idée qu'il propose. « Et qui viendra jamais en plus, parce que c’est moi que t’as commandé. » essaie de fixer le téléphone ; j't'ai pas du tout sonn- « Allez viens ça va être froid ! » fait une moue et se décide ;  Bon... d'accord alors. Mais j'veux qu'on aille manger burgers et frites ! qu'elle demande, la princesse. Enjambe le vélo, s'accroche à sa taille, le corps riant déjà de la prochaine chute pressentie. Un silence, puis lance. Wilby avait une autre copine. C'était sûr de toute façon quand tu vois la taille de ses pieds. Aucun rapport, le cerveau ne va plus dans le bon sens. Est-ce qu'il a déjà été dans un sens particulier ? Et moi j't'ai même pas embrassé et j'me suis mise avec lui aussi, c'est fou comme la tornade nous a échappé, tu vois ? ça a du sens, pour moi. Fort heureusement, pour lui, moins. Pluuuus viteeeee ! Je meeeee meeeeurs de faaaaaaim ! Grrrrrr et avance son visage pour mordre n'importe quel endroit atteignable de l'homme pendant son effort.

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J'ai pas meilleur argument que la bouffe, j'mets tous mes pions direct dessus, parce que j'sais pas doser, tu sais bien. Et y a dans mon sourire trop grand la réussite de cette stratégie. « J'connais les meilleurs ! » Ouvert à n'importe quelle heure, un resto de quelques mètres carrés, qui n'vend pas du rêve d’apparence. Comme mon vélo, qui le corps en danseuse perché sur les pédales,  nous traîne nous et nos emmerdes. Tes bras autour et moi qui maîtrise l'exercice. Zigzag parfois, pour provoquer un rire sur demande. Comme ça, gratos, juste parce qu'il m'avait manqué ce rire. Et que j'sens que c'est de cette thérapie dont t'as besoin. Confirmé par quelques mots. « Wilby est un connard, en plus d'avoir un prénom de merde. » J'ai pas besoin d'en savoir plus. Regard balancé par-dessus l'épaule, rictus amusé. « C'est vrai c'qu'on dit sur les pieds ? » Sur la taille, un truc comme ça. Rebondir même sur ces phrases dont j'capte rien. Pelote de laine emmêlée. « Tu vois, t'aurais dû m'embrasser et pas t'mettre avec lui. » Et j'me marre, parce que j'ai rien compris à l'absence de légèreté de tout ça. Tout ce que je vois c'est que tu viens d'me mordre le flanc et que j'gueule tout en riant, manquant de me payer une mamie et son chien. Bolide qui fait un arrêt un peu chaotique contre une façade, ma silhouette tordue vers toi, main plaquée sur ta bouche. « Tu m'remange j'appelle la moustache. » J'suis sûr que j'vais avoir une marque. Une autre. « Et j'mange ton burger. » En plus on perd du temps. Et moi, j'commence aussi à avoir la dalle.

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Je suis bancale, presque autant que toi sur ton vélo. Presque comme nous et notre relation. Et puis peut-être que c'est moi ? Peut-être que c'est parce que je ne t'offre pas un peu de mon corps que tu ne restes pas ? « J'connais les meilleurs ! » Il me faut au moins ça pour me remettre de cette énième coupure au cœur que la vie vient de m'offrir. « Wilby est un connard, en plus d'avoir un prénom de merde. » ne fait qu'acquiescer ; C'est bien vrai ça. Le pire prénom pour un humain, c'est lui qui l'a. J'aurais du m'en douter, "wilbybite" c'est le surnom que je lui avais donné. Où j'allais avec ça ? « C'est vrai c'qu'on dit sur les pieds ? » réfléchis un instant ; que ça annonce la taille de la bite ? De c'que j'en ai vu, pas vraiment non. et j'aurai pu ajouter une remarque sur toi, mais j'ai pas trouvé. Le cerveau est vide. « Tu vois, t'aurais dû m'embrasser et pas t'mettre avec lui. » grimace, comme si l'idée ne m'était pas venue ; "berk non, j'suis sûre t'embrasse comme un âne de montagne qui aime les lapins. aucun sens, lui en veut pas, l'alcool parle facilement. Mord facilement, aussi. Jusqu'à ta main. « Tu m'remange j'appelle la moustache. » fait une moue à peine convaincue de la menace. « Et j'mange ton burger. » fronce les sourcils ; AH NON HEIN ! pas le burger ! et puis quoi encore ? c'est plutôt moi qui vais manger le tiens. manquerais plus que ce soit moi qui pédale aussi, alors que c'est toi l'âne de la calèche ! et le ventre gargouille, alors la main attrape celle de l'homme et la pose sur l'estomac ; Tu sens ? J'ai ton vibro dans l'bide ! aucun sens.

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Puis même que ce prénom, on va le condamner pour l'éternité. Sanction pour le cœur abimé qu'il t'a fait. J'demande pas vraiment le comment du pourquoi, j'creuse pas de peur de trouver des choses qui m'plaisent pas. Ou basculer. Tu sais, de l'euphorie alcoolique aux nuages. Alors j'me marre. Aux mots qui n'veulent rien dire, ou trop en souffler sans que j'capte le sens. Pouffer à ces pieds, c'qui ne m'avance à rien. Grimacer quand c'est à mon talent, qu'on s'attaque. « Tu, quoi ?! » La bouche ouverte, l'esprit qui cavale pour essayer de comprendre si un âne des montagnes qui aime des lapins, ça peut ressembler de près ou de loin, à quelqu'un qui emballe correctement. Pas dit. Clore d'un : « T'es très fermée comme meuf. » Faut s'ouvrir au monde, et à ce que peuvent t'apprendre ces ânes. Mes phalanges sur ton ventre, qui s'dégage assez prestement. Un doute sur l'fait que j'ai le droit à nouveau de t'effleurer. « Tu devrais l'mettre autre-part, si tu veux que ça marche. » Conseil technique pour les vibros, de manière générale. Idiot aux lèvres hilares, qui se dégage de son bolide métal. « Monte. » Un cadenas – comme si quiconque allait m'voler ce truc, et j'insiste : « Allez, monte ! » Pas clair. Un genou à terre, dans la rue, si bien qu'on va finir par penser que j'te fais une autre proposition. « On passe à l'âne en solo, sans calèche. » T'es pas assez stable pour la calèche. J'en tapote mes épaules, pour que tu t'y accroches.

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L'honnêteté qui siffle de l'alcool, bien que bizarre, sans aucun sens, masqué de non sens. « Tu, quoi ?! » grimace, tire la langue à l'homme. Le retour en enfance, comme on savait faire. Tu te souviens, avant tout le reste ? Avant qu'on soit frappé d'un sentiment trop adulte, la fierté. « T'es très fermée comme meuf. » lève les yeux au ciel, et fait sentir les vibrations du ventre. La faim qui gronde au dedans, comme un orage d'été. . « Tu devrais l'mettre autre-part, si tu veux que ça marche. » explose de rire et secoue la tête ; "t'façon l'vibro c'tout ce qui va me rester parce que j'arrête les hommes ! c'est terminé, je ne veux plus rien avoir à faire avec cette espèce humaine, ce genre humain. Tous des démons, aussi bien les uns que les autres. Même quand on les croit doux, gentils, respectueux, c'est pour mieux nous planter un couteau dans le dos, alors j'arrête. Terminé. « Monte. » cherche où monter, comprends pas, regarde autour. « Allez, monte ! » fronce les sourcils, explose de rire qu'est-ce que tu fais ? tu veux devenir nain ? pourquoi tu mets un genou au sol comme ça ? « On passe à l'âne en solo, sans calèche. » fait une moue peu convaincue, se pense trop lourde mais l'alcool efface bien des pensées, alors je monte. M'agrippe de mes jambes, de mes bras, de tout mon corps sur celui de l'homme. Uh Dada uuuuh ! pour la blague, il y a quelques semaines de ça, la Sofia bourrée aurait aimé te monter autrement. PAS TROP VITE ! ça secoue troooop le bideeee ! puis à peine trente secondes après ; C'est quand qu'on arrive ? C'est loooong ! elle le dira pas, Sofia, mais merci d'être là.

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J'en prends ma dose, et j'ferais traîner l'entrevue si tu m'laisses faire. J'veux pas que tu te rappelles combien on était orageux hier, même encore tout à l'heure, et combien si t'avais pas une certaine dose d'éthanol dans le sang, tu nous aurais renvoyé chez nous, mon bolide accroché et moi. Y a le rire qui s'est installé et qui ne veut plus partir. Parce qu'il était bien, tu sais, quand on fonctionnait correctement. J'ai toujours pas capté le pourquoi du comment, mais j'pense avoir compris qu'il était inutile de revenir sur les ombres. Les lumières, ça, c'est notre truc. « Ils en font des très réalistes. » Premier degré. Amusement à la bouche. D'une réflexion qui va trop loin. « Et des roses à paillettes. » J'ai déjà vu, dans une table de nuit. « Et même des lumineux j'crois. » J'ai jamais trop compris pourquoi ; ça fait lampe de chevet en même temps ? Qu'importe, c'est moi l'étalon ce soir. Cheval, au moins. Un genou à terre et ta silhouette accrochée. J'avance, j'me speede comme je peux. J'ai aucune confiance en ton équilibre, alors mes mains tiennent tes cuisses. Ralenti, préviens d'un bruyant : « ME GERBE PAS DESSUS ! » Mon tee-shirt, bien trop beau pour être souillé. Et, surtout, j'ai plus de lave linge à moi. La laverie c'est la tristesse de solitaires. J'ralentis, du coup. Puis accélère. Aussi bordélique que notre relation. Sauf qu'en haut ça se cramponne, et j'faiblis surtout un peu, vu l'heure. « Tu m'étrang.. » La toux qui va avec. « J'vais crever. » Soufflé, dramaturge de son état. Mais, tu seras heureuse de savoir qu'en enjambant mon cadavre, tu verras le resto au bout de la rue, l'enseigne clignotante.